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Critiques de Libon (149)
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Animal lecteur, Tome 1 : Ca va cartonner !

Bon, je n'ai que le premier tome à la médiathèque mais je vois que ce n'est pas forcément comme dans les série que l'on retrouve généralement en bande-dessinée ou il faut ABSOLUMENT avoir la suite (j'essaie de pointer pour savoir ce qu'il faudrait que je prévois pour les prochains achats de la médiathèque) ! J'avoue cependant que cela m'a bien fait rigoler et m'a surtout rappelé de vieux souvenirs de libraire avec les fameux cartons de commande ou de nouveautés qui arrivaient toutes les semaines...ah, c'était le bon vieux temps ! Je suis assez nostalgique de cette époque-là, tout comme notre héros ici mais qui lui, au contraire, se sent d'abord débordé par l'arrivage massif de bandes-dessinées. En tant que vendeur dans une librairie spécialisée dans le genre, c'est un peu normal mais il doit souvent faire face à des lecteurs qui, soit lui sapent le moral, soit le prennent comme un vendeur de supermarché. Dans cet ouvrage, le lecteur se met parfois aussi à la place d'un lecteur de bande-dessinée (superbe mise en abyme) et c'est là où j'ai trouvé que les auteurs avaient fait fort ! Puis, l'on se retrouve à l'heure actuelle avec l'arrivée des smartphones et des tablettes ou pire pour notre libraire adoré, des liseuses !



Un ouvrage sympathique, très caricatural mais avec un humour qui n'est pas trop lourd (j'apprécie) et ce qui fait la particularité de cet ouvrage, qui se lit à la verticale ! Un moment agréable mais qui sera malheureusement trop vite oublié ! Disons que cela fait passer un moment sympa sans trop de prise de tête et de temps en temps, j'avoue que cela fait du bien !
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Hector Kanon, tome 1 : Une certaine élite

Un humour trash servi par des graphismes volontairement simplistes à l'extrême.

Cela semble un peu daté, je ne suis pas sûr que cela puisse plaire aujourd'hui avec l'évolution de la bande dessinée.

Je suppose qu'on adore ou qu'on déteste mais qu'on peut difficilement rester dans l'entre-deux.

A voir comme un pan de l'histoire de la bande dessinée.

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Un petit pas pour l'homme, un croche-patte ..

J'adresse un grand merci aux éditions Audie - Fluide Glacial et à Babelio et son opération Masse Critique, qui m'ont permis de découvrir cette bande dessinée pour adultes.

Je ne connaissais pas du tout le travail de l'auteur-dessinateur Libon. Il s'agit ici d'un album qui évoque l'évolution des techniques mises au point depuis les hommes préhistoriques jusqu'à la seconde moitié du XXème siècle.

Ce livre compte 55 pages divisées en trois chapitres :

- Découvertes d'un autre temps

- Toucher fondamental

- Vers l'infini et l'à peu près



Les illustrations sont très soignées, très colorées. Les textes ne sont ni très académiques ni très châtiés, ce qui n'a rien d'extraordinaire car cet album est destiné à un public d'adultes. Mais il n'y a cependant pas de propos choquants.

Libon ne manque pas d'imagination... et les petits pas qu'il fait faire aux hommes sont souvent teintés d'un humour bon enfant.
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Tralaland, tome 1

Dans la collection de BD Kids chez Milan, on aime tout particulièrement la série TRALALAND/ qui vient de subir une belle réédition / relifting chez BD Kids de la collection mythique de Libon dix ans après la parution du premier tome, les origines.



Le point de départ est aussi simple qu'efficace, un petit garçon qui joue dans son jardin, Benoït se retrouve tout à coup transporté dans un univers parallèle où il va rencontrer des personnages complètement timbrés, notamment un loup un peu simplet qui s'appelle bisou ,un savant fou dont la tête est transparente ou des paquerettes qui rient tout le temps.



Et c'est parti pour une folle aventures, une sorte d'Alice au Pays des Merveilles moderne et complètement barré, truffé de trouvailles les plus visuelles et inventives les unes que les autres. L'expert en la matière Libon ( qui commettra quelques années après le tout aussi barré " les cavaliers de l'apocadispe" nous plonge dans un voyage onirique et iconoclaste mais surtout complètement barré, où les extravagances, les trésors d'inventivité liées au monde de l'enfance fonctionnent à plein régimes

C’est Tralaland , il ya trois tomes en tout dans la collection et ca déclenche l'hilarité et c'est à rattraper dans ce format économique et pratique pour ceux qui l'auraient raté il y a dix ans .




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un petit pas pour l'homme, un croche-patte ..

