Citations de Ayerdhal (228)
... guérir enrichit moins que soigner...
Navrant que l'exhortation pressante se fasse autoritaire, désolants ces orgasmes arrachés à la douleur d'un amour presque bestial, culpabilisateur cet emportement croissant, étonnant qu'on puisse jouir encore d'une sodomie sans égard sous une avalanche d'injures de caserne... jusqu'aux claques et au viol. Oh, pas vraiment un viol ! Puisqu'il s'excuse de sa violence, puisqu'il se fait pardonner d'une tendresse toute conjugale, puisqu'entre époux...
La haine ? Pas du tout. Un doute, tout au plus.
(« Cybione »).
Les certitudes! Combien de fois me suis-je retrouvé perplexe, démuni, stupide face à votre art de la certitude? Vous consacrez vos vies à composer des certitudes pour vous mêmes et vos semblables. Vous courez après, vous les conservez jalousement, vous vous les échangez, vous vous les vendez, vous vous affrontez pour elles et vous les oubliez ou vous les jetez sans état d'âmes. Sincèrement, en une vie, depuis celles rebelles de l'adolescence jusqu'à celles réactionnaires de la sénescence, en passant par toutes les convictions de contagion nées du fait établi, pour combien de certitudes différentes et contradictoires vous damnez-vous. C'est inimaginable!
Simplement , un jour , j'ai pris conscience que en matière d'humanité , la laideur aussi pouvait être intérieur ...
Un individu capable d'être habité par un parasite goulu, sans l'étrangler dès l'enfantement, est doué de trop de commisération pour gouverner sans défaillance une plèbe imbécile et rapace. Ce qui est en tout cas indiscutable, c'est que l'Histoire justifie par le syllogisme le bien-fondé de ce dogme fasciste : les femmes font de piètres dictateurs.
page 361 [...] C'est à ce moment que quelqu'un lui tape sur l'épaule. Il se retourne, surpris. Paola.
- Tu es suivi, Stephen.
Il n'est pas seulement pris en faute, il est ridicule.
- Tu m'as bien eu, dit-il platement.
- Pas moi.
Du pouce, elle désigne l'angle de rue dans son dos. Puis elle l'attrape par le bras, le force à se retourner et l’entraine à la suite de Fatima qui descend la rue de la République vers la Bourse.
- Deux hommes, reprend-elle. L'un porte un pantalon de toile beige et un polo jaune. Il a déjeuné juste derrière nous, seul, à l'intérieur du restaurant. L'autre est en rolleurs, tee-shirt gris, short gris, grenouillères grises, un sac comme le tien, gris aussi.
- Comment tu ...
- Fatima et moi avons l'habitude de ce genre de rigolos, mais ça nous faciliterait la vie si tu entrainais le type en rolleurs derrière toi. Alors, mets les tiens et taille la route.
Elle le lâche et passe derrière lui. Il se retourne. Elle n'est plus là. Par contre, il aperçoit l'homme au polo jaune, qui vient de franchir l'angle de la place.
Ne pas réfléchir.
Il ôte son sac, s'assoit sur un rebord de vitrine et, cette fois-ci, chausse ses rolleurs. [...]
Connaître ses défauts est une chose, les contourner en est une autre.
(« Cybione »).
Ils avaient crée leur propre soleil pour combattre la nuit .
Les drilles méritent mieux que le respect zoologique accordé par l’humanité aux fossiles des espèces qu’elle a exterminée .
Elle venait de porter à maturité une de ces idées qui germent pendant toute l'adolescence, se nourrissent d'une force aussi bouillonnante que fictive et deviennent subitement des buts des choix de vie. Au mieux, noyée de distractions ô combien plus satisfaisantes et matérielles, elle l'oublierait doucement comme le font les adultes. Au pire, elle encaisserait quelques claques avant de passer sous le rouleau compresseur des faiseurs d'impasses.
Au passage, elle profite d'une vitre pour débarrasser l'arène de trois toreros qui prétendent se faire picadors grâce à leurs monags, et s'extasie sur la magnificence de cette corrida sans spectateurs et sans taureau. L'art pour l'art, pratiqué entre professionnels, pour le seul plaisir du massacre.
(« Cybione »).
Elle est gazon pendant cinq mois et ne croitra qu’au début de l’été pour se faire savane , sournoise et dangereuse .
Elle n'était pas seulement belle, elle était ce qu'en tant homme, il n'avait jamais espéré.
- Nous croyons en Gandhi et l'histoire nous donne raison...
(Iyoti)
- Gandhi est mort assassiné, l'interrompit Audh sèchement, et l'Inde ne s'est jamais débarrassée de la violence, qu'elle soit raciste, politique ou sociale. Ce que ton héros a accompli était extraordinaire, mais cela ne pouvait marcher qu'avec Gandhi, en Inde, et très partiellement... ou très momentanément.
- J'ai entendu quatre sentinelles, cette nuit, sy-Norah. Demain matin, elle seront égorgées. Promesse d'ille !
Norah se retourna un instant, prêt à rire ou à tempêter, mais le sourire des deux illes le fit changer d'état d'esprit. Il s'éloigna, morose.
- C'est bien tenté, remarqua Audh.
- Il marchera. Il pense trop et il se méfie de nous. (Lodh)
- Vous avez peur d'une autre patrouille? (Audh)
Lodh secoua la tête, les lèvres fermées, chargea le sac sur son épaule gauche et se tourna dans la direction opposée d'où avaient surgi les warshes.
- Je suis certain qu'ils n'ont pas pu relever notre piste. Par contre, je serais curieux de savoir comment ils nous ont trouvés.
- Vous pensez à un tour de myste ?
- Je pense à un hasard de mauvais goût.
On s'habitue au désert comme on s'habitue à tout, mais c'est une habitude contrainte, au mieux une adaptation, pas une intégration.
Lors de ce premier contact, elle avait compris que l'être humain possédait deux trésors qui manquaient à son espèce : la capacité de conceptualiser l'inexprimable, et des mains avec un pouce opposable pour construire des outils qui les rendaient plus grands qu'eux mêmes.
....il lui adresse une moue chaleureuse, enjouée,
comme pour la remercier d'exister.
Si le monde ne te convient pas, tu n’as qu’à le changer.