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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le printemps au Prater est la seconde nouvelle écrite par Zweig alors qu'il avait 19 ans. Elle arrive juste après Rêves oubliés. Oui, je lis les bibliographies dans l'ordre, même si je m'autopardonne de m'être tout d'abord jetée sur le joueur d'échecs.
Cette nouvelle est ancrée dans la vie autrichienne, le personnage principal du récit étant bien "Le Prater", une enclave de nature prise dans la ville, un endroit béni des dieux, surtout en cette saison à laquelle Zweig dédie un hymne païen : « Et le soleil déversait la splendeur de ses ors sur l'impérissable merveille de sa création – le printemps au Prater. »
"Le Prater est une grande étendue verte située entre le Danube et le canal du Danube. Il regroupe la Grande Roue, symbole de la ville avec ses 65 mètres de hauteur, une fête foraine permanente et un immense parc. le Prater tirerait son nom du mot pratum (du latin, « prairie »). D'aucuns disent que Prater viendrait plutôt de Brater, qui peut être traduit par « brochette » ou évoquer l'objet utilisé pour faire des grillades (en référence à la forme étirée du Prater). le Prater est en fait constitué de deux zones : un grand terrain d'attraction avec des manèges, des stands, des buvettes et des guinguettes ; c'est cette partie que les Viennois appellent d'ordinaire le WurstelpraterI (le mot apparaît une fois dans le texte) et où vont s'amuser, le soir, les deux amoureux de la nouvelle. le « Prater vert » lui est contigu : cette vaste zone de forêts et de prairies était autrefois une réserve de chasse, elle fut ouverte à la population par l'empereur Joseph II. C'est là que se rencontrent au début les deux jeunes gens et c'est cette partie qui donne son titre à la nouvelle."
Cet intermède culturel nous est offert par l'auteur de la préface. Rendons à César...
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C'est jour de derby, tout le gratin est là, mais la jeune Lizzie, Lise pour les intimes et ceux qui la connaissaient avant son ascension sociale, courtisane de son état, se doit de s'y montrer. Las, la couturière n'a pas livré sa somptueuse robe.
Désireuse d'assister à l'événement coûte que coûte, elle déniche une robe modeste dans le fond de son placard et l'enfile pour assister à la fête incognito.
Ce faisant, elle redevient la jeune fille qu'elle était, dans toute sa simplicité, et croise un jeune étudiant, Hans. Ils tombent amoureux en un regard et Lizzie est à nouveau Lise, gaie, impétueuse, exubérante... tout ce qu'elle s'efforce d'enfouir depuis si longtemps qu'elle l'avait oublié.
Mais le fond a peu d'importance. L'histoire est banale et m'aurait probablement ennuyée si elle avait été narrée par tout autre que Stefan Zweig.
La magie réside dans son art de décrire ses personnages et les éléments du "décor" dans les moindres détails.
Il ne décrit aucune caractéristique physique évidente et à la fin du récit, on n'a qu'une très vague idée de leur apparence dans sa globalité. Non, ce qui nous est offert, ce sont les gestes et expressions : du corps, du visage, les éclairs qui passent fugacement dans un regard, une moue, un sourire, une main qui s'attarde avec grâce, une kyrielle de moments suspendus, comme autant d'images qui défilent en rafale sous nos yeux ébahis.
Encore une fois, j'ai été scotchée par les mots. Zweig se déguste. J'ai lu et relu cette nouvelle pour ne rater aucun détail, aucune tournure. Et pourtant, chaque fois j'en ai découvert d'autres.
Ce n'est pas facile de décrire des sensations aussi fortes. Émerveillement, frissons ? On éprouve parfois tant de choses qu'il faudrait inventer d'autres mots, moins galvaudés, trop faibles, pas assez précis. Et j'aime la précision et les nuances.
Je vais me fondre dans un autre récit et plonger encore avec délectation dans la richesse des phrases de cet auteur.
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La scarlatine

Une nouvelle qui reste sombre, Vienne sous la pluie pour un jeune étudiant, Bertold Berger, qui y débarque peut être frustrant surtout lorsque l'on quitte sa famille en espérant trouver l'exaltation alors qu'il n'en est rien. Un jeune homme de même pas dix-huit ans vient étudier la médecine, sympathise avec son voisin étudiant en droit, Schramek ; une amitié à laquelle il s'accroche comme à une bouée de sauvetage.

Il sort à peine de l'enfance et le voilà projeté dans le monde adulte, dur et froid. Un enfant c'est bien cela qu'il est face à ce grand gaillard de dernière année qui boit, fume et se bagarre autant de chose qui émerveille Berger ; construire sa vie sur celle de son voisin lui paraît une bonne idée pour affronter la vie. Il s'en lasse vite surtout de la bonne humeur de Schramek et de son amante Karla, alors que lui est si triste abandonnant au passage ses études.

