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Gess (Autre)
EAN : 9782413030027
208 pages
Delcourt (14/04/2021)
4.45/5   42 notes
Résumé :
Ce n'était qu'un enfant quand son père l'a déposé à l'auberge de la Pieuvre. Il devait revenir... Célestin ne l'a jamais revu. Alors il est devenu le serveur de l'auberge. Le discret, l'invisible Célestin... dont personne ne soupçonne le talent. Mais parfois, le destin en veut autrement. Devenu détenteur du secret du Passage Vendrezanne, c'est seul que le jeune homme va devoir affronter la Pieuvre...
Que lire après Un récit des contes de la Pieuvre : Célestin et le Coeur de Vendrezanne Voir plus
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On ne vole pas la Pieuvre.
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Ce tome est le troisième dans la série des contes de la pieuvre après La malédiction de Gustave Babel (2017) et Un destin de trouveur (2019). Ce tome contient une histoire complète centré sur le personnage du titre, qui peut être lu indépendamment, qui s'enrichit avec la lecture des 2 premiers tomes. Sa première édition date de 2021. Il a été réalisé par Gess, pour le scénario, le dessin et les couleurs.

À l'été 1842, 51 rue de la Montagne sainte Geneviève dans le cinquième arrondissement de Paris, un nouveau-né dort dans son berceau. Il se réveille et voit un coeur briller dans la pénombre, flottant dans les airs. Il sourit. le spectre d'une fillette en robe se matérialise et elle hurle. le père fait irruption dans la pièce, sabre au clair. Il pourfend le spectre en embrochant son coeur : elle explose. Il réunit ses restes dans le tapis, et l'emmène dans ce baluchon improvisé. le nourrisson saigne de l'oreille. Fin novembre 1879, dans les égouts du dix-huitième arrondissement, dans sa barque, le père Trouvaille supervise une opération de fouille des eaux usées pour récupérer les objets précieux. Soudain une énorme vague se propage, soulevant son embarcation, et noyant la majorité de son équipe. Quatre adolescents parviennent à en réchapper en montant les barreaux dans un conduit de cheminée. Ils débouchent dans une caverne souterraine. N'ayant d'autre choix, ils vont de l'avant avec dans l'idée de récupérer rapidement des vêtements secs. Ils découvrent un spectacle impressionnant.

Début décembre 1879 à l'auberge de la Pieuvre dans le dix-septième arrondissement, Célestin a revêtu son habit de garçon de café et il est au travail. Il pense au fait que Dieu a créé l'homme à son image, mais qu'en contemplant ses semblables avec ses yeux, il constate la vertigineuse diversité des apparences des êtres humains. C'est son don : voir les gens tels qu'ils sont au fond. Petit, il pensait que tout le monde était comme lui, mais en observant des gravures, des peintures et maintenant des daguerréotypes, il a compris à quel point sa vision de l'humanité est différente de celle des autres, et combien il avait bien fait de n'en rien dire à personne. Francis, celui qui lui a tout appris, répétait sans cesse : le secret d'un bon serveur est d'être discret. Il circule entre les tables pour apporter les consommations, captant une bribe de la conversation à chaque fois. Une fois son plateau vide, il retourne au comptoir où mademoiselle Rose lui indique que ça va être le coup de feu. Il faut qu'il vérifie que Gros a fini, puis qu'il dresse les tables. Il se rend en cuisine et le chef lui indique qu'il est bien sûr prêt. Il prend la poubelle bien pleine et sort dans l'arrière-cour pour la vider directement à l'égout. Il repense à cet endroit quand il y est arrivé enfant. C'était encore une auberge de campagne, à l'extérieur de Paris, un relais de poste, et la propriété du père Maturel.

Du fait de l'excellence du tome précédent, les attentes du lecteur sont déraisonnablement élevées pour ce tome 3. Dès la prise en main du tome, il constate le soin apporté à l'ouvrage : léger relief pour le titre, vernis sélectif pour le coeur sur la couverture, papier à l'apparence vieillie pour évoquer l'époque où se déroule le récit, découpage en chapitre avec numérotation, citation, localisation de la scène correspondante, et date. Tout au long de sa lecture, il ressent cette finition peaufinée. Il se dit que son expérience de lecture lui évoque celle d'un grand roman du dix-neuvième siècle : distribution importante sans être hors de contrôle, personnages substantiels sans être caricaturaux, diversité des lieux tout en restant dans Paris, mystères sur l'identité du spectre et son objectif, suspense quant au sort des principaux personnages car on ne fréquente pas impunément le milieu du crime organisé, reconstitution historique très soignée, évocation en filigrane de plusieurs facettes de la société, le tout servi par un récit populaire dans le bon sens du terme. Un délice de bout en bout.