Libon reprend avec son style, quelques inventions basiques de l’histoire, comme par exemple : comment a-t-on inventé la porte ? On retrouve les personnages gaffeurs, pas très futés, dans un graphisme expressif et coloré. Le principe de ces histoires ressemble à certaines rubriques de Gotlib, absurdes et burlesques. J’avoue que je préfère Libon dans ses aventures loufoques, comme Jacques le petit lézard géant, Les Cavaliers de l'Apocadispe ou Tralaland. Ici, le procédé est assez répétitif, il provoque quelques sourires mais pas les éclats de rire des séries précitées. J’ai l’impression que Libon, débarquant chez Fluide Glacial, tente de faire du Gotlib. C’est une lecture plaisante qui vaut le détour, mais ce n’est pas le meilleur de Libon.
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Animal Lecteur est une série sous forme de gags en une page, autour du thème de la librairie spécialisé en bande dessinée. Très private joke mais les grand amateurs de bande dessinée peuvent s’y reconnaître. Dans ce tome, il va évoquer plus particulièrement le pilon, c’est à dire la destruction des invendus, la chaîne de librairie de grande taille, le développement du manga, mais y y retrouve toujours aussi les gags tournant autour de la surproduction, des acheteurs bizarres, des angoisses du libraire, l’avenir du métier… Ces gags me font toujours sourire, et parfois rire aux éclats. Je m’y suis reconnu parfois, c’est ce que j’aime chez Animal Lecteur, il se moque un peu de lui-même mais aussi de ses propres lecteurs, un moquerie bienveillante avec beaucoup de tendresse.
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Hector Kanon, tome 2 : Un scooter dans la m..

La suite des aventures du gars qu'il est impossible de définir. Le beauf tel qu'on l'imaginait il y a quelques dizaines d'années, du temps du baladeur et des mobylettes.

Cela peut faire rire ou sourire. Ou pas.

Au mieux, ses allers-retours en enfer, ses ventes de vêtement bios sont dans l'actualité.

Mais malgré tout, difficile de ne pas penser à un moment que c'est d'un autre âge.
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Les cavaliers de l'apocadispe, tome 3 : Les..

Olive, Jé et Ludo ne sont pas des lumières, et les catastrophes semblent les attirer particulièrement. Le dessin de Libon est très expressif, simple, au trait épais, très coloré, et il accentue le burlesque pour le rendre encore plus drôle. Nos trois larrons n'ont vraiment pas l’air de héros, ils sont patauds, maladroits, trouillards et choisissent plutôt les mauvaises idées que les bonnes. Ils ne sont vraisemblablement pas doués pour l’aventure, et pourtant, ils s’obstinent, où elle leur tombe dessus, alors qu’il ne vaudrait mieux pas. Il leur en arrive des déboires, et moi, je dois être un peu sadique parce que je me suis marré à m’en décrocher la mâchoire. Mais ce n’est pas grave parce qu’ils vont bien…
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Les cavaliers de l'apocadispe, tome 1 : Maîtr..

Ce tome constitue un recueil de 17 histoires des cavaliers de l'Apocadispe. La première édition date de 2018. Il a été entièrement réalisé par Libon (Ivan Terlecki). Ces personnages sont apparus pour la première fois dans le numéro 3703 du Journal de Spirou le premier avril 2009.



(1) C'est la rentrée et l'école accueille deux nouveaux Jé (un piaf anthropomorphe) et un autre (un chien à lunette). Monsieur Bentac, le maître, indique tout de suite à Chien et Jé qu'il sait comment mater les petits rigolos à forte tête. À la récréation, Olive (un toucan anthropomorphe) vient trouver Jé et Chien pour savoir si c'est eux qui ont tiré avec une gomme sur monsieur Bentac. Ce dernier est inconscient et emmené à l'hôpital. Le directeur vient annoncer que les élèves sont collés pour 3 mois. Les 3 chenapans s'évadent de la salle de colle et se rendent dans une usine désaffectée avec des produits chimiques. (2) La classe est en visite au Louvre et la maîtresse commente un premier tableau intitulé Le courage et la tempérance rendant hommage au Duc de Bléchint lors de la prise de Hombron. Les 3 garnements s'éloignent discrétos du groupe pour se promener en liberté dans les salles du musée. Ils apprécient beaucoup plus les tableaux de nu et les statues de personnes nues. Ils finissent par se faire attraper par un gardien qui les amène devant le conservateur parce qu'ils ont dessiné un zizi sur l'oreille de la Joconde.



(3) Les élèves sortent du cours de physique, le professeur leur demandant de réviser les quatre-vingt-cinq premiers chapitres du livre de cours. Olive a piqué un flacon de produit chimique pendant le cours. Ils finissent par comprendre qu'il s'agit d'un produit réagissant sur l'amidon. Chien est chargé d'aller demander à Jojo-le -bizarre où trouver de l'amidon pour pas cher. Ayant récupéré des pommes de terre, ils décident de tester le produit chimique, puis de construire une fusée. Dans les histoires suivantes, les trois larrons relèvent des défis variés de nature toujours aussi dangereuse qu'improbable : tirer la sonnette de Mamie Confiture, survivre à trois millions de mètres cubes de mousse de sardine, ayant nécessité d'évacuer la ville sauf eux, réaliser un vrai travail de bureau dans une vraie entreprise conseil, faire croire que Jé est toujours assez en forme après avoir été écrasé par des haltères pour pouvoir faire de la course à pied et une dictée, retrouver Jé perdu dans une usine hantée, faire un stage de groom d'ascenseur, recopier le bottin comme punition, faire un cadeau à la maîtresse, survivre à un voyage en car…



