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Critiques de Loo Hui Phang (195)
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L'imprudence

Contrairement à son frère d’une dizaine d’années son aîné, la narratrice n’a gardé aucun souvenir du Laos, qu’avec leurs parents ils ont fui lorsqu’elle était encore en bas âge, dans les années 1980. A désormais vingt-trois ans, elle est l’assistante d’un photographe à Paris, où elle mène une existence très libre et collectionne les aventures d’un soir. Son frère, lui, ne s’est jamais remis de son exil et sombre dans la déprime. Au décès de leur grand-mère restée au Laos, les deux jeunes gens et leur mère retournent pour quelques semaines dans leur pays d’origine.





Mise à part l’aïeule Wàipó dont l’ombre omniprésente cimente tout le récit, personne n’a de prénom dans cette histoire construite en ricochet entre le « je » de la narratrice, le « tu » du frère et le « il » du grand-père, comme si, pour ces trois là, départis de leur identité par l’exil et la séparation, un seul repère pouvait subsister : le souvenir aimant de celle qui fut le pilier de la famille.





Le leitmotiv du texte est le déracinement et la perte d’identité des exilés. Tandis que ses parents vivent retranchés dans une bulle protectrice reproduisant en France leur cadre laotien, pendant que son frère refuse obstinément sa vie de transplanté qui ne remplacera jamais celle qu’on lui a volé, la narratrice constate que sa double appartenance ne fait que la rendre étrangère partout. Les premiers s’isolent dans le contrôle obsessionnel d’un quotidien rigide et replié sur lui-même, le second cherche l’oubli dans une dérive dépressive ouverte à toutes les addictions, la dernière s’enivre d’une liberté sexuelle qui serait restée inconcevable au Laos, trouvant refuge dans le seul territoire qui lui appartienne en propre : son corps.





Parfois dérangeant par sa sensualité crue, d’une lecture fluide et agréable, ce roman du déracinement et de la quête d’identité impressionne par la profondeur des souffrances évoquées et par l’intelligence de l’écriture. L’on ne peut qu’être touché par ce texte, dont on imagine aisément quelques possibles proximités avec le parcours personnel de l’auteur.


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Oliphant

C'est clair que quand on fait naufrage sur le continent de l’Antarctique, les chances de survie pour les rescapés sont pratiquement nul surtout en 1916. Cependant, il y a peut-être une chance de s'en sortir en essayant de gagner une base scientifique située sur une île à 700 km de là.



En effet, on a affaire à un capitaine très humain qui souhaite sauver tout son équipage d'une mort certaine. C'est une belle aventure humaine tirée d'une histoire vraie à partir d'une expédition qui avait mal tournée en 1916 à l'époque où la première guerre faisait rage en Europe.



Parfois, je peux ne pas aimer une BD qui pourtant objectivement recèle de bien de qualités. C'est le cas en l'espèce car je suis ennuyé à cette lecture où trop de bavardages ont nuit à la bonne fluidité du récit rendant ma lecture pénible surtout avec une telle multiplicité de personnages. J'ai trouvé cela assez déroutant dans l'ensemble.



Il y a également une variété d'audace graphique qui ne laissera pas indifférent. Moi, ce n'est pas trop mon genre. Alors voilà : j’ai fait un effort, mais je n’en ai pas été récompensé. Cependant, c'est magnifiquement mis en valeur dans un bel écrin.



Au final, je passe mon tour mais cela ne veut pas dire que ce titre ne mérite pas une attention particulière. Les thèmes sont intéressants comme la survie dans un milieu hostile, l'espoir de s'en sortir, la résistance humaine. Mais bon, le traitement ne m'a pas séduit.

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L'imprudence

Elle, la narratrice, a 23 ans, est d'origine vietnamienne et vit à Paris, assistante d'un photographe. Très libre, elle vit en suivant son instinct, ses pulsions, ses désirs, en même temps que les hommes dans la rue.

Elle s'adresse à "toi", son frère dix ans plus âgé, qu'elle voudrait tirer de sa déprime, un mal-être qui ne l'a jamais vraiment quitté depuis qu'avec leurs parents ils ont fui le Laos, 20 ans plus tôt.

Elle ne se souvient pas de son pays natal, "toi" ne s'en souvient que trop bien et n'a jamais réussi (voulu?) s'adapter à la France, terre étrangère où il n'arrive pas à être lui-même.

Elle parle aussi d'eux, leurs parents, pas davantage intégrés, recroquevillés sur leurs traditions et leurs habitudes rigides, repliés dans une zone de confort forgée pour supporter l'exil et survivre dans ce pays d'accueil où ils ne resteront jamais que des étrangers.

