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4,11

sur 6254 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
24 heures sur toute une vie, ce n'est rien si la vie est longue, et c'est tellement à la fois.
Si le temps s'est arrêté, si l'on fait « pause » sur le film de sa vie et que plus rien ne compte ni les scènes d'avant ni celles d'après, mais alors, quelle souffrance !

Combien de femmes ont rêvé de se soustraire, sur un coup de pure folie, à leur vie réglée comme du papier à musique, entre responsabilités familiales et professionnelles, entre corvées essentielles répétées à l'infini, et plaisirs trop rares ?
Combien sont-elles, prêtes à suivre un inconnu pour qui elles ont un coup de coeur insensé, pour une heure, 24 heures ou pour toute une vie ?
Combien d'entre elles l'ont vraiment rencontré ?
Combien ont réellement commis la pure folie, sans la moindre hésitation, de suivre leur instinct, de foncer dans l'inconnu, de prendre l'amour à bras le corps ? Quand d'autres pleurent dans le soir leur projet avorté, la peur viscérale d'être jugée, l'impossibilité totale de passer à l'action ?

Ah ! Monsieur ZWEIG, encore une fois vous avez exploré au plus profond le coeur des femmes, à une époque où le deuil se portait sur le vêtement noir pendant de longs mois, et la bienséance dictait la conduite sans discussion possible.
Vous avez su dépeindre les mille couleurs des sentiments passionnels, de la folie d'un geste insensé, d'une étreinte exaltée, d'un combat contre la violence de la culpabilité. Vous avez fait parvenir le lecteur jusqu'à l'extase, après avoir fait monter le désir par la puissance de l'interdit, puis vous l'avez fait tomber dans l'enfer du piège de l'addiction aux jeux, dans les casinos.

Contre toute attente, une femme peut tout donner pour sauver un homme : passer outre ses pires défauts, par amour pardonner son addiction, ses faiblesses, ses bassesses, mais souffrira toute sa vie de n'avoir pas été aimée comme elle l'aurait souhaité.
Souffrance sentimentale infernale, torture qui marque à vie.

J'avais d'abord rencontré "Le joueur d'échecs", puis lu cette " Lettre d'une inconnue" jusqu'à en éprouver " La confusion des sentiments" et vivre " 24 heures de la vie d'une femme", comme si c'était une seule et même histoire ! Etonnante rencontre !
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Voici un petit roman (une nouvelle pour certains, voir le P. S.) rondement mené, écrit avec délicatesse, une façon de "Sur la route de Madison" à la Stefan Zweig.
Celui-ci nous sert les confessions d'une vieille dame sur un épisode fugitif, mais marquant, (je l'écris de manière froide et tempérée, un "l'indicible confusion d'un fulgurant éclair d'amour dans la vie calme et bien réglée d'une femme" serait sûrement mieux) de sa vie où deux passions se croisent : la passion du jeu et la passion amoureuse, pour en aboutir à une troisième, un peu comme celle "selon Saint Mathieu".
Arrivée à une âge respectable, une femme de la haute société en villégiature sur la Côte d'Azur voit se dérouler sous ses yeux un épisode qui fait écho à quelque chose qu'elle a éprouvé, elle, un jour dans sa vie. Un amour ancien, fugace, une seconde de sa vie, un total abandon pour un homme dévoré par le démon du jeu (un peu à la façon du Joueur de Dostoïevski).
La description des mains du joueur (et puisque j'ai déjà commencé par une comparaison cinématographique) pourrait faire penser aux fameux cadrages serrés si chers et si caractéristiques des films de Sergio Leone et demeure selon moi le sublime morceau de ce livre.
Stefan Zweig aborde la passion amoureuse sous l'angle du refoulé et du qu'en dira-t-on. L'opprobre ordinaire du jugement des autres est aussi abordé. Il nous conte avec un certain brio, l'histoire d'un fugitif éclair dans la noire monotonie de la vie d'une femme de la haute société d'il y a cent ans environ, le palpitement de ces chairs qui n'ont pas toujours été calmes et sages.
On ne prend pas grand risque à lire ce roman, c'est rapide, c'est bien fait et, au pire, cela laisse indifférent mais je ne pense pas que l'on puisse le détester. Donc je le recommande bien volontiers et j'en garde un très bon souvenir sans toutefois le placer au niveau stratosphérique de la Confusion Des Sentiments qui m'a tant ravie. Mais cette considération hautement subjective n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : Pour répondre à mon ami Lecassin, les gens de chez Stock ont probablement raison de dénommer cet écrit "roman" et non "nouvelle". La taille n'a pas grand chose à voir là-dedans, c'est simplement que la narration se déroule sur deux moments distincts, et il y a même deux narrateurs, ce qui, par définition, sert à distinguer une nouvelle d'un roman. Donc, oui, je pense que l'on doit appeler ce livre un roman et non une nouvelle, mais dans l'absolu, cela n'a pas beaucoup d'importance.
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1904. Un scandale vient perturber le calme tranquille d'une petite pension bourgeoise du sud de la France. Une femme « bien comme il faut » vient de s'enfuir avec un homme plus jeune, rencontré un jour plus tôt, abandonnant mari et enfants sans se retourner. Très vite, l'indignation remplace l'incompréhension et la conversation s'envenime autour du comportement de cette femme infidèle.

