« C'est là que commencèrent ces vingt-quatre heures qui furent plus émouvantes que tout le jeu du monde et qui bouleversèrent mon destin pour des années. »
Vingt-quatre heures de la vie d'une femme,
Stefan Zweig @livredepoche #classique
A propos de #zweig tout a déjà été dit, au sujet de ce roman tout autant… et pourtant, j'ai envie de vous en parler.
L'auteur autrichien n'a pas son pareil pour disséquer
l'âme humaine, en faire remonter les tréfonds à la surface, sans filtre et sans fard, en toute authenticité!
Ce récit débute sur un scandale dans une pension correcte sous tout rapport: la femme d'un client, issue d'une bonne famille, s'est enfuie avec un jeune homme qu'elle avait rencontré moins d'un jour auparavant…
Cela évoque quelques souvenirs à une dame anglaise, issue d'un milieu bourgeois, qui souhaite s'en ouvrir au narrateur…
La suite, vous la connaissez, je ne la raconterai pas.
Je parlerai en revanche de la force qui émane du récit, de la puissance des mots au service de l'idée, de l'impression… voyez plutôt!
« […] parfois la nature concentre dans quelques souffles rapides tout ce qu'il y a en elle de chaleur et de glace, de vie et de mort, de ravissement et de désespérance. Et cette nuit fut tellement remplie de luttes et de paroles, de passion, de colère et de haine, de larmes de supplication, d'ivresse qu'elle me parut durer mille ans et que nous, ces deux êtres humains qui chancelaient enlacés vers le fond de l'abime, l'un enragé de mourir, l'autre en toute innocence - nous sortîmes complètement transformés de ce tumulte mortel, différents, entièrement changés, avec un autre esprit et une autre sensibilité. »
Il y a, dans la plume de l'auteur, une fulgurance peu égalée, un souffle de majesté et de profondeur que l'on ne peut évoquer qu'avec humilité, tant on se sent petit à côté d'un tel talent!
Cette manière de dresser un portrait qui plonge au plus profond de l'âme en quelques mots est stupéfiante!
« Jamais encore (il faut sans cesse que je le répète), je n'avais vu un visage d'où la passion jaillissait tellement à découvert, si bestiale, dans sa nudité effrontée, et j'étais tout entière à le regarder, ce visage..., aussi fascinée, aussi hypnotisée par sa folie que ses regards l'étaient par le bondissement et les tressautements de la boule en rotation. »
Oui vraiment, il est difficile d'exposer avec justesse et fidélité, l'incroyable dextérité de cet auteur que le monde regrette encore aujourd'hui…
Lire Zweig, c'est toucher à la beauté du monde, à la profondeur de la vie… à ce que l'humanité produit de plus admirable!
Je finirai sur cette citation qui m'a profondément touchée: « Vieillir n'est, au fond, pas autre chose que n'avoir plus peur de son passé. »
Lisez Zweig! 🌟