Le lecteur retrouve donc les caractéristiques des contes de la Pieuvre : une organisation criminelle qui règne en maître sur les trafics dans Paris, et des individus dotés de talents, c'est-à-dire des capacités surnaturelles. Il s'enfonce avec délice dans l'intrigue : le mystère de ce qui se cache dans les catacombes, le sort de Daumale qui a la pieuvre à ses trousses, le mystère de ce spectre appelé la Chose, la naissance à venir chez L Oeil, et d'autres phénomènes surprenant comme cette litanie de noms qui s'échappent avec des bulles d'air au pied de la passerelle de l'estacade de l'île Saint-Louis. Il absorbe les silhouettes des individus tels que Célestin les voit. Il lui faut un peu de temps pour pleinement réaliser que les dessins présentent une cohérence du début jusqu'à la fin, amalgamant tous ces ingrédients dans des visuels qui font sens. de prime abord, les dessins peuvent produire une impression un peu étrange, parfois avec trop de détails, d'autres fois avec une finition des traits de contour un peu rugueuse. de même certains choix de couleurs peuvent paraître curieux, comme ce rose persan. Mais en fait chaque élément est parfaitement à sa place, s'imbriquant avec les autres dans un tout homogène, chaque particularité visuelle étant signifiante.

Une fois passé le prologue, le lecteur se rend compte qu'il s'attache immédiatement à Célestin, individu simple, enjoué, soucieux de bien faire son travail, un peu effacé, ayant conscience de sa différence. Il fait sa connaissance alors qu'il se tient au milieu de deux dessins en pleine page successifs, dans sa tenue de serveur, dans son milieu professionnel. de manière tout à fait naturelle, il s'adresse directement au lecteur, brisant ainsi le quatrième mur, et initiant ainsi ses remarques, son monologue intérieur. Cette accroche fonctionne parfaitement, le lecteur se sentant concerné puisqu'on s'adresse directement à lui. Au fil des pages, il peut apprécier le caractère foncièrement honnête et un peu altruiste de Célestin, satisfait de n'être rien de particulier, d'être quelqu'un d'ordinaire, de sa routine qu'il juge gratifiante. Au travers des dessins, le lecteur voit un jeune homme calme et posé, efficace et rapide dans son métier, naturellement souriant, sans hypocrisie professionnelle, à la fois banal dans son apparence, et unique en tant qu'être humain, sa seule fantaisie étant sa coupe de cheveux. Il porte une tenue vestimentaire adaptée à chaque occasion : tablier pour l'auberge, joli costume pour se rendre au cabaret monstrueux, longue chemise de nuit pour dormir.

Indubitablement, Célestin est le personnage principal du récit, et pour autant le lecteur peut partager le point de vue d'autres protagonistes : L Oeil, Daumale, L Insomniaque, le Gros. Ils ne sont pas mis autant en avant que Célestin, et ils peuvent occuper le devant de la scène le temps d'une séquence, ou revenir de manière chronique en personnage secondaire le temps d'une ou deux cases, d'une ou deux répliques. le lecteur effectue également un investissement émotionnel en eux, de manière différente à chaque fois. Il peut être touché par la souffrance de l'un d'eux et transporté par un moment de grâce visuelle inattendu (l'Insomniaque et son rêve). Il peut s'accoutumer à un autre et le retrouver avec plaisir, l'amitié bourrue de Gros. Il se rend compte que L Oeil acquiert une épaisseur émotionnelle qui le fait exister, ne permettant plus de le réduire à son rôle de méchant au sein de la Pieuvre, devenant un individu complexe au-delà d'une simple dichotomie Bien / Mal. Chaque personnage dispose d'une apparence particulière, physique et vestimentaire, avec un registre de gestes dans lesquels transparaissent son caractère (l'emportement de l'Oeil), ou ses automatismes professionnels (la préparation des repas en cuisine). Il n'y a pas de petit personnage qui serait réduit à un simple artifice narratif.

Tout au long de cette histoire, il y a un autre personnage qui apparait en fait dans plus de pages que Célestin : Paris. C'est un lieu commun de dire que le lieu constitue un personnage à part entière, mais dans cette bande dessinée, ce constat se situe à un autre niveau. L'artiste a apporté un grand soin et un investissement exemplaire pour recréer les rues, les intérieurs de la capitale à cette époque. Au fil des séquences, le lecteur peut se projeter dans un gros collecteur en égout, dans un troquet populaire, avec son arrière-cour et la trappe pour jeter les déchets directement à l'égout dans le dix-septième arrondissement, passage Vendrezanne dans le treizième arrondissement, quai de l'Archevêché, sur de la passerelle de l'estacade de l'île Saint-Louis, dans la cour de l'hôtel particulier de l'Oeil dans le cinquième arrondissement, etc. La précision du lieu de la scène en début de chaque chapitre ne se limite pas à un simple expédient narratif pour indiquer le lieu, mais constitue une aide pour le lecteur impatient d'avancer sans s'appesantir sur les dessins, ainsi qu'un repère pour l'amoureux de Paris qui souhaite comparer les descriptions minutieuses et attentionnées à ses connaissances, ou aller les approfondir par des recherches ensuite. En fin du chapitre 8, il peut également recomposer le parcours de la fuite de Célestin grâce aux indications : rue de l'Abreuvoir, rue Girardon, rue du Faubourg Montmartre, Pont Neuf, rue Monsieur-le-Prince, rue Lhomond, rue des Cordelières, rue Croulebarbe, rue des Reculettes.

