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Critiques de Loo Hui Phang (197)
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L'imprudence

J’ai passé plutôt un bon moment avec ce contemporain. Il s’agit d’un premier roman très court qui fait moins de 150 pages.

L'autrice évoque plusieurs sujets comme le burnout, la perte d’un être cher et plus particulièrement tous les problèmes que rencontrent souvent les enfants issus de plusieurs cultures.

On peut citer par exemple, la perte de la langue maternelle ou à contrario la volonté des parents de ne parler à la maison que dans la langue d’origine, la difficulté de s'intégrer dans une société dont la culture prépondérante est différente de la nôtre, la culpabilité d'être parti, le fait de paraître tel un étranger au moment de revenir dans son pays natal…

C’est un roman transgénérationnel où l’autrice insiste bien sur le choc des cultures entre l’occident et l’Asie.

Pour un premier roman la plume est maitrisée et assez fluide même si elle est un peu abrupte par moment...


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L'imprudence

L'écriture de l'auteure esr intéressante et recherchée. J'ai aimé le choix des mots, subtils et poétiques à certains moments. J'ai apprécié cette narration à la deuxième personne du singulier (la narratrice s'adresse à son frère).



J'ai également aimé certaines thématiques abordées dans le roman, notamment le fait d'être perdu entre deux cultures, notamment deux cultures assez différentes. La narratrice ne se sent ni laotienne/vietnamienne (comme ne cesse de lui dire son frère), ni vraiment française, même si elle se sent plus d'atomes crochus avec cette dernière. Elle n'arrive pas à entrer dans le moule que ses parents lui ont créé, et souhaite se sentir libre, loin de tous les carcans familiaux ou de ceux de la bienséance. Elle est d'ailleurs très libre sexuellement, et plusieurs passages du roman nous le montrent.



La mort de la grand-mère est finalement l'élément déclencheur, celui du retour aux sources, àaux racines, et c'est aussi l'élément déclencheur de nombreuses reflexions sur sa famille, Elle prend soudain conscience de ce qu'elle aurait pu être si ses parents n'avaient pas pris la décision de tout quitter, laissant entrevoir un autre moi. Elle réalise également la tristesse et les difficultés (tant physiques que mentales) de ceux qui sont restés, sans leurs enfants et petits-enfants.



J'ai donc beaucoup aimé de nombreuses choses, même si j'ai trouvé certains passages concernant le sexe superflus.
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Cent mille journées de prières, tome 1

Louis, 8 ans, est un enfant taciturne et solitaire. Il vit seul avec sa maman dans une petite ville normande. Il ne sait rien de son père, en dehors de ses origines asiatiques. Sa mère, française, ne lui en a jamais parlé. A l’école, Louis l’eurasien est habitué au racisme ordinaire de ses petits camarades qui le traitent de « fils de Bruce Lee ». Il n’a pas d’ami et cela lui convient très bien. Un jour, ne supportant plus de le voir tout le temps seul, sa mère lui offre un canari. Ce nouveau compagnon va devenir le confident de l’enfant jusqu’à l’arrivée d’une famille de réfugiés cambodgiens. Ces gens ont connu son père. Peu à peu, les coins du voile vont se lever et sa mère va devoir lui révéler la vérité...



Un terrible secret de famille, un enfant en souffrance, les stigmates d’une guerre épouvantable... tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce récit intimiste un concentré d’émotion. Avec beaucoup de pudeur, les auteurs dressent le portrait touchant d’un jeune garçon en quête d’identité. L’analyse de ses réactions est fine et sonne juste et la progression du récit, très lente, est d’une grande délicatesse. Si j’avais un reproche à faire, il concernerait les personnages secondaires : pourquoi une voisine acariâtre dont le mari sort de prison pour la terroriser ? Pourquoi un camarade de classe dont le père s’est suicidé ? Pourquoi une grand-mère mourante ? Il y a là comme une volonté d’en rajouter dans le pathos. Comme si absolument tous les protagonistes devaient être en souffrance pour se mettre au diapason de Louis. Il me semble au contraire qu’il aurait été plus judicieux d’équilibrer les choses en offrant ici ou là quelques « respirations » positives.



