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Savez-vous quelle pièce de théâtre parle pour la première fois du consentement ? Bien avant MeeToo, très exactement 300 ans plus tôt
« La double inconstance » de Marivaux, c'est à lire en poche dans la collection Etonnants Classiques.
Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu'il est permis de faire souffrir aux autres.
Je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens.
(LA COLONIE).
Bien écouter, c'est presque répondre.
TRIVELIN : Quand nos pères, irrités de la cruauté de leurs maîtres, quittèrent la Grèce et vinrent s'établir ici, dans le ressentiment des outrages qu'ils avaient reçus de leurs patrons, la première loi qu'ils y firent fut d'ôter la vie à tous les maîtres que le hasard ou le naufrage conduirait dans leur île, et conséquemment de rendre la liberté à tous les esclaves : la vengeance avait dicté cette loi ; vingt ans après la raison l'abolit, et en dicta une plus douce. Nous ne nous vengeons plus de vous, nous vous corrigeons ; ce n'est plus votre vie que nous poursuivons, c'est la barbarie de vos cœurs que nous voulons détruire ; nous vous jetons dans l'esclavage pour vous rendre sensibles aux maux qu'on y éprouve ; nous vous humilions, afin que, nous trouvant superbes, vous vous reprochiez de l'avoir été. Votre esclavage, ou plutôt votre cours d'humanité, dure trois ans, au bout desquels on vous renvoie, si vos maîtres sont contents de vos progrès ; et si vous ne devenez pas meilleurs, nous vous retenons par charité pour les nouveaux malheureux que vous iriez faire encore ailleurs ; et par bonté pour vous, nous vous marions avec une de nos citoyennes. Ce sont là nos lois à cet égard, mettez à profit leur rigueur salutaire. Remerciez le sort qui vous conduit ici ; il vous remet en nos mains durs, injustes et superbes ; vous voilà en mauvais état, nous entreprenons de vous guérir ; vous êtes moins nos esclaves que nos malades, et nous ne prenons que trois ans pour vous rendre sains ; c'est-à-dire, humains, raisonnables et généreux pour toute votre vie.
Scène 2.
HERMIANE : La première inconstance ou la première infidélité n'a pu commencer que par quelqu'un d'assez hardi pour ne rougir de rien. Oh ! comment veut-on que les femmes, avec la pudeur et la timidité naturelles qu'elles avaient, et qu'elles ont encore depuis que le monde et sa corruption durent, comment veut-on qu'elles soient tombées les premières dans des vices de cœur qui demandent autant d'audace, autant de libertinage de sentiment, autant d'effronterie que ceux dont nous parlons ? Cela n'est pas croyable.
Scène 1.
ÉRASTE : Mais, dis-moi, cette comédie dont tu nous régales, est-elle divertissante ? Tu as de l’esprit ; mais en as-tu assez pour avoir fait quelque chose de passable ?
MERLIN : Du passable, monsieur ? Non, il n’est pas de mon ressort. Les génies comme le mien ne connaissent pas le médiocre ; tout ce qu’ils font est charmant ou détestable ; j’excelle ou je tombe, il n’y a jamais de milieu.
Scène I.
Dans le pays d'Athènes j'étais ton esclave, tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là ;
MADAME SORBIN : Quoi, mon mari, vous allez faire des lois ?
MONSIEUR SORBIN : Hélas, c'est ce qui se publie, et ce qui me donne un grand souci.
MADAME SORBIN : Pourquoi, Monsieur Sorbin ? Quoique vous soyez massif et d'un naturel un peu lourd, je vous ai toujours connu un très bon gros jugement qui viendra fort bien dans cette affaire-ci ; et puis je me persuade que ces messieurs auront le bon esprit de demander des femmes pour les assister, comme de raison.
MONSIEUR SORBIN : Ah ! tais-toi avec tes femmes, il est bien question de rire !
LA COLONIE, Scène 2.
L'oppression dans laquelle nous vivons sous nos tyrans, pour être si ancienne, n'en est pas devenue plus raisonnable ; n'attendons pas que les hommes se corrigent d'eux-mêmes ; l'insuffisance de leurs lois a beau les punir de les avoir faites à leur tête et sans nous, rien ne les ramène à la justice qu'ils nous doivent, ils ont oublié qu'ils nous la refusent.
La Colonie, Scène 9.
« C'est la beauté, la douceur, l'enjouement même, il n'y a pas jusqu'à leur physionomie qui ne soit garante de toutes les bonnes qualités qu'on leur trouve [...] Oui, fiez vous y à cette physionomie si douce, si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après pour laisser place à un visage sombre, brutal, farouche, qui devient l'effroi de toute une maison. »
Le Jeu de l’Amour et du Hasard (1730). Acte I scène 1.