La qualité de cette reconstitution historique ne donne pas simplement de la consistance aux décors : elle rend visuelle et apparente une réalité sociale. Mis à part pour les dirigeants de la Pieuvre, le lecteur côtoie des gens du peuple, les voit dans leur vie de tous les jours, aussi bien le serveur, que la responsable des consommations, le cuistot, les enfants et jeunes adolescents en bande organisée rapportant le fruit de leurs rapines et de leurs récupérations à un adulte, les nervis de la bande de la Pieuvre, les voleurs en train d'évoquer leurs futurs coups attablés à l'auberge, les dames faisant une pause avant de retourner battre le trottoir, etc. À la lecture, cette dimension du récit ne passe pas au premier plan : elle reste en arrière-plan, discrète et organique. Il n'y a pas de personnage qui se mette soudain à faire une déclaration attirant l'attention sur sa condition sociale, pour autant le récit met en scène des gens du peuple, ordinaires, faisant de leur mieux dans un contexte social peu favorable à leur classe. Cette direction d'acteurs naturaliste favorise l'empathie du lecteur pour des êtres humains normaux, comme lui, en butte aux difficultés quotidiennes de la vie. Il se retrouve émotionnellement impliqué par les actes de Célestin pour aider Daumale, par l'angoisse de ce dernier se sachant poursuivi par les séides de la Pieuvre, par l'inquiétude de l'Oeil pour l'accouchement, et même par le plaisir par anticipation de Nez à manger un plat succulent, etc.

Ainsi le lecteur est en immersion complète dans le récit, ressentant les émotions des personnages, partageant leur point de vue personnel, impatient de savoir ce qui va se passer, tout en en laisser porter par le rythme de la narration. Il ressent le fait que l'auteur raconte son histoire avec une honnêteté de coeur, sans dédain hautain. Il est perceptible qu'il aime ce genre, mélange historique et fantastique. Comme dans les deux premiers tomes, la mise en scène d'individus disposant de talents surnaturels peut être prise au premier degré, à la fois fascinant pour ces capacités extraordinaires et pour leur utilisation visuellement spectaculaire. C'est un divertissement populaire sans hypocrisie, sans condescendance intellectuelle. Dans le même temps, cette approche n'exclut pas l'ambition. Plusieurs têtes de chapitre comprennent une citation d'auteur : Guillaume Apollinaire (1880-1918), un verset de la Genèse, Évariste Gallois (1811-1832), Albert Samain (1858-1900), Victor Hugo (1802-1885), Honoré de Balzac (1799-1840), John Donne (1572-1631). le lecteur peut y voir une volonté de rattacher cette oeuvre à la culture classique. Il peut aussi se dire que l'auteur a logiquement explicité certaines de ses sources d'inspiration, des oeuvres qui l'ont nourri et qui affleurent de ci de là, comme cette forme de Cour de Miracles, ou cette volonté naturaliste et cette représentation d'une société au travers de plusieurs personnages liés entre eux, dont les chemins de vie se croisent et deviennent interdépendants. La présence ponctuelle de personnages dans chaque tome fait également penser à la structure d'une chronique de grande ampleur tissée dans plusieurs romans.

Effectivement, les individus dotés d'une capacité extraordinaire (les talents) peuvent se voir également comme une métaphore d'une personne excellant dans son art, une lecture plus littéraire de ce divertissement, mais aussi une dimension quasi mythologique (l'un d'entre eux ne s'appelle-t-il pas Pluton ?). En outre, malgré leurs talents, ils restent soumis à la structure sociale de l'époque, à la propension naturelle de l'individu de profiter des autres, soit en exploitant sa faiblesse physique, soit en exploitant sa faiblesse sociale. Avec ce point de vue, d'autres thèmes sous-jacents apparaissent : la place de la femme dans la société à travers la Chose et Mama-Brûleur (Et puis quoi ensuite, le droit de vote ?), le désir très humain d'avoir une progéniture, les forces systémiques d'une société qui enserre le déroulement de la vie d'un individu (les conditions de sa naissance qui induisent son accès à l'éducation, à une classe sociale, à une place prédéterminée dans la société), un système de valeurs qu'il soit humaniste comme celui de Célestin, ou fondé sur les règles et l'obéissance à l'autorité comme celui de la Pieuvre, les mécanismes de perpétuation d'un système (la dictature de la Pieuvre), une économie parallèle, le devoir de mémoire pour les victimes, la puissance irrépressible du besoin de justice, etc. Avec l'évocation d'un embryon de syndicalisme ou d'une entreprise en autogestion, l'auteur évoque à la fois les gens du peuple s'organisant de manière solidaire pour contrecarrer les effets d'une oppression capitaliste par les possesseurs des outils de production, mais aussi la façon dont ces mêmes propriétaires contrattaquent pour rendre ces initiatives inefficaces et inoffensives.

