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Critiques de Gess (179)
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Conan le Cimmérien, tome 9 : Les Mangeurs d'h..

ANNONCE IMPORTANTE : « parce que cela va mieux en le disant »,





On ne va pas se mentir "Les Mangeurs d'hommes de Zamboula" est un texte alimentaire de l'auteur texan sans lequel l'heroic fantasy n'aurait jamais été ce qu'elle est devenue aujourd'hui, et les amateurs reconnaîtront assez vite les récits qu'il a cannibalisés pour réaliser celui-ci…



Zamboula est un oasis devenue une cité caravanière prospère, qui est passée des mains des Stygiens à celles des Turaniens. Jungir Khan le gouverneur turanien qui vénère Erik règne avec sa maîtresse la belle stygienne Nafertari qui vénère Set, et tous les deux se méfient du Grand Prêtre Totrasmek qui a envoûté les esclaves kushites de la ville que tout le monde craint pour leurs moeurs autant que par leur nombre avec son Culte d'Hanuman.

C'est dans ce panier de crabe de débarque Conan, que l'auteur texan a conçu comme un « problem solver », et ce dernier doit d'abord résoudre ses propres problèmes car il se retrouve dans une « Auberge rouge ». Conan découvre les cadavres dans les placards de la cité , mais avec un rebondissement pulpien sans aucune logique il tombe sur la courtisane stygienne Zabibi en tenue d'Eve poursuivie par son amant, un jeune, vaillant et prometteur officier turanien rendu fou par un accident d'aphrodisiaque . Conan devient alors le « problem solver » du couple : Zabibi promet de se donner à lui s'il sauve son amant et s'il tue leur ennemi, le prêtre sorcier Totrasmek et son acolyte Baal-Pteor autant assassin que magicien…

Voilà notre barbare hors-la-loi pris dans une impitoyable lutte de pouvoir pour le bijou mystique appelé « L'Étoile de Khoraja », mais ce dernier malgré les promesses qu'on lui fait n'oublie pas d'assouvir sa vengeance avant de prendre la poudre d'escampette avec le trésor tant convoité car il ne veut pas qu'untel ou unetelle lui tombe dessus à bras raccourcis !



Bon, que penser de ce tome ? Difficile de faire une bonne adaptation d'un récit pas ouf, et plus encore quand on passe après John Buscema qui est presque plus howardien qu'Howard lui-même ! Gess principalement connu pour la série SF "Carmen McCallum" signe ici les textes, les dessins et les couleurs donc qui il est le seul maître à bord de l'adaptation. Il est loin de démériter, mais il y a des inégalités. Oui l'essentiel est là : il y a un souffle épique avec un petit côté Métal Hurlant pas déplaisant du tout ! Pas mal de planches sont dynamiques et dégagent quelque chose de vraiment intéressant… Après l'anti-héroïne qui essaye de mener notre barbare par le bout du nez est à poil juste pour le fan-service et force est de constater que la polymorphie graphique de ses traits ne ressemble pas à grand-chose… Et sur le fond à quoi sert le travail d'adaptation si on reprend les mêmes clichés racistes et sexistes que dans l'oeuvre d'origine qui été conçue pour obtenir l'illustration de couverture de Weird Tales avec une danseuse orientale dévêtue se déhanchant pour éviter la morsures de cobras ? (oui parce qu'avec des Noirs anthropophages qualifiés de simiesques qui adorent un Dieu-Signe anthropophage, on est comme dirait la chaîne Arte dans les « visions culturelles datées » à prendre avec des pincettes)
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La Brigade chimérique : Intégrale

Pourquoi le genre des super-héros, florissant en Amérique, ne semble pas avoir de pendant européen? C’est à cette épineuse question que s’attaque Serge Lehman dans La Brigade chimérique, série de BD en six volumes qui nous plonge dans une Europe uchronique d’entre-deux-guerres.



Le principe rappelle la Ligue des Gentlemen extraordinaires : dans ce monde, héros et héroïnes des littératures de l’imaginaire existent réellement et vivent d’étonnantes aventures, rapportées par leurs « biographes ». Les références abondent et Lehman, qui a longuement étudié l’imaginaire de cette époque, est très bien documenté. Toutefois, l’auteur ne se contente pas de simplement transposer l’œuvre d’Alan Moore dans une version à la française. Il rend hommage à une littérature d’entre-deux-guerres foisonnante, presque entièrement tombée dans l’oubli après la Seconde Guerre mondiale (qui se rappelle encore le Nyctalope ou Félifax?)



L’ensemble est d’une richesse symbolique extraordinaire et synthétise brillamment les thèmes chers à Serge Lehman : l’exploration d’une « mythologie » européenne face aux traumatismes collectifs, ainsi que la remise au goût du jour du merveilleux scientifique du début du 20e siècle. Même la forme est mise à contribution. Le graphisme et le découpage semblent à mi-chemin entre la bande dessinée franco-belge et les comics américains, comme pour exprimer la passation entre les deux, l’exode des super-héros et super-héroïnes européen·nes vers les États-Unis durant la montée du nazisme au cours des années 30.