Libon est un auteur confirmé de bandes dessinées ayant aussi bien travaillé pour Fluide Glacial (Hector Kanon), que pour DLire & J'aime Lire, ou encore pour Spirou (Jacques le petit lézard géant, ou encore Animal Lecteur avec Sergio Salma). Le lecteur reconnaît immédiatement les caractéristiques de ses dessins. Il réalise des dessins descriptifs avec un degré significatif de simplification, en cohérence avec le fait qu'il s'agit d'une bande dessinée tout public. Les décors sont esquissés à grand trait et les personnages sont croqués de manière caricaturale, sur la base d'animaux généralement reconnaissables. Lorsqu'une scène se déroule pendant plusieurs cases au même endroit, l'artiste peut passer à un mode de représentation du décor en ombre chinoise colorée, sans plus détourer les éléments avec un trait encré. Lorsqu'il regarde les lieux avec un regard d'adulte, le lecteur perçoit les libertés prises avec la réalité, que ce soit dans la manière de s'en tenir à une forme générique, ou dans une utilisation de licence artistique pour certains volumes (par exemple la largeur improbable des allées du supermarché). Dans le même temps, il constate également la diversité des environnements et le fait que les dessins, aussi simples soient-ils, permettent de comprendre immédiatement où se trouvent les personnages. Il peut ainsi se trouver dans la salle de classe avec ses tables à 2, dans la cour de récré bitumée, dans les couloirs du Louvre aux plafonds arrondis, dans la forêt avoisinante et ses clairières, dans les rues de la ville, dans un supermarché, dans des bureaux, dans le hall d'un hôtel, dans un car scolaire, etc. Il apprécie la variété des lieux et la manière discrète dont Libon leur donne de la consistance.



En découvrant les premières pages, le lecteur se retrouve étonné de la densité narrative, le nombre de cases montant parfois jusqu'à 16 par page, ainsi que par le nombre de phylactères. L'auteur fait en sorte de raconter une histoire avec plusieurs développements en quatre pages. Il sait créer des situations à chaque fois différentes, avec une vraie intrigue racontant une aventure loufoque avec un déroulement conforme à la logique interne de la série. Sa deuxième surprise provient de la tronche des personnages. Un lecteur adulte effectue tout de suite le rapprochement avec des bandes dessinées comiques pour adultes, fonctionnant sur la base de caricature peu flatteuses. L'artiste réussit la quadrature du cercle en dessinant des personnages qui restent mignons malgré leur expression d'ahuris. Le lecteur voit bien des enfants, mais en même temps ils ne sont pas idéalisés sous une forme romantique ou gentille. Olive est souvent en train de transpirer à grosses gouttes, étant du genre angoissé, manquant totalement de confiance en lui, et subissant régulièrement de graves blessures. Chien a une tête de personne qui n'en pense pas moins, et qui fera quand même ce qu'il a décidé quoi qu'on lui dise, quelles que soient les consignes des adultes. Jé est plutôt le type arrangeant qui ne se pose pas trop de questions et qui ne voit pas le mal. De ce fait, un adulte peut se projeter dans ces personnages, ressentir de l'empathie pour leurs émotions, se reconnaître en eux.



Le lecteur adulte qui découvre cette bande dessinée peut être un peu déconcerté de prime abord par ce mélange d'histoires d'enfants pas sages à l'école et en dehors, et par une narration visuelle qui semble amalgamer des conventions tout public, avec des caractéristiques plus adultes dans la façon de voir les choses. Le jeune lecteur ne peut qu'être enchanté par ces enfants à l'imagination débordante, aux certitudes inébranlables et à l'aplomb leur permettant de transgresser les règles et les interdits avec une assurance à toute épreuve, avec à chaque fois des conséquences désastreuses et incontrôlables. Les 2 types de lecteurs sourient quand ils reconnaissent une référence culturelle, lorsqu'ils jouent à un jeu vidéo ce qui évoque Game Over de Midam & Adam, ou quand Olive fait un stage de groom d'ascenseur avec le costume de Spirou et se retrouve dans une aventure digne de celles de Spirou, ou encore quand les 3 compères organisent une partie de Quidditch, bien moins passionnante dans la réalité.



Bien sûr le titre et le dessin de couverture annonce une série de nature comique. Libon joue avec plusieurs registres d'humour. Il y a donc la personnalité des enfants qui évoque plus celle d'adultes bourrés de défauts, que celle de petits anges. Le lecteur sourit devant l'insolence de Chien, sa capacité à défier l'autorité, et à proposer des activités risquées et insensées. Il comprend très bien les hésitations d'Olive qui pâtit le plus de ces aventures, quasiment de manière systématique. En effet, Libon n'hésite pas à faire souffrir physiquement ses personnages : blessures et pansements, voire plâtres, sont souvent au rendez-vous. Fort heureusement, tout est réparé et oublié dès l'histoire suivante. L'auteur joue également sur une forme de naïveté enfantine : rien n'est impossible, de construire une fusée, à travailler dans une entreprise comme adulte, en passant par aller en prison, se perdre dans les bois, faire se mouvoir quelqu'un comme une marionnette, ou faire voler un avion construit soi-même (avec presque toutes les pièces). Le lecteur retrouve toute l'imagination des enfants, pas encore tenue par les contraintes pragmatiques de la réalité. Il se produit également un décalage irrésistible quand les adultes se mettent à raisonner avec le même simplisme, apportant des solutions aussi naïves aux désordres occasionnés par les enfants. Le lecteur sourit de bon cœur également quand les adultes se comportent comme les enfants l'imaginent, que ce soit en donnant à recopier le bottin comme punition, ou Mamie Confiture se mettant à suivre Olive partout, ou encore la maîtresse énumérant toutes les nuances de la couleur marronnasse.