Cette lecture s'avère aussi puissante et profonde qu'un grand roman du dix-neuvième siècle. Au fur et à mesure le lecteur s'imprègne de sa richesse et de sa gentillesse, de son humanité. Il savoure les mots d'argot employés, en nombre maîtrisé, sans que cela ne devienne un artifice ou que les que cela ne rende les propos abscons. Il ressent l'horreur primale de certaines situations : devoir pourfendre un coeur battant toutes les deux minutes, quelle sorte de séquelle cela peut-il laisser chez le bourreau de s'acharner ainsi à exterminer une vie ? Il ressent des échos entre différentes situations. Par exemple, il apparaît que la dernière image du prologue signifie que le nouveau-né a les tympans percés, qu'il sera donc sourd à vie. En lisant le monologue de Célestin, le lecteur peut le voir comme un individu parlant de sa différence, qui pourrait très bien être compris comme des propos relatifs à une infirmité, s'appliquant alors à la situation de ce nouveau-né qui va grandir sourd parmi des bien-entendants.

Troisième tome des contes de la Pieuvre : troisième réussite exceptionnelle pour l'histoire, la reconstitution historique qui transpire l'amour du vieux Paris, la finesse de la narration visuelle, la richesse d'un récit populaire et ambitieux. En artisan méticuleux et incroyablement généreux, Gess réalise un chef d'oeuvre ayant sa place aux côtés des oeuvres littéraires populaires.
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« Les Contes de la pieuvre » ont vu le jour en 2017 avec la publication aux éditions Delcourt de « La Malédiction de Gustave Babel », un imposant pavé de près de deux cents pages, qui mettait en scène un étonnant tueur à gages polyglotte au service d'une mafia dans un Paris un peu fantasmé, puis « Un Destin de trouveur » en 2019 qui montrait comment « la Pieuvre », cette mafia parisienne, recherchait et utilisait des « talents » particuliers quitte à les faire chanter pour les plier à son bon vouloir.
Gess publie en ce mois d'avril le 3eme opus de ses « Contes » impatiemment attendu. Il nous surprend à nouveau en parvenant à se renouveler. Après un récit onirique et mélancolique placé sous l'égide de Baudelaire et du « Spleen de Paris », puis une énigme policière sous le signe de « L'Emile » et « du Contrat social » de Rousseau, voilà qu'il nous livre un passionnant récit feuilletonnesque à la croisée des « Mystères de Paris » d'Eugène Sue et du fantastique sur lequel planent l'ombre d'Hugo et De Balzac

UN UNIVERS MAGNIFIQUEMENT CONTE

Il ne s'agit pas vraiment d'une série puisque les livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres et que les volumes ne sont pas publiés dans l'ordre chronologique. D'ailleurs ce troisième tome est finalement le plus reculé dans le temps : après un prologue situé en 1842, il prend place en 1879. Il a pour héros un personnage que l'on a déjà croisé brièvement précédemment : Célestin, le discret serveur à l'Auberge de la Pieuvre le QG des têtes pensantes de cette mafia : L'Oeil, l'Oreille, le Nez et la Bouche. On y revoit aussi d'autres personnages des précédents volumes tels l'Hypnotiseur, Pluton, Mama Brûleur ou Danjou avant qu'il ne devienne inspecteur. On a ainsi un peu le même fonctionnement que dans « la Comédie Humaine » ou « La Recherche » mais avec un attention toute spéciale accordée aux gens modestes.
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Le protagoniste est en effet moins flamboyant que ceux des volumes précédents. Il se rapproche même de l'antihéros car il souhaiterait avant tout vivre une vie simple sans se faire remarquer. Mais comme Babel et Trouveur, il possède un talent rare : c'est un « discerneur ». Il voit au-delà des apparences ce que chacun est véritablement. Célestin cache son secret pour ne pas avoir à contribuer par son « talent » aux méfaits de la Pieuvre. Mais, lorsqu'il décide d'aider Daumale, un gamin de la bande des Asticots recherché par cette organisation tentaculaire et quand il est mis également en contact avec « la Chose » une entité mystérieuse qui menace le nouveau-né de l'Oeil, il va être forcé de se révéler …
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« Célestin et le coeur de Vendrezanne » est bien un « roman » : par son format et son dos toilé qui l'apparentent aux luxueux romans reliés d'autrefois, par ses fonds de page à l'apparence vieillie et tachée pour mimer l'usure du temps (d'anciens buvards d'imprimeur scannés par l'auteur), par sa pagination généreuse également, et surtout par son jeu d'intrigues multiples et son côté feuilletonnesque et choral.

