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4,11

sur 6254 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment en si peu de pages, en si peu de mots, faire passer autant d'émotions au lecteur ? Monsieur Zweig seriez-vous magicien ? Un magicien des mots ?

J'ai brûlé de curiosité à la lecture de cette nouvelle. Je voulais connaître le secret qui rongeait cette vieille dame. La passion d'un jour et la désillusion de tant d'années... Quelle douleur ! Mais quelle sublime douleur... C'est plutôt paradoxal comme phénomène, non ? Mais, il faut bien admettre que Stefan Zweig est un conteur hors pair et qu'il vous mène tranquillement là où il en a décidé : dans l'univers de la passion (ou des passions) et des décisions urgentes et insensées que génère celle-ci.

Zweig possède le don d'entrer dans l'intimité des sentiments de ses héros, de façon intense et pudique tout à la fois, de tenir en haleine son lecteur et c'est tout simplement sublime !
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Ce court roman de Stefan Zweig est vraiment passionnant ! Début du XXème siècle, alors qu'une jeune femme, Mme Henriette s'enfuit avec un homme qu'elle connait à peine, les pensionnaires d'un hôtel du Sud de la France se questionnent sur le coup de foudre et ses conséquences ; c'est alors qu'une vieille femme commence à apprécier le narrateur et lui raconte alors l'histoire qui a bouleversée sa vie : plus de vingt ans auparavant, Mrs. C..., veuve depuis peu de temps, se ballade à Monte-Carlo et rentre dans un Casino de la ville. Là, en observant les mains des nombreux joueurs, elle tombe par hasard sur celles d'un jeune homme passionné qui va fasciner la jeune femme, ainsi, elle comprend que cet homme d'à peine vingt ans veut se donner la mort et fera tout pour l'en empêcher...Nous vivons alors vingt quatre heures intenses, où le désespoir, la peur, le doute, la gentillesse, la bienveillance, l'amour fou et la déception vont se côtoyer et vont bouleverser à jamais cette femme.

Je me suis entièrement mise à la place du narrateur, écoutant attentivement la confession de cette femme touchante et sincère, qui, au fil des pages, prend confiance en elle et parvient à achever son histoire si singulière...Bref, j'ai beaucoup aimé ce roman de Stefan Zweig, auteur qui a une particularité bien à lui, c'est de passionner son lecteur ; d'ailleurs, ce dernier n'a comme solution que de dévorer ce livre si délicieux.