Elle, fille de la deuxième génération, est vue en France comme une étrangère, quoi qu'elle fasse, rien à faire, sa peau la trahit. Elle l'est au Laos également, où elle retourne avec sa mère et son frère pour les funérailles de sa grand-mère. Là-bas non plus on ne lui donne pas sa place, avec sa dégaine de touriste, la langue qu'elle ne maîtrise pas, le modèle traditionnel de la jeune fille attendant sagement un mari, qu'elle refuse (le mari et le modèle).

En manque de racines, en panne d'identité, les retrouvailles avec son grand-père vont lui apprendre à s'ancrer, littéralement à être bien dans sa peau : "le seul endroit sur terre dont je peux revendiquer l'appartenance est le périmètre de ma peau. C'est là le seul, le vrai lieu qui est le mien".



Avec son écriture poétique et sensuelle, parfois très crue, ses phrases courtes et hachées, "L'imprudence" parle d'identité, d'exil, de la façon dont on vit un déracinement selon les souvenirs que l'on a de son pays d'origine, de la façon dont les autres vous perçoivent, ici ou là-bas, de cet entre-deux souvent inconfortable entre ici et là-bas quand on ne s'identifie pas/plus à l'un ou à l'autre. Et quand bien même la narratrice se sent française et tourne le dos aux traditions familiales, elle se voit étrangère dans le regard des Français, et incomprise des siens. C'est là son "imprudence" : échapper aux normes, chercher qui elle est, la voie vers la liberté.
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L'odeur des garçons affamés

Texas, 1872. La guerre de Sécession vient de se terminer. À l'Ouest du Mississipi, l'on envoie des hommes explorer et prospecter de nouveaux territoires. Le géologue Stingley fait partie de ceux-là. Un homme bien ambitieux au projet qui l'est tout autant. À ses côtés, le photographe Oscar Forrest, de Manhattan, et le jeune fermier Milton, venu du Kansas. Non loin d'eux, de redoutables Comanches qui ne veulent pas céder leurs terres. Milton et Oscar semblent cacher quelque chose et fuir leur passé. Le gamin aura bientôt la preuve puisqu'il tombe par hasard sur un article de journal relatant les escroqueries passées du photographe. Il se doit alors de lui révéler qu'il faisait apparaître des revenants sur les photos, faisant ainsi croire aux gens que leurs chers disparus veillaient sur eux. Visiblement, ils ne sont pas les seuls car ce trio est suivi à la trace par un homme plutôt inquiétant, vêtu de noir...



Loo Hui Phang nous emmène au cœur de ces contrées sauvages en compagnie de trois personnages énigmatiques et troublants. Quel passé fuient Oscar et Milton? Quel projet fomente Stingley? L'auteur nous offre un album qui mélange habilement western, fantastique et croyance, en filigrane, le génocide des Peaux-Rouges. Un album qui fait la part belle à cette nature sauvage, à la complexité de l'âme humaine et à l'amour. Le scénario tient parfaitement la route, campé par des personnages charismatiques et énigmatiques, qui se dévoilent peu à peu. Le dessin et les couleurs de Frédérick Peeters nous plongent dans une ambiance western particulièrement délectable. Un trait marqué, de superbes décors et des couleurs chaudes.

Un western atypique et intense...
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L'imprudence

ATTENTION : MON COUP DE COEUR DE LA RENTREE LITTERAIRE 2019 (et au-delà), LE 21 AOÛT EN LIBRAIRIE !!!



J'ai eu la chance de lire L'imprudence avant sa sortie et j'ai été bouleversée par ce roman qui correspond en tout point à ce qui me chavire en littérature : quête d'identité, écriture sans aucun tabou ni censure tout en filtrant la crudité des propos par un style raffiné, recherche du sens d'une expérience individuelle dans celle de la famille, des ancêtres, et de la grande histoire. C'est un roman très court, que j'ai déjà lu deux fois, et qui est d'ores et déjà pour moi la révélation de cette rentrée littéraire (dont j'ai pourtant déjà lu plusieurs autres titres).



L'histoire s'articule autour de trois grands jalons. 1975 : une famille fuit le régime autoritaire qui vient de s'installer au Laos. Les parents, leur fils de onze ans, leur bébé d'un an. 1997 : le bébé a 23 ans au moment où le décès de leur grand-mère les fait revenir dans la ville qu'ils avaient quittée. 2019 : le bébé a 45 ans et raconte ce séjour et son histoire en s'adressant directement à son frère, à la deuxième personne. Elle lui envoie une magnifique déclaration d'amour, à lui qui ne s'est jamais remis de la rupture brutale qu'on lui a infligée au beau milieu de l'enfance, qui « se sent un imposteur en vivant une vie de Français ». En 1997, au moment où se situe l'intrigue, elle, sa soeur, ne lui avait rien dit de ses choix de vie occidentaux, parce qu'elle pensait que sa famille n'y aurait pas survécu. Si elle lui écrit enfin en 2019, c'est peut-être parce que le temps a renversé les priorités : aujourd'hui, c'est ne pas raconter qui serait destructeur.



