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3.32/5 (sur 50 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Renno (Corse) , le 18/01/1916
Mort(e) à : Orbetello (Italie) , le 22/08/1993
Biographie :

Marie Susini est une écrivaine française du XXe siècle.

Née le 18 janvier 1916 à Renno (Corse), elle est élevée chez les religieuses à Vico (Corse) et vivra à Marseille puis à Paris. Elle décède le 22 août 1993 à Orbetello (Italie).

Faisant des études de philosophie - dont un travail sur l'œuvre de Bergson - et de lettres, elle suivra à Paris entre autres cours ceux de l'École du Louvre et du Collège de France.
Elle a été conservateur à la Bibliothèque nationale et membre du jury du prix Fémina à partir de 1971.

Son œuvre parle de la Corse, de l'enfermement de l'île et de la puissance des sentiments qui se confrontent souvent intérieurement sans pouvoir s'exprimer.
Parmi ses livres, le roman C'était cela notre amour (1970) est l'un des plus connus. Mais l’île est aussi le cadre d'autres romans comme La Feria (1954), Les Yeux fermés (1964), Je m’appelle Anna Livia (1979).
Sa pièce de théâtre Corvara devrait en partie son origine à un conseil d'Albert Camus.
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Source : desfemmes.fr
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Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi c'était déjà là. C'était là avant que de se faire. Comme dérivant à la surface d'un rêve obscur. Avant même qu'elle ait pu penser. Un jour peut-être.
C'était dans la nostalgie et la monotonie de la voix qui parlait de ce pays jamais nommé, proche ou lointain elle ne savait, où seul comptait le mouvement lent du ciel sur la terre. Non pas la joie de vivre mais le ravissement de mourir. Les aiguilles de la pendule, entre les deux fenêtres à meneaux, immobilisées par lui une fois pour toutes, depuis longtemps. Sur midi, minuit, elle n'avait jamais su, elle ne le saurait désormais jamais plus.
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Tout était en ordre dans la maison. La mamma descendit. Elle regarda sa fille. Angnola immobile dans l'angle de la pièce. Elle vit le regard de sa mère. Le plâtre du mur s'était effrité par endroits et laissait apparaître la pierre nue. Angnola fixa cette pierre nue et trouva que sa mère était dure, toujours égale à elle-même, c'est-à-dire triste et sans défauts.
Il ne s'était rien passé, bien sûr, aucun geste et même aucun mot. Rien. Il y avait eu simplement que la mamma l'avait regardée. Il n'y avait eu que cela. Un regard. Mais Angnola avait vu le reproche dans les yeux de sa mère et dans sa façon de prendre le panier et de franchir le seuil de la maison.
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Elle entra dans une église. A genoux sur les dalles froides, les bras croisés bien fort sur sa poitrine, comprimant cette douleur qui était logée là, au creux de sa poitrine et qui tour à tour l'étouffait et la brûlait, elle regardait les bougies allumées devant la Vierge de la Miséricorde, mais aucun son ne pouvait sortir de sa bouche.
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Il pleuvait et il faisait soleil, il faisait nuit et puis il faisait jour, et les saisons se poussaient l'une l'autre et l'été revenait et la saint Albino revenait. Tout changeait autour d'elle, mais sa peine ne passait pas.
Assise au bord de l'âtre, vide comme son coeur sans lumière, zia Francesca ne bougeait pas. Des larmes mouillaient ses joues usées. Elle entendait Nunzia qui fermait les fenêtres et les volets. Elle demeurait immobile. Poussée par les jours, les heures, les ans, roulée dans son chagrin comme dans un suaire, et pour toujours désormais en elle il y a cette plaie ouverte. Car Dieu lui-même, Dieu tout puissant à qui appartiennent tout honneur et toute gloire, Dieu qui ressuscita Lazare ne peut lui rendre Cecc'Anton.
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Marie Susini