L’histoire elle-même peut paraître un peu brouillonne, j’avoue que je ne me souviens plus de tous les tenants et aboutissants de l’intrigue. Mais la thématique soutient le tout sans peine et la dernière image est d’une telle force qu’elle en balaie tout le reste (ce qui est un peu l’idée). J’en ai encore la gorge nouée.
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La Brigade chimérique : Intégrale

En Résumé : J'ai passé un très bon moment avec cette Bande Dessinée qui nous offre une histoire de Super-héros européen efficace et prenante le tout dans le contexte historique juste avant la seconde guerre mondiale. L'intrigue est vraiment soignée, efficace, complexe et prenante nous entrainant dans une histoire pleine de rebondissements et de surprises qui devraient en étonne plus d'un. L'univers mis en place par les auteurs est vraiment réaliste, efficace et on sent qu'ils n'ont rien laissé au hasard. Le mélange entre historique et fantastique est vraiment bien intégré et cohérent ce qui fait que le lecteur ne se sent pas perdu. Les personnages sont une des grandes forces de ce livre nous proposant des héros complexes, denses, et soignée possédant leurs propres envies et leurs propres émotions. Les graphismes sont vraiment réussis et efficace nous plongeant avec facilité dans cette histoire et cet univers. Je regrette simplement le fait que vers le milieu l'histoire cale légèrement et que le début ne soit pas obligatoirement des plus faciles à comprendre, mais rien de vraiment dérangeant.



Retrouvez ma chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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M.O.R.I.A.R.T.Y, tome 4 : Le voleur aux cen..

J'ai toujours un peu de mal avec les uchronies concernant des héros qu'il me semble bien connaître. Holmes en est l'archétype.

Mais c'est plus fort que moi, comme un poisson attiré par l'hameçon, il suffit d'agiter Moriarty devant moi pour m'inciter à plonger.

Ici, j'en sors encore dubitatif. Les auteurs s'amusent et profitent du vent porteur de l'homosexualité revendiquée pour en parer nos héros, tous nos héros. Freud sert à ça je suppose.

Côté visuel, c'est particulier, pas très fin, très coloré, permettant de sauter d'un plan à l'autre sans trop réfléchir.

Bref, c'est de la bande dessinée jetable, qui se lit et s'oublie aussi vite.
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M.O.R.I.A.R.T.Y, tome 3 : Le voleur aux cen..

On reprend le même principe et on repart pour un tour... du monde en ballon. La tour Eiffel en plateforme d'appontage de ces engins volants mérite l'escale. On change de dessinateur, ce qui n'est pas pour me déplaire, même si encore je n'y trouve pas complétement mon compte. C'est plus coloré, moins déstructuré, très minutieux d'un point de vue des détails mais...

Le scénario ? Toujours trépidant, c'est Holmes à la sauce Jason Bourne. Ça court, ça se bagarre, ça saute bref ce voyage qui commence est mené à un rythme très enlevé.

Un doute plane sur la deuxième partie... sera-ce la seconde ?
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Un récit des contes de la Pieuvre : Célestin et..

Gess nous immerge dans le Paris des faubourgs à la fin du XIXe siècle : des gavroches, tire-laine et pègre organisée, teinté de magie,de fantastique et d’horreur, le tout dans un hiver glacial et avec bien sûr, un passage dans les catacombes. Le graphisme est fouilli, chargé de détails, de gueules, de saleté, de crasse et de sang, c’est dense, on étouffe malgré le grand froid, l’ambiance est particulièrement réussie. La Pieuvre, c’est cette taverne où se retrouve toute la pègre de Paris, le quartier général des parrains. Les quatre chefs de cette mafia bénéficient de pouvoirs magiques. Mais Célestin, le serveur de La Pieuvre, en possède un aussi, c’est un discerneur, il voit les gens comme ils sont réellement, monstrueux ou beaux.

Le récit oscille entre le gothic romanesque et le roman réaliste, le mélange donne un résultat violent et même gore parfois, mais totalement envoûtant, merveilleusement baroque et délirant,

Dans un genre un peu à la mode actuellement, Gess tire son épingle du jeu avec un bande dessinée pleine de panache, un récit intense et dense qui ne ravira pas seulement les fans du genre.

J’ai très envie de découvrir les autres tomes.

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L'homme truqué

Plus léger et facile d'accès que la Brigade Chimérique, oeuvre maîtresse -et grandiose- de Lehman située dans le même univers, L'Homme truqué n'en demeure pas moins un excellent moment d'aventure et de fantastique.



Ce one-shot dédié à un fascinant super héros français est brillamment écrit et l'enquête, qui met en scène des "hyperêtres" au lendemain de la Première Guerre mondiale, est tout du long passionnante et constamment originale. On croit lire une BD sur une simple chasse à l'homme mais on se retrouve rapidement sur un tout autre terrain : une réflexion sur les gueules cassées, sur le retour de la guerre de soldats qui ont tout perdu et bien sûr de nombreux mystères liés aux avancées de la science prométhéenne du début du XXème siècle.



Visuellement, c'est tout simplement splendide. Le "filtre vert" utilisé par le dessinateur, notamment lors de la chasse nocturne, est du plus bel effet et donne un vraie personnalité à ce récit.