Graphiquement, Michaël Sterckeman navigue entre un découpage classique en gaufrier plus ou moins régulier et une mise scène onirique qui retranscrit à merveille les angoisses de Louis. L’utilisation d’une bichromie de noir et de gris colle à l’aspect terne et triste de l’existence des différents personnages. Les visages sont peut-être un peu trop figés et manquent d’expressivité mais le dessin reste dans l’ensemble très efficace et accompagne sobrement le récit.



Une belle histoire qui sombre néanmoins par moments un peu trop facilement dans la dramaturgie pure et dure. Mais le personnage de Louis est tellement attachant que mon impression concernant ce premier tome reste largement positive. J’attends donc la conclusion de ce diptyque avec une certaine impatience.
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L'odeur des garçons affamés

Le titre, évocateur et mystérieux, donne à lui seul une furieuse envie d'ouvrir cet album étrangement inclassable et de se noyer dans le monde époustouflant de Frederick Peeters.



Car il a le don, ce Peeters, d'emprisonner son lecteur dans un univers chaud et incandescent, univers que la scénariste Loo Hui Phang a su amadouer avec toute l'ambivalence dont elle est capable.



Et tout en prend pour son grade, à commencer par le western, genre de la masculinité par excellence, qui se retrouve émasculée dès les premières pages. La limite entre les genres est floutée, violée, malmenée, pour laisser place à une densité impitoyable dont les différents éléments nous explosent au visage.



Le mythe de l'Amérique est écorné et toutes les limites s'effondrent : masculin/féminin, humanité/animalité, bien/mal, se meuvent et se défont pour perdre le lecteur dans une multitude de sensations toutes plus ambivalentes les unes que les autres.



Et l'on sent, juste avant de refermer ces pages, on sent cette odeur fétide mais terriblement envoûtante, celle de l'Humanité qui émerge et qui s'accroche, celles des garçons, des hommes et des femmes, animés d'une bestiale volonté de vivre, affamés les uns des autres, et de tout ce qui fait leur point de convergence.

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L'odeur des garçons affamés

Oscar est un photographe qui a été obligé de fuir Manhattan, c'est pour cela que le voilà en plein Texas à photographier les paysages et les indiens pour un original plein aux as. Cet original c'est M. Stingley qui rêve d'un monde parfait et sans femme. A ce groupe hétéroclite se rajoute Milton, gamin de ferme de 17 ans qui a fui sa famille et qui semble avoir de lourd secret.



Je ressort de ma lecture avec une impression mitigée, cette BD est du genre inclassable.

L'ambiance Far West est plaisant, tout comme la découverte de ce monde presque vierge. Les personnages se dévoilent petit à petit, on apprend à les connaitre doucement.

Mais plus la lecture avance et plus l'histoire bascule dans le fantastique avec un coté onirique très fort. Je crois que je n'ai pas tout bien saisi dans ses passages imprégné des rêves et de la magie indienne. La fin m'a laissé complétement perplexe.



Les dessins sont plutot sympa. Les paysages et les couleurs sont vraiment bien rendues.
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L'imprudence

Le retour au Laos pour l'enterrement de sa grand-mère est l'occasion pour la narratrice d'un véritable voyage intérieur qui prend la forme d'une longue déclaration à son frère aîné. L'auteure emploie le "tu" et le "je", et cette narration donne au récit une atmosphère particulière avec l'impression de pénétrer au plus près des ressentis de la narratrice et d'être dans l'intimité de ses relations à sa famille.



Un souffle incroyable parcourt tout ce texte. Face à l'immobilisme de ses parents qui vivent à Cherbourg un exil difficile, la narratrice est en révolte. Révolte contre une vie tracée, fonctionnelle, ordonnée que ses parents lui ont prévu et qu'elle vivrait comme une mort lente. Cette routine est pour ses parents le seul moyen de survivre aux nombreuses pertes subies. Dans cet univers cloîtré, son frère dépérit. Il est exilé de son pays, de son corps, de sa vie. Elle choisit de fuir et conquiert sa liberté. Elle s'engage dans une lutte sans haine pour être elle-même. C'est un égoïsme de survie. J'ai été bouleversée par ce besoin absolu de se sentir vivant qui éclate dans le texte. Comme une urgence vitale. Elle trouve dans le regard, dans la photographie et dans le corps une liberté intense et le moyen d'être en contact avec le monde, de le ressentir, de le faire vibrer.