UN DESSIN EXPRESSIONNISTE ET DETAILLE

Mais on ne saurait ignorer le côté « graphique » de ce dernier.
Le dessin très expressionniste colle parfaitement au propos. Souvent les personnages ont des gueules incroyables et ceci est même démultiplié grâce au don de Célestin qui donne une représentation littéralement saisissante de la faune qui hante l'auberge et qui apparait menaçante sous ses traits animaux. le passage de la réalité aux visions de Célestin est marqué par un code couleur particulier et un jeu sur le contour des vignettes : quand nous sommes en « caméra subjective », le rose orangé prédomine avec des cases arrondies, quand il se remémore son enfance dans des flash-backs, c'est le rose tyrien ; les scènes réalistes sont, elles, réalisées dans des couleurs sépia comme celles des vieux daguerréotypes. Les angles de vue sont originaux comme ces plongées sur la salle principale de l'auberge de la Pieuvre. On a aussi une impression de grouillement grâce au format réduit du livre et à la multiplication des cases. Ainsi se crée un sentiment de saturation et d'oppression qui donne bien à voir le dynamisme de ce Paris d'avant Haussmann et également son caractère dangereux proche de la cour des Miracles.
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Gess a souvent raconté que l'idée des « Contes » lui était venue lorsqu'il effectuait des recherches pour « la Brigade chimérique » et qu'il était tombé par hasard sur les clichés d'Eugène Atget et de Charles Marville qui immortalisaient le Paris d'avant la transformation, celui des venelles sales de la fin du XIXe et des petits métiers. Ce Paris acquiert encore davantage d'importance dans ce tome comme l'indiquent les « didascalies » placées en tête de chapitre qui font mention des lieux traversés. On passe ainsi du Ve arrondissement rue Montagne Ste Geneviève où se trouve l'hôtel particulier de l'Oeil, aux égouts du XVIIIe arrondissement puis à l'auberge située dans le XVIIe ou encore au passage Vendrezanne dans le XIIIe ou à la passerelle de l'Estacade de l'ile St Louis. A chaque fois le décor est minutieusement travaillé et recréé nous transportant au XIXe. L'histoire se développe donc sur un terreau réaliste, documenté avec un arrière-plan social fouillé et Gess nous gratifie de quelques pleines pages présentant la capitale sous la brume ou la neige, son architecture et ses bâtiments célèbres. Il nous propose un Paris aussi authentique que celui de Tardi dans « le cri du peuple » ou « Adèle blanc-sec » (et il fait d'ailleurs deux savoureux clins d'oeil à son collègue dans ce volume). Il ne s'agit nullement de décors de cartes postales jouant sur le pittoresque. Il met ainsi en scène le terrible hiver de 1879 qui confère à la fois intrigue et atmosphère au récit en forçant les Asticots à se réfugier dans les catacombes et à y découvrir l'un des secrets de la Pieuvre et dote les pages d'un arrière-plan de neige qui souligne la détresse des indigents.

UN FANTASTIQUE FEMINISTE

Pourtant, ce volume présente une tonalité fantastique jusqu'ici inédite dans « les Contes de la Pieuvre ». Gess a décidé de rendre hommage à des cinéastes qu'il apprécie : Sacha Guitry, Alfred Hitchcock et Tim Burton en donnant leurs traits aux personnages du quatuor des dirigeants. Et si Guitry semble avoir inspiré le premier tome et Hitchcock le deuxième dans leurs intrigues et leur style on pourrait dire que le troisième est placé sous le patronage de Tim Burton. le bédéaste s'inspire également du « Rue des Maléfices » de Yonnet qui effectue comme une cartographie des légendes attachées aux lieux de la rive gauche.
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Avec l'explication progressive du prologue et du mystère du passage Vendrezanne, qui constitue l'intrigue majeure de ce récit, Gess interroge de manière fantastique sur la place de la femme dans la société. Les revendications de la « Chose » ne sont finalement pas si éloignées de celle de Mama Brûleur et reprennent celles des Communardes qui avaient été rapidement évincées. Ainsi, même si « Célestin et le coeur de Vendrezanne » a tout du roman populaire, il est aussi une oeuvre engagée contre une société phallocrate et patriarcale. Au plaisir de l'aventure se joint donc celui de la réflexion…