Le livre décline la grande histoire comme clé de la petite. Fuir un régime autoritaire en 1975, avec de jeunes enfants qu'on veut préserver, qu'est-ce que ça fait aux personnes concernées ? La narratrice, trop jeune pour se souvenir de son année de naissance passée au Laos, vit une vie occidentale. Très occidentale même, tout en conservant son origine étrangère inscrite sur son visage : est-ce pour cela qu'elle est devenue photographe, avide de capter la surface des choses pour montrer comment on peut lui faire révéler le sens caché ? Un des fils conducteurs du livre est une expérience qui fait penser à celle de La nausée de Sartre : à cinq ans, fixant le plafond, elle l'a vu « dans son étrange nudité », ce qui l'a menée à la conscience d'exister, puis, à l'âge adulte, à organiser sa vie autour de son regard.



Au final, le livre mêle deux aspects fondamentaux de l'identité : la vie sexuelle et la quête des origines (d'ailleurs, je le mets de ce pas dans ma liste dédiée), en faisant sentir les correspondances et même les filiations entre les deux. Le sens du parcours de la narratrice se construit au contact de son grand-père, dont la vie a été prise au piège de son propre amour de l'amour. « La seule chose qui me console », lui dit-il, « c'est de penser que, là-bas, tu es quelqu'un. Là-bas, tu as le choix. Tu me ressembles tellement. » Elle : « Je pourrais mourir d'entendre cela. Tant de mouvement. Cet afflux. La grâce que je n'attendais plus. »



Un roman vraiment très fort qui emportera celles et ceux qui, comme moi, sont sensibles avant tout aux émotions et à la recherche du sens qui se cache derrière toutes nos expériences humaines.



[Ci-dessous, le lien vers la chronique que j'ai écrite pour 20 minutes.]
Lien : https://www.20minutes.fr/art..
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Black-out

Le format de cette BD est plutôt luxueux, c'est ce qui nous frappe au premier abord. C'est une BD en noir et blanc sur de grandes cases et de belles planches. On sera vite subjugué par la beauté de ces illustrations. Sur la forme, il n'y a rien à redire.



Cela raconte le parcours d'un jeune homme qui souhaite percer à Hollywood dans les années 30 et 40. C'est l'acteur célèbre Cary Grant qui va le guider dans ce milieu cinématographique.



Ce métis noir d'origine chinoise et amérindienne va essentiellement jouer des rôles ethniques dans les plus grands classiques du cinéma de cette âge d'or des productions hollywoodiennes : chef indien, révolutionnaire mexicain, dandy oriental. Son nom sera souvent oublié des génériques de fin.



Maximus Wyld n'a pas été une grande vedette mais il a été le premier à ouvrir la voie à d'autres qui se sont fait remarquer comme Eddie Murphy ou Will Smith. Il est vrai que je préfère nettement Morgan Freeman ou Denzel Washington.



On va revisiter d'une manière différente le mythe du rêve hollywoodien. On va découvrir ce qui se cache derrière et cela sera assez loin d'une vision réconfortante. La ségrégation faisait également rage dans le cinéma.



J'ai beaucoup aimé cette biographie car elle va au-delà de l'histoire de ce jeune homme qui va devenir acteur, à la fois guerrier, gangster ou dissident. Il est question du pouvoir des images. Il se rend compte que le film divertissement est un mirage assez séduisant mais qui ne reflète pas la réalité historique comme le massacre des peaux-rouges par l'homme blanc quand le western nous montre tout le contraire au point de soutenir le cow-boy.



C'est quand même un triste destin que de terminer condamné injustement pour espionnage à la solde des soviétiques dans le cadre du maccarthysme et de se voir disparaître de toutes les bobines de films tournés antérieurement comme pour effacer votre trace. C'est quand même tragique dans le fond.



Cette BD est assez intelligente dans le concept, dans la narration et dans la mise en forme. C'est indéniable. Et puis, elle semble réparer une injustice même s'il s'agit d'une fausse biographie. Cela rend un véritable hommage au talent et au courage des artistes noirs.