En plus de cet élan de vie, tout le reste dans ce livre est magnifiquement décrit : l'exil, le déracinement, les souvenirs auxquels on s'accroche et qui font du présent un fossile, la quête d'identité, la filiation entre rejet et besoin, la recherche de modèles pour se construire, le besoin de connaître son histoire, etc. C'est sensible, d'une lucidité impitoyable et surtout, malgré la communication impossible, plein d'amour.



L'écriture est hachée, faite de phrases courtes comme des expirations. La langue est splendide, d'une intimité folle et d'une grande audace. Le regard est aiguisé, il frappe juste dans la recherche du détail, des sens et nous plonge dans l'essence des instants. Les dialogues incisifs montrent une économie de mots très puissante. Ce livre brasse tellement de sujets essentiels en si peu de pages qu'il mériterait une deuxième lecture.

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L'imprudence

Wàipo, la grand-mère de la narratrice, est morte chez elle, à Savannakhet au Laos. La jeune femme s'y rend avec son frère et sa mère, afin d'organiser et d'assister aux obsèques. La famille y retrouve le grand-père, dont la narratrice découvre l'extraordinaire beauté un peu fanée. Elle parle à peine le vietnamien, se sent dans son pays d'origine, qu'elle a quitté à l'âge d'un an, tout aussi étrangère qu'en France. Ce qui n'est pas le cas de son frère, de dix ans son aîné, qui pleure la mort de son aïeule et peine à sortir de son apathie.



Ce récit raconte une quête de ses origines et de son identité. Bien sûr, il y a la culture et la langue, les traditions, mais surtout une découverte de soi, à travers une sexualité libre et sans complexe, dans laquelle le regard, érotisé, joue un rôle fondamental – la narratrice est d'ailleurs assistante d'n célèbre photographe. En témoigne la rencontre inaugurale du récit, à Paris, avec un homme fasciné par son visage ; de même va-t-elle prendre en filature un grand Occidental installé dans le village, qui la dévore des yeux. Plaisir des sens avant tout, sans attachement, puisque le seul vrai amour qu'elle éprouve est pour son frère, qu'elle tente par tous les moyens de sortir de son indolence. Ce roman est fin et délicat, mais n'exclut pas une forme de violence : bien cachée sous son visage lisse, elle s'exprime à travers son désir pour les hommes, ses envies de transgression et son amour fraternel.



Roman lu dans le cadre des "68 premières fois"


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L'imprudence

L'imprudence est un premier roman.



J'aime découvrir des premiers romans car ils sont sources d'aucune comparaison dans la narration et dans le style.

C'est un oeil neuf et neutre qui est posé sur cette histoire que nous conte Loo Hui Phang.



Une histoire familiale compliquée à résumer puisqu'il y a beaucoup d'éléments inhabituels. Le départ du pays d'origine est déjà la grande source de différences entre les membres de cette famille. Chacun a vécu la séparation différemment.



L'auteure nous guide rapidement plutôt vers le ressenti de la fille de la famille qui elle n'a pas connu son pays, elle en est partie trop tôt. Elle va donc arpenter un pays qu'elle connaît peu mais dont petit à petit des souvenirs reviennent ou en tout cas vont se forger. C'est intéressant de voir comment la narratrice met en avant les difficultés de l'intégration tout en étant très descriptive. Très vite on se rend compte qu'elle est motivée pour avancer.



Elle est donc ancrée dans la culture de son pays d'adoption tout en gardant ce lien fragile grâce à ses parents, son frère. Au travers des mots utilisés on comprend rapidement qu'elle va chercher des sensations assez exacerbées pour extérioriser, pour se sentir vivante aussi, ou être acceptée au sein d'une nation.



A travers le style et l'écriture de l'auteure je me suis découvert aussi une curiosité pour le Laos, pays qui m'est totalement étranger et dont je n'étais pas habituée à lire dans les romans. J'ai trouvé à la fois beaucoup de pudeur mais aussi de franchise dans le propos.



Le langage est plutôt subtil et délicat je trouve et elle raconte beaucoup au travers de son corps, chaque événement va la ramener vers cette envie de mieux se connaître, de découvrir son corps etc.



C'est un premier roman que j'ai lu avec plaisir et je continuerai de m'intéresser à cette auteure car j'ai trouvé dans son style toute la douceur et la sensualité d'une jeune femme en pleine évolution.

Un joli premier roman !