Il est possible que le lecteur se surprenne à sourire régulièrement, sans pour autant rire franchement à chaque histoire. Toujours est-il que Libon déploie une verve humoristique impressionnante, à la fois par son exagération visuelle, à la fois par les situations. À l'évidence les 3 camarades de classe refusent d'apprendre de manière scolaire, préférant expérimenter par eux-mêmes, de préférence en faisant des choses non-conformistes. L'auteur n'hésite pas à les placer dans des situations d'adultes : ils deviennent alors des imposteurs fumistes à leur insu. Il fait un usage élégant de l'absurde à des fins comiques : Jé manipulé par des fils, es adultes incapables de se servir d'un ascenseur s'il n'y a pas un groom, Jé avec une vache dans le nez (si, si, littéralement). Dans ce contexte délirant, les blagues fondées sur un comportement normal n'en fonctionnent que mieux, que ce soit la maîtresse qui ne veut pas se taper une poésie pour son départ, le grand-père qui raconte ses vacances à faire des travaux à la ferme, ou encore Olive malade en car. Si le lecteur adulte peut se rendre compte qu'il ne fait que sourire à des situations d'enfants qui sont loin derrière lui, il rit franchement à l'honnêteté des adultes qui se conduisent sans respecter les faux-semblants imposés par la politesse.



L'énergie du dessin de la couverture et l'autodérision du titre peuvent aussi bien tenter un jeune lecteur qu'un lecteur adulte L'un comme l'autre découvre une succession de 17 histoires de 4 pages, avec à chaque fois une histoire bien dense, et un humour protéiforme, venant aussi bien des dessins que de l'intrigue, et du caractère des personnages. S'il est possible que les histoires prises une par une ne déclenchent que des sourires, l'effet cumulatif finit par se ressentir, et le lecteur s'amuse franchement à cette vision enfantine du monde, rehaussée par une mauvaise foi libératrice.
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Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ?

Une BD pour les fans de BD qui se moque des fans de BD : on se reconnait forcément à un moment ou un autre, et on rit de nos petits travers, de nos tares. J'étais seul quand je l'ai lu, seul mon chat a eu peur de mes bruyants éclats de rire. En plus, le format en hauteur est sympa et original. Cette série, bien que très private joke, est vraiment drôle et réussie.
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout lire ! (2012) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du quatrième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2013, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 92 strips.



Le personnage récurrent de ces strips est le Libraire. Son nom a été prononcé dans le tome précédent : Bernard Doux, libraire à BD Boutik. Il travaille souvent seul, parfois avec un employé ou avec un stagiaire. Il reçoit régulièrement de nouveaux arrivages, et il doit gérer le retour des invendus. Un auteur s'enfonce dans la déprime à chaque fois que quelqu'un utilise un mot ou une image évoquant la destruction ce qui lui fait penser à la mise en pilon de son ouvrage. Bernard Doux pense au recyclage des livres, ce qui lui fait penser à son propre recyclage professionnel. 2 lecteurs évoquent la carrière déclinante d'un bédéaste vendant de moins en moins au fur et à mesure des années qui passent. Mission impossible : faire rentrer 7 mètres cubes de nouveautés dans un espace de vente pouvant en contenir 5. Un espace culturel MegaMaga ouvre à un kilomètre de BD Boutik. Bernard Doux fait des cauchemars en pensant à MegaMaga. Un client vient demander au libraire un tome qu'il n'a pas et indique qu'il va aller le chercher chez MegaMaga. Le libraire envoie son stagiaire en mission d'espionnage chez MegaMaga. Déguisé en babacool, le libraire se rend lui-même chez MegaMaga, deux fois de suite avec un déguisement différent. Un chef de rayon de MegaMaga commence à soupçonner un client d’être le libraire déguisé. Bernard Doux va flâner chez MegaMaga et il est acclamé comme étant le millième client.



Alors que le libraire flâne chez MegaMaga, un client pense que c'est sa nouvelle librairie. Le libraire pense qu'un client qui vient d'entrer est un espion diligenté par MegaMaga. Un client fait écrouler une pyramide de BD chez BD Boutik. Un garçon vient demander à acheter le nouveau Tintin qui est en vitrine. Un client vient demander une BD sur un thème qui le préoccupe beaucoup et le libraire bafouille. Un dessinateur a une idée ; le libraire a un client. Le libraire compare son métier à celui de fleuriste. Le libraire reçoit 4 clients successifs qui viennent acheter une BD pour quelqu'un d'autre. Le libraire repense à la durée de vie des magazines de bande dessinée dans les kiosques et la compare à celle des albums en librairies. Un monsieur entre dans la librairie et se rend compte qu'il s'est trompé : il n'y a pas de livres. Le libraire déplace des piles et des cartons toute la journée.