Je pense notamment à Hattie McDaniel qui jouait Mammy dans « Autant en emporte le vent » ce qui lui a valu l'oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1940. Nous la retrouverons d'ailleurs dans cette présente œuvre comme d'autres protagonistes de cette grande époque du cinéma.



J'ai également bien aimé cette conclusion avec une Rita Hayworth, le sex-symbol féminin des années 40, qui ne l'a pas oublié malgré sa maladie d’Alzheimer à la fin de sa vie.
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L'imprudence

Coup de coeur pour ce roman au ton juste et poignant !



C'est un chant d'amour vibrant d'émotions pour un frère et un pays, le Laos. L'un et l'autre se confondant avec la perte de l'enfance et l'exil pour des raisons politiques en France.



La mort de sa grand-mère fait revenir au Laos avec sa mère et son frère, la jeune femme aujourd'hui photographe. Un retour non seulement physique mais aussi sensoriel. Des impressions, des touches éphémères qu'elle veut voir renaître dans ses yeux quitte à se rendre vulnérable.

Au Laos, elle renoue avec son grand-père qu'elle découvre sous un nouveau jour et espère abolir la distance affective faite d'incompréhensions et de non-dits entre elle et son frère a profondément blessé par le déracinement avec le Laos.



J'ai été éblouie par l'écriture ciselée de Loo Hui Phang. Les phrases courtes drainées par les souvenirs filiaux sur les rives du Mékong contiennent en peu de mots l'essence de l'intime.

La figure tutélaire et tendre du grand-père m'a particulièrement touchée.

J'ai été charmée par le climat poétique et sensuel du roman où les ombres flottantes sont traversées par les éclairs du désir.

Le désir du corps de l'homme quand la peau devient l'unique territoire d'appartenance.

L'imprudence est un très beau roman aux accents durassiens qui m'a totalement subjuguée.



Un grand coup de coeur !

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L'odeur des garçons affamés

Ils ne sont ni mousquetaires, ni petits cochons, ni Suisses, alors, qui sont-ce t-ils donc, hein, dis, j'vous l'demande ?

Bien vu, les nouveaux héros de Peeters, c'était pas fastoche.



Stingley, directeur en chef de cette expédition privée en terrain hostile et n'aimant rien moins, à part étaler son incommensurable connerie, que d'observer la nation indienne, le zgeg à l'air.

Oscar, photographe attitré, semble décalé dans ce panorama aride. Cacherait-il de lourds secrets sous ses faux airs de dandy décadent!? Hiiiik, hiiiiik, hiiiiik, musique qui fait peur !

Milton, lui, du haut de ses 17 printemps, est le garçon à tout faire de ce trio éclectique. D'apparence inoffensive, il pourrait bien se révéler sous un jour nouveau. Nin, nin, nin, nin, second intermède musical flippant généreusement offert, mais c'est Noël ou quoi ?!



Sur fond de mystère, de spiritualité comanche et d'odyssée, azimuth plein Ouest, Peeters nous régale en élaborant un scénario déroutant au déroulé implacable.

Les masques tombent un à un, chacun se révélant au gré des épreuves traversées.



Le soleil donne, les couleurs explosent littéralement la rétine, nous offrant ainsi, en sus, un superbe teint hâlé au sortir de cette lecture.

Le coup de crayon n'est pas en reste. Précis et vivant, il participe grandement à la réussite de ce récit atypique.



L'odeur Des Garçons Affamés est de ces one-shot inclassables qu'il convient, en définitive, de ranger précieusement au rayon incontournable.



4,5/5
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L'Art du chevalement

C'est une belle histoire, pour un voyage de l'ombre à la lumière.

La Bande dessinée transcende le fantastique d'un rêve (mais en est-ce bien un, ou tout autre chose?) entre le noir et le blanc... Et Loo Hui Phang et Philippe Dupuy s' entendent à merveille, dans les traits et textes qui ne sont pas sans rappeler l'immense Fred et le talentueux Joan Sfarr.

Hommes et chevaux ont durement, parfois et même souvent payé jusqu'à l'excès le prix de la houille noire arrachées aux profondeurs. Un hommage leur est rendu ici, en même temps que nous visitons ce Louvre 02 (ou plutôt...62!)

Le jeune mineur, meneur de cheval, va ainsi comprendre le rapport entre une retorse veine de charbon et une difficile sculpture de marbre: les deux discipline nécessitant un apprentissage long et patient.

Futuropolis a donc donné sa place à ce Louvre du Lens et ses divinités et oeuvres de tous les temps, avec un passé anthracite et plus récent.

Beau travail pour un bel album, donc.
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Oliphant

Club N°52 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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C'est une aventure dans les eaux et sur la glace en Antarctique.



C'est aussi poétique et métaphorique.



