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Citations de Dourvac`h (93)


Rire et faire rire t'étaient si naturels!
Au soir du deuxième jour, tu m'avais apprivoisé.
Offrandes aux soirs d'hivers: la neige grise au dehors, la nuit à quatre heures derrière les petits carreaux, ton joli dos se cambre et tes épaules tremblent sous le corsage sombre.
Je m'assieds sur le banc, à quelques centimètres de toi.
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" Alors, Omar, tu fais entrer la première... "
— Une seule, Docteur ?
– Bon, avec le numéro deux, mais c'est tout ! Vraiment dans l'ordre, tu vois... (ton visiblement agacé : Omar vient de placer un "Docteur" strictement hiérarchique entre nous...)
– Et dans le couloir ?
– Dans le couloir, uniquement les numéros... "trois" ou "quatre", c'est ça ! Et si elles se taisent... Et uniquement dans l'ordre d'arrivée... Que les gens à numéros ! Personne d'autre dans ce couloir... on y va, tu fais entrer la "un"...
– Bon...

[Jean-Philippe BRETTE, "Souvenirs d'Algérie Heureuse", L'Harmattan, 1993, chap. VII : "LAVISITE", page 104]
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Le haut de la falaise est toute une aventure.
On longe ce vide atroce.
On suit des yeux, paisiblement, l'éternel chemin des mouettes-funambules muettes aux ailes déployées sur leur fil invisible, survolant les rêveries des rares promeneurs...
A guère plus de trois mètres de haut depuis l'herbe rase du bord...
On y trouve un figuier penché sur l'abîme. Comme est ce vieillard ramassant son chapeau dans l'herbe au bord du précipice...Blanches falaises de Rügen...le beau tableau de Friedrich...
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Femme de chairs dorées tu es devenue... Tu te glisses dans l'onde. Je te regarde t'ensorceler d'eau verte. Toujours ton rire-prodige sonnera plus clair ici...

Envie de me laisser porter par tes enchantements, tous ceux de la rivière... les racines des aulnes retiennent leurs secrets de limon ; les corps émeraudes des libellules font vitrail ; leurs ailes s'enflamment ; la flèche bleue d'un martin-pêcheur donnera son signal tout à l'heure... Que notre rivière disparaisse pour se fondre dans la nuit !

Il y a tous ces ronds de lumière trouble qui vont et viennent, se déplacent par magie... scintillements dans la nasse grise des troncs de l'autre rive...

Ainsi, Outremonde existerait partout ?
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Elle se sent sauve ici , et forte ! Elle peut s'effondrer épuisée sur notre belle terrasse des cimes... allumer notre lampe-torche électrique... dérouler ses couvertures... lire avant de s'endormir une histoire d'amour mal écrite... entrer en pensées dans une belle villa, un château... croiser son regard ténébreux avant de monter à ses côtés dans une puissante voiture de course...
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Je t'aimais, Julie, je t'aimais...
----------------- * ----------------
L'homme est pourri de l'intérieur.
Une boue grise l'étouffe peu à peu.
Et dans cette pourriture encore, on croirait entendre le chant d'un oiseau.

[Chapitre XVI : "FUIR...", page 91 — éd. Stellamaris, 2015]
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— Franz ?
— Fraïl-n Julie ?
— Tu as raison...
— J'ai raison ?
— Cette pension est comme un rêve...

Alors, je prends une voix gutturale ; l'air faussement ironique :

— Je cherche la fleur du temps, le pays où l'on ne meurt jamais.