Ce recueil de gags peut aussi bien se lire sur l'impulsion du moment, sans avoir lu les précédents, ou après en avoir lu des parus plus tard, que dans l'ordre numérique des albums. Le lecteur qui en a déjà lu d'autres voit revenir des thèmes récurrents comme la surproduction de bandes dessinées, le poids des albums à mettre en place, la brièveté d'exposition en magasin, et la part de marché importante des mangas. Les auteurs savent se renouveler, à la fois sur le plan visuel et sur le gag. En page 6, Libon affuble le libraire d'une tenue de Superman. En page 25, le lecteur assiste à une pantomime en 5 cases, une véritable chorégraphie de la mise en place. En page 35, les auteurs se livrent à une comparaison visuelle du métier avec le triathlon. En page 39, le libraire revêt 3 cosplays différents pour fourguer sa marchandise. En page 58, on retrouve le libraire sur la plage, pour évoquer la saisonnalité des ventes. En page 62, c'est la caisse du magasin qui est soumise aux cadences infernales et Libon en montre les conséquences. Ou encore en page 74, le lecteur assiste au ballet du libraire avec son diable pour déplacer les cartons de nouveautés. Si les thèmes sont récurrents, les auteurs savent trouver des variations tant comiques que visuelles pour éviter la sensation de répétition.



Le premier plaisir est donc de retrouver ces caractéristiques du métier de libraire, qui donnent son identité à la série, avec des dessins dont l'exagération comique fait mouche, et qui ne conservent que l'essentiel, ainsi que le libraire toujours aussi affable. Le deuxième plaisir est de se sentir chez soi entre geeks, ou alors d'avoir l'impression d'explorer un peu ce monde d'initiés qui peut être celui de la bande dessinée. Sergio Salma intègre des références à l'industrie de la bande dessinée, mais aussi à ses créateurs. Le lecteur peut les relever dans les propos échangés, ou dans une image : un livre sur Tintin, une apparition d'Osamu Tezuka, une édition originale de Tintin au pays de Soviets, la mention de la série Niklos Koda (de Jean Dufaux & Olivier Grenson), des cosplays d'Astérix, Lucien (la série de Frank Margerin), les Nombrils, Reiser, Superman, des prédictions sur les carrières de Joann Sfar, Marjane Satrapi, les circonstances de la création des Schtroumpfs de Peyo, la part de marché représentée par Zep, Van Hamme, Arleston et Cauvin. Sur le plan visuel, seuls les cosplays sont représentés, afin de ne pas aller au-devant de problèmes de droit de propriété intellectuelle.



Si ce n'est pas son premier tome, le lecteur est également sensible au développement dans une nouvelle direction de thèmes déjà visités, et à l'apparition de nouveaux thèmes. Sergio Salma revient sur l'importance des mangas en France en termes de part de marché, en prenant un peu de recul. Il relève que personne n'avait prévu ce phénomène. Du coup, l'humour naît surtout de l'expression de visages d'individus assurant que les mangas ne sont qu'un effet de mode qui sera vite oublié. Il n'est amené à dessiner un japonais que dans une case en page 30 : Osamu Tezuka lui-même, pour un gag très réussi qui prouve que la réussite des mangas n'est pas due à un hasard. Comme l'indique le titre retenu, les auteurs développent le thème de la durée de vie d'un ouvrage en évoquant sa destruction, sa mise au pilon. Libon montre une machine infernale dotée de deux cylindres rotatifs hérissés de pics, un véritable cauchemar pour l'auteur. Le scénariste développe une demi-douzaine de gags sur l'implantation d'un supermarché culturel à un kilomètre de distance de la librairie BD Boutik. Cela donne lieu à de beaux gags visuels, avec les mines angoissées ou défaites du visage du libraire, mais aussi avec l'impression d'une immense surface de vente, et avec les déguisements improbables mis en œuvre par Bernard Doux et son stagiaire. Il faut voir la tête de rasta et de son chien pour y croire, et il est impossible de résister à l'effet comique.



Comme dans les tomes précédents, Sergio Salma écrit plusieurs gags qui reposent à 90% sur l'humour visuel, laissant Libon mettre en œuvre l'effet comique. Outre le chien et son maître rasta, ou le ballet de mise en place et de retrait des nouveautés, le lecteur peut voir un client tenter de prendre une BD en bas d'un pile, voir le lien sonore qui unit l'idée du dessinateur et l'arrivée d'un client, regarder un client désemparé quant à la manière de tenir une BD, observer l'insomnie de Johannes Gutenberg (1400-1468), regarder un téléphone sonner (une page d'adaptation en BD de la série télé Inspecteur Derrick), ou encore les différentes vitrines des commerces qui se sont succédés à l'emplacement avant l'implantation de BD Boutik. Un bon nombre de gags sont basés sur des dialogues ou un soliloque de Bernard Doux, ce qui n'empêche pas de profiter d'une réelle variété visuelle.