Le froid de là-bas m'a saisi grâce aux personnages, aux dessins,...



Une BD à découvrir absolument !!!



Morgane N.

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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L'imprudence

La narratrice avait un an lorsque ses parents, immigrés vietnamiens, ont quitté le Laos, contraints et forcés. Pour son frère de onze ans l'arrivée en France est un drame. Il ne s'en remettra jamais, vivant toujours chez ses parents à trente-trois ans, nourri de shit et de jeux vidéo.

Elle porte un regard lucide sur cette famille qui veut la maintenir à tout prix dans l'univers qu'elle a fui : « Entre les murs de l'appartement situé en terre étrangère – la France -, s'est instauré un condensé de lois confucéennes, bouddhiques, conservatrices, traditionnalistes, soit une petite dictature. »

Sa mère n'est pas le modèle dont elle rêve : « C'est ainsi que débute chaque journée de sa vie. Par une grande casserole d'eau bouillante. »

A la « lisière de ses dix-huit ans », elle a « renvoyé (le) mari vietnamien (…) à la figure » de sa famille et « a fui Paris ». Elle a commis « le geste total » (…) « l'imprudence. »

Le retour à Savannaketh pour l'enterrement de la grand-mère maternelle, va lui ouvrir les yeux. Ces quelques jours passées au Laos, les discussions avec son grand-père, en fumant des 555, les fausses retrouvailles avec Thu, la serveuse du restaurant qui l'a remplacée auprès de sa grand-mère, les déambulations avec son frère dans les lieux de son enfance, lui permettent de mesurer la distance qui la sépare à la fois du Viêt-Nam et de la France.

Comment ses grands-parents ont-ils vécu leurs relations avec les colonisateurs ? Ne vit-elle pas la même chose avec son envie de France ?

« L'exotisme de la vietnamienne (…) est une usine à stéréotypes, dépréciatifs ou gratifiants. Ils disent la même chose, dans le fonds. Une xénophobie plus ou moins assumée. »

L'imprudence traite avec à la fois beaucoup d'émotions et de recul, de la difficulté du déraciné à trouver une identité en France, notamment lorsqu'il est originaire d'une ancienne colonie. Ici le Viêt-Nam. Acquérir son autonomie via la maitrise de la langue ou le statut professionnel suppose de s'éloigner de sa culture d'origine sans être certain de n'être plus regardé comme un étranger. Dilemme connu.

Même le retour au pays ne comble pas cet abîme. Au pays, on revient toujours comme celui qui est parti, quel que soit la raison, une sorte d'étranger ; les amis d'autrefois que l'on voudrait maintenir là où on les a laissés en partant, ont évolué. Rien ne coïncide plus malgré ses efforts. « Je pourrais ressembler à une Française. Mais ce n'est pas le cas. »

La narratrice comprend que « L'expatriation condense les archétypes. » mais en même temps, elle est consciente de la superficialité des archétypes ; au Viêt-Nam comme en France, ou ailleurs, les mêmes combats se déroulent, entre hommes et femmes, maris et amants, femmes et maîtresses, riches et pauvres, exploiteurs et exploités. Combats qu'elle mène au sein de sa famille, contre son frère, son aîné, sa mère et les membres de sa famille, de guerre lasse : « Et malgré tout la révolte qui me hante, je tiens à vous. »

Etrangère partout, elle a compris cela : « le seul endroit sur terre dont je peux revendiquer l'appartenance est le périmètre de ma peau. C'est là le seul vrai lieu qui est le mien. ». Elle en use et en abuse, collectionnant les aventures, trouve sa liberté dans « un égoïsme salvateur », retient les conseils d'Edmond le photographe misanthrope : « Sois poreuse et n'attends rien. ».

Dans le cours du récit, l'auteur fait un clin d'oeil à ses lecteurs en faisant dire à la narratrice qu'elle sent « L'odeur, la merveilleuse odeur des garçons affamés. », le titre de la BD qu'elle a scénarisé pour le dessinateur Peeeters.

https://www.babelio.com/livres/Peeters-Lodeur-des-garcons-affames/833098

Un livre reçu lors du pique-nique Babelio, que j'ai lu avec plaisir, le sujet est d'actualité, la façon de le traiter audacieuse et juste, la personnalité de la narratrice est attachante.

Loo Hui Phang, une auteure que je vais m'empresser de découvrir. Merci à Babelio pour ce cadeau.


Lien : https://camalonga.wordpress...
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L'odeur des garçons affamés

"L'odeur des garçons affamés", voilà un titre intrigant. C'est d'ailleurs ce titre d'une étrange beauté qui m'avait interpellée lors d'une masse critique. C'est un autre titre que j'avais gagné lors de cette opération mais lorsque je l'ai vu à ma médiathèque, je me suis jetée dessus.