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L'odeur des garçons affamés

Les bonnes critiques émises sur cette bande dessinée, ainsi que son titre étrange, m'ont donné envie de la découvrir.

Je n'ai pas été déçue!!!

J'ai en effet été très vite fascinée par l'univers des Comanches dans lequel le héros, Oscar Forrest, vient se réfugier en exerçant ses talents de photographe au service de Stingley, un affreux (et étrange) dirigeant d'exploitation de ressources naturelles.

Le garçon de ferme qui les suit en les servant, Milton, va vite se voir contraindre d'utiliser ses étranges pouvoirs de communication avec les chevaux pour les sortir de diverses attaques mystico-réelles; notamment celle d'un zombie - suceur de sang chevalin...

Les deux auteurs nous offrent un univers fascinant porté par des illustrations magnifiques!

A ne pas louper!
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L'imprudence

Je suis passée complètement à côté de ce court roman qui parle de déracinement et de quête d’identité.

Les grands-parents restés au Laos, les parents qui en France reproduisent leur paradis perdu, le fils ainé qui se sent expatrié et sombre dans les addictions et la narratrice qui n’a jamais connu que la France et se sent étrangère partout.

Malgré une écriture brillante, je n’ai pas réussi à éprouver la moindre empathie pour ces personnages et n’ai pas compris l’intérêt des trop nombreuses scènes de sexe qui parsèment le roman.

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L'imprudence

L’auteure, Loo Hui Phang, a écrit son récit en alternant entre le « je » et le « tu ». Le « tu » permet à la narratrice de parler intérieurement à son frère avec qui les relations ne sont pas les plus simples. Dans ce roman, le lecteur assiste à une quête des origines avec ce retour au pays. Des origines bousculées pour les enfants d’immigrés qui doivent composer avec deux cultures sans en froisser une.



Dans « L’imprudence », Loo Hui Phang nous décrit le Laos avec ses us et coutumes, ses différences tellement opposées à la vie française. Elle nous raconte également le départ précipité de cette famille pour la France à cause du régime. Elle évoque ce retour au pays dans un moment douloureux, ce retour vécu d’une manière différente selon les membres de la famille. Et les souvenirs reviennent, les sons, les odeurs, les gestes. Ces souvenirs, la narratrice va les chérir et va essayer de les partager avec son frère, son grand frère qui malheureusement ne fend pas son armure… Et cette relation qu’elle va nouer avec son grand-père, cette relation qui a aussi bien manqué à elle qu’à son grand-père, une relation touchante, tendre et attentionnée. À côté de cela, la narratrice parle aussi de sa vie parisienne, une vie en total opposée à la vie qu’elle aurait eu au Laos. C’est une vie faite de plaisir, de jeux. Une vie qu’elle veut sans entraves surtout dans ses relations avec les hommes.



J’ai beaucoup aimé ma lecture de « L’imprudence » qui met en avant une quête des origines. Les narrations avec le « tu » donne, je trouve, de l’intime au récit, permet au lecteur d’être plus impliqué. Loo Hui Phang a une plume franche et douce à la fois. J’ai ressenti sa sensibilité et sa tendresse envers les personnages et le Laos. Ce premier roman est une jolie découverte!


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L'imprudence

C’est toujours un plaisir de recevoir grâce aux 68 premières fois un roman de la rentrée littéraire. La semaine dernière c’est le roman de Loo Hui Phang que j’ai reçu : L’imprudence. Au premier coup d’œil, j’accroche déjà sur ce roman car la couverture est belle : une photographie d’une femme dans un lit. Elle évoque déjà le désir et interroge le lecteur tout en l’attirant.

Voici la présentation de l’éditeur – Actes Sud

« Une jeune femme photographe qui vit à l'instinct, dans l'urgence de ses projets, de ses désirs, retourne dans son Laos natal pour l'enterrement de sa grand-mère. En compagnie de sa mère et de son frère aîné brisé par l'exil, en retrouvant son grand-père, elle réapprend ce qu'elle est, comprend d'où elle vient et les différentes ardeurs qui la travaillent, qui l'animent. »