Que vous soyez fan de super héros ou pas du tout, il ne faut pas passer à côté de l'oeuvre de Lehman autour de ce personnage du Nyctalope, également objet dune très belle série qui revient sur ses origines.

Un magnifique boulot.

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Jour J, tome 7 : Vive l'empereur !

Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique qu'après la collection "Sept" les éditions Delcourt ont continué à dégainer avec la collection "Jour J" dédié aux uchronies ! (mais il y a un truc chiant avec cette dernière, c'est qu'à chaque nouveau tome ne sait pas s'il s'agit d'un one-shot ou la première partie d'une minisérie)





Dans ce tome 7, intitulé "Vive l'empereur !", les auteurs piochent leur Wild Wild napoléonien nommé "Empire" : en 1802 l'Angleterre et la France ont retrouvé un terrain d'entente pour fin mettre aux hostilités… A la Perfide Albion les océans, et qui récupère par la même occasion ses colonies américaines, et à Napoléon le continent, qui finit par d'étendre jusqu'en Ouzbékistan…

Printemps 1925, la Capitaine Nerval chassé de l'armée pour avoir pété sa gueule à ce gros con de Philippe Pétain (remember "Les Sentiers de la gloire") est contacté par Arturo Fermi le jeune et brillant physicien fils de son meilleur ami mort sous ses yeux lors d'un récent incident à la frontière franco-chinoise. Lui et ses inventions nucléaires sont tombés dans les griffes de Mata Hari, une redoutable espionne hollandaise à la solde d'intérêt étranger qui compte bien commette un attentat sans précédent lors du couronnement du jeune Napoléon V… Mais quelles sont lesdits intérêts étrangers ? Ceux des Windsor du Commonwealth, ceux des Romanov de la Sainte Russie ou ceux des Qing de l'Empire du Milieu ???

Nous sommes dans un chouette pulp steampunk / dieselpunk (qui rend hommage aux romans de Lester Dent, Sax Rohmer et tutti quanti), et les véritables héros sont peut-être moins Nerval et Fermi (Batman et Robin ? ^^), que Nikola Tesla le Ministre des Science de l'Empire atteint de TOC (qui veut que la France mise sur les énergies propres au contraire des Anglo-saxons qui misent tout sur les énergies fossiles) et le mamelouk Ben Tabaz chef de la Sécurité Impérial….

ACHTUNG SPOILERS



C'est super sympa et sans qu'on peut puisse vraiment les qualifier de bons les dessins de Gess ne déméritent pas : encrage et colorisation tirent un peu l'ensemble vers le bas. Il y avait matière à faire une série entière sur le sujet, mais d'un autre côté le steampunk napoléonien existe déjà avec la série "Empire" qui s'inspirait énormément de "L'Empire électrique" de Victor Fleury, un classique de la SF française… blink
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La Brigade chimérique : Intégrale

Lehman nous sert ici une version Franco-européenne de La Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Fantômas y côtoie le Docteur Mabuse, Marie Curie et l'homme-cafard de Kafka.La recherche littéraire est fouillée et respectueuse, l'intrigue est accrocheuse et la chute est excellente!



C'est sincèrement l'une des meilleures BD que j'ai lu. On y aborde de manière très intéressante la montée du fascisme, tout en faisant un parallèle avec la présence des surhommes dans les littératures imaginaires. Lehmann y fait donc une synthèse assez savante entre la tradition de la BD francophone et du comic Anglo-Saxon.
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La Brigade chimérique : Intégrale

« Dans l'Europe en état de guerre civile larvaire, une nouvelle génération de surhommes travaille au contrôle des foules. À l'est, l'organisation qui se fait appeler "Nous Autres" ne se cache plus derrière le gouvernement des Soviets. Au sud, l'archimilliardaire Gog domine la Méditerranée. Mais c'est au centre que se dresse le plus grand ennemi de la liberté, le maître du crime légal et de l'hypnose de masse, MABUSE ! Ce nom seul fait trembler et gémir sur tout le continent... Sauf à Paris. Dans les salles secrètes de l'Institut du radium, la riposte se prépare. Réservez dès maintenant auprès de votre libraire La Brigade Chimérique contre Mabuse. »



Ce texte est une publicité d'époque que l'on pouvait lire à la fin du roman Les Pirates du radium, écrit par Georges Spad en 1934. Serge Lehman, 80 ans plus tard, s'en est inspiré pour écrire, en association avec Fabrice Colin, le scénario d'une bande dessinée. L'histoire est découpée en douze épisodes d'une vingtaine de pages chacun, comme les comics.



Les premiers super-héros américains sont les descendants des héros littéraires tels que Doc Savage ou The Shadow. En Europe, de tels héros ont existés, ils s'appelaient le Nyctalope, Félifax, Harry Dickson... Mais à la Libération, ils sont tombés dans l'oubli. Où sont passés les super-héros européens ? C'est pour répondre à cette question que Serge Lehman a écrit le scénario de la Brigade Chimérique, et également pour nous faire redécouvrir tout une période de la science-fiction. Grosso modo, celle qui s'étend des derniers romans de Jules Verne aux premiers de René Barjavel.



