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Shoshana Zuboff (Autre)Bee Formentelli (Traducteur)Anne-Sylvie Homassel (Traducteur)
EAN : 9782843049262
720 pages
Zulma (15/10/2020)
4.2/5   28 notes
Résumé :
Tous tracés, et alors ? Bienvenue dans le capitalisme de surveillance ! Les géants du web, Google, Facebook, Microsoft et consorts, ne cherchent plus seulement à capter toutes nos données, mais à orienter, modifier et conditionner tous nos comportements : notre vie sociale, nos émotions, nos pensées les plus intimes… jusqu’à notre bulletin de vote. En un mot, décider à notre place.

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"Zuboff démonte les mécanismes instrumentariens du nouvel ordre économique mondial. Comment l'industrie numérique exploite un marché dont nous sommes la matière première, comment elle modifie nos comportements à l'échelle planétaire. Démonstration implacable, essai brillant et indispensable."
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Lien : https://doublemarge.com/cate..
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Vous faites une recherche sur Google ou vous envoyez un message sur Facebook? Ce ne sont pas seulement les mots de la recherche ou du message que ces deux géants de l'information retiennent. C'est surtout le reste : l'heure de la recherche, votre adresse IP, les fautes d'orthographe, combien de messages vous avez envoyés par heure, combien de temps s'est écoulé depuis votre dernière recherche, etcaetera . Et c'est avec ce 'surplus de comportement', comme l'appelle Shoshana Zuboff, que les capitalistes de surveillance se nourrissent. Bien nourris ils pourront prévoir ce que vous allez faire avant même que vous y ayez pensé .
Ce livre se lit comme une dystopie, mais l'horreur c'est qu'il s'agit d'aujourd'hui. La thèse de Zuboff est qu'après les attentats du 11 septembre 2001 l'équilibre entre les entreprises informatiques(Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, mais pas qu'elles) les usagers et l'état s'est complètement perdu, en tous cas aux États-Unis. L'état a fait appel aux GAFAM pour aider à attraper les terroristes, et les GAFAM en ont profité pour utiliser leur techniques de surveillance sur tout le monde. Ce fut la fin d'un internet libre.
Zuboff s'appuie sur des sources très diverses: multiples études sur l'addiction des services réseaux parmi le millennials (mais pas qu'eux), interviews des dirigeants des entreprises concernées, expliquant comment ils font pour prévoir ce que vous allez manger ce soir. En affirmant que tout le monde y gagne ainsi. Ce qui fait froid dans le dos c'est sa description de l'oeuvre du psychologue américain des années 1970, BF Skinner, qu'on pourrait qualifier de Pavlov puissance 10. Skinner rêvait d'une société totalement contrôlée. Il considérait l'imprévisibilité humaine comme une abérration, contre laquelle il fallait lutter avec toutes les forces disponibles. Ces forces sont aujourd'hui presque sans limites, selon Zuboff. Et en plus elles sont quasiment invisibles.

Zuboff insiste sur la différence entre le capitalisme de surveillance et le capitalisme industriel du début du vingtième siècle. Même si ce dernier a fini par tourmenter la planète sur le plan écologique il avait intérêt à être profitable à tous: les ouvriers dans les usines étaient aussi les consommateurs des produits fabriqués. Zuboff voit le capitalisme de surveillance virtuellement en dehors de l'humanité, le Grand Autre(Big Other) : il n'y a pas de consommateurs pour qui on produit, mais seulement des objets dont on utilise le surplus de comportement.
Livre à lire si on aime comprendre un peu mieux le monde digital (mais pas que) dans lequel on vit.
Dommage que Zuboff soit parfois un peu pédante, avec des morceaux de poèmes de WH Auden pour commencer un chapitre et un style qui se veut un tantinet littéraire. Mais son livre est grinçant et il m'a fait beaucoup réfléchir.
Zuboff finît par une note positive, elle suggère qu'il est encore possible de lutter contre la mainmise des capitalistes de surveillance. Pas une conclusion que j'aurais tirée moi-même...
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Insensé que cet ouvrage majeur passe aussi inaperçu en France ! Evidemment, sa taille colossale effraie. Mais Piketty a fait pire, et pourtant... La somme de Zuboff est de la même trempe. Une magistrale démonstration de l'entreprise de surveillance total(itair)e dont nous faisons l'objet par les géants du web, pour leur plus grand profit. Un livre essentiel, rigoureux, profond, qui analyse, théorise, démonte et dénonce, pour la première fois avec une telle ampleur, l'avènement de cette nouvelle ère du capitalisme. Sans doute l'ouvrage le plus important de ces dernières années sur l'économie numérique et la société de l'information. Une lecture indispensable pour tout citoyen éclairé du XXIe siècle.
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Cet ouvrage, j'y ai consacré un sacré bout de temps. il faut dire que c'est un pavé, plus de 800 pages. j'ai abandonné aux deux tiers.