A lire absolument !!
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Quel autre auteur que Stefan Zweig pouvait dire avec autant d'acuité les battements de coeur d'une femme, l'émoi amoureux, le désir féminin, fût-il éphémère, fugitif ?
Quel autre homme pouvait écrire, peindre cela à propos d'une femme ?
Il y a des feux qui ne s'éteignent jamais...
C'est un roman qui a l'allure d'une nouvelle, ou peut-être est-ce l'inverse...
Un texte court, mais en même temps grandiose, vertigineux, incandescent.
C'est un brasier.
C'est une histoire dans l'histoire.
Le narrateur est un passeur comme Stefan Zweig. Il accueille l'histoire d'une autre, qui deviendra à son tour narratrice, sous forme d'une confession, de ce qu'elle a vécu ; à son tour le narrateur nous la transmet sans jugement.
Il nous la pousse comme une barque...
L'histoire est relativement simple. Nous sommes au début du XXème siècle, dans une pension chic de la Riviera. C'est brusquement l'émoi teinté d'une petite odeur de scandale. En effet, l'épouse d'un des riches pensionnaires vient de partir avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle... L'événement fait écho au souvenir brusquement ravivé chez une vieille dame cliente de l'établissement ; sentant une empathie chez le narrateur, elle va alors lui confier le récit de son histoire, un épisode d'un jour dans sa vie, qui semble encore vivace, non éteint en elle...
Stefan Zweig nous entraîne dans les méandres d'un coeur qui se souvient d'avoir été au bord du vertige, d'avoir franchi le gué, d'avoir brûlé...
Stefan Zweig est un peintre de l'âme humaine, peintre des femmes, de l'âme des femmes, celles aimantes, celles amantes...
La vie n'est pas toujours qu'un long fleuve tranquille.
De temps en temps, de fugitives mais brûlantes passions viennent comme des sirènes tendre leur bras... S'en saisir ou pas...? S'abandonner ?...
On ne dira jamais assez que le sel de la vie réside parfois dans l'immanence de l'instant.
Qu'est-ce que vingt-quatre heures dans le cours d'une vie ?
La vieille dame déroule alors son récit.
Au cadran de l'horloge, les heures s'égrènent comme des ailes d'oiseaux.
C'est long vingt-quatre heures dans la vie d'un papillon ou d'une libellule !
Ou d'une rose. "Et rose, elle vécut ce que vivent les roses, l'espace d'un matin..."
Ici ce sont des heures fragiles qui ont meurtri le coeur d'une femme qui n'était pas prête à cela et la rendue vivante tout à la fois, réveillant la belle endormie...
"Une femme irréprochable", c'est bien là toute l'affaire, une histoire dont le miroir est aussi le regard des autres, leur jugement...
Je me suis demandé, aujourd'hui qu'en serait-il d'une telle histoire ?
Quelle morale serait là pour porter cette femme au piloris ?
J'entends déjà des voix, des phrases...
Je me suis demandé, qu'en serait-il si c'était un homme qui avait fui le domicile conjugal, familial en de pareilles circonstances ?
Dirait-on de manière admirative qu'il est un "formidable séducteur" ou qu'il avait forcément de "bonnes raisons" pour commettre un tel acte ? Tandis que pour une femme, "vous comprenez, ce n'est pas pareil"... "et en plus elle a des enfants"... Ne dirait-on pas encore d'elle que c'est "une femme légère", "une femme facile"... "Qui n'avait peut-être pas la tête sur les épaules" ?...
Oui c'est sans doute un peu de folie qui donne l'élan de se jeter dans le vertige abyssal du désir amoureux...
Qu'importe la destination du voyage, c'est le voyage qui compte le plus...
L'écriture de Stefan Zweig m'enchante à chacun de ses textes. Elle est incroyablement emplie de justesse et de sensibilité.
Partir, ce n'est peut-être pas le plus difficile. Mais comment revenir de Cythère le coeur encore empli de braises, comment toucher terre, poser le pied sur le rivage d'avant, comment revenir sous le regard des autres, des siens, avec l'opprobre qui attend peut-être...
Plus tard, qu'advient-il au cours de la vingt-cinquième heure, fatale ou consolante ? Peut-on guérir après le vertige, peut-on trouver la consolation dans le repos des jours ordinaires...?
L'écriture de Stefan Zweig, près d'un siècle plus tard, continue de nous brûler au ventre, qu'on soit homme ou femme d'ailleurs...
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Mme Henriette a disparu. Démarre alors un véritable débat sur l'amour, la fidélité et les bonnes moeurs des femmes mariées. Seul un homme de la tablée sera suffisamment ouvert d'esprit pour ne pas accabler cette pauvre femme. Il y gagnera le récit des 24 heures de la vie d'une femme.

Stefan Zweig est le roi des descriptions de monomaniaques. Ici c'est le démon du jeu qu'il nous décrit avec tant de justesse et d'émotions. Si le joueur d'échecs est LE livre à lire de l'auteur, celui-ci mérite le détour.

J'ai beau détester les livres qui ne se livrent qu'à travers des descriptions, ce n'a jamais été le cas avec cet auteur que j'affectionne particulièrement. S. Zweig maîtrise tellement son art que l'on vit avec les démons de ses personnages.

Brillamment écrit, ce livre est une pépite. Ce n'est pourtant pas ma première lecture mais à chaque fois je le savoure.