Le sentiment de solidarité entre les gens était très fort, il est vrai, mais forte également la haine toujours possible, d'autant qu'on condescendait rarement à s'expliquer: par fierté d'abord, mais aussi parce qu'on savait trop à quels excès peut conduire la violence, une fois déclenchée. Tout cela aboutissait à faire du village ou de la petite ville un champ clos de forces hostiles ou complices. (p. 7)
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Une paghiela parvint aux oreilles de Sylvie, tandis que Matteo venait vers elle pour l'aider à descendre de la charrette. Elle lui prit le bras. Elle se demandait si elle pourrait arriver jusqu'à la chapelle qu'on voyait là-bas briller et trembler un peu à travers les branches d'arbres. Ce n'était pas bien loin, mais il semblait à Sylvie qu'elle n'y parviendrait jamais. La fièvre l'empoigne, là, brusquement, elle sent que ses genoux fléchissent. Elle a les jambes prises dans la chaleur et la fatigue. Elle se fait pesante au bras de Matteo, et c'est lentement, en traînant, qu'elle se laisse conduire par son mari à travers cette foule morne et dense.
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Treize heures de mer entre la Corse et les côtes françaises. Treize heures qu'on faisait de nuit. Le paquebot, un rafiot sans confort, quittait Ajaccio le soir au coucher du soleil, le lendemain peu après l'aube on était devant Marseille. Si la mer était calme. Car il faut toujours compter avec la fureur imprévisible de la Méditerranée. Quand elle se déchaîne avec sa fougue incontrôlée, il en va tout autrement, comme à mon premier voyage.
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A cette heure où Sylvie n'était pas encore sous la terre, n'était pas encore tout à fait morte, il oubliait qu'il ne l'aimait plus depuis longtemps et que même elle lui semblait à charge. Le coeur purifié et comme exalté, son amour revient, avant que tout ne s'enfonce sans bruit et sans effort dans le trou du souvenir, chaque jour un peu plus, ainsi qu'un caillou qu'on jette dans l'eau. Une grande tendresse le pénètre à cette heure où tout est impossible, quelque chose l'attache désormais à Sylvie, quelque chose qu'il ne pourra jamais plus reprendre.
Elle lui était devenue familière, ainsi que le chien dans la maison, comme un objet qu'on a toujours devant les yeux et qui semble superflu et dont souvent on se lasse, comme une chose qu'on a toujours près de soi et qui parfois gêne et qu'on bouscule et qu'on malmène et qu'on met à gauche et puis à droite et qu'on tire et qu'on use et qu'on effiloche ainsi qu'on ferait d'un chiffon. Matteo s'apercevait à présent qu'il l'avait perdue, qu'il y tenait, que personne ne lui était plus proche, ne lui était plus cher que Sylvie. Et il eut soudain la rage de retrouver ce qu'il avait perdu.
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Il y avait une longue route qui menait au couvent et moi sur le cheval de mon père, tout contre lui sur le cheval, bien prise entre les rênes partagées sur lesquelles jouaient les mains de mon père.
Ma mère m'avait serrée dans son grand châle noir, parce que les matins d'avril gardent souvent encore un peu des violences de l'hiver.
Un vieil homme solitaire cheminait sur un mulet, le fiascu en bandoulière, le fusil à l'épaule. Et les grelots de son mulet aux pompons rouges, dans le maquis qui sent le miel et la lavande, résonnaient comme une plainte.
Et toujours, le long de la route qui menait au couvent, cet effroi de l'inconnu devant les tombes qui glace la chair et fait le ciel se reculer.
- Tu n'es pas fatiguée?
- Non, père.
- Et puis, tu sais, trois mois, c'est vite passé.
- Oui, père.
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Rien n'est plus surprenant, plus inattendu que le paysage corse. Un amoncellement de pics et de ravins, de rocs énormes aux arêtes vives, blocs suspendus de granit étincelant, un excès de pans coupés, tranchants comme du métal, partout la violence, partout la démesure, et la nature arrive à composer une harmonie singulièrement légère et délicate, toute vaporeuse, comme si la matière était du voile de mousseline, l'exécution d'un simple jeu d'enfant. Cela tient du miracle.
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