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Jacques Noiray (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253193005
125 pages
Le Livre de Poche (23/05/2001)
3.64/5   39 notes
Résumé :
Errant dans Paris et prêt à se jeter dans la Seine, Jacques Damour tombe sur son vieil ami Berru. Dix ans avant, tous deux avaient participé à la Commune. Jacques s’était fait prendre par les versaillais. Épargné parce qu’il n’avait pas de poudre sur les mains, il avait été déporté en Nouvelle Calédonie. Évadé et porté décédé, il avait parcouru le monde à la recherche d’un mythique enrichissement. À l’annonce de l’amnistie, le voilà de retour à Paris. Mais Berru lui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ménilmontant - le dur labeur du ciseleur.
Jacques Damour travaille avec acharnement et amour pour sa femme Félicie et leurs deux enfants, Eugène et Louise. Surviennent les troubles de la Commune et l'enthousiasme délirant d'un profiteur qui pousse Jacques et Eugène à s'engager dans la garde nationale. le fils est tué. le père est déporté au bagne de Nouméa. le pique-assiette a trouvé d'autres victimes.

Evadé, Jacques tente de faire fortune en Amérique. En vain. Un long exil commence. Il travaille dans une mine de charbon en Belgique lorsqu'il apprend l'amnistie pour tous les communards. Il rentre à Paris où il retrouve Berru l'opportuniste qui lui apprend le remariage de Félicie qui a reçu bien des années auparavant le certificat de décès de son mari. Sa vie de misère continue, son esprit de vengeance grandit.

Jacques finit par retrouver sa fille chérie, devenue une riche cocotte au grand coeur. Elle recueille son père.

Cette nouvelle de Zola montre à merveille la déchéance de l'ouvrier entraîné dans une action politique qui le dépasse mais qui, malgré son statut de renégat, garde le coeur pur et toute son humanité.

Un petit bijou où se côtoient rudesse extrême et tendresse absolue.

Un tout grand merci à Henri l'Oiseleur dont le billet m'avait enthousiasmée au point d'en faire une lecture immédiate.
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Quelle aventure que celle de Jacques Damour, un homme supposé mort, mais qui réapparait dix ans après et qui veut récupérer sa femme déjà remariée à un riche boucher, quand il la revoit, elle encore toute belle, toute rajeunie alors lui, il n'est plus qu'un spectre sorti droit du tombeau...Zola n'arrêtera pas de nous surprendre et de nous faire vivre des grandes émotions!
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Le temps perdu qu'on ne rattrape plus

Ancien communard déporté au bagne de Nouméa, Jacques Damour a attendu dix longues années de misère, d'errances en Amérique ou en Angleterre avant d'être amnistié et de rentrer à Paris où on le croit mort après une tentative d'évasion. Il se souvient très bien de son ancienne vie à Ménilmontant : ciseleur sur métaux, marié à Félicie (« une grande belle fille »), pauvre mais heureux avec ses deux enfants, Eugène qui « poussait gaillardement » et Louise « si chétive » pour qui il avait dépensé « beaucoup en médecins et en drogues. »
Tout bascule pendant le siège des Prussiens devant Paris. C'est à cette époque qu'il fait la connaissance de Berru, un peintre en bâtiment affamé. Celui-ci mange bientôt matin et soir à la table du couple. Il se dit patriote, tient des propos enflammés sur le gouvernement (« un tas de lâches »), prône la république et « la richesse à tout le monde, la justice et l'égalité régnant partout ». Ses discours inquiètent Félicie (son père est mort sur une barricade en 1848) mais impressionnent Jacques et surtout Eugène qui a maintenant 19 ans. L'armistice est conclu et les Prussiens défilent sur les Champs-Elysées. Et c'est le début de la Commune : le père et le fils font le coup de feu. Un jour, Eugène, garde national, est touché par une balle en pleine poitrine et meurt. Jacques Damour sanglote devant sa femme. Au dos d'une photographie d'Eugène, il écrit, avec la date et sa signature : « Je te vengerai ». Peu de temps après, il est fait prisonnier. Berru, lui, qui « avait eu l'habileté d'obtenir une bonne place dans l'intendance », a filé trois jours avant l'arrivée des troupes…
C'est cet « ami » justement que Damour retrouve par hasard sur le pont Notre-Dame. La mine « fleurie, l'air plus jeune », Berru lui apprend alors que Félicie s'est remarié avec un riche boucher des Batignolles, veuf, la soixantaine, nommé Sagnard. « Moi, à ta place, j'irais chez eux, et je m'installerais, et je flanquerais le Sagnard à la porte, s'il m'embêtait... » crie violemment Berru qui veut faire « danser la bourgeoisie ! » Les deux hommes, grisés par le vin, partent pour la boucherie… Quelle sera la réaction de Félicie en voyant Damour qu'elle croit mort ? Eugène va-t-il être vengé ? Et Louise, qu'est-elle devenue ?