La narration intrigue par son énonciation. Ce récit à la première personne est il autobiographique ? purement fictif ? une autofiction ? Autant de questions qui traversent l’esprit du lecteur car en dehors de la grand-mère dont on connait le surnom de Waipo, aucun personnage n’est nommé. Il pourrait s’agir aussi bien de l’auteure que d’un personnage complètement fictif. Après tout, est-ce réellement important de savoir qui se cache derrière cette jeune femme, éprise de liberté et de désir, qui revient, pour l’enterrement de sa grand-mère, sur sa terre natale du Laos ? Pas vraiment…car ce récit est avant tout une réflexion sur l’exil. Un même exil, celui qui amène la famille de la narratrice en France et pourtant deux façons de le vivre, celle du frère aîné, celle de la narratrice. Alors que l’un le vit comme le déchirement, comme la perte, elle voit en cet exil, en cette France, une terre de libertés. Elle s’est détachée des coutumes familiales, elle a laissé la place au désir sexuel qui la fait exister refusant le mariage arrangé, elle ne parle pas la langue familiale, elle se sent étrangère au Laos. Lui, être perdu, renfermé en France, devient vivant sur le sol laotien, il s’affirme, il renait dans la demeure familiale.

« Voilà. La vie inventée, la vie française, je n’en ai pas voulu. Parce que j’aurais été incapable de la vivre » (le frère)

« « La seule chose qui me console, c’est de penser que, là-bas, tu es quelqu’un. Là-bas, tu as le choix. Tu me ressembles tellement » Je pourrais mourir d’entendre ça » (l’échange entre la narratrice et son gran-père)

Ce roman sur l’exil est aussi un roman sur la liberté, sur le désir d’être à travers tous les personnages : la narratrice, le frère, le grand-père, cet homme beau et qui aimait les femmes, Waipo, la première exilée de cette famille et surtout le mythe familial.

J’ai aimé ce roman qui confronte deux exils, deux mondes, deux regards et j’ai apprécié l’écriture pleine et vivante de Loo Hui Phang. Il pose la question de l’identité, cette quête constante qui parcourt chacun de nous : qui sommes nous ? d’où venons nous ? quel est notre héritage et quelle est notre liberté ?

En résumé : un premier roman sur l’exil et le désir d’être au monde.

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L'odeur des garçons affamés

Ce titre... n'est-il pas magnifiquement trouvé, ce titre ?! Intrigant et sensuel, il promet beaucoup, il promet même presque trop, ne sera-t-on pas déçu par ce qu'il couronne si bien ?

Que nenni. Ou presque pas. C'est une vraiment belle BD que nous ont concocté Frederik Peeters et Loo-hui Phang, étrange, originale, audacieuse et captivante de bout en bout. Le scénario mêle habilement histoire et onirisme, réalisme et magie, social et intime, il intrigue, il confond, et offre une échappatoire superbe aux puissances sauvages de l'amour, celui qui se moque de tout et bouscule tout les codes. Le dessin... à première vue n'est pas ce que je préfère en BD, un poil classique à mon goût, mais puissant tout de même, colorisé avec goût et capable d'offrir un univers visuel captivant à cette belle histoire.
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L'odeur des garçons affamés

Au lendemain de la guerre de Sécession, le géologue Stingley est engagé par un milliardaire afin de mener une mission d’exploration sur les terres des indiens Comanche, à l’ouest du Mississipi. Accompagné du photographe Oscar Forrest et du jeune Milton, chargé de l’intendance, Stingley reste évasif sur le but réel de l’expédition. Pour Forrest, peu importe. Arrivé récemment de la côte Est, ce dandy d’origine irlandaise avait besoin de changer d’air après avoir trempé dans des combines plutôt louches à New-York. Quant à l’androgyne Milton, à tout juste 17 ans, il semble lui aussi fuir un passé sur lequel il ne préfère pas se retourner…



Ce trio improbable avance à son rythme, à peine troublé par la présence d’un chasseur de primes dont on ignore tout et d’un sorcier indien aux pouvoirs mystérieux. Franchement, je n’ai pas envie d’en dire plus tant ce western revisité bouscule avec bonheur les codes du genre. Dans ce huis-clos à ciel ouvert où chacun trimbale un but ou un secret inavouable, on navigue en permanence entre réalisme et onirisme. Il est question d’amour, de désir, de génocide indien, de la révolution industrielle à venir et de la disparition programmée des grands espaces sauvages qui seront bientôt colonisés par l’homme « civilisé ». Au pragmatisme cynique de Stingley s’oppose la quête d’esthétisme du photographe et plus l’expédition avance, plus les interactions entre les personnages se complexifient.