On suit Berger depuis le mois de septembre, un automne pluvieux jusqu'au début du printemps où il trouve enfin ce petit plus qui lui manquait pour avancer serein, la fille de sa logeuse est atteinte de la scarlatine ; il va rester à son chevet jusqu'à son rétablissement et développer à son côté une tendresse voire un amour. Mais la vie reprend ses droits et n'a pas l'intention de le laisser heureux bien longtemps, il attrape lui-même la scarlatine mais comme le disait le docteur :
On le constate pour presque toutes les maladies infantiles : les enfants triomphent d'elles, tandis que les adultes succombent.

Il se sent perdu, est-ce qu'il va mourir alors qu'il vient de découvrir l'amour ? Encore une fois Zweig nous suggère une fin ou bien est ce moi qui redoute une fin tragique :

Un silence profond envahit la pièce ; le coeur serré, ils étaient remplis de la solennité de l'instant et l'on n'entendait rien d'autre que, dehors, sous les fenêtres, la voix forte et irrité de la grande ville étrangère qui continuait de gronder sans relâche, indifférente à la vie et à la mort.

Très beau et profond cette nouvelle charme par sa nostalgie de l'enfance et la découverte du monde adulte, les tourments du jeune homme on les comprend facilement, se retrouver seul dans une ville inconnue, même si cette vie d'indépendance a été rêvée mainte fois elle reste cependant illusoire. L'auteur entre dans le coeur du jeune homme pour nous en dépeindre les contours, ceux de l'hésitation et de la peur face à quelque chose d'inconnu.


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Deux nouvelles, plus belle l'une que l'autre.

La première Printemps au Prater
Une gamine de 20 ans à peine, avec déjà beaucoup d'expérience en sexualité, se découvre un jour un garçon vierge et s'est le début d'un rêve pour tous les deux. Un rêve de caresses et de beaucoup de tendresse.

La seconde nouvelle La Scarlatine

Un jeune garçon efféminé commence les études de médecine à Vienne. Ce sera la rencontre du sexe opposé et le fragile amour espéré pour une gamine de 13 ans, alitée qui a la scarlatine.
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C'est la deuxième nouvelle (la scarlatine) qui m'a émue d'une manière très intense, l'histoire qui finit très mal et la morale qui en découle représente l'amour universel qui seul est digne d'être vécu.
Depuis je lis Stefan Zweig pour son écriture si sensible qui décrit les sentiments comme personne.
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On est à Vienne au début du siècle dernier, le Prater est un vaste parc au coeur de la ville où de nombreux évènements s'y déroule notamment le Derby, course de chevaux.
Lise, jeune courtisane pleine d'orgueil entourée de luxe et dont la vie mondaine est rythmée par les allées et venues de ses amants, est heureuse à l'idée de se rendre au Derby mais le souci est que la couturière ne lui a pas apportée la tenue neuve qu'elle espérée. le fait de ne pouvoir y participer l'a met hors d'elle, une idée va alors surgir elle va ressortir de sa penderie une vieille robe qui lui permettra de s'y rendre incognito en tant que jeune fille de la petite bourgeoisie.
Au Prater elle y rencontrera un jeune homme, charmant, qui lui fera oublier les aléas de cette vie mondaine, pour lui faire retrouver les joies de son enfance lorsqu'elle-même n'était qu'une enfant de famille modeste :

Pour Lise, ce Prater-là était une contrée de sa jeunesse qu'elle retrouvait, qu'elle redécouvrait. Depuis longtemps elle ne connaissait plus que l'allée principale avec son fier cortège de voitures, son élégance et sa noblesse, mais en ce moment tout la ravissait ici, elle était comme une petite fille qu'on emmène dans un magasin de jouets et qui tend une main avide vers chaque objet.

Le choix de vie de Lise est en ces temps très mal vue, le statut de femme entretenue est associée à de la prostitution mais dans le texte aucune allusion à sa vie, elle se trouve très bien dans son rôle de courtisane et cela ne lui pèse guère jusqu'à sa rencontre avec ce jeune étudiant. Toutes ses certitudes sont mises à mal, plus rien ne lui semble si voluptueux. Par contre une part belle de cette nouvelle est faite de nostalgie, redevenir une femme du peuple et marcher au bras de cet homme, Hans, à travers les chemins du Prater populaire, tout ceci lui redonne des ailes.

Tous ses souvenirs s'envolèrent avec ce baiser, c'était le premier qu'elle n'eût jamais reçu. le jeu auquel elle avait voulu se livrer avec le jeune homme était devenu la vie même, l'émotion même.

Une question reste pourtant en suspend, est ce que Lise aura le courage de changer de vie après ce bref retour en arrière, est ce que sa vie de courtisane continuera de la satisfaire émotionnellement parlant ? Este ce que Hans saura lui redonner goût aux valeurs sûres, à la simplicité de la vie, ou bien est ce que cette parenthèse dans sa vie n'était que le fruit d'une belle journée de printemps ?


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Zweig reste toujours juste dans son rapport des personnes face à la société qui les entoure et l 'espoir qui les dévore avec tendresse et délicatesse ....
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