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Citations sur La Peur (132)

...] ... Cette nuit-là, elle fit un rêve oppressant. Une musique inconnue résonnait, il y avait une salle haute et claire, elle entrait, une foule de gens et de couleurs se mêlaient dans un même mouvement, un jeune homme qu'il lui semblait connaître, sans qu'elle pût toutefois l'identifier, se dirigea alors vers elle, la prit par le bras, et elle dansa avec lui. Un doux bien-être l'envahit, un grande vague de musique la souleva, au point qu'elle ne sentait plus le sol, et en dansant ils traversèrent de nombreuses salles où des lustres dorés faisaient scintiller tout en haut de petites flammes, comme des étoiles ; et les miroirs qui couvraient les murs lui renvoyaient son propre sourire, pour l'emporter ensuite en le reflétant à l'infini. La danse devenait de plus en plus effrénée, la musique de plus en plus ardente. Elle sentit le jeune homme l'enlacer plus étroitement, il pressait si fort sa main contre son bras nu qu'elle en gémit de douleur et de volupté ; et en plongeant alors ses yeux dans les siens, elle crut le reconnaître. Il lui semblait que c'était un acteur qu'elle avait éperdument aimé petite fille, de loin ; transportée de bonheur, elle s'apprêtait à prononcer son nom, mais il étouffa son faible cri sous un baiser brûlant. Et ainsi, bouche contre bouche, leurs corps embrasés ne faisant qu'un, il tourbillonnaient d'une salle à l'autre, comme portés par un vent délicieux. Les murs s'enfuyaient, elle ne sentait plus ni le plafond disparaissant dans les airs, ni le temps, indiciblement légère, tous ses membre flottant. Alors quelqu'un lui toucha soudain l'épaule. Elle s'arrêta, et avec elle la musique ; les lumières s'éteignirent, les murs se rapprochèrent, noirs ; et son cavalier avait disparu. -"Rends-le-moi, espèce de voleuse !" hurla l'horrible bonne femme - car c'était elle - au point que les murs en retentissaient et elle referma ses doigts glacés sur le poignet d'Irène. Elle se débattit et s'entendit pousser un cri perçant, un hurlement d'épouvante insensé ; elles luttèrent toutes deux, mais l'autre était plus forte, elle lui arracha son collier de perles et la moitié de sa robe, dénudant ainsi ses bras et ses seins auxquels pendaient des lambeaux d'étoffe. Et voici que des gens étaient à nouveau là, ils accouraient de toutes les salles dans un brouhaha croissant, et les fixaient de leurs regards railleurs, l'une à demi-nue et l'autre qui vociférait : "Elle me l'a volé, cette espèce d'adultère, cette putain !"Irène ne savait où se cacher, où tourner ses regards, car les gens s'approchaient de plus en plus ; des faces grimaçantes, hostiles, curieuses s'emparaient de sa nudité ; alors, comme ses yeux hagards cherchaient désespérément du secours, elle aperçut soudain son mari debout, immobile dans l'encadrement sombre de la porte, et il dissimulait sa main droite derrière son dos. ... [...]
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Mais le hasard dispose d’outils perçants et le destin, redoutablement astucieux, sait se frayer inopinément un chemin conduisant aux âmes et bouleverser les natures les plus pétrifiées.

Nouvelle : Leporella
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Voilà donc comme elles sont, les femmes mariées, les belles dames distinguées, quand elles nous volent nos hommes ! Elles portent une voilette, une épaisse voilette pour pouvoir, après, jouer à l'honnête femme...
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La peur frappait maintenant comme un heurtoir hésitant contre chaque petit souvenir, pour trouver l'entrée des chambres secrètes de son cœur.
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J'ai lu la première nouvelle éponyme et c'est super ! Zweig excelle dans le genre de la nouvelle ! ^^
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Arraché au monde des livres, entouré d'une foule indifférente d'analphabètes, il était comme un aigle à qui on aurait coupé les ailes.
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Elle eût voulu hurler ou donner des coups de poing pour se
délivrer de l'horreur de ce souvenir, enfoncé dans son cerveau comme un hameçon 
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Partir, tout en elle ne voulait plus que partir
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L’instinct d’Irène s’opposait à cet homme, et surtout à cet élément nouveau, particulier, qu’elle sentait en lui et qui avait séduit sa curiosité. Si son jeu la grisait, dans l’intimité sa passion la troublait ; au fond, elle n’aimait guère ces étreintes brusques et impérieuses dont elle comparait sans le vouloir la rudesse tyrannique aux gestes tendres de son mari, que les années de mariage n’avaient pas rendu moins délicat. Mais une fois tombée dans l’infidélité, elle revenait encore et toujours au pianiste, ni comblée ni déçue, par une sorte de devoir, par habitude.

La peur
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Vous savez sans doute vous-même comment se vendent aujourd'hui les objets d'art, depuis que l'argent a perdu toute valeur. Les nouveaux riches se sont découvert tout à coup un faible pour les madones, les incunables et les vielles estampes. Ils nous en demandent plus que nous ne pouvons leur en procurer. Nous devons même être sur nos gardes afin de les empêcher de dévaliser notre logis. Si nous les laissons faire, ils nous enlèveraient les boutons de nos manchettes et la lampe de notre secrétaire. Aussi est-ce une vraie misère que de leur livrer toujours de nouvelles marchandises. Excusez-moi d'employer ce terme de " marchandise " pour des objets que nous vénérons. Mais ces gens nous ont habitués à considérer un magnifique incunable comme l'équivalent de tant et tant de dollars, et un dessin de Guercino comme la somme de quelques billets de banque.
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