J'ai vécu dans l'angoisse les sentiments de cet homme comme si j'étais à sa place. Je l'ai aimé, l'espace de quelques pages, à en perdre moi aussi la raison.
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Quelle modernité dans ce roman !
Histoire terriblement actuelle. Je suis impressionnée de savoir qu'elle a été écrite il y a presque un siècle.
Très beau moment de vie.
Tous les sentiments s'entremêlent : amité, pitié, passion, désespoir, réflexion, retenue, regret, inquiétude, sérénité, ....
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C'est un petit chef d'oeuvre que je viens de découvrir là.
La plume de Stefan Zweig est magnifique et fait passer les émotions à la perfection.
Il ne se passe pourtant pas grand chose dans ce petit roman, ni pour le narrateur ni pour son amie Mrs C..., mais les descriptions sont tellement parfaites et bien amenées que le récit est passionnant.
C'est l'histoire d'une (très) brève passion qui nous est narrée ici, mais une passion qui marque pour la vie.
Je pense que pour beaucoup on pourra se reconnaître dans ce roman, personnellement c'est le cas et c'est avec pas mal d'émotion que j'ai fini ma lecture.
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A la lecture de commentaires élogieux sur cet auteur, je me suis lancé et ai choisi "24 heures de la vie d'une femme " pour m'initier, attiré par un titre dont la finalité se refusera toujours à moi. :)
On est au début du XXème sur la côte d'Azur dans une pension de la "bonne société " et scandale , une cliente mariée semble s'être "envolée " avec un client arrivé la veille. Cette attitude ne semble comprise que par la narratrice dont se rapproche une sexagénaire britannique ...

Ce court roman est en tout point magistral. On peut bien sûr s'appesantir sur le style mais certains ont dû le faire ici même bien mieux que je n'en suis capable. Je ne m'attarderai donc que sur la précision , la fluidité des mots et cette impression sur certaines scènes d'être devant un tableau de peinture que l'auteur arrive à imprégner chez le lecteur avec de simples mots.
L'auteur arrive brillamment à nous transmettre les émotions de son héroïne, sa fièvre , sa boule au ventre, sa honte, sa folie .
Peut on sacrifier sa vie pour 24 heures d'une intensité inconnue ? La réponse est oui, ici, même si l'existence de l'héroïne en sera bouleversée.
On peut renier sa famille, son rang,sa fierté, son amour propre , tout abandonner pour une passion balbutiante. Pour autant, c'est dans le cocon familial que l'on cherchera le salut.
L'évocation de la vieillesse aussi, même si elle est marginale, cette vieillesse qui lisse les émotions et permet de mettre des mots , enfin , sur cette journée et se libérer d'un poids insupportable.