Globalement, "l'odeur des garçons affamés" est une réussite. Le mélange de western et de fantastique fonctionne bien. Cet aspect surnaturel allié à un côté contemplatif donne une atmosphère très singulière qui exerce une fascination certaine sur le lecteur. La scénariste ne cherche pas à tout expliciter, elle laisse une part de mystère. Et j'aime quand un auteur ne prend pas son lecteur par la main, lui laisse un espace de liberté.



Le dessin est superbe. Les personnages sont expressifs, les paysages sont très beaux. Les couleurs sont particulièrement bien pensées et contribuent à l'atmosphère du récit.



Malgré toutes ses qualités, il m'a manqué un petit quelque chose pour être emportée. j'ai contemplé le très bon travail des auteurs mais je ne me suis pas sentie vraiment immergée dedans. Mon regard a été flatté, mon esprit a été stimulé par le scénario original et la richesse des thématiques mais mon cœur n'a pas été touché.



Challenge B.D 2017
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L'odeur des garçons affamés

Une histoire assez inclassable que cette "Odeur des Garçons Affamés". A la fois une histoire d'amour, dans un décors de western, et un récit qu'on pourrait qualifier de fantastique. C'est un mélange assez étonnant, mais la mayonnaise prend, comme on dit...



Scénarisée par Frederik Peeters et déssinée par Loo Hui Phang, cette histoire porte clairement la marque de son scénariste : le refus de s'enfermer dans une case, des personnages en décalage avec leur époque (deux, en l’occurrence), la volonté de ne pas se livrer entièrement, de laisser un espace de liberté pour le lecteur. Un mystère savamment orchestré et mis en scène. Les deux récits n'ont rien à voir, dans la forme, mais ça m'a rappeler "Aama". C'est juste la marque d'une même personnalité et d'un même talent...



Après la guerre de sécession, des expéditions sont envoyés dans l'ouest sauvage afin d'en ramener des photographies (à l'époque, une technique de pointe) pour alimenter une propagande, destinée à encourager la colonisation des grands espaces sauvages...Nous suivons les pas de l'une d'elle, composé d'Oscar, le photographe guindé new yorkais, Mr Stingley, un notable du Kansas, plutôt rude, mais instruit, avec une vision très précise du monde de demain, et Milton, le gamin qui assure l'intendance. La tâche de la petite troupe devient hasardeuse lorsqu'elle arrive en territoire Commanche...



Au final, une belle histoire sur l'amour, le désir (qui ne saurait être l'objet d'un savoir). La rencontre entre deux mondes (les blancs et les indiens) n'est pas vraiment abordée : ils se voient, mais ne se parlent pas...La touche de fantastique instille une ambiance particulière et le constat est sans appel : l'homme n'aura jamais la réponse à toutes ses question. Les dessins de Loo Hui Phang sont très réussis, particulièrement les couleurs, qui magnifient ses paysages, parfois fantasmés, de l'ouest sauvage...



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L'imprudence

D'abord, il y a la relation Frère Soeur, distendue par l'incompréhension de la cadette pour son aîné. Ils n'ont pas vécu la rupture avec le Laos au même moment de leur vie, de la même manière. Pour le frère à 11 ans, c'est un déchirement.



Pour la jeune femme, difficile de comprendre ce frère qui lui parle de racines, de son pays d'origine, de reniement.



L'auteure nous offre un voyage initiatique bouleversant. Alors que pour se sentir vivre elle a besoin de relations charnelles, son frère s'enferme dans les brumes de drogues qui ne le libèrent pas de sa dépression. La quête d'identité et de liberté est abordée sans tabous.



Le voyage pour Savannakhet va permettre à la jeune photographe de dessiner le contour d'une liberté nouvelle. Où qu'elle aille, elle sera libre, elle-même, plus besoin d'accrocher des racines à une terre.



Cette relation nouvelle avec son grand-père, sa compréhension de sa mère au Laos, a mis du sens dans sa quête incessante de se sentir vivante, vibrante.



Le sujet de la deuxième génération est traité avec délicatesse. Ces descendants contraints de s'implanter en regardant leurs parents exister dans de nouvelles normes, de nouvelles existences à construire, sont touchants.



Un roman court et percutant qui trace son sillon dans la mémoire et ne laisse pas indifférent.

