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Critiques de Bruno Pellegrino (60)
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Là-bas, août est un mois d'automne

« Je suis moi par habitude, comme une salle d’auberge vide qui se souvient de ses hôtes absents, comme un carrefour abandonné. La pluie va venir. » note Gustave Roud (1897-1976) sur un des nombreux bouts de papier que l’on retrouve dans le recueil Air de la solitude.



Dans Là-bas, août est un mois d’automne, Bruno Pellegrino entrouve avec délicatesse et poésie la porte de l’ univers de Gustave Roud : une maison familiale et son histoire, une maison massive, « en équilibre entre la cour, à l’est, et le verger à l’ouest, elle semble surgir du jardin » . C’est dans ce cadre champêtre, dans la ferme de Carrouge où Gustave Roud emménage avec sa famille à l’âge de 11 ans que l’auteur pose son récit et invite le lecteur à partager le quotidien du duo formé par deux êtres à part, Gustave, le poète et photographe et sa soeur ainée, Madeleine Roud (1893-1971), passionnée par la conquête spatiale. Cinquante ans de cohabitation où Madeleine maîtresse de maison accomplie semble déployer ses ailes pour protéger Gustave de ses obsessions, ses désirs, et pulsions et l’encourager à écrire.



Bruno Pellegrino compose un texte dans lequel il capte les âmes de ses protagonistes : deux vies qui se déroulent au gré des saisons, des givres et des moissons, et de va- et-vient incessants entre souvenirs d’enfances et moments présents. Des gestes pérennes qui s’inscrivent dans la grande course du temps.



Les parfums, les couleurs des fleurs inondent le jardin, la cuisine répand ses arômes, alors que lumière et ombre saisissent la beauté des paysages et de leurs hommes.

Une expérience sensible dont le lecteur sort étonné et reposé.



Bruno Pellegrino restitue à merveille une époque, un pays, une atmosphère, une campagne vivante et agricole si chère à Gustave Roud , un tableau où le lecteur coule sans appréhension grâce à une prégnante lenteur aux côtés de ses protagoniste  Madeleine et Gustave Roud. Une histoire de deux solitudes aux mystères bien enfuis.



Mais le temps des adieux est venu et je crois que ce n’est qu’un au revoir. Je quitte la ferme de Carrouge, auberge animée à l’occasion d’amis, de fidèles, d’écrivains mais toujours habitée par les fantômes des défunts aïeux, pour au détour d’un chemin croiser une silhouette dont le visage éclairé d’un rayon lunaire déborde de sueur.



Bernard Pellegrino dont je ne connaissais pas la plume m’a transportée dans un séjour chaleureux et touchant où un éloge de la lenteur se dessine peu à peu. Un hommage pudique à Gustave Roud et sa sœur Madeleine Roud .





Pour finir quelques mots encore pour dire qu’après de nombreuses incursions dans Air de la solitude alors que je lisais Là-bàs, aôut est un mois d’automne je n’ai pu m’empêcher de butiner sur la toile pour enfin cueillir des photographies de Gustave Roud. J’ai été subjuguée, oui je peux le dire, par l’intensité, la modernité et la tension de certaines d’entre elles qui permettent de mieux comprendre les non-dits et les tourments de Gustave.



Une lecture plaisir.

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Là-bas, août est un mois d'automne

Là-bas, août est un mois d'automne…Là-bas, en Suisse où en août déjà les matins sont frais et où les soirées à l'extérieur ne se déroulent pas sans châle ou couverture, où au verger certains arbres tirent déjà sur le jaune.



J'ai découvert ce petit livre, édité aux belles éditions ZOE Poche qui publient des auteurs suisses comme Gustave Roud ou Ramuz, grâce à la somptueuse critique de @mesrives, une critique mettant en valeur un livre tout en délicatesse et poésie s'inspirant librement de la vie de Gustave Roud, poète dont j'avais juste entendu parler. Cela m'a donné envie de découvrir l'oeuvre de ce poète de la ruralité avant de lire le récit de Bruno Pellegrino. J'ai jeté mon dévolu sur « Air de la solitude » le mois dernier, magnifique recueil qui est à présent un de mes livres de chevet. Quelle joie de ce fait de venir à ce livre avec les textes et les photos de Gustave Roud en tête !



C'est en effet à partir du poète Gustave Roux que Bruno Pellegrino, dans ce premier roman, invente le personnage de Gustave. Pas vraiment un roman biographique, un véritable roman juste inspiré par le poète, d'où des libertés, et parfois quelques petits mots de l'auteur pour nous le rappeler non, sans une pointe d'humour, comme ce post-it utilisé par Gustave, chose impossible, totalement anachronique dans les années 60, et cette phrase de l'auteur nous interpellant « et pourquoi pas ? Il a bien le droit, pour une fois, d'être un peu en avance sur son temps ».



Deux protagonistes, un homme et une femme. Non pas ce que vous croyez. Cela n'a rien à voir. « Ce qui les lie est d'un autre ordre, d'une tout autre puissance. Leur tâche, pour les années à venir, est de perpétuer ce qui peut l'être – très peu de choses – et d'accompagner le reste à son terme. Ce qu'elle et lui sont l'un pour l'autre est encore plus simple : le dernier vivant, la dernière vivante. A croire que ces deux-là n'existent qu'à seule fin de prendre congé ».

Un frère et une soeur. Gustave et Madeleine. Tous deux célibataires et sans enfant, à l'automne de leur vie, vivant ensemble et entretenant la maison familiale comme les derniers vestiges d'une longue descendance. Elle a en charge les soins et l'attention, lui aide sa soeur et surtout crée avec sa plume et son appareil photo.