Seul le narrateur tente, tant bien que mal, de comprendre et de défendre ce comportement irraisonné. Mais alors que le ton monte entre les pensionnaires, une aristocrate anglaise intervient et semble prendre le parti du narrateur, faisant cesser le débat. C'est alors le prétexte pour la vieille femme de se confier à cet interlocuteur pour le moins ouvert et de lui raconter la journée qui a bouleversé sa vie il y a de ça de nombreuses années et qui a failli la faire, elle aussi, dévier du droit chemin…


Dans un style toujours aussi précis et lumineux, Stefan Zweig nous offre une magnifique confession de femme sur un moment furtif et néanmoins extrêmement précis de sa vie. A travers l'évocation d'une journée particulière, il dépeint la naissance d'une passion amoureuse fulgurante, irraisonnée et irrésistible d'une dame d'une quarantaine d'années pour un jeune homme de vingt ans son cadet… Mais cet amour enflammé et déraisonnable va se heurter au démon du jeu qui s'est emparé du jeune flambeur…

Sentiments exacerbés, folie, destruction sont au coeur de ce court roman porté par l'intensité d'une écriture puissante et évocatrice, qui nous plonge dans les tourments d'une passion dévorante. Des souvenirs d'autant plus vivaces qu'ils ont été refoulés pendant des années par honte et par peur du regard impitoyable d'une société policée, tout en retenue et en hypocrisie. Un roman qui touche et bouleverse par sa sincérité et donne envie de découvrir toute l'oeuvre de Stefan Zweig !


