si une personne qui commence à savoir ne doute pas d'elle-même, elle devient alors redoutable pour les autres, car éprise de pouvoir.
"Le mal d'incertitude"
Comment empêcher qu’un amour décline une fois ses heures de triomphe passées ?
Pratiquant assidûment l’alpinisme, je limiterai ma réponse au koan zen que voici : « Quand tu arrives au sommet de la montagne, continue de grimper. »
Pour vivre, il faut avoir été regardé au moins une fois, avoir été aimé au moins une fois, avoir été porté au moins une fois. Et après, quand cette chose-là a été donnée, vous pouvez être seul. La solitude n'est plus jamais mauvaise. Même si on ne vous porte plus, même si on ne vous aime plus, même si on ne vous regarde plus, ce qui a été donné, vraiment donné, une fois, l'a été pour toujours. A ce moment là, vous pouvez aller vers la solitude comme une hirondelle peut aller vers le plein ciel.
Je suis homme par ce que je ne cède pas à cette espèce d'entropie qui va confondre les autres dans le même magma. Donc oui il y a une peur du monde mais ce n'est pas la peur de n'importe quel monde. C'est la peur d'un monde où les hommes ne sont jamais souverains mais toujours asservis.
Quand on est pauvre, l'intimité n'existe pas. (p.42)
Les morts sont seuls à écouter les mots pauvres des enfants, à écouter vraiment. Les vivants font semblant. (p.45)
Il est plus simple d'attendre le printemps que l'amour d'une maman. (p.45)
Les morts sont plus honnêtes que les vivants. Plus patients. (p.180)
Ainsi, au plus profond des solitudes humaines, si différentes soient-elles dans leurs expressions, se niche toujours un manque.
Quand enfin quelqu'un se débarrasse de ses épaisseurs qui sont de pauvres armures : le savoir, la conscience de soi, la bienséance parfois, l'habitude, toutes ces choses qui servent d'écrans, de murailles, de vêtements lourds que l'on met sur soi. Quant à certains moments tout ça tombe, la solitude est alors entière, et en même temps c'est la fraternité qui est là. - Christian Bobin- (p.35-36)