Dans « Les Contes de la pieuvre », Gess s'intéresse aux « talents » ; or, il pourrait lui-même faire partie de cette « Brigade chimérique » ! En effet, il possède le talent de construire un univers totalement original, fait preuve d'une imagination débordante et réussit l'exploit de nous surprendre à chaque tome tant dans la narration extrêmement maîtrisée que dans le graphisme. Ses ouvrages sont empreints d'une grande érudition et de poésie ; ils empruntent au réalisme social, au fantastique, au thriller aussi et sont également dotés d'une bonne dose d'humour. Un éblouissement du début à la fin qui porte le roman graphique au sommet ! A chaque nouvelle sortie, on a envie de relire les histoires précédentes à la lumière du volume inédit qui procure un éclairage et une profondeur supplémentaires à cet univers. L'auteur a confié qu'il avait encore au moins cinq histoires à proposer. Vivement le prochain qui devrait mettre en scène Claire, la chapardeuse, fille de Trouveur dans les villes de Paris et de Londres du début du XXe siècle !

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Gess nous immerge dans le Paris des faubourgs à la fin du XIXe siècle : des gavroches, tire-laine et pègre organisée, teinté de magie,de fantastique et d'horreur, le tout dans un hiver glacial et avec bien sûr, un passage dans les catacombes. le graphisme est fouilli, chargé de détails, de gueules, de saleté, de crasse et de sang, c'est dense, on étouffe malgré le grand froid, l'ambiance est particulièrement réussie. La Pieuvre, c'est cette taverne où se retrouve toute la pègre de Paris, le quartier général des parrains. Les quatre chefs de cette mafia bénéficient de pouvoirs magiques. Mais Célestin, le serveur de la Pieuvre, en possède un aussi, c'est un discerneur, il voit les gens comme ils sont réellement, monstrueux ou beaux.
Le récit oscille entre le gothic romanesque et le roman réaliste, le mélange donne un résultat violent et même gore parfois, mais totalement envoûtant, merveilleusement baroque et délirant,
Dans un genre un peu à la mode actuellement, Gess tire son épingle du jeu avec un bande dessinée pleine de panache, un récit intense et dense qui ne ravira pas seulement les fans du genre.
J'ai très envie de découvrir les autres tomes.
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Aucun doute : le livre- objet est ici magnifique ! Cette bande dessinée de presque deux cent pages est de toute beauté, tant par la richesse des illustrations que par la qualité du papier. Un plaisir tactile et visuel de lecture qui vous emmène dans le Montmartre de la fin du XIXème siècle, aux côtés de Célestin. Cet homme discret et vif est serveur à l'auberge de la Pieuvre, lieu qui sert de repère à la pègre locale.

« Dieu créa l'homme à son image », ce précepte m'a toujours fait doucement sourire. Car si vous pouviez contempler vos « semblables » par mes yeux… vous constateriez la vertigineuse diversité des apparences de ceux que vous nommez « êtres humains ». C'est mon don de vous voir tel que vous êtes au fond. » Notre Célestin possède ce que l'on appelle un « talent » : il voit la véritable nature des êtres humains qu'il côtoie (on dit qu'il est « discerneur »), et croyez- moi, ce n'est pas beau à voir. Mais le jeune homme refuse que cela se sache. Il se fond dans la masse, évite les ennuis. Pourtant, en voulant aider un gamin des Asticots (surnom donné aux enfants pauvres qui se faufilent dans les maisons pour y perpétrer quelques menus larcins sur commande), Daumale, il risque de se faire remarquer et de dire adieu à sa tranquillité…

Pendant ce temps, dans un sous- sol, « l'insomniaque » se voit chargé d'une drôle de mission : crever un coeur toutes les deux minutes… Et un vieillard, dans une grotte, affronte tous les hommes prêts à se battre contre lui, sans jamais être le perdant…

J'ai beaucoup aimé le début de cette bande dessinée ; lorsque Célestin raconte l'histoire de l'auberge, son propre vécu et qu'il nous présente les habitués de la Pieuvre. Par contre, j'ai moins aimé lorsque l'histoire a laissé la place à un monde fantasmagorique violent. Je suis restée sur ma faim aussi quant à certains éléments ; ainsi, j'aurais aimé en savoir davantage sur les Géants évoqués dans l'une des dernières vignettes. Ceci dit, si vous êtes fan du 9e art ; n'hésitez pas à vous procurer cette belle bande dessinée, ne serait- ce que pour la beauté des illustrations et de la mise en page. Vous ne le regretterez pas !