La démarche de Serge Lehman rappelle celle d'Alan Moore et sa Ligue des Gentlemen Extraordinaires. Lehman dépeint une Europe où les héros de la littérature coexistent et côtoient leurs créateurs. L'idée étant que ces derniers ne sont plus des romanciers, mais des biographes. On croise également de grandes figures historiques (Irène Joliot-Curie, Daladier...), des monstres, des extraterrestres, des robots géants, de la magie, des gadgets scientifiques... On pourrait craindre que de tout cela résulte un fourre-tout indigeste mais au contraire, l'univers est étonnamment cohérent et crédible.



La lecture n'est pas facile d'accès. Le rythme est assez lent, il y a beaucoup de textes, l'histoire est dense et ultra référencée. À ce propos, la trentaine de pages de notes concluant l'ouvrage est précieuse. Une vraie mine d'or donnant envie de découvrir un paquet d'œuvres (pour la plupart malheureusement difficiles à dénicher de nos jours, mais Serge Lehman indique parfois quand des rééditions récentes existent). Une lecture exigeante, donc, mais également passionnante. Personnellement, j'ai adoré. Le ton est sombre, le scénario et les personnages sont bien écrits. Visuellement, le trait de Gess est différent de ses Carmen Mc Callum. L'encrage est plus classique. Avec la colorisation de Céline Bessonneau, le rendu colle très bien à l'ambiance rétrofuriste.



La Brigade chimérique est une uchronie steampunk très réussie que je recommande chaudement à tous les amateurs de science-fiction.
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Un destin de trouveur

Très beau roman graphique dont l'action se situe principalement à Paris, à la fin du XIXe siècle, entre le milieu des malfrats, celui des anarchistes et celui de la police. On y croise aussi une bande de féministes rebelles appelées les "Soeurs de l'Ubiquité". Dans chacun de ces mondes évoluent des créatures que l'auteur nomme des "talents", pourvues d'un don singulier, particulièrement exacerbé. On pense à Jean-Baptiste Grenouille, le héros du roman "Le parfum" de Patrick Süskind, qui était pourvu d'un odorat hors du commun. Ici le héros, Emile Fargues, fils de Jean-Baptiste (le choix des prénoms n'est pas fortuit) est doué de la faculté de localiser ce qu'il recherche, en lançant un petit caillou sur un plan des lieux. Les plans de Paris ou des environs tiennent donc une place spéciale tout au long de l'ouvrage.



J'ai été particulièrement séduit par le dessin et par la colorisation de ce roman graphique. Si l'histoire en elle-même m'a un peu moins captivé, l'atmosphère générale, l'originalité des personnages et également les citations extraites des œuvres de Jean-Jacques Rousseau (Le Contrat Social, L'Emile...) qui introduisent les différents chapitres m'ont beaucoup plu. Intéressante également, cette histoire de "La bête", un des personnages du roman, qui clôt ce très beau livre.
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L'homme truqué

Ce tome comprend une histoire complète qui se rattache à l'environnement appelé Hypermonde, développé par Serge Lehman, voir La Brigade chimérique. Il contient un récit en 62 pages de bande dessinée, initialement paru en 2013, écrit par Serge Lehman, et dessiné par Gess. Il met en scène l'homme truqué, un personnage créé en 1921 par l'écrivain Maurice Renard (1875-1939), dans le roman du même nom L'Homme truqué.



La première séquence se déroule le 27 mai 1918, lors de la bataille du Chemin des Dames, alors que le capitaine Jean Lebris de l'Armée Française essaye d'échapper à la mitraille. Il se réveille quelques temps plus tard dans un hôpital en ayant perdu la vue.



Le 11 janvier 1919, la professeure Marie Curie installe son institut du radium au pied de la montagne saint Geneviève à Paris. Elle y reçoit la visite de Léo Saint-Clair, alias le Nyctalope (voir L'Œil de la nuit). Il lui raconte que depuis quelques temps rôde au Nord de Paris, un voleur avec une tête de fer que la populace a affublé du nom de l'Homme truqué. Il la sollicite pour qu'elle l'aide à l'arrêter.



Dans la page précédent le début de l'histoire, Serge Lehman indique que ce récit constitue une adaptation libre du roman de Maurice Renard. De fait le lecteur peut identifier d'autres références au cours de sa lecture. Une colonne Morris porte l'affiche du film Les Vampires de Louis Feuillade. Maurice Renard apparaît et joue un rôle de premier plan dans le récit. La dernière scène intègre un individu nommé Gyula Halász, un futur grand photographe parisien. Il apparaît également un journaliste américain un peu insistant du nom d'Harold Hersey, où là il sera nécessaire d'aller se renseigner dans une encyclopédie pour savoir de qui il s'agit (auteur entre autres d'une biographie de Margaret Sanger). D'un côté, Lehman met en avant toutes ces références (sauf peut-être l'affiche de film) pour être sûr que le lecteur ne puisse pas les rater. De l'autre côté, ne pas les connaître produit un agacement passager (du fait de leur mise en avant), mais cela ne nuit pas à la compréhension de l'intrigue.