L'humour de Libon & Salma est remarquable en ce qu'il n'est pas agressif, ou dirigé contre des individus, mais plutôt sur des comportements plus ou moins décalés ou parfois idiots dans lesquels le lecteur peut reconnaître ses propres moments les moins glorieux. En creux affleurent également des éléments sociétaux. La destruction des invendus et la valse toujours plus rapide des nouveautés qui chassent celles de la semaine dernière reflètent la société de consommation dans sa phase de surabondance, ainsi qu'une société basée sur le flux continuel de nouveautés. Cela renvoie à la fois à la consommation de ressources en continue (comme les matières premières), mais aussi à des techniques marketing performantes et toujours plus efficaces, où l'être humain est devenu lui aussi une ressource devant toujours produire d'avantage et plus vite. Il n'est pas encore question de la paupérisation des auteurs, mais le libraire présente (page 55) déjà un camembert montrant les proportions du prix d'un ouvrage, qui reviennent à chacun des acteurs du métier du livre. Le contraste est saisissant avec la fausse reconstitution historique de l'arrivée d'une nouveauté en boutique en janvier 1927 (page 93). Cette même page pointe également le complexe dont souffre la bande dessinée, par rapport aux autres productions culturelle, à commencer par le livre. Libon & Salma le rappellent avec le gag du monsieur qui repart parce qu'il n'y a pas de livre dans la librairie BD Boutik. L'implantation du supermarché culturel évoque à la fois la désertification des centres villes et la concurrence déséquilibrée entre le commerçant de quartier et l'hypermarché. Les auteurs évoquent la gêne du commerçant servant un individu aux convictions nauséabondes : un facho venu faire le plein de BD sur le troisième Reich. Ils questionnent également le lectorat autrement, avec le principe de BD-cadeau : la BD serait plus achetée pour offrir à quelqu'un que pour lire par l'acheteur.



Ce quatrième tome de gags verticaux en 1 page est aussi bon que les trois premiers et le lecteur y trouve la même chose : un libraire sympathique et parfois bizarre, des clients de tout horizon, des blagues visuelles et des gags avec une chute, des thèmes déjà abordés et de nouveaux thèmes. Il ressort de sa lecture avec le sourire, avec le plaisir ineffable que les auteurs s'adressent au connaisseur de BD qui est en lui, et avec un constat sur les forces économiques et sociales qui façonnent le marché.
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Jacques, tome 3 : Relativement discret

Un joyeux foutoir déjanté, drôle et loufoque.

Un monstre terrorise la ville, mais en fait il y en a deux, Jacques le petit lézard géant, et un autre, le fruit d'une expérience secrète de l'armée. Jacques fait des efforts pour rester discret à coup de déguisements, mais ce n'est pas très au point. Tout ce télescope, témoignages contradictoires, journalistes bordéliques, armée, police, petites vieilles qui font leur courses, cambrioleurs, chasseurs... Ça part dans tous les sens, pour notre plus grand plaisir.
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Animal lecteur, Tome 1 : Ca va cartonner !

Humour sans doute "private joke" pour les fans de BD (surtout de franco-belge), mais subtil et drôle, ça fait mouche, on rit et on rit même de nous-même avec nos BD qui s'accumulent au fond de notre bibliothèque, et nos multiples visites dans les rayons de la librairie.
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Animal lecteur, Tome 1 : Ca va cartonner !

Animal lecteur est la série de BD que tout fan de lecture devrait lire. On suit le péripéties d’un pauvre propriétaire d’une librairie de quartier qui se bat tant bien que mal pour satisfaire ses clients et lutter contre les ogres de vente en ligne ou grandes surfaces. On suit également quelques uns de ses clients, qui ont chacun des gouts bien précis, allant du fan de manga, au lecteur de littérature classique. Les gags sont toujours drôles, très réalistes et surtout, ils transmettent de bonnes valeurs. Ici, le mot d’ordre est surtout que peu importe que l’on lise de BD, des mangas, des roman pour ado, de la grande littérature ou des romans de gare, on est tous unis par la même passion qu’est la lecture.



Animal Lecteur est une BD qui lutte contre l’élitisme souvent trop répandu et je trouve qu’elle réussi à faire passer son message avec brio. Une BD que tout lecteur se devrait de lire.
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Jacques, tome 1 : Le petit lézard géant

Suite à une expérience militaire, Un petit lézard se retrouve transformé en grand lézard de 1 mètre de haut, qui marche sur deux pattes et qui parle. C’est une histoire complètement loufoque, burlesque, avec des personnages tous plus bêtes les uns que les autres, tout le monde en prend pour son grade, les militaires, les policiers, les journalistes, les satanistes, les vieux... Le situations improbables s’enchaînent en cascade. Le graphisme est expressif, simple, vivant, coloré. Un bon moment de bonne humeur.
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Un petit pas pour l'homme, un croche-patte ..

Une découverte pour moi de ce dessinateur avec cette bande dessinée, grâce à la masse critique Babelio.



J'ai tout d'abord beaucoup aimé le petit autocollant Fluide Glacial sur l'enveloppe et puis j'ai bien aimé les dessins et les couleurs ce qui est pour moi primordial lors d'une lecture graphique.



Ici nous allons remonter dans le temps avec les hommes dans leur évolution, la recherche d'un abri, de nourriture et puis les recherches plus récentes une fois que les besoins primaires sont comblés.



Il ne faut cependant pas du tout s'attendre à apprendre des choses ici il s'agit d'une bande dessinée humoristique qui fait cependant passé un moment très divertissant.



D'autres titres sont prévus sur ce sujet et je n'hésiterai pas à les lire de même que d'autres titres de ce dessinateur que j'ai repéré également.



Je suis ravie de cette découverte.
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Animal lecteur, tome 6 : Un best-seller sin..

Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant ! (2014) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du sixième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2016, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 92 strips.



Dans son magasin BD Boutik, le libraire Bernard Ledoux est en train de monter une pile avec les exemplaires du dernier Blake & Mortimer en se disant qu'il n'aurait jamais imaginé que cette série allait sauver le chiffre d'affaires de son magasin. Il est très surpris par l'arrivée de l'objet promotionnel associé. Pour répondre à la demande d'un jeune client, le libraire recherche sur son logiciel s'il existe une version chti de Titeuf. Bernard discute avec un client âgé, abonné au Journal de Spirou depuis le premier numéro en avril 1938. En 1938, deux héros emblématiques sont apparus : Spirou et Superman. Entre deux clients, le libraire s'imagine en marionnette de Guignol, frappé par le gourdin de la crise. Monsieur Ducolrède est un monsieur sérieux, avec un métier sérieux dans une société sérieuse, abonné à un journal sérieux. Mais pendant les vacances le journal sérieux se lâche en offrant à ses lecteurs un supplément BD. Bernard Ledoux réfléchit au paradoxe du décalage entre la période de l'été propice aux lectures plaisir, et à l'absence de nouveauté pendant cette même période. Un client demande si Raoul Cauvin c'est bien : le libraire se lance dans un passage en revue de toutes ses séries.



Au vingt-et-unième siècle, toute la planète est accaparée par internet. Toute ? Non une seule librairie résiste encore et toujours à l'envahisseur. Début décembre, le libraire a mis en place un grand stock de Fouette Man, dans l'ombre de Saint Nicolas, parce que les méchants ça se vend bien. Pour ses bonnes résolutions, Bernard Ledoux a décidé de mieux maîtriser ses émotions face aux demandes impossibles des clients, à commencer par savoir s'il livre. Le libraire se voit bien en Astérix résistant à l'envahisseur César qui représente la crise. Bernard est tout fou devant son poste de télévision à regarder un match de foot, à la grande surprise de son fils. Il imagine ensuite où va arriver Lucky Luke à force de s'en aller vers l'ouest à la fin de chacun de des albums. Il se lance ensuite dans le moyen de distinguer Boule de Bill, de savoir qui est le chien et qui est l'enfant. L'employé du libraire reçoit un appel de son patron, mais ça coupe tout de suite. Deux enfants regardent la vitrine de BD Boutik, en notant l'influence de la télé sur la BD. Bernard Ledoux est en train de pointer du doigt les défauts d'amazon par rapport au contact direct avec un libraire quand le facteur vient lui apporter un colis. Une fois n'est pas coutume : le libraire va acheter un livre dans une librairie spécialisée et il demande des renseignements à son collègue. Un client est en train de regarder les différentes BD dans les bacs, et le libraire ne sait pas trop s'il doit proposer son aide pour le guider, ou respecter le fait qu'il fait du lèche-vitrine par lui-même.



Après la surprise du format traditionnel du tome précédent, les auteurs reviennent au format habituel de leur série : un demi A4 avec des gags en format vertical. Le libraire est toujours aussi sympathique et motivé pour exercer sa profession qui avoisine le sacerdoce. De temps à autre, il ne parvient pas à conserver son flegme et il s'énerve du comportement d'un client, d'une exigence idiote, du volume de BD à déplacer chaque semaine. Son apparence est toujours aussi sympathique avec l'exagération caricaturale du dessinateur : gros nez très allongé, lunettes basses avec les yeux regardant par au-dessus, bras très épais avec le coude presque pas marqué, gros doigts, visage très expressif, tenue inchangeable avec un jean, un tee-shirt jaune, une chemise rouge à manche courte toujours ouverte. Les autres personnages sont également croqués avec une belle expressivité : le jeune employé avec les cheveux qui lui cachent les yeux (seul personnage récurrent), le fiston portrait craché de son père, le frère du libraire en costume-cravate, et les clients variés de 7 à 77 ans, plus ou moins intéressés, plus ou moins exigeants (souvent plus que moins).



Outre le format très particulier, l'horizon d'attente du lecteur comprend des références BD, des piles de cartons de BD à déplacer chaque semaine, des observations sur l'industrie de la BD, et des gags visuels. Salma & Libon ne déçoivent pas. Oui, c'est vrai que voir citer des séries BD connues ou moins connues permet d'établir que Bernard Ledoux est un libraire spécialisé, et ça crée une connivence avec le lecteur de BD. En outre ces références sont accessibles à la plupart des lecteurs : Blake & Mortimer, Spirou, Superman, Lucky Luke, Marsupilami. Il est même vraisemblable que le lecteur occasionnel se reconnaîtra dans le gag sur la difficulté de se souvenir qui est Boule et qui est Bill (page 17). Il appréciera également l'opposition ou plutôt le rapprochement entre la souris de Walt Disney (Mickey) et celle d'Art Spiegelman (Maus). Le degré de connivence augmente d'un cran quand le libraire est confronté à un client qui en sait réellement plus que lui, ou quand est évoqué la signification du mot Spirou en wallon. Le scénariste développe un gag autour de la diversité des œuvres de Raoul Cauvin, auteur qu'il admire, en citant ses principales séries : Les femmes en blanc, les tuniques bleues, Cédric, Les psys, Pierre Tombal. Le ballet des cartons de nouveautés et d'invendus reprend avec 6 gags : pages 9, 38, 49, 54, 59, 67, ce qui ne fait pas beaucoup sur un total de 92. À chaque fois, Salma trouve un autre angle pour considérer cette tâche inéluctable : la reprise des nouveautés en septembre en décalage avec la disponibilité des lecteurs en été, les périodes de creux (janvier, avril, juillet, octobre) permettant d'affiner les retours d'invendus, la force physique acquise avec la pratique de l'exercice de port de cartons de BD, l'incrédulité du livreur de voir que le libraire parvient à caser les nouveautés chaque semaine, l'énergie nécessaire pour faire face à 500 nouveautés par mois, la solution trouvée pour gérer les nouveautés qui ne trouvent pas leur place dans l'espace de la librairie.