Challenge variétés : Un livre dont le titre contient un nombre
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Certains auteurs me demandent une disponibilité d'esprit particulière au moment de les lire, c'est le cas pour Stefan Zweig ou encore Paul Auster.
Cet auteur aborde la psychologie et les tourments de l'âme humaine avec une profondeur qui lui est propre et qui nous touche, toujours.
Ce récit, ce souvenir d'une journée intense dans la vie d'une femme va se révéler captivant par la foule de sentiments qu'il va véhiculer, sentiments qui vont ébranler le bel équilibre émotionnel d'une veuve anglaise pourtant conditionnée par une vie et une éducation sans faille.
Une journée où tout pourrait arriver y compris de nos jours et Stefan Zweig nous le démontre ici avec justesse, nous sommes de tout temps gouvernés par nos émotions.
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Les jeux sont faits. Les lits sont défaits.
Au début du siècle dernier, un sujet bouleverse les vacances mondaines des clients d'une pension très bourgeoise de Monte-Carlo. Il ne s'agit pas d'une simple petite entorse au guide des bonnes manières ou l'intrusion d'un nouveau riche. Nul n'a coupé sa salade avec son couteau ou mangé son poulet avec ses doigts avant de s'essuyer à la nappe. Non, une mère de famille a fugué avec un jeune homme rencontré la veille, laissant mari et progéniture en plan. La belle a les oreilles qui sifflent à l'heure de l'eau sale… pardon du thé, et il ne se trouve que le narrateur et une vieille Lady pour défendre cette cause perdue pour la morale qui a cédé à une passion que la bienséance réserve aux regrets. Si j'avais su…
Dans la foulée, la vieille dame invite le narrateur dans sa chambre, non pas parce que cette histoire l'émoustille (Voyons, on est chez Zweig, pas chez Houellebecq, vils fornicateurs !) mais pour lui raconter une journée qui a bouleversé sa vie.
Vingt ans plus tôt, veuve inoccupée en villégiature, elle a voulu sauver du suicide un jeune polonais pris au piège, non pas de l'alcool (c'est quoi ces préjugés ?) mais du jeu. Il y a laissé toute sa fortune. Elle va y sacrifier une partie de son honneur et de son âme.
Récit passionné, intrusion galante dans la psychologie féminine, Zweig réussit une nouvelle fois à raconter en une centaine de pages ce que tant d'écrivains ne parviennent pas à exprimer dans toute une oeuvre.
J'ai été fasciné tout autant par la description des changements de comportements du jeune homme face à son addiction, de l'exaltation au désespoir, du repentir à la folie, que par l'évolution des sentiments de la veuve. Elle intervient d'abord par charité puis protège par esprit maternel (elle n'a plus de mari, ses enfants sont grands, et aucun caniche pour prendre le relais) et succombe enfin amoureusement dans un abandon de soi.
Tout cela en 24 heures chrono... fièvres, politesses et douches comprises !
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Vingt-quatre heures de la vie d'une femme est une friandise de Stefan Zweig qui se laisse croquer avec plaisir dont le format permet de l'emboucher d'un seul trait. Un arrière-plan qui peut rappeler le joueur de Dostoïevski, mais c'est bien un de ces moments au cours desquels une vie bascule parfois, qui sert de trame à cette histoire.
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« Seuls, peut-être, des gens absolument étrangers à la passion connaissent, en des moments tout à fait exceptionnels, ces explosions soudaines d'une passion semblable à une avalanche ou à un ouragan : alors des années entières de forces non utilisées se précipitent et roulent dans les profondeurs d'une poitrine humaine. Jamais auparavant (et jamais par la suite) je n'éprouvai une telle surprise et une telle fureur d'impuissance qu'en cette seconde où, prête à toutes les extravagances (prête à jeter d'un seul coup dans l'abîme toutes les réserves d'une vie bien administrée, toutes les énergies contenues et accumulées jusqu'alors), je rencontrai soudain devant moi un mur d'absurdité, contre lequel ma passion venait inutilement buter. »

Ainsi s'exprime notre narratrice aux cheveux blancs, elle est en villégiature sur la riviera dans un lieu fréquenté par la haute bourgeoisie de l'époque. Un évènement va venir troubler l'atmosphère de la petite pension. Et c'est de la narration de cet incident que naîtra cette deuxième narration intime qui emporte le lecteur à Monte-Carlo, en 1904, du temps où cette dame était une jeune femme de quarante ans, veuve, et dont les enfants avaient pris leur envol.

J'étais sortie « vidée » émotionnellement de la lecture « La confusion des sentiments » Dans «vingt-quatre heures de la vie d'une femme», je me suis retrouvée vingt ans, trente ans plutôt, à ces périodes de la vie où flirter avec la transgression s'apparente à vivre intensément même si cela doit faire mal.

C'est bien la force de Stefan Zweig, non seulement, son écriture est des plus élégantes et agréables à lire, mais il est un fin observateur des passions humaines qu'il n'a pu qu'expérimenter lui-même pour avoir cette capacité à disséquer avec autant d'acuité toutes ces palettes de sentiments intimes, ces sensations vertigineuses qui nous font oublier nos limites, qui nous entraînent dans des aventures déraisonnables mais qui nous rendent plus humbles et plus tolérants. J'imagine aisément ses échanges avec son ami Freud discutant d'exemples pour mieux approfondir la connaissance de la psychologie humaine.

Dans cette nouvelle, Zweig aborde la passion amoureuse et la passion du jeu. Il nous fait découvrir dans un temps très court, vingt quatre heures, comment ces deux passions vont venir se télescoper au travers de la destinée d'un homme et d'une femme, la narratrice, et modifier à jamais la vie de cette dernière.

Ce qui est saisissant, outre la description au scalpel de tous les états d'âme que confère la passion amoureuse, les joies comme la souffrance du vide "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" c'est l'étude du langage du corps et tout particulièrement celui des mains du joueur autour du tapis vert qui subjugue.