Le scénariste raconte son histoire à sa manière, à sa guise. Il incorpore quelques illustrations pleine page (souvent une une de journal ou de magazine), mais pas à intervalle régulier. Il y a plusieurs scènes d'action qui elles aussi interviennent sans souci de régularité, ni pour scander un rythme particulier. Si le titre de l'histoire le met en avant, il faut attendre la page 25 pour que l'homme truqué intègre les personnages principaux.



Serge Lehman prend le temps d'installer un premier mystère concernant l'identité de cet homme masqué et de ses capacités, ce qui, dans cette première partie, fait de Marie Curie et de Léo Saint-Clair les personnages principaux, sans que leur caractère ne soit très développé. Le centre d'intérêt de la narration porte plus sur cette chasse à l'homme, qui permet d'exposer les particularités de cet Hypermonde. Il s'agit d'une forme de rétro-futurisme dans lequel la science a connu un essor plus important que dans le nôtre (à la même époque) grâce à des recherches sur le radium, un sous-genre que l'on peut qualifier de radiumpunk comme le dit l'auteur (plutôt que du steampunk, une autre forme de rétro-futurisme basé sur les machines à vapeur).



Une fois l'homme truqué entre de bonnes mains, l'histoire se développe alors dans une autre direction, avec un ennemi invisible. À nouveau l'intrigue permet d'exposer les capacités de l'homme truqué. Cette histoire développe donc essentiellement une intrigue en 2 parties, ainsi qu'un rétro-futurisme original.



Pour donner corps à cette fantaisie historique, Serge Lehman a recruté le dessinateur Gess, qui avait déjà mis en images les aventures de la Brigade Chimérique. La première séquence (3 pages) est quasiment muette et permet d'apprécier le sens de la narration du dessinateur, les cases s'enchaînent toutes seules, l'action étant compréhensible du premier coup d'œil. Avec la deuxième séquence, le lecteur peut apprécier le sens du détail dans les décors. Il apprécie aussi la pertinence de la mise en couleurs qui renforce des dessins dont les traits sont parfois un peu fragiles, qui ne donnent pas assez de consistance aux éléments qu'ils détourent.



Par la suite, le lecteur apprécie la capacité de Gess à réaliser une reconstitution historique consistante de Paris. Il a dû effectuer un travail de recherches conséquent pour aboutir à ces artères parisiennes d'époque, ou à ces intérieurs évoquant effectivement l'entre-deux guerres. Le lecteur remarque également facilement la versatilité du dessinateur qui laisse de côté le dessin de BD traditionnel (détourage des formes par le biais d'un trait à l'encre), pour passer au crayon avec une teinte dominante (l'évocation des larcins de l'homme truqué, page11), ou encore à des techniques composites pour réaliser les facsimilés des couvertures de magazines.



Il faut un peu de recul pour apprécier les talents de metteur en scène de cet artiste. À bien y regarder, les scènes de dialogue apporte leur lot d'information visuelle, que ce soit par le langage corporel des interlocuteurs, ou par leur déplacement. Gess ne se contente pas de cases alternant champ et contrechamp entre les 2 interlocuteurs.



Petit à petit, le lecteur se laisse entraîner par cette narration posée, avec certains personnages qui utilisent des phrases construites (le Nyctalope ou Maurice Renard) à l'opposé d'un langage parlé, avec un flux d'information constant, sans être envahissant, avec une évocation de Paris consistante, sans pour autant aller jusqu'au tourisme historique. Il se laisse prendre au jeu de ce sous-sous-genre (le radiumpunk), avec des avancées technologiques bien mystérieuses, et finalement assez vagues.



L'une des grandes réussites de Serge Lehman et Gess est d'avoir su mettre en scène des individus aux capacités extraordinaires, dans un contexte français. Le lecteur ne ressent jamais l'impression de lire une histoire de superhéros à la française. Il lit un récit enraciné dans la culture française, et dans une époque clairement identifiée qui ne se limite pas à un décor de carton-pâte. Effectivement, les personnages évoluent bien à Paris, en 1919. Le lecteur peut le constater.



Ces capacités extraordinaires restent tout de même assez floues. Finalement il n'y aura pas d'explication quant à la vision électrique d l'homme truqué. Par contre Gess a imaginé une représentation qui rend compte de cette vision étrange. Les capacités du Nyctalope restent elles aussi assez vagues (tout du moins à la lecture de ce seul tome), ainsi que sa source d'argent, ou sa liberté d'indépendance vis-à-vis des forces de l'ordre de la République.



L'intrigue présente plus de consistance et réserve plus de surprises. Il s'agit donc à la fois du retour à la société normale pour l'homme truqué, ainsi que d'un étrange mystère associé à un immeuble de logements parisiens. Lehman met en scène un homme qui souhaite revenir à la normale, alors même que son apparence a profondément changé suite aux expériences dont il a été le cobaye involontaire. Il est possible d'y voir une métaphore du traumatisme occasionné par la guerre qui transforme le soldat au point qu'il n'y ait plus de retour à la normale possible. Avec ce point de vue en tête, la deuxième partie du récit renforce cette allégorie dans la mesure où le traumatisme du capitaine Jean Lebris lui permet de voir des choses que les autres êtres humains (les civils) ne sont pas capables de voir.