Merci à Babelio pour la Masse critique et à Delcourt pour l'envoi du livre.
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Si vous ne connaissez pas encore Les Contes de la Pieuvre, ces petits bijoux, thrillers fantastiques sur fond de réalisme social, véritables odes au roman feuilletonesque du XIXe sortis tout droit de l'imagination débordante de Gess, j'espère que cette troisième parution vous donnera l'envie de vous y plonger et croyez-moi, vous allez vous régaler.
Après un tueur et un trouveur, le nouveau (anti ?)héros des Contes de la Pieuvre n'est autre qu'un serveur mais pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Célestin, le serveur discret de l'auberge de la Pieuvre où la célèbre organisation criminelle éponyme a établi ses quartiers.

Les Contes de la Pieuvre
Après La malédiction de Gustave Babel (2017), Un destin de Trouveur (2019), Célestin et le Coeur de Vendrezanne est le troisième récit des Contes de la Pieuvre, qui soit dit entre nous sont chacun une entité en soi, ne suivent pas l'ordre chronologique et peuvent se lire indépendamment les uns des autres même si, certains personnages étant présents dans les trois, ce volume apporte un éclairage sur les deux précédents à la grande joie des aficionados. Même esthétique pour tous, même pagination généreuse flirtant avec les 200 pages et un lien qui peut servir de fil rouge : L'impitoyable organisation criminelle quadricéphale « La Pieuvre » composée de l'Oeil, L'Oreille, la Bouche et le Nez et sa recherche et utilisation de « Talents », personnages possédant un don particulier pour exécuter ses basses oeuvres. Un même lieu (Paris), une même époque (la seconde moitié du XIXe siècle) mais pour chaque histoire, un personnage différent avec un talent différent et ses démêlés avec la Pieuvre.

Célestin et le coeur de Vendrezanne
Pour commencer, plantons le décor. Nous sommes à Paris durant le terrible hiver 1879.
Cette fois donc c'est Célestin, le serveur de l'auberge qui se trouve au coeur du récit. Son Talent ? Discerneur : Il voit les autres tels qu'ils sont réellement et peut ainsi découvrir leur âme profonde rien qu'en les regardant dans les yeux. Aussi souvent lui apparaissent-ils sous une forme peu reluisante. Alors autant dire qu'il n'a aucune envie que les membres de la Pieuvre le sachent ! Mais voilà que, n'écoutant que son bon coeur, il va pour une fois sortir de sa neutralité pour venir en aide à Daumale, un jeune garçon aux prises avec la terrible organisation. Ajoutons à cela que ceux-ci sont plutôt à cran étant donné que l'une des quatre têtes pensantes L'oeil est sur le point d'être père et qu'en raison du Coeur de Vendrezanne cela risque de se solder comme les deux fois précédentes par la mort du nourrisson. Mais qu'est-ce donc que le Coeur de Vendrezanne, cette « chose » et quel est son secret ? … Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue ou du moins les intrigues si ce n'est que les femmes, de mam'zelle Rose à Mama Brûleur et ses filles ont aussi leur rôle à jouer.

Une histoire au souffle romanesque populaire
Magnifique récit choral dans lequel tout – construction, mise en page, cadrage – contribue à nous maintenir en haleine jusqu'à la toute dernière page. Après un prologue fantastique énigmatique nous laissant sur l'image d'un nourrisson saignant de l'oreille en 1842, nous passons sans transition à un évènement se déroulant dans les égouts en 1879 dans le chapitre 1 avant de nous retrouver dans l'auberge de Pieuvre au chapitre 2. Et petit à petit, nous allons démêler les fils de l'écheveau et prendre conscience de la subtilité et la richesse du propos. Et si la violence sous-tend le récit, elle n'est pas montrée mais suggérée et se trouve entre les cases.
Découpée en 18 chapitres, l'histoire s'inscrit dans la tradition des grands récits populaires feuilletonesques de l'époque évoquée avec pour décor, très soigneusement restitués, les différents quartiers où se déroulent les faits et nous fait déambuler du passage de Vendrezanne situé dans le XIIIe arrondissement à l'auberge de la Pieuvre dans le XVIIe, pour ne citer qu'eux.

Annoncez la couleur
Gess a travaillé au format A4 ce qui n'empêche que les illustrations fourmillent de détails. L'utilisation d'un code couleur n'est pas ici un procédé de facilité mais participe pleinement à la narration en apportant fluidité et lisibilité à un récit néanmoins complexe. le sépia de la réalité va céder à sa place au rose saumoné des représentions qu'a Célestin de ses congénères et au rose fucshia de ses souvenirs. Ce procédé différenciant clairement les différents univers de l'histoire est renforcé par le tracé des cases effectué à main levée : rectangulaires pour la réalité, arrondies pour les visions de Célestin. La couleur est annoncée d'entrée dans une magnifique double page représentant en plongée la même scène : Célestin, bien campé au centre de l'auberge bondée nous regarde droit dans les yeux et nous explique son don. A gauche en sépia , la réalité. A droite en rose, la vision que Célestin en a.