Étant un maillon de la chaîne du livre (très beau gag visuel dans un dessin en pleine page, p.77), le libraire subit en direct le mode de fonctionnement de cette industrie et les contraintes qui s'imposent à lui, parfois en dépit du bon sens. Ainsi, les gags ont pour objet ou abordent de manière indirecte la concurrence de la vente en ligne avec la disponibilité presque infinie de tous les titres, la déclinaison d'un personnage en une véritable franchise multimédia donnant à son tour à d'autres versions BD du même personnage, le volume hallucinant de nouveautés annuelles (environ 5.000 BD par an, tout genre confondu), les produits dérivés comme les figurines ou les objets de collection, les différentes versions d'un BD (basique, augmentée, noir & blanc), la recherche de petits plus produits pour le client, le paradoxe du tome 1 d'une nouvelle série (les lecteurs ayant tendance à attendre le tome 2 pour être sûrs que la suite paraîtra bien), la part financière qui revient à un auteur sur la vente d'une BD… En arrière-plan, le libraire doit suivre ou accompagner d'autres évolutions plus profondes de la société comme les efforts pour moins consommer d'énergie, ou l'évolution à la baisse des revenus qui incite au licenciement des employés. Impossible de résister à la comparaison du libraire et de sa librairie, à un petit village irréductible résistant contre la dématérialisation.



Le lecteur retrouve donc tout ce qu'il attend de la série, les auteurs sachant regarder d'autres facettes de thèmes déjà abordés, et se pencher sur de nouveaux. Les auteurs réalisent aussi bien des gags racontés en plan fixe, généralement sur le libraire, qu'avec une prise de vue qui évolue d'une case à l'autre, Libon prenant soin de rappeler discrètement ou dans le détail, le décor en arrière-plan. Chaque gag fonctionne grâce à la dimension comique de l'expressivité exagérée des personnages. De temps à autre, un gag repose plus sur la narration visuelle : la loupe sur la librairie comme la loupe sur le village gaulois d'Astérix, Lucky Luke s'éloignant vers e soleil couchant, le libraire hurlant dans une pièce insonorisé pour évacuer sa frustration, le libraire enchaîné à un carton plein, la scène d'action irrésistible du libraire changeant le rouleau de sa caisse en étant chronométré par son employé, et bien sûr monsieur et madame couché au lit, l'un lisant Mickey, l'autre Maus, sans aucun mot ou texte. De temps à autre, le lecteur prend conscience d'une prise de recul encore plus importante que ce soit l'être humain dépassé par la quantité de produits à sa disposition (le libraire se fait aider par son fils pour se faire une idée sur les mangas, il tente l'oreillette pour être guidé en temps réel sur les conseils à délivrer aux clients), ou le cumul des années qui fait que l'enthousiasme enfantin cède progressivement la place aux critiques systématiques chez les adultes, ou encore le concept très intelligent de l'Udersatz.



S'il a lu les tomes précédents, le lecteur revient pour avoir plus de la même chose, mais avec des gags neufs. Il est comblé : Libon est en très grande forme pour animer ses personnages d'une vitalité humoristique, et l'inspiration de Sergio Salma ne se tarit pas.
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Tralaland, tome 1

J'adore cet humour ! Un côté absurde, décalé : un loup qui s'appelle Bisou, un professeur qui veut envoyer des mégawatt aux fesses d'un gamin, une île qui flotte et vogue tel un bateau, des pirates en brouette rose...

C'est vraiment très drôle !

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Les cavaliers de l'apocadispe, tome 2 : N'o..

Olive, Jé et Ludo sont trois amis, trois enfants qui partagent leurs jeux, leurs goûts et surtout leur malchance. Il ne sont pas très futés, pas très courageux non-plus, et la catastrophe n’est jamais loin. Libon fait dans la loufoquerie, la bêtise. J’aime ses personnages perdus, décalés, losers attachants. Le trait est rond, expressif et burlesque, les couleurs vives animent les histoires, le recueil est constitué de plusieurs récit en quatre pages minimum. Ma préférée :“Le Cirque” m’a fait me tordre de rire.
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Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

3ème volet des histoires de ce libraire spécialisé dans la bande dessinée. C’est vrai, c’est un peu private joke, il faut suivre une peu ce qui se fait dans le monde de l’édition de bandes dessinées, mais c’est vraiment drôle. Moi, j’ai bien ri.
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