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Oliphant

Parfois, le pinceau déambulant sur la feuille semble se laisser aller à une certaine mélancolie fragile et la lecture devient alors un moment de torpeur, on se sent envahi des mêmes sensations que les personnages du récit, un peu engourdi, comme dans un rêve, bercé de magie, le rêve devient un cauchemar, la mort pose sur nous un voile d’angoisse, le trait du pinceau tremble, devient brutal, il erre sur la feuille pour devenir faille, éclat, émotion. J’ai trouvé tout cela dans ce récit, beau et grave.



Il est directement inspiré du drame de l’expédition de l’Endurance au pôle sud en 1914 dirigée par Ernest Shackleton, mais l’auteur a changé tous les noms pour se permettre une certaine liberté avec la réalité, et avec cette liberté, il nous offre un récit magique, troublant et romanesque. Là où je trouve que Nick Bertozzi dans “Shackleton, l’odyssée de l’Endurance” s’était planté, Loo Hui Phang et Benjamin Bachelier excellent. Le graphisme interagit avec le scénario, il lui répond, une sorte de dialogue se crée. Au démarrage, les personnages apparaissent comme dans les meilleures bandes dessinées d’Hugo Pratt, ils échangent, on les découvre au fil de quelques paroles succinctes, quelques gestes et paroles. D’ailleurs, ce qui ne m’avait pas sauté aux yeux dans le roman graphique de Nick Bertozzi m’éclate ici en plein visage : le premier Corto Maltese, Ballade en mer salée, se passe exactement au même moment de l’Histoire.



Il y a le capitaine, Emerson Oliphant, paternaliste et lucide, Snark, un second qui ne parle pas très bien la langue, compagnon de longue date du capitaine, tatoué tel Queequeg, le harponneur dans Moby Dick, il y Walter Terence de Liddell, le jeune bourgeois, fils d’un des principaux mécènes de l’expédition, que le capitaine s’évertue à appeler Kerguelen, et Arkadi, le fils adoptif du capitaine, jeune drogué, qui va venir apporter de la modernité au récit, mais aussi sa part de magie, d’angoisse, de malédiction ou de bénédiction. Tous ces personnages semblent tout droit sortis des romans de Joseph Conrad qui, faut-il le rappeler, a aussi influencé Hugo Pratt.



Le contexte historique aussi a son importance, situant l’action en ce début de première guerre mondiale, leur aventure qui se tient à distance questionne alors sur l’envie de vivre, sur l’individu face à l’humanité, sur les valeurs humaines. Avec le personnage d’Arkadi, des sujets tel l’écologie, le rapport de l’homme à la nature sont évoqués, mais, parce que c’est un personnage un peu décalé, hors des normes, tel Cassandre, ces questionnements restent inappropriés aux yeux des autres personnages.



Chaque chapitre est introduit par une explication scientifique, accompagnée d’illustrations souvent abstraites, climatologie, météorologie, il est alors question de courants marins, de magnétisme… des notions anachroniques pour l’époque. Elles ne sont pas là pour justifier les propos des protagonistes, mais juste pour marquer la complexité des éléments face à leur petitesse et leur impuissance. C’est encore plus la représentation quasi abstraites qui va donner au récit sa force inquiétante au récit, le coup de pinceau devient lui-même acteur de l’histoire, violent, tourmenté, gestuel, imposant, les couleurs s’emmêlent, se salissent, sortent du cadre, il y a même une illustration en découpage qui vient s’intercaler.



Benjamin Bachelier nous propose ce que le médium peinture peut apporter de mieux, a peine une couleur est posée sur le papier qu’elle nous ouvre tout un univers et même tout l’univers, c’est magistral. Le scénario de Loo Hui Phang, teinté d’influences prestigieuses, Joseph Conrad, Herman Melville, Jack London… semble se mettre au service du dessin et non l’inverse.



J’ai lu là, une bande dessinée forte, originale, créative, innovante, romanesque, profonde, poétique, artistique… et j’ai eu un beau coup de cœur.
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Oliphant

Des illustrations d’une grande beauté, des paysages à couper le souffle, une aventure humaine exceptionnelle… et pourtant, cet album ne m’a pas convaincue tant que ça.

J’avais vu passer récemment des avis très contrastés sur cette œuvre : pour ma part mon avis sera mitigé.

C’est une exploration polaire (dans l’océan glacial Antarctique, inspirée de l’expédition Shackleton) qui tourne mal ; survivre va requérir des compétences surhumaines, un moral d’acier et des choix drastiques. Cet aspect-là m’a beaucoup plu.

Au début de chaque chapitre, une double page aborde une question océanographique plutôt bien expliquée.

En revanche, les passages ésotériques, mystiques même, m’ont vite lassée, amenant des longueurs qui interrompent l’action sans lui donner davantage de sens.