Plaisir des yeux, plaisir des doigts
On tient ici un bien bel objet, élégant, à la finition soignée qui dès la prise en main nous procure des sensations rien qu'au toucher grâce aux différentes textures : dos toilé, vernis sélectif sur fond mat pour le coeur, titre légèrement embossé. Notons aussi la qualité du papier épais, lisse, agréable au toucher qui nous fait glisser d'une feuille à l'autre. Les fonds de page quant à eux ont été réalisés à partir du scan de buvards d'imprimeurs qui servaient à nettoyer les rotatives, ce qui confère à l'ouvrage un côté vieilli et nous plonge d'autant mieux dans ce XIXe siècle fantasmé.

2017, 2019, 2021 … 2023 pour le prochain ? Quel nouveau Talent allons-nous suivre ? Une femme peut-être … Selon l'auteur, l'intrigue devrait se dérouler 18 ans plus tard et « nous balader de Paris à Londres... entre autres. »
Un grand merci à Babelio et aux Editions Delcourt qui m'ont permis d'ajouter à ma collection des Contes de la Pieuvre cet album reçu dans le cadre d'une masse critique.
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critiques presse (4)
ActuaBD
29 avril 2021
Incursion historique dans le Paris de l'hiver 1879,ce roman graphique social au cœur de la pègre de l'époque est un magnifique thriller fantastique.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Sceneario
27 avril 2021
Un récit des Contes de la Pieuvre est un univers génial qui mérite que nous nous y arrêtions pour se laisser embarquer dans cette passionnante histoire.
Lire la critique sur le site : Sceneario
LigneClaire
27 avril 2021
Avec ce tome 3 on touche presque au but car on va pénétrer l’auberge de la Pieuvre grâce à Célestin, un serveur au pouvoir secret et qui aurait bien voulu rester anonyme. Mais voilà, la Pieuvre sait tout et décide sans pitié.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
BDGest
14 avril 2021
In fine, le troisième récit tiré de Les contes de la Pieuvre manie avec dextérité les éléments-phares de sa réussite passé. Un mets succulent ! Ce n’est pas le Nez qui en dira le contraire.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La deuxième quinzaine de novembre, une vague d'air froid venue du nord fit chuter les températures largement sous zéro. Avant que toute manœuvre soit rendue impossible par les glaces, les services de la voierie lâchèrent les 10.000 litres d'eau du bassin de la Villette, servant à la purge mensuelle des égouts du nord de Paris. Cette opération aurait dû avoir lieu deux jours plus tard, selon 'information achetée par le père Trouvaille à Léon Roussin, chef égoutier. Ce dernier, en prise avec un contrôle des inspecteurs de l'hygiène, n'eut pas le loisir d'en avertir le chiffonnier et ses fouisseurs qui officiaient alors dans lesdits égouts.
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Je suis l'Hypnotiseur ! Ma parole annihile votre volonté. À partir de maintenant, vous êtes à moi ! Vous allez me protéger. Tandis que nous irons trucider cette donzelle de l'enfer, vous me cacherez de son regard afin que je l'approche pour lui percer le cœur. Armez vos fusils ! Sortez vos baïonnettes, vos haches, vos coutelas ! En avant, mes agneaux sacrificiels ! Sus à la chose ! Faites-en de la charpie ! Plus vite, mes morts sur pattes ! Bien serrés vers l'abattoir !
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Z’ étaient quat’tits gars d’la rue,
qu’La Trouvaille f’sait trimer pi que plus !
Un quiproquo des Ponts et Chaussées
dans les égouts les laissa pour noyés,
un puisard dans les carrières les en sauva,
dans un aut’monde les propulsa.
Z’ont cru y trouver l’pactole,
histoire d’se sortir d’la rigole,
mais c’est une entaille nette au cou,
qu’ils eurent à la place des sous !
« La complainte des Asticots », chanson des rues attribuée à Mimiche Voix-de-fée Aux environs de 1880
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Avec la perte de l'Alsace-Moselle, suite à la guerre de 1870, de nombreux alsaciens vinrent s'installer à Paris. Ils apportèrent avec eux leur savoir-faire, notamment dans le domaine de la brasserie. En plus du fait d'éviter les impôts, puisqu'alors les taxes foncières étaient générées par le nombre de portes et fenêtres, les anciennes carrières, sous Paris, furent un lieu idéal pour installer leurs caves de fermentation. Ainsi, de nombreuses brasseries s'installèrent dans le sud-est de la capitale, mais aussi à Montmartre.
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Jamais, je n'ai dormi… pas une heure, pas un instant. Certains disent que c'est un Talent, j'y vois plutôt une forme d'enfer intime où ma vie serait une journée sans fin, inlassablement scandée par le passage du jour à la nuit, de la nuit au jour, sans coupure, ni interruption. Une journée de 26 ans.
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