Le fond est extrêmement intéressant, pourquoi et comment une nouvelle économie de surveillance s'est mise en place, et quels sont les impacts concrets qui en découlent.
Tous les propos tenus sont sourcés à l'extrême, et reprennent les déclarations des acteurs du numérique et grands chefs d'entreprise.

Mais la forme est particulièrement indigeste, avec une fréquence de répétitions particulièrement élevée. Chaque chapitre fait sans cesse référence à ce qui vient d'être dit précédemment et contient de longues séquences à introduire ce qui sera dans les prochains.

C'est dommage, il y a un boulot de dingue accompli, nous avons besoin d'écrivains pour nous avertir des risques inhérents à ce nouveau type d'économie, mais le livre aurait du être concentré en moitié moins de pages, je pense.
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Une "somme" si l'on reprend le vocabulaire du Moyen Age sur une nouvelle mutation du capitalisme.
Un travail rigoureux avec les différents éclairages historiques? économiques? philosophiques? documenté, et détaillé sur cet enjeu de notre société. A risques. Et donc un appel à...résister.
Et ce n'est pas facile, à la lueur de précédentes expériences de lanceur d'alertes.
La faiblesse de cet ouvrage? son niveau de détail et son volume, qui nécessite des coupures...et des reprises après des pauses.
Et donc des efforts de mémoire, ressource... en disparition.
Il peut y perdre en force de démonstration: le lecteur," passivé" de nos jours, doit avoir un rôle ...actif pour synthétiser et intégrer le discours.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le capitalisme industriel a transformé les matières premières de la nature en marchandises, et le capitalisme de surveillance revendique la nature humaine comme matériau pour créer une nouvelle marchandise. Aujourd’hui, c’est la nature humaine qui est raclée, lacérée, et dont on s’empare pour le nouveau projet de marché du siècle. Il est choquant de supposer que ce préjudice peut être réduit au fait évident que les utilisateurs ne reçoivent aucune rétribution pour la matière première qu’ils fournissent. C’est un formidable fourvoiement que de recourir au mécanisme de fixation des prix pour institutionnaliser et donc légitimer l’extraction du comportement humain dans un objectif de fabrication et de vente. C’est aussi ignorer le point-clé de l’affaire, à savoir que l’essence de l’exploitation ici est la restitution de nos vies sous forme de données comportementales destinées à améliorer le contrôle que d’autres ont sur nous. Les questions les plus remarquables qui se posent ici concernent d’abord le fait que nos existences sont restituées sous forme de données comportementales ; ensuite, le fait que l’ignorance est une condition de cette restitution omniprésente et que le droit de décider s’évanouit avant même que l’utilisateur ait eu connaissance qu’il y avait une décision à prendre ; enfin, le fait que cette réduction de nos droits entraîne des conséquences que nous ne pouvons ni voir, ni prévoir ; qu’il n’y a aucune issue, aucune voix, aucune loyauté à attendre et que seuls l’impuissance, la résignation et l’engourdissement psychique sont notre lot. Ajoutons que le cryptage est l’unique action positive dont nous pouvons encore discuter quand nous sommes assis autour d’une table à réfléchir négligemment à la manière dont nous pourrions nous dissimuler aux forces qui se soustraient à notre regard.
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C'était un temps où les scientifiques se rendaient compte de l'obstination des animaux à se mouvoir librement. Ils en tiraient la conclusion que la surveillance était le prix nécessaire du savoir. Enfermer les animaux dans un zoo éliminerait le comportement que les scientifiques voulaient étudier, mais comment les surveiller? Les solutions déjà concoctées par des chercheurs de troupeaux de wapitis, des tortues de mer et des oies ont été remises à neuf par les capitalistes de surveillance. Elles ont été présentées comme une fonctionnalité inévitable de la vie au vingt-et-unième siècle sur la Terre. Ce qui avait changé c'est que maintenant, les animaux, c'est nous.
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La convergence de la liberté et du savoir transforme les capitalistes de surveillance en maîtres autoproclamés de la société. De leur nid d'aigle perché sur les cimes de la division du savoir, un ordre privilégié d'ajusteurs gouverne la ruche connectée en la cultivant comme une source s'approvisionnent continue en matière première. De même que les managers du début du XX° siècle apprenaient à penser "d'un point de vue administratif", mode de connaissance requis pour appréhender les complexités administratives d'entreprises nouvelles et immenses, les grands prêtres d'aujourd'hui pratiquent l'art appliqué de l'indifférence radicale, un mode de connaissance fondamentalement asocial. Avec l'indifférence radicale, le contenu est jugé sur son volume, sa gamme, sa profondeur de surplus, tels que mesurés par l'équivalence "anonyme" des clics, des likes et du temps passé en ligne, en dépit du fait évident que ses significations profondément différentes proviennent de situations humaines bien distinctes.
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"Lorsque je m'adresse à mes enfants ou plus généralement à des jeunes gens, j'essaie de les prévenir de la nature historiquement contingente de "ce qui nous possède" [...]. Je leur dis que le terme de recherche correspond à un voyage existentiel plein d'audace, pas à l'index qui s'abat sur la touche pour faire remonter des réponses déjà existantes. Que celui d'ami est un mystère incarné qui ne peut être forgé que dans le face à face, le cœur à cœur. Et que la reconnaissance est la lueur familière que nous lisons dans le regard de notre bien-aimé, non la "reconnaissance faciale". Je leur dis que ce n'est pas juste que nos plus beaux désirs de nous lier, de ressentir avec les autres, de nous informer soient exploités par une draconienne opération de troc qui, dans la fouille omnisciente de nos existences, retient ces élans en otage. Ce n'est pas juste que le moindre de nos gestes ou de nos désirs, la moindre de nos émotions ou de nos expressions soit catalogué, manipulé puis utilisé pour nous aiguillonner subrepticement vers les temps futurs pour le bénéfice de quelqu'un d'autre."
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Le mot « ciblé » est un autre euphémisme. Il évoque des notions de précision, d’efficacité et de compétence. Qui devinerait que le ciblage dissimule une nouvelle équation politique dans laquelle des concentrations de pouvoir informatique écartent le droit de décider des utilisateurs aussi facilement que King Kong chasserait une fourmi, et cela dans les coulisses, quand personne ne peut les voir ?