Entre Histoire et magie, j’aurais préféré que l’autrice se décide…



Challenge Bande dessinée 2023
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Black-out

Black-out ressemble à un documentaire, un témoignage sur le cinéma hollywoodien.

Maximus Wyld est un acteur métis, de sang indien, noir, asiatique, européen. Il perce à Hollywood dans les années 30 à 50, dans la mesure où un métis peut le faire. A travers cette biographie, on découvre la perversion et l’hypocrisie de cet univers, le racisme passif, ou plus ouvert, son éthique douteuse, et aussi l’anticommunisme avec son apogée à l’époque du MacCarthysme.

Le graphisme est en noir et blanc, inspiré du style brut des comics pulp au dessin réaliste des années 50. Il nous immerge dans l’ambiance de l’époque.

Ma lecture a été assez heurtée au début, les dialogues ne sont presque que des discours militants, des griefs, des revendications. Il n’y a pas vraiment de rythme, le récit n’est qu’un amoncellement de faits, de rencontres, j’ai eu du mal à entrer dans l’histoire. Mais sur la fin, cela s’emballe un peu, cela devient alors plus politique, avec la lutte contre le communisme qui vient s’ajouter au racisme institutionnel.

Le plus important ne se situe cependant pas là, le tour de force de cette bande dessinée, c’est d’avoir réussi à faire passer cette fiction pour un véritable témoignage, et peut-être que ce faux rythme de narration participe à cette réussite. On a envie que cette histoire soit vraie, les faits réels se mêlent à la fiction, c’est un véritable documentaire sur le milieu hollywoodien de cette période, sur l’organisation raciale, cette forme d’apartheid, et dans tous ça, Maximus Wyld prend réellement vie, j’avoue même que je doute encore de son inexistence, et c’est justement l’objectif de cette bande dessinée, est-ce vraiment une fiction et peut-on effacer quelqu’un de l’histoire, on entre dans une problématique orwellienne, l’épilogue de cette bande dessinée est vertigineuse.

Si cette lecture a été lassante par moments, elle laisse une très forte impression au final.

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L'odeur des garçons affamés

Un bien bel album qui nous emmène dans des contrées sauvages où la nature règne en maître et où les chevaux – des Mustangs – font trembler le sol lorsqu’ils détalent. Les planches représentant la faune et la flore sont absolument divines, on se délecte, c’est très détaillé, très précis et très efficace ! Les couleurs explosent au travers des pages. Sur le plan artistique c’est brillant, c’est vraiment du grand art !



Que dire de ce trio, qui parait franchement loufoque lorsqu’on le découvre, mais qui reste au final très énigmatique ? De nombreuses questions restent en suspens à la fin de cet album, et je dois vous avouer que je trouve ça assez frustrant !



Pour ce qui est du scénario, on balance entre le western et le fantastique, L’odeur des garçons affamés est inclassable, impossible de le ranger dans un rayon particulier. On a d’un côté une dimension presque ésotérique, avec les croyances des indiens, qui nous emmènent aux limites du fantastique, et, de l’autre côté, la volonté très terre-à-terre des hommes blancs d’étendre leur territoire, l’expansion économique, la lutte de pouvoir, inscrites dans la « mythologie » du western. C’est une rencontre – un choc ? – entre deux mondes qui sont totalement hermétiques l’un à l’autre mais qui sont très intéressés par ce que l’un et l’autre peut proposer. On prend également une belle leçon sur la question du désir.



Si vous avez envie d’un moment d’évasion pour l’Ouest sauvage, une histoire d’indiens et également de balles de colts alors cette bande dessinée est pour vous ! Impossible d’en dire plus car je ne veux pas divulguer toute l’intrigue…
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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L'odeur des garçons affamés

Dans le grand ouest, au-delà de la frontière, là où chacun peut se cacher ou se réinventer. Oscar, un dandy Européen, suit un rustre local qui veut utiliser ses talent de photographe pour faire un curieux recensement.

Mais rien ne se passe comme prévu, et les rebondissements viennent de toutes parts... Le tout saupoudré de quelques éléments sensuels quand même !



Un bon scénario au rythme enlevé avec des découpages très cinématographiques absolument géniaux. Tout cela rachète d'autres éléments un peu plus convenus et cousus de fil blanc.
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L'imprudence

Une écriture toute en finesse qui nous emmène en France et au Laos. Deux pays que partage une femme, son frère et sa mère. Des ressentis sur l’enfance, le pays d’accueil et le rapport à la famille bien différents selon l’âge où l’on a fuit son pays. Un personnage sensible et attachant qui assume l’odeur des garçons affamés, titre d’un de ses romans graphiques où le personnage principal était aussi photographe.
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