Expérience réussi pour moi avec Stefan Zweig, j'ai déjà hâte de relire cet auteur.
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«La plupart des gens n'ont qu'une imagination émoussée. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un point aigu en plein cerveau, n'arrive guère à les émouvoir»
Peut-être la littérature est-elle pour notre imaginaire émoussé une sorte de meule ou de pierre à affûter, un remède à cette atrophie de notre sensibilité revivifiant notre déficiente capacité à nous émouvoir de ce qui nous resterait étranger et indifférent sans elle?
À la lecture de ce très court roman de Stefan Zweig -très court mais très dense-, difficile de ne pas éprouver une vive et profonde empathie pour Mme C..., de ne pas être emportés par la passion - du jeu ou de l'amour - si brillamment décrite comme une tornade à laquelle il est impossible de résister.
Le passage où Zweig se focalise sur les mains des joueurs, ces mains qui révèlent tout à qui sait regarder, est particulièrement impressionnant. Alors que les joueurs se concentrent sur leur visage en s'efforçant d'y appliquer un masque impassible, leurs mains trahissent sans pudeur ce qu'ils ont de plus secret. Sous les yeux de la narratrice, elles prennent vie, prennent leur autonomie, deviennent comme des êtres humains à part entière, sympathiques ou antipathiques, cupides ou prodigues, timides ou brutales - jusqu'à ce que deux mains d'une grande beauté, extraordinairement longues, follement passionnées, fiévreuses, accaparent l'attention de Mme C... qui ne peut alors s'empêcher de lever les yeux pour découvrir la figure reliée à ces mains qui la fascinent.
Le narrateur, au début du livre, dans la petite pension de la Riviera, ne parvient qu'à excéder ses interlocuteurs en refusant de condamner une femme ayant suivi «librement et passionnément son instinct, au lieu, comme c'est généralement le cas, de tromper son mari en fermant les yeux quand elle est dans ses bras», préférant chercher à comprendre. L'écrivain au contraire, nous enfonçant en plein coeur, en profondeur, sa peinture sensible et intelligente d'une foudroyante et irrésistible explosion du sentiment, nous élève au-delà du jugement des convenances sociales en nous faisant éprouver ces «puissances mystérieuses» plus fortes que la volonté et que la raison.
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En 160 pages au style admirable, ce court roman décrit avec une incroyable justesse les sentiments féminins complexes en jeu dans la passion amoureuse.
De façon tout à fait originale, dans une pension de famille, le scandale causé par la fuite d'une mère de famille respectable avec un jeune inconnu sert de point de départ à la confession inattendue d'une vieille dame anglaise, plutôt discrète, qui connut jadis une passion aussi violente que fugitive pour un jeune polonais, dévoré lui par la passion du jeu à Monte-Carlo.
Tout en dénonçant la condition féminine de l'époque, le narrateur nous livre avec une empathie manifeste la passion à l'état brut, puis les années de remords qui rongent la vieille dame depuis cette brève aventure. C'est en cela que le texte de Zweig reste d'actualité et nous touche, en décortiquant les invariants de l'amour et les effets destructeurs de la passion.
L'omniprésence du jeu, dans le récit de la vieille dame, renforce très habilement le caractère incontournable et terriblement imprévisible de la passion, quelque soit son origine.
C'est un récit brillant, intense, prenant ( le suspense est réel ) : un authentique chef-d'oeuvre !
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Mes premières lectures de Zweig sont très récentes et donc peu nombreuses. Mais ces quelques lectures m'ont suffi pour apprécier la plume de ce grand auteur. « Amok », « Lettre d'une inconnue » ou encore « la ruelle au clair de lune » sont autant de preuves du talent de Zweig dans l'art du roman court. Ma lecture de « Vingt-quatre heures de la vie d'une femme » est venue me faire regretter une nouvelle fois d'avoir attendu si longtemps pour m'intéresser à cet auteur.

Avec « vingt-quatre heures de la vie d'une femme », Zweig m'apparait encore une fois comme un maître de la caractérisation. Il fait preuve d'une précision remarquable dans la façon de dépeindre l'âme d'un personnage. L'étude psychologique est fouillée, riche, et cela sans jamais sembler froide et désincarnée. Au contraire, cette véritable dissection psychologique procure beaucoup d'émotion. Les passions des personnages, que ce soit une subite passion charnelle ou la passion du jeu, sont si bien transcrites que le lecteur est proche de les ressentir lui-même.
L'art de Zweig culmine dans un passage absolument sublime où l'auteur décrit longuement les mains d'un joueur. Leurs mouvements sont décrits de telle façon qu'elles semblent vivantes, dotées d'une personnalité, de sentiments. Cette séquence absolument saisissante, très évocatrice, très visuelle, m'a rappelé une scène du film « Dillinger est mort » de Ferreri dans laquelle le personnage joué par Piccoli regarde un film expérimental dans lequel des mains évoluent en gros plan, comme animées d'une vie propre.

« Vingt-quatre heures de la vie d'une femme » ne vaut pas que pour ce passage. L'ensemble du récit est superbe. Très bien écrit, servi par une narration parfaite, ce court roman est une oeuvre très riche.

Zweig m'a encore une fois comblée avec ce texte si subtil, si finement ciselé, un véritable bijou. Il est vraiment un maître du roman court, il parvient à dire tant en si peu de pages… Je n'en ai décidément pas fini avec cet immense auteur.
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