C'est l'histoire d'un malchanceux, un faible manipulé par un hypocrite (Berru, après le départ de Damour, a tenté de se mettre avec Félicie), un lâche de surcroît, qui tient de beaux discours sur la révolution et « le bonheur universel ». L'histoire aussi d'un revenant (on pense au Colonel Chabert de Balzac) qui cherche à renouer avec un passé à jamais perdu (« le pauvre Eugène, vêtu de son uniforme de garde national, semblait une ombre d'émeutier, perdu dans la légende ») et qui ne trouve plus de place dans une société qui a irrémédiablement changé (La France de la Troisième République).
Publiée en août 1880, la nouvelle dépeint de manière terriblement ironique la Commune et fait le portrait cruel d'hommes intéressés, veules dont l'âme est trop petite pour tenir leur promesse ou faire vivre leur idéal politique… Zola est ici à son meilleur pour montrer les déterminismes qui président au destin d'un homme.
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Une lecture surprenante, qui mérite bien une édition dans la collection "étonnants classiques" (pris au meilleur sens du terme). Jamais on n'aurait cru l'auteur de l'Assommoir capable d'un tel tableau de la Commune, qui est pour lui l'emballement de cervelles ouvrières échauffées par le vin, la faim et les démagogues. Si l'on met à part l'étonnant message politique de la nouvelle, on remarquera qu'elle est une réécriture plutôt réussie du Colonel Chabert de Balzac, transposée en milieu ouvrier et dans les années 1870-1880 du siècle. Un texte réussi qui surclasse les gros romans pesants de l'auteur.
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Publiée pour la première fois en août 1880 dans le Messager de l'Europe, cette courte nouvelle retrace une partie de l'existence de Jacques Damour un ouvrier parisien, travailleur et courageux, qui se lie d'amitié avec un dénommé Berru, un va-t-en-guerre qui l'entraîne dans le mouvement insurrectionnel de la commune de Paris. Arrêté sur les barricades, Damour est déporté en Nouvelle Calédonie d'où il s'évadera. Passé pour mort et après deux ans d'itinérance en Amérique puis en Belgique, il décide de revenir à Paris afin de retrouver sa femme et sa fille…

Le destin de Jacques Damour aurait pu virer au cauchemar et se terminer dans des circonstances dramatiques, les lecteurs s'y attendaient plus ou moins, et pourtant Emile Zola en a décidé autrement, à la faveur d'une intrigue passionnante qui nous fait vibrer tout au long du récit et s'achève de manière bienveillante. Il faut noter que le nom « Damour », choisi par le romancier pour incarner son personnage principal, est révélateur de la personnalité de cet ancien communard capable du pire mais surtout du meilleur.
Il est bien difficile d'interrompre cette lecture addictive qui nous fait découvrir un scénario oscillant, en permanence, entre une violence aveugle et une sérénité absolue.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Dans ces maisons pauvres où les congés tombent dru comme grêle, dix années avaient suffi pour changer presque tous les locataires. D'ailleurs, une prudence lui restait, mêlée de honte, une sorte de sauvagerie effrayée, qui le faisait trembler à l'idée d'être reconnu (p. 59).
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Là-bas, à Nouméa, lorsque Jacques Damour regardait l'horizon vide de la mer, il croyait y voir parfois toute son histoire, les misères du siège, les colères de la commune, puis cet arrachement qui l'avait jeté si loin, meurtri et comme assommé. Ce n'était pas une vision nette des souvenirs où il se plaisait et s'attendrissait, mais la sourde rumination d'une intelligence obscurcie, qui revenait d'elle-même à certains faits restés debout et précis, dans l'écroulement du reste.
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Chez lui, il n'aurait pas été capable d'écraser un insecte ; mais, aux
avant-postes, il démolissait les gendarmes, sans un scrupule. Quand il
revenait, harassé, noir de sueur et de poudre, il passait des heures auprès de
la petite Louise, à l'écouter respirer.
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Il était mort, il n’avait personne au monde, plus rien n’importait. Pendant près d’un an, il travailla dans une mine de charbon, sous terre, ne voyant plus le soleil, absolument supprimé, mangeant et dormant, sans rien désirer au-delà.
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