Ce tome possède la qualité de pouvoir être lu indépendamment de ceux de la Brigade Chimérique, et de proposer une aventure originale et divertissante, à la fois du fait de la reconstitution historique, mais aussi de par le merveilleux qu'introduisent ces inventions rétro-futuriste nées d'une technologie d'anticipation basée sur le radium. Le lecteur aurait apprécié que les protagonistes disposent de plus de personnalité, pour pouvoir mieux s'identifier à leurs difficultés.
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Un récit des contes de la Pieuvre : Célestin et..

Célestin et le Cœur de Vendrezanne est le troisième roman graphique des Conte de la Pieuvre.

Cet opuscule peut se lire indépendamment des deux contes précédents.

Nous sommes dans le Paris d'après la guerre de 1870 , plus particulièrement pendant le très glacial hiver de 1879. .Célestin est serveur dans une auberge et ne veut absolument pas se faire remarquer.

Sauf qu'il ne travaille pas n'importe où !

Il travaille à l'auberge de la Pieuvre , qui est le centre névralgique de la Pieuvre, la Mafia Parisienne.

Sauf que Célestin est aussi hors norme ! Il a le pouvoir de voir la vraie nature des gens et de sonder leur âme.

Mais parfois on ne peut cacher ses pouvoirs.

Devenu par hasard détenteur du secret du passage Vendrezanne, Célestin devra affronter la Pieuvre.

Ce roman graphique devient alors fantastique , envoutant.

Le tout est hallucinant et nous sommes hallucinés par toute cette créativité.

Gess par l'emploi des couleurs différentes selon les points de vue ( le pouvoir de sonder l'âme et de voir la vraie nature des gens) nous mêlent plusieurs réalités dans le déroulé de l'histoire. Qu'en est il de la réalité et de la fiction ?

L'ensemble est d'une grande cohérence, que ce soit dans le découpage des chapitres avec citations en exergue ,la représentation plus que frisquette des quartiers d'un Paris très social.

Le dessin est riche , ample et n'oublie pas de glisser quelques clins d'œil et hommage.

Merci à Babelio , la Masse Critique et les Editions Delcourt pour cette agréable découverte.












Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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Un récit des contes de la Pieuvre : Célestin et..

Aucun doute : le livre- objet est ici magnifique ! Cette bande dessinée de presque deux cent pages est de toute beauté, tant par la richesse des illustrations que par la qualité du papier. Un plaisir tactile et visuel de lecture qui vous emmène dans le Montmartre de la fin du XIXème siècle, aux côtés de Célestin. Cet homme discret et vif est serveur à l’auberge de la Pieuvre, lieu qui sert de repère à la pègre locale.



« Dieu créa l’homme à son image », ce précepte m’a toujours fait doucement sourire. Car si vous pouviez contempler vos « semblables » par mes yeux… vous constateriez la vertigineuse diversité des apparences de ceux que vous nommez « êtres humains ». C’est mon don de vous voir tel que vous êtes au fond. » Notre Célestin possède ce que l’on appelle un « talent » : il voit la véritable nature des êtres humains qu’il côtoie (on dit qu’il est « discerneur »), et croyez- moi, ce n’est pas beau à voir. Mais le jeune homme refuse que cela se sache. Il se fond dans la masse, évite les ennuis. Pourtant, en voulant aider un gamin des Asticots (surnom donné aux enfants pauvres qui se faufilent dans les maisons pour y perpétrer quelques menus larcins sur commande), Daumale, il risque de se faire remarquer et de dire adieu à sa tranquillité…



Pendant ce temps, dans un sous- sol, « l’insomniaque » se voit chargé d’une drôle de mission : crever un cœur toutes les deux minutes… Et un vieillard, dans une grotte, affronte tous les hommes prêts à se battre contre lui, sans jamais être le perdant…



J’ai beaucoup aimé le début de cette bande dessinée ; lorsque Célestin raconte l’histoire de l’auberge, son propre vécu et qu’il nous présente les habitués de la Pieuvre. Par contre, j’ai moins aimé lorsque l’histoire a laissé la place à un monde fantasmagorique violent. Je suis restée sur ma faim aussi quant à certains éléments ; ainsi, j’aurais aimé en savoir davantage sur les Géants évoqués dans l’une des dernières vignettes. Ceci dit, si vous êtes fan du 9e art ; n’hésitez pas à vous procurer cette belle bande dessinée, ne serait- ce que pour la beauté des illustrations et de la mise en page. Vous ne le regretterez pas !



Merci à Babelio pour la Masse critique et à Delcourt pour l'envoi du livre.

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M.O.R.I.A.R.T.Y, tome 3 : Le voleur aux cen..

Cette série allie deux de mes préférences . Le steampunk et Sherlock Holmes En ce Paris alternatif de 1900 se croisent notre héros ,Watson oeuf corse .l'inévitable Moriarty , le Docteur Freud, un voleur aux personnalités multiples mais a l identité inconnue C est léger , pétillant , bien intégré dans l univers vapeur autant que Doylien .Cerise sur le pudding le dessin de Gess est ( a mon gout ) plus clair et lisible que celui de Subic qui avait illustré les 2 premiers tomes Alors régalez vous
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Jour J, tome 7 : Vive l'empereur !

