Parfois ce n'est qu'une seule et mince cloison qui sépare les enfants de ce que nous appelons le monde réel et un souffle de vent fortuit la leur ouvre brusquement.
Un petit battement rapide martelait son cœur : le premier soupçon.
Lui-même n’avait pas besoin de bouger pour atteindre la belle inconnue ; il pouvait maintenant rêver tranquillement et contempler le paysage, car il savait que d’ardentes mains d’enfant étaient en train de construire le pont qui le conduirait vers le cœur de la dame.
Pour les enfants, être envoyé au lit est une punition terrible, parce que c'est pour eux une humiliation évidente devant les grandes personnes, la preuve de leur faiblesse et de leur infériorité.
Mais, j’en suis bien certain, je n’ai jamais aimé la vie avec plus de passion et je sais à présent que tout homme commet un crime (le seul qui existe !) en se montrant indifférent devant n’importe laquelle de ses formes et de ses incarnations. Depuis que j’ai commencé à me comprendre moi-même, je comprends aussi une infinité d’autres choses : le regard d’un être plein de désir devant un étalage peut me bouleverser, les cabrioles d’un chien m’enthousiasmer. Désormais, je fais attention à tout, rien ne m’est indifférent. Je lis dans le journal (qu’autrefois je ne feuilletais que pour y chercher des distractions et des ventes aux enchères) mille faits quotidiens qui m’émeuvent ; des livres qui m’ennuyaient me révèlent soudain leur intérêt. Le plus remarquable, c’est que je peux à présent parler aux gens, même en dehors de ce qu’on appelle la conversation. Mon valet de chambre, que j’ai depuis sept années, m’intéresse ; je
m’entretiens souvent avec lui ; le concierge devant qui autrefois je passais sans faire attention, comme devant une sorte de pilier mobile, m’a raconté ces jours derniers la mort de sa petite fille et j’en ai été plus ému que par les tragédies de Shakespeare. Et cette métamorphose (bien que, pour ne pas me trahir, je continue extérieurement à vivre dans les milieux où règne un ennui de bon ton) semble peu à peu transparaître. Nombre d’êtres humains sont tout à coup devenus cordiaux avec moi ; pour la troisième fois cette semaine des chiens inconnus sont venus vers moi dans la rue. Des amis me disent, avec une certaine joie, comme à quelqu’un qui a triomphé d’une maladie, qu’ils me trouvent rajeuni.
Il ignorait qu'elle lui était reconnaissante de l'avoir sauvée d'une aventure stérile, et que par ce geste de tendresse, elle lui léguait en viatique la charge douce-amère du fardeau de l'amour.
Il est si bon, en effet, d'être là étendu, seul, loin des hommes et du bruit, dans une chambre haute et claire, tout près de la cime frémissante des arbres, quand on veut penser à celle que l'on aime ; il est agréable de méditer ainsi en tout quiétude, délié de tout devoir, de toute obligation, de s'abandonner à rêver doucement d'elle, et de vivre en tête à tête avec ces chères images qui s'approchent de votre lit quand on ferme un instant les paupières. L'amour n'a peut-être pas de plus suaves moments que ces rêveries pâles et crépusculaires.
chaque passion imprime ses traces comme dans une cire molle.
Il ne pouvait pas comprendre qu’on écrasât sous le pied, si simplement, la vérité, comme une allumette enflammée.
ses pensées étaient paralysées et trébuchaient contre les mots comme un homme ivre.