[Chapitre IX : "RÊVES AU BALCON", page 47 — éd. Stellamaris, 2015]
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Le « sêr'louell » : ce pantalon qu'elles portent, femmes, par dessous leurs robes. Presque le même que celui des hommes; nom identique. Evasé aux hanches, serré aux jambes... et teint, bien sûr, de couleurs vives! Elles en portent presque toutes...
Une femme debout, comme une statue. Elle a enlevé l'une de ses robes. Restent d'autres par dessous, toutes aussi colorées et humides que la première... Couches de pétales humectés de rosée! Une consultante-fleur... «At-choum! » : elle s'enrhume.
Patrice, assis devant la consultante (visiteuse? consultée? On ne sai t jamais... Pas d'im portance !)... Patrice, travailleur efficace: s'essayant, lui aussi, sans interprète... Récemment assimilées, les bases de cette belle langue, orale et tendre! Kabylité... : s'y voit lancé... Fierté de s'y voir, en si bon chemin! « Ikssèss... » (Enlève...) La femme est stoïque. Ce genre tranquille - soumise? - . Très calme, en surface. « Que me veut-il encore? » Quelque chose comme ça. En muet. Ce qu'il veut? Voir ses jambes, bien sûr! Elle vient de s'en plaindre. .. « Ikssèss... Ikssèss' sêrr' ouel' inou ! »
Patrice a parlé mais la femme blêmit... . Voilà qu'elle se rhabille, vite, très vite! Fébrile... « ... M'enfin !... ... S' qu'y s' passe?»
Curieux, ça! La femme veut prendre la porte... Quelqu'un la rattrape, par l'épaule: Nissa, peut-être... ; traductrice-correctrice, elle observait la scène en silence... Gesticulation. La femme, plus qu'émue... : paniquée? Nissa la retient par les plis de sa robe... ... Evite la sortie, le scandale, le couloir pris d'assaut... Les portes défoncées à la hache! Barricade ou prison...
Nissa, cramponnée à la femme, ... sort de sa stupeur, de son silence: « Comment, Docteur, vous n'savez pas? Vous lui avez dit: « H. Enlève mon pantalon» Votre pantalon! Il fallait dire: «Ikssèss sêrr' ouell' inem' !21 ! »... « Ton pantalon» : son pantalon à elle !
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Sous de lourdes, hautes façades, toujours prêtes à crouler, chaque être est point de lumière fuyante : poussière de constellations dans le brouillard des ruelles. (P16)
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Pour toi, je donnerais tout à ce monde - jusqu'à en congédier la littérature.

(p. 13)
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Heureusement que les parents dorment bien tous volets fermés !

En général, Chris annonce Première de cordée ! et s'envole... Avec sa manière de procéder, vous n'avez qu'à la suivre... et suivre Chris m'a toujours paru naturel...

Si un jour l'on doit tomber de là-haut, j'aimerais qu'elle me tombe sur les épaules... ou bien l'on se détacherait ensemble en se tenant bien fort... on s'écrasera tous les deux ou bien l'on s'envolera...
Ou bien je tiendrai ferme — déchirant mes mains jusqu'aux chairs rouges et brillantes...

《... ça f'rait un chouette feu d'artifices, d'ici...》
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'' Et alors et vous ? ''. Elle répond : '' Nadège '' C'était un prénom tellement bourgeois pour moi, mais je ne lui ai pas dit...
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Les mots de Julie résonnent dans la forêt des ombres.
Une apparition blanche au détour des rameaux.

— ... Čertovy hlavy, disent les Tchèques...

Le son mat de nos voix : sûrement à cause des troncs proches, de la roche qui nous fait face...
Vraiment un drôle de son.

J'ai pensé à une petite boîte – une petite boîte qui enfermerait nos rêves.

[Chapitre VII : LES DIABLES DE LEVY, pages 36-37 — éd. Stellamaris, 2015]
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Il se trouve que j’aime simplement le son de ta voix.
Que tu puisses être extraordinairement superficielle tout en gardant ta profondeur de forêt.
T’écouter, c’est entendre la plainte de chacun des arbres ; endurer leurs plus humbles tracas.
En précisant que ta forêt ne figure sur aucune carte.

[Chapitre II : "JULIE W.", page 13 — éd. Stellamaris, 2015]
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Penser à me venir en aide est une maladie, qu'il faut
soigner en gardant le lit.
Franz Kafka
p111
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Ainsi notre âme est double, laissant notre visage changer de masque...
– Regarde, Franz, ils viennent d'ouvrir...
Un petit homme sort de la boutique aux hautes vitrines bien lavées :
– Par ci, Fräulein, par ici... Voyons, monsieur, faites entrer aussitôt mademoiselle !

[Chapitre XV : "KLEZMER ET SHNORRER", page 79 — éd. Stellamaris, 2015]
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Cette nuit comme chaque nuit, je me suis épris de la femme du rêve.
Sa voix si claire, son âme limpide.
Sans cesse, je me rendormais pour la retrouver.

« Que fais-tu demain ? » lui ai-je demandé ?
— Tu sais bien, je dois étudier...
— Comme tu es sérieuse !

*

« Sérieuse ? Alors ça n’est pas moi... »

Julie vient de lire mon récit de rêve.
Elle et moi, à nouveau réunis ; deux, dans l’intimité de cette pièce.

[Chapitre VII : "LES DIABLES DE LEVY", page 29 — éd. Stellamaris, 2015]
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Comme la vie était douce à Saint-Cernin !
J'avais treize ans et mon frère venait de se marier. Quelle année était-ce ? J'ai oublié... Sa chérie s'appelait Rosemarie.