Pour une raison que j’ignore, je n’avais pas encore critiqué ce septième tome de la série BD uchronique Jour J. Cette nouvelle relecture confirme que ce tome est l’un des plus réussis côté scénario.



Dans ce tome, les guerres napoléoniennes n’ont pas vraiment eu lieu. L’Empire s’est imposé sur le continent et a laissé la maîtrise des mers et des colonies au Royaume-Uni. Un statut-quo s’est imposé pour plus d’un siècle. Mais les nations complotent contre l’hégémonie de l’Empire. Le dernier Napoléon est mort, et la cérémonie de couronnement de son successeur approche. L’Empire chinois s’active à la frontière et jusque dans Paris. La Russie attend son heure. L’Angleterre a reconquis l’Amérique du Nord. Elle contrôle l’énergie fossile. Les Français, eux, ont misé sur l’électricité et ont déjà développé des fusils électriques de grande puissance grâce à Nikola Tesla.



Dans cette ambiance de complots et de services secrets, Nerval, ex-officier de l’armée impériale, va aider son filleul Fermi, qui a trouvé, grâce aux propriétés des atomes, le moyen de développer une source d’énergie colossale. Sauf qu’il s’est fait voler le fruit de ses recherches par une puissance étrangère, aidée de Mata-Hari. La tension est à son comble, car on craint un attentat contre le nouvel empereur.



L’idée de départ part de loin, elle donne lieu à pas mal d’images spectaculaires (pistolets électriques, zeppelins, …). Les auteurs se sont bien amusés à créer un monde napoléonien en plein vingtième siècle. L’intrigue est alerte. On croise au passage quelques personnages, connus historiquement pour d’autres raisons. La primauté de l’innovation scientifique est un thème bien développé.

Pour les amateurs d’uchronie, ce tome est l’un des tous meilleurs de la série Jour J.
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Un récit des contes de la Pieuvre : Célestin et..

Celestin est serveur à l'auberge de la Pieuvre. Orphelin, sa famille c'est l'auberge. Particularité, c'est la que se réunissent les chefs de la mafia découverts sur les précédents tomes. Celestin a un pouvoir dont il n'a jamais parlé et qu'il a détecté tardivement : c'est un discerneur, il voit les gens tels que sont leurs âmes, sous forme d'animaux féroces parfois ou sous la version jeune comme melle Rose, sa préférée. Sa vie est tranquille, relativement, il ne se mêle de rien. C'est un pur. Jusqu'au jour où il décide d'aider un jeune garçon, membre de la bande des asticots, ce qui provoquera un drame. Son salut pourrait venir d'un mystérieux fantôme vermeil que lui seul voit et qui provient d'un coeur découpé qui tue systématiquement les enfants nouveau né de l'Oeil, l'un des chefs de la mafia.

C'est une histoire pleine de magie, qui se passe à la fin du XIXeme siecle dans les quartiers populaires. Cela dépeint tout un petit monde d'artisans, de petits malfrats, allié à un graphisme précis, comme des gravures de Gustave Doré, fourmillant de détails dans les décors, c'est magnifique.

La colorisation est monochrome, rose quand on voit ce que voit Celestin, sepia sinon.

C'est une belle histoire avec des personnages plein d'empathie comme Celestin, qui aide Daumale par souci de justice, et le fantôme vermeil, pour qu'enfin on l'entende. A lire c'est une belle réussite.





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Conan le Cimmérien, tome 9 : Les Mangeurs d'h..

On reste dans le monde oriental dans une cité marchande située en plein désert et qui fut convoitée par deux puissances ennemies. Conan va suivre une femme un peu étrange qui va le mener un peu à la baguette. Fort heureusement, la conclusion sera pleine de surprise.



Il est question de cannibalisme et de puissances occultes sur un fond oriental et plutôt exotique. Comme à chaque fois, notre héros va s'en sortir et c'est sans doute pour cela qu'on l'aime bien. Le mal ne triomphera pas. L'espièglerie et la malice auront leur part.



Certes, on pourra reprocher qu'on ne retrouve pas à chaque fois le même Conan car il est différent dans chaque album. On découvre à chaque fois une autre facette de sa

personnalité beaucoup plus riche et complexe qu'on ne le croît.



La lecture demeure toujours aussi passionnante et divertissante. J'ai bien aimé le trait graphique de Guess qui arrive à donner beaucoup de consistance à cette épisode pourtant rempli de clichés. Le nudisme sera par exemple de la partie.



En conclusion,un album qui ne sera pas le meilleur de la série mais qui se laisse lire agréablement.
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Conan le Cimmérien, tome 9 : Les Mangeurs d'h..

Alors que Conan dort dans une auberge de la cité-oasis de Zamboula, il se fait attaquer par des esclaves anthropophages. Alors qu'il les poursuit dans les rues, il tombe sur une jeune fille en détresse.