J’ai franchement adoré cette atmosphère nébuleuse portée par le trait dynamique et les grands aplats de couleurs chaudes aux teintes parfois fantastiques d’un Frederik Peeters en grande forme. Il y a un petit quelque chose de fantasmagorique dans ce récit à clefs éminemment symbolique. Entre le chamanisme indien et le gothique européen du 19ème siècle, les frontières ne cessent de se brouiller, quitte à parfois embrouiller le lecteur. A ce titre, la fin ambiguë entretient un certain flou artistique et laisse à chacun une totale liberté d’interprétation. Pour être honnête, je ne suis pas certain d’avoir tout compris mais cela n’a en rien gâché mon plaisir car j’aime de temps en temps être baladé de la sorte, surtout par des auteurs aussi talentueux.




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Oliphant

Le 9 août 1914, Ernest Shackleton lançait l'expédition Endurance en partant avec 28 hommes sur le bateau du même nom avec un objectif: traverser pour la première fois le continent Antarctique. C'est cette histoire qui a inspiré à Loo Hui Phang, prix Goscinny en 2021, "Oliphant", roman graphique qui vient de paraître chez Futuropolis.



C'est d'abord un récit de survie. Le capitaine Emerson Oliphant et son équipe se retrouvent bloqués dans la glace. Et en cette année 1916, alors que la guerre fait rage en Europe, il faut rejoindre la base scientifique la plus proche, à plus de 700 km. Une épreuve physique et mentale inédite qui a peu de chances de réussir. Il faut d'abord atteindre la côte en traineaux puis rejoindre une île en canots dans une mer déchainée.



La dureté de l'environnement, le froid, le manque de nourriture, l'ennui mènent ces hommes au délire. Parmi eux, Arcadi, 20 ans, propre fils du capitaine, un jeune garçon au passé douloureux, qui fait de sa sensibilité exacerbée un atout pour l'expédition.



Un récit en 8 chapitres (plus un épilogue) lancés par des apports scientifiques et portés par le dessin brut de Benjamin Bachelier. En couleurs directes, il propose 250 pages de gouaches, d'encres et illustre avec une ses peintures très libres le froid, l'épreuve, la folie des hommes... Impressionnant !



Envoûtant, parfois déconcertant, ce roman graphique ne laissera personne insensible. Un album au souffle graphique indiscutable, un récit d'aventures qui bascule parfois dans la rêverie étrange, une association à tester !
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Black-out

Moi aussi j'aurais aimé que cette histoire soit vraie...mais voilà une bande-dessinée qui dont le but est de dénoncer les travers d'Hollywood et pour cela l'auteur invente un personnage mi indien mi afro-américain, ce que m'a laissé dans le flou...artistique aussi : je n'ai pas aimé le graphisme....
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L'imprudence

J'ai eu un véritable coup de cœur pour ce récit, d'une jeune vietnamienne originaire du Laos, pays dont elle ne garde pourtant que bien peu de souvenirs.



Écartelée entre deux cultures, celle qu'elle revendique, et celle qu'aimerait lui imposer son grand frère, la narratrice se ressource dans une sexualité débridée, inconcevable pour sa famille.



A la mort de sa grand-mère, elle s'envole avec son frère et sa mère au Laos. Ce retour aux sources fait resurgir son lot d'émotions et de souvenirs et souligne les fractures familiales : frère et sœur se disputent, sur fond de maîtrise de la langue ou de perpétuation de la culture ; et l'on sourit tristement en voyant ce frère autoritaire pour qui le Vietnam est tout et qu'il aimerait imposer à sa sœur enfreindre une à une les traditions qui régissent les liens familiaux, révélant par là-même son rattachement à une autre culture dont il n'a pu s'empêcher de s'imprégner.



Et c'est finalement la jeune narratrice qui parviendra à nouer une fragile complicité avec son grand-père, dont le passé se révèle aussi marginal que celui de sa petite-fille.