Je ne sais pas pourquoi je m'en souviens puisque ce fut si vite fini, elle et lui...

A l'époque, non. A l'époque, tout était important...
Tout commençait ! ... pour lui... pour moi...
D'abord pour moi ! A cause de... (Honte à moi !)... son départ.
Pourtant je l'aime bien, mon frère !
Mais le plus chouette : sa chambre sous les toits...
Ce qui est devenu mon repaire.
Bon ou moins bon, je suis sûr que tout vient de là...
De là-haut...

*

L'été arrivant, j'étais certain qu'on m'y laisserait tranquille... Toute la nuit, je pourrais là-haut garder ma fenêtre grande ouverte sans qu'on croie m'obliger à la refermer ; l'air frais des grands arbres du fond de la combe viendrait me trouver dans cette chambre bizarre, haute et mansardée, où je pourrais m'enfermer... Lire jusqu'à ce que mes yeux brûlent... Savoir que je quitte pour toujours l'âge des gosses...

Cet été que j'aimerai longtemps.

Aussi à cause d'elle.

*

Au début, je la connaissais par son drôle de surnom. Elle se donnait des airs de garçon manqué et se faisait appeler Chris. Une vraie tête de mule...

J'ai pensé que c'était une façon de se donner un genre... Un genre qui collerait exactement à ses cheveux mi-longs et son air sauvage.
Avec sa tête bien féminine, « Chris » s'accorde finalement à ce qu'elle a décidé d'être : quelqu'un qui oublie de ressembler à d'autres...

En fait, elle déteste parler de Christine, qui était son premier prénom : « prénom de tout le monde »... (Mais où va-t-elle chercher ça ?)

Chris n'est vraiment pas comme les autres...

– Te faire appeler Chris… Tu trouves pas que ça fait garçon ?
– Et alors ?

Vite prendre l'air de s'en fiche :

« Et alors : rien. C'est toi qui sais... »

Vient le moment où son regard s'évade sous sa frange droite :

– Toi, tu t'appelles bien Valentin, non ? J'ai entendu tes parents bramer ton nom dans la combe...
– … bramer ! … y a qu' les cerfs qui brament. Laisse les parents en dehors de ça...
– Monsieur est vexé... Et c'est quoi, ça ?

( … mon secret... « ça »... notre rencontre...)

Changer de sujet ! Cette fouine aux longs cils renifle déjà autour de mon nom familier...

Comme si elle lisait dans mes pensées ; ses yeux noirs qui s'allument :

– Moi aussi je pourrais te dire... Val ?
– ... mmh... (froncer les sourcils) ... okay, miss Chris !

Dire « Okay, Miss ! » vous évite généralement d'avoir l'air idiot.
Bon sang, que j'aimais ses yeux, déjà !
Et son prénom qui crisse comme le crin des chevaux.

Val et Chris, le beau couple...

[DOURVAC'H, "L'été et les ombres", chapitre 1 : "Saint-Cernin" [éd. La Compagnie des Fées, 2009] : réédition Mon Petit Editeur, 2014 -- pages 19-21]
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Pourquoi suis-je là, occupé à vous conter nos jours heureux ? Julie est beaucoup moins malade que je ne suis. Apprendre que je l'étais ne l'a guère surprise : pour elle, sujet qui simplement n'intéresse pas. Sérieuse affaire, et après ? Dépérir, mourir, pourrir : où est la surprise, le petit bouquet de violettes à la main, la bonne odeur de rose à chercher dans ton cou ?

[Chapitre V : "NUIT AU VILLAGE", page 23 - éd. Stellamaris, 2015]

Why am I there, busy telling you about our bright days ? Julie is much less ill than I am. To learn that I was did not surprise her : simply a boring topic to her... A serious matter, so what ? To wither, to die, to rot : where is the surprise, with a little bunch of violets in your hand, and the lovely perfume of roses to smell in your neck ?

[Chapter V : "NIGHT IN THE VILLAGE"/ Dourvac'h : "A Wedding Announcement", a tale translated from the french by Bénédicte Leconte & Marcia Vannithone, 2020]
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Ma soeur se plaint des lapins qui ravagent le potager.
De plus en plus nombreux – et tous nos pièges restent vides.
En parler au voisin qui tient caché son fusil de chasse.
Son coup de feu tiré à l'aurore fera trembler nos maisons endormies.

[Chapitre XIII : "CHEVAUX DE ZÜRAU", page 72 — éd. Stellamaris, 2015]
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