Un tome de Conan sympathique à lire mais sans plus. Il y a une bonne dynamique mais on ne peut pas dire que le contexte soit particulièrement approfondi.

Conan en encore une fois assez creux et si Zabibi est loin d'être une cruche en détresse le fait qu'elle se balade nue pendant toute l'histoire est franchement bizarre. De toute évidence l'auteur a voulu coller au plus près de la nouvelle de Howard.

Je n'ai pas aimé le graphisme. Tout d'abord les visages changent d'une case à l'autre, et c'est particulièrement flagrant sur Zabibi qui apparaît même parfois comme une espèce de vieille momie squelettique. Je trouve les couleurs vilaines, verdâtres.
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La Brigade chimérique : Intégrale

Dire que je me tâtais d’acheter la Brigade chimérique depuis un bail est un euphémisme, il aura fallu la bonne humeur d’un bénévole de chez L’Atalante, habitué de la 25e Heure du Livre du Mans et des Utopiales de Nantes, ainsi que l’envie de ma chère et tendre pour me décider, enfin ! Et il m’aura fallu encore plus de temps pour en faire une critique à peu près potable ! Oui, enfin ! car la Brigade chimérique me fait incontestablement rêver depuis sa sortie : reconstituer une mythologie super-héroïque européenne (et notamment française) n’a-t-il pas du bon ? Flirter avec une uchronie violente et fracassante allant des tranchées au nazisme des années 1930, n’est-ce pas tentant ? Enfin, se fondre dans une multiplicité de références littéraires, politiques et philosophiques, toutes revisitées, n’est-il pas fondamentalement excitant ? Bien évidemment : si !



Une œuvre atypique

Le trio à l’origine de cette œuvre au statut déjà culte a franchement de la gueule : les scénaristes Serge Lehman et Fabrice Colin, accompagnés du dessinateur Gess et de la coloriste Céline Bessoneau. Les deux premiers sont des figures de la SFFF française depuis des années, le troisième fut un illustrateur régulier de chez L’Atalante après s’être illustré longtemps sur la série de Fred Duval, Carmen Mc Callum. Tous quatre ont une vision particulièrement englobante des littératures de l’imaginaire et cela va tout à fait servir leur propos dans la série de La Brigade chimérique qu’ils ont réalisée de 2009 à 2010 (cette intégrale parut, elle, en 2012).



Les conflits du début du XXe siècle sous l’angle radioactif

La Brigade chimérique est d’abord une relecture et une réécriture habile d’une quantité de héros inventés à la fin du XIXe et au début du XXe siècle dans la lignée des romans à feuilleton. Ainsi, si nous nous attachons un peu à détailler l’uchronie créée pour l’occasion, faisons le tour des forces en présence même si elles ne sont pas toutes au centre de l’intrigue : la France bénéficie de l’aide du Nyctalope, ancien héros de l’Institut du radium créé par Marie Curie ; l’Accélérateur, as de la super-vitesse, est le héros britannique ; le Grand Frère est le général d’une armée de mécanoïdes au service de l’URSS ; la Phalange est un colosse espagnol, allié notamment au Docteur Mabuse qui initie une « race supérieure » en Europe centrale… Bref, chaque puissance s’arme de tous les moyens possibles, cela s’incarne dans des personnalités démesurées et tout risque de se jouer à Metropolis, le projet fou du Docteur Mabuse, la capitale des surhommes, symbole de cet âge radioactif.



Un sens profond

La Brigade chimérique adopte une cadence compliquée, car même l’action est relativement lente, toutefois modeler un rythme lent est un savoir-faire qui se perd, d’autant que le dessin qui y est associé se veut assez rétro, ce qui peut également rebuter certains lecteurs. Juste après l’avoir lu ou longtemps après, il est difficile de résumer cette histoire tant elle propose de pistes : c’est une œuvre qui initie un univers possiblement tentaculaire et qui se mêle autant à la magie des siècles précédents, qu’à l’uchronie et à la « dyschronie » (autre ligne temporelle mais qui finit au bout du compte sur la réalité qui nous est connue). Ainsi, il faut noter que tous ces super-héros voient leur histoire se terminer en 1938-1939, en rejoignant une ligne temporelle qui nous est bien mieux connue, tandis que Superman (1938) et Batman (1939) apparaissent aux États-Unis, et ce n’est pas du tout un hasard. D’ailleurs, tout a continuellement un rapport, complexe parfois, avec la littérature européenne de l’entre-deux-guerres et son affaiblissement avec la Deuxième Guerre mondiale face à l’émergence ultradominante de celle anglo-saxonne. De fait, l’univers dessiné de la Brigade chimérique a depuis donné lieu à une grande quantité d’autres séries comme Masqué, L’Homme-truqué, Metropolis, L’Œil de la Nuit (c'est-à-dire le Nyctalope), etc. ainsi qu’à un jeu de rôle éponyme, ce qui correspond tout à fait à l’idée de départ.



La Brigade chimérique est donc un sacré volume à découvrir, diablement touffu et difficilement résumable. C’est même davantage une expérience qui propose une pensée globale pour renouveler tout un imaginaire tout en liant des pans entiers de ceux qui existent déjà.
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