En février 2021, le SoBD se digitalise et s'installe à la BPI du Centre Georges Pompidou pour 4 heures de programmation consacrées à la bande dessinée. Invité principal : Jean-Claude Mézières, créateur aux côtés du scénariste Pierre Christin de la célèbre série de science-fiction Valérian et Laureline. Questionné par la journaliste Sonia Deschamps (00:00), il revient longuement sur son parcours et sur l'influence visuelle qu'il a pu avoir sur certains grands films (La Guerre des étoiles, le 5e élément). Trois commentaires de planches du dessinateur viennent s'intercaler durant l'entretien. Ils sont menés successivement par Harry Morgan (00:26:15), Jeanne Puchol (00:54:26) et Philippe Morin (01:15:15), et font l'objet d'échanges avec Jean-Claude Mézières.
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Quatre seulement des tableaux qui représentent aujourd’hui Victor Brauner dans les collections publiques françaises y sont entrés de son vivant : Stable/Instable (1942), acquis par l’État en 1951, Les animaux (1957) puis La ville (1959), acquis en 1961 et enfin Matière autoritaire (1962) dont l’achat fut conclu en 1963.
(p. 6)
Christian Bobin
- Il y a parfois des livres que je lis comme on mange par boulimie, quand on a un creux dans le cœur ou l'âme, mais qu'on remplit en remplissant son ventre. (p.17)
Je suis inquiet pour la différence de lumière, lumière d'Antibes à Paris. Il se pourrait que les tableaux n'aient pas à Paris la résonance qu'ils ont dans mon atelier d'Antibes. C'est une angoisse.
Le nouveau réalisme a rassemblé des artistes qui ont perçu, avant les autres, les problèmes posés par les rapports avec l'objet, l'objet produit, mécanique, rejeté, la production de masse, les affiches. Ils ont essayé de comprendre la civilisation dans ce qu'elle a de matériel, le problème de l'envahissement des slogans, de la publicité, de la machine, des supermarchés, le monde urbain et l'objet manufacturé.
- Les livres de leur vie- Christian Bobin :
J'aime Ramuz sans réserve. J'aime même cette image mineure qu'il a d'un écrivain pour les ploucs, pour les paysans, pour "néo-rural" ou une stupidité comme ça. Je le tiens pour un des plus grands écrivains qui soient (..). Que fait Ramuz . Je ne sais pas. Il a une magie; comme on dit de quelqu'un qu'il a les doigts verts (....) Et dans l'air des phrases de Ramuz, je respire à merveille. (p.20-21)
Les livres de leur vie- Christian Bobin :
On va vers quelqu'un qu'on aime, qui est dans la vie vivante, et on lui dit: "Tiens, tu devrais lire ça, c'est pour toi, ça m'a tellement plu." A ce moment là, ce qu'on donne est de le première importance, c'est comme une lettre d'amour (...) Cette transmission du livre est une des choses les plus fragiles et les plus vives qui soient. (p. 22)
Les livres de leur vie- Christian Bobin :
Il n'y a pas de vraie lecture qui ne soit pas en même temps bouleversante. (p.16)
Les livres de leur vie- Christian Bobin :
Eh bien, achetez un livre chez un libraire, sortir avec ce livre et commencer à le lire dans la rue, c'est une merveille enfantine comme de manger le pain volé et peut-être de ne pas rendre la monnaie aux parents...(p.28)
Je dessinais à l'école, beaucoup et très mal.
Puis, dans une revue scoute, j'ai dessiné "Les aventures de Totor", encore très mal.
Puis en 1929, dans "Le Petit Vingtième", supplément d'un journal bruxellois, Totor est devenu Tintin : il n'était pas mieux dessiné pour autant.
J'ai continué, d'abord en dessinant toujours aussi mal, et puis un peu moins mal et ainsi, je crois, de moins en moins mal, jusqu'à nos jours ...
(lettre du 26 avril 1955)

- Le titre de votre nouveau livre, Transit, qui vient de paraître, pourrait être, en quelque sorte la devise de votre vie. Dans cette vie, en transit, en mouvement perpétuel, la lecture et l'écriture, bien sûr, sont-elles des points d'ancrage pour vous ou alors des occasions de fuite ? Je pense à la lecture particulièrement.
M. B. : La lecture pour moi n'est pas du tout une fuite. Au contraire, c'est une recherche pour voir les choses. Je lis des livres parceque cela m'apprend à lire le monde. Le monde est quelque chose dans lequel on va tout le temps de signe en signe. Par exemple, si l'on arrive dans une nouvelle ville que l'on ne connait pas, on est perdu, alors on va se repérer avec des cartes et peu à peu on va organiser ses trajets, on va être capable de lire le nom des rues ou d'aller à tel ou tel restaurant ; on va savoir que quand on aperçoit l'église, il faut tourner à droite et ainsi de suite. La lecture apporte énormément d'informations sur la façon dont on peut dire et lire les choses. Le voyage c'est une lecture et la lecture c'est un voyage évidemment. En lisant on va éprouver, on va vivre une espèce de bi-location. On lit un livre et on se trouve transporté dans le lieu dont le livre nous parle. Les gens qui lisent dans le métro, on voit très bien qu'ils ne sont plus dans le métro, ils sont dans le Far West, dans la Rome de la Renaissance, etc.
- Si la lecture est un voyage, avez-vous le souvenir du premier bateau sur lequel vous vous êtes embarqué ?
M. B. - J'ai déjà beaucoup lu quand j'étais enfant. J'aimais déjà beaucoup lire et j'ai eu la chance de profiter, dans la maison de campagne où j'allais pendant les vacances, d'une bibliothèque de livres anciens. J'ai eu un privilège extraordinaire à cet égard. Ces livres, c'était la caverne d'Ali Baba. Il y avait là, en particulier, une très jolie édition du début du XIXe siècle des Mille et Une Nuits et je me suis précipité dans les belles éditions Hetzel des livres de Jules Verne, avec les gravures sur bois. J'ai fouillé là-dedans et je continue. Je suis toujours dans la caverne d'Ali Baba et je ne cesse d'en remuer les trésors.
Michel Butor
pp. 9-11