C'est avec une belle écriture poétique que
Marie Susini nous livre l'histoire d'Anna Livia, jeune fille corse qui n'a pas eu le temps de grandir.
« Je m'appelle Anne Livia » c'est la volonté d'être d'une enfant abandonnée par sa mère qui l'a nommée Elisabeta. C'est aussi la passion peut être incestueuse du père. Mais c'est surtout une histoire hors du commun.
Dans la montagne où poussent des cyprès, la jeune Anna Livia aime à se promener. Elle raconte la solitude, l'isolement, la ferme, ses proches vivants ou morts. Nous sommes dans le présent et dans le passé dans un endroit qui ressemble à la Corse. Seule Castelvecchio est cité sans que l'on sache précisément où cela se trouve. Apparaît l'image de Madalena qui nettoie le carrelage, figure de la servitude domestique. Elle a perdu son fils, Josefino qui a été élevé avec Anna Livia dont le monde est hanté par la mort.
J'avoue que j'ai été surprise par la puissance du texte de
Marie Susini dont je n'avais pas beaucoup apprécié «
La Renfermée, la Corse », son essai de 1981. Rappelons qu'elle a été membre du jury du Prix Femina.
Il y a une atmosphère troublante dans « Je m'appelle Anne Livia ». J'ai trouvé ce roman très émouvant même s'il est obscur, tragique et peuplé de fantômes.