Un roman que j'ai trouvé empreint de finesse et de subtilité, et qui effleure l'immense déséquilibre entre générations et au sein même d'une fratrie que provoque l'exil vers un autre pays. Splendide !
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L'odeur des garçons affamés

Rien que le titre est déjà en soi assez attirant car il intrigue. On se demande quelle est cette odeur et pourquoi ils sont affamés ? Ont-ils subi une famine ou une diète imposée ? Comment vont-ils réagir ? Autant de question qui ne trouveront certainement aucune réponse si on fait fausse route. Bref, il existe des bds qui d’emblée procurent une certaine fascination et elle en fait partie.



Le chemin emprunté sera celui de la conquête de l’Ouest à la fin de la guerre de Sécession pour s’ouvrir à de nouveaux territoires qui offrent de belles perspectives. Il s’agit d’explorer, de quantifier, de répertorier et ceci en plein territoire hostile peuplé de comanches. Mais après tout, ils sont chez eux comme on pourrait dire on est chez nous.



Ce que j’ai aimé dans cette œuvre, c’est le fait qu’il y a un trio totalement improbable entre trois personnages que l’on va découvrir peu à peu. Les dialogues sont exquis mais c’est surtout le fait que le récit prend son temps pour installer une certaine ambiance. Il y a certes des scènes d’action dont certaines à couper le souffle. Mais c’est subtil et on arrive progressivement aux révélations après de fausses pistes. Le final sera d’ailleurs une apothéose réussie.



Que dire du graphisme ? Le dessin est d’une clarté absolue comme je les aime. Il y a un côté où l’on succombe au charme du trait et des couleurs vives de ces plaines endiablées. Oui, à la fin, on arrivera à ressentir l’odeur des garçons affamés et cela ne sera pas forcément dans la dentelle. C’est plus qu’un simple western !
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L'imprudence

"L’imprudence", premier roman de Loo Hui Phang aurait dû me plaire : une histoire de retour aux sources, une quête d’identité, un nombre de pages resserré synonyme de précision, des phrases courtes et percutantes. Hélas, ce ne fut pas le cas. Cet ouvrage n’était pas pour moi.



Cette histoire d’une jeune femme, photographe, adepte des rencontres sexuelles sauvages avec des inconnus, qui retourne dans son pays natal, le Laos, pour les obsèques de sa grand-mère et réapprend ses origines, ne m’a pas convaincue. On pourrait penser que mes premières années de scolarité passées chez les sœurs soient la cause d’une pudibonderie excessive. Franchement, il n’en est rien. Mais le sexe à outrance dans un roman, m’ennuie. Il devient l’arbre malade qui cache une forêt de jeunes pousses délicates et dignes d’éloges. Et je ne vois que lui.



Réduire l’émancipation d’une éducation traditionnellement sévère, à une sexualité débridée me semble insuffisant. Imaginer le corps comme seule source de liberté me paraît passablement réducteur. Et tout cela m’a empêchée de goûter le retour aux sources, les anecdotes liées à la grand-mère, la personnalité complexe du frère et même les mots sur le Laos pourtant fort jolis.



Il m’est toujours triste de ne pas apprécier un livre. Il m’est difficile de le dire, tant mon respect pour le travail de l’écrivain est grand. Je me console en sachant qu’il a trouvé ses lecteurs.


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L'odeur des garçons affamés

Qu'elle est étrange cette bande dessinée qui débute comme un western et lorgne doucement puis plus franchement vers le surnaturel, l'étrange, le bizarre. Loo Hui Phang est au scénario, son esprit s'égare et ses inventions sans doute incongrues dans un western donnent un coup de jeune et d'originalité au genre. Une courte biographie en fin de volume explique qu'elle s'exprime dans différents domaines, la BD, la littérature, le théâtre, le cinéma, les performances et les installations preuve sans doute d'une imagination débordante. Frederik Peeters dessine assez classiquement dans les situations classiques et son art s'exprime différemment dans les délires d'Oscar le photographe ou dans les situations surnaturelles. L'association des deux fonctionne à merveille.



L'histoire est bien menée, l'intrigue bien ficelée et le suspense bien maintenu. Tout cela aurait pu suffire à faire un bon album, mais le désir naissant et grandissant, le surnaturel lui donnent un ton très personnel que j'ai beaucoup apprécié. Il n'y a rien que je déteste plus que la sensation de lire ou d'écouter des œuvres copiées ou très inspirées d'autres œuvres sans rien apporter en plus. Le déjà-lu, déjà-vu, déjà-entendu, aucun risque avec cet album au titre énigmatique, L'odeur des garçons affamés.
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