Comment celles-ci (les mains) révèlent l'exaltation voire l'addiction et comment la narratrice, cette jeune femme, va se laisser émouvoir par la détresse de ces mains qui sont en train de perdre.

Elle s'ennuie, elle chercher à donner un sens à sa vie, elle pense pouvoir sauver ce jeune homme mais elle a encore des choses à apprendre de la vie….. Je n'en dirai pas plus.

Stefan Zweig nous offre une jolie nouvelle où outre l'esthétisme de son écriture, il nous offre une nouvelle fois une image des passions humaines.



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Elle l'a vu souffrir
Elle a voulu le soutenir
Elle a cru y parvenir
Elle a commencé par s'attendrir
Puis, s'est aperçue qu'elle avait plus à Lui offrir
Mais…
Il n'a pas voulu d'Elle se suffire
Seul le JEU pouvait de lui s'enquérir
Et Puis, il l'a brutalement laissé partir
Seule, rompue à se souvenir !


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Stefan Zweig, un monument de la littérature que je n'avais pas encore osé aborder. Peut-être pensais-je que cela serait trop classique, un peu aride, un peu vieux (?) ... Préjugés infondés.
Il a fallu quelques critiques de certains de mes amis pour que je me lance, et je ne l'ai pas regretté.
Je connaissais évidemment le titre de ce court roman, mais n'en avait jamais lu le sujet. Et j'ai donc entamé sa lecture sans savoir à quoi m'attendre.

Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, cela est vraiment peu, et pourtant quelle importance elles ont prise dans la vie de cette vielle lady très distinguée, au point que des années après elle éprouve le besoin de se confesser. Un épisode scandaleux pour beaucoup, une femme qui abandonne sa famille pour suivre un homme, lui remet en mémoire ces « vingt-quatre heures »
Zweig nous dépeint l'amour, amour soudain, subit et subi, qui peut tout emporter sur son passage, qui peut faire oublier bienséance et vie bien réglée. L'une y aura cédé, l'autre non. Mais elle n'a jamais oublié. Il s'en est fallu de peu, quelqu'un qui vous retarde sur le chemin d'une gare, et la vie prend un autre tour. Faut-il le regretter ? Nul ne peut le dire.

L'écriture de l'auteur est précise, puissante, presque cinématographique. J'ai vu se dessiner les scènes dans mon esprit : le casino, ces mains qui s'agitent, et traduisent les sentiments du joueur, cet hôtel borgne où ils arrivent, l'église où ils font halte. Elle excelle aussi à exprimer les sentiments, de cette femme, tout à tour conseillère, compatissante, puis consentante, à nouveau maitre du jeu et soudain affolée par la profondeur du sentiment qu'elle éprouve, prête à y céder.
Un personnage sincère qui a su me toucher par cette confession sans fard.
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Qui d'autre que Stefan Zweig sait aborder la passion, le démon et l'ange qui s'affrontent en chacun de nous ? Souvent ses histoires passionnelles se déroulent dans un espace confiné. Et l'on est tout de suite happé par la puissance cinématographique, la rapidité des gestes, la main fébrile qui avance, le visage d'épouvante qui frappe. Tous ces éléments créent une tension et ne peuvent laisser aucun lecteur indifférent. Nombre de ses romans-nouvelles sont d'une efficacité redoutable, même si celui-ci n'est pas mon préféré.

Ici une vieille dame anglaise raconte quel feu l'a secouée il y a quelques années. Elle confesse une passion amoureuse fulgurante et destructrice avec un homme bien plus jeune qu'elle. le désordre et les pulsions que cette passion dévorante a jetés sur elle. La caméra se plante en aplomb sur les mains de l'homme qu'elle a aimé et qui avait un vice : le jeu. Puis la caméra zoom sur son visage qui s'illumine, ses yeux brillent, son corps se contracte, « un visage dans lequel la passion jaillissait tellement à découvert, si bestiale, dans sa nudité effrontée, et j'étais tout entière à le regarder fixement, ce visage,… aussi hypnotisée par sa folie que ses regards l'étaient par le bondissement et les mouvements palpitants de la boule en rotation. »

Cet homme perdu qu'elle essaie de sauver de cette passion destructrice lui jette sa haine devant cet amour dont il ne veut pas.

Un très bon livre, une plume tranchante et efficace 4/5

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