Ces euphémismes opèrent exactement de la même façon que ceux qu’on trouve sur les premières cartes du continent nord-américain où des régions entières étaient étiquetées sous le nom de « païens », « infidèles, « idolâtres », « primitifs », « vassaux » et « rebelles ». Sur la foi de ces euphémismes, les peuples indigènes – leurs lieux et leurs revendications – étaient supprimés des équations éthiques et juridiques des envahisseurs, légitimant les actes de prédation et de violation qui ont ouvert la voie à l’église et à la monarchie.
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Videos de Shoshana Zuboff (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shoshana Zuboff
Libraires au Rayon Sciences Humaines, Marion et Michaël vous présentent trois idées de lectures, de cadeaux, trois indispensables !
Voici les livres qu'ils vous invitent à découvrir :
- "Ne dis rien. Meurtre et mémoire en Irlande du Nord" de Patrick Radden Keefe, aux éditions Belfond https://www.librairiedialogues.fr/livre/16645701-ne-dis-rien-keefe-patrick-radden-belfond - "L'Âge du capitalisme de surveillance" de Shoshana Zuboff aux Éditions Zulma https://www.librairiedialogues.fr/livre/17287404-l-age-du-capitalisme-de-surveillance-shoshana-zuboff-zulma - "Le Livre des morts égyptien" aux Éditions Guy Trédaniel https://www.librairiedialogues.fr/livre/17300549-le-livre-des-morts-egyptien-wallis-budge-e-a-editeur-guy-tredaniel
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