Nous les voyons vivre, au gré des saisons, au gré des multiples tâches à mener dans la maison, dans le jardin, au gré des moissons. Il y a comme un balancier dans ce livre, un tic-tac incessant et rassurant, balancement entre le frère puis la soeur, entre souvenirs d'enfance et moments présents, entre travaux domestiques et créations artistiques. L'auteur s'en tient aux saisons, aux lumières, aux faits et gestes comme les photos de Gustave Roud qui ne cesse, après de longues pérégrinations dans la campagne suisse, de photographier des paysans en plein travail, des hommes aux torses nus surtout , « les pieds qui s'enfoncent dans la boue de mars, les bras qui soulèvent des gerbes de foin ou qui retiennent la bride d'une jument fourbue, les lèvres, le matin, contre l'aluminium brûlant d'une tasse de café bue sous un arbre, des gestes qui font des vies ».



Oui, des gestes qui font des vies, des gestes simples et immuables, pérennes, voilà ce que capte également Bruno Pellegrino en imaginant ce frère et cette soeur dans leur maison, en un récit éminemment sensoriel. Des odeurs, des couleurs, des bruits, des lumières sont décrits avec une telle délicatesse que nous les sentons, les voyons, les entendons, en sommes nous-même éblouis.



« Par les interstices de la paroi à claire-voie filtre une lumière choisie qui habille le vaste espace, vide depuis trente ans et des poussières. Le vide a l'odeur des récoltes vieilles d'un siècle. Ça sent les fantômes de foin, les crottes de fouine desséchées, les débris de rongeurs décortiqués par les chouettes. le bois de la charpente pèle, jamais poncé jamais verni, soumis aux changements de températures radicaux de cette contrée sauvage, de ce pays de loups, on l'a toujours dit. Accrochées tête en bas aux chevrons, les chauves-souris dorment nerveusement ».



Éloge de la lenteur, d'un rapport au temps autre et d'un lien avec la nature oublié, ce livre distille une mélancolie pour la campagne qui m'a enveloppée de son aura vert-de-gris, suranné, telles des réminiscences d'une simplicité perdue à jamais mais tellement désirée…



« Quand je lève les yeux, je vois simplement des arbres là où Gustave et Madeleine voyaient des tilleuls, des aulnes, des acacias, des érables. J'écris sur des gens qui étaient capables de nommer les choses, les fleurs et les bêtes alors que j'ai besoin d'une application sur mon téléphone qui identifie les oiseaux par leur chant, les plantes par la forme de leurs feuilles, et je dois vérifier sur des sites de jardinage la période de semaison du blé et de floraison des cyclamens. C'est peut-être ce qui me fascine, chez ces deux-là, leur manière lente et savante d'éprouver l'épaisseur des jours. Et puis les doutes qui subsisteront toujours : je n'ai aucun moyen d'établir avec certitude si le corridor, à leur retour ce soir-là, sentait le clou de girofle, l'humidité ou la cire d'abeille, le feu, la viande ou la naphtaline ».



Un récit d'une grande sensibilité dont je suis sortie apaisée. Un livre simplement beau qui offre une petite parenthèse hors du temps dans laquelle nous retrouvons le rythme et les beautés de la nature. Sans oublier, un roman qui permet de faire connaissance de manière délicate et pudique avec le poète Gustave Roud.



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Là-bas, août est un mois d'automne

En s'attaquant à une partie de la vie du poète Gustave Roud entre 1962 et 1972, Bruno Pellegrino s'est surtout penché sur un couple étonnant, formé avec sa sœur Madeleine. Deux êtres sans descendants, vivant dans la vieille maison familiale au gré de leur petit quotidien, en Suisse. Descriptions minutieuses, dialogues quasi absents, flash-backs familiaux, nature avec son vocabulaire foisonnant en sont les principaux ingrédients.

La quatrième de couv' ne le cache pas, l'auteur lui-même le dit : Madeleine et Gustave se shootent au thé. L'effet n'en est pas excitant pour Gustave le poète contemplatif et rêveur, roi de la procrastination : « ...la poésie, c'est poser des questions au monde, et espérer une réponse – et dans l'intervalle, attendre. ». Les jours passent et les lignes trépassent. Son projet de livre en cours attend donc, ça bouge trop du côté des tussilages, pulmonaires officinales, scabieuses, nappes d'esparcettes, épilobes et autres campanules que son regard d'esthète ne manque pas d'observer. D'autant qu'il se passionne aussi pour la photographie, de préférence d'hommes au torse nu.

Madeleine, elle, s'intéresse plus aux choses de la vie matérielle. Elle s'affaire à son quotidien de tâches ménagères, de cuisine, de visite ou de réception d'un tiers. Et de son frère. « Il a meublé l'après-midi (la journée, l'année, sa vie) d'activités sans envergure : un peu de rangement, de la lecture, quelques lettres, de la paperasse, les trois repas pris silencieusement avec sa Madeleine, qui lui dit qu'il a mauvaise mine, tu vieillis mon gugusse, il faudrait voir pour t'aérer un peu ». La gazette la tient informée de la conquête de l'espace des grands de ce monde, et elle en est sidérée avant de s'attaquer à la poussière. L'univers qui entoure l'humain est en effet à la fois petit et grand, on le sait.

Lorsque Madeleine « s'inquiète pour les corymbes serrés de l'hoya carnosa importé des îles Moluques », moi je m'inquiète de tous ces mots à chercher dans le dico pour un bout de phrase. Oh et puis non... Y'a qu'à imaginer, on y voit tout aussi bien les choses fleurir. Une espèce de léthargie indolente et imaginative peut ainsi s'emparer du lecteur, par contagion d'ambiance. Mais attention à ne pas trop papillonner dans la rêverie, au risque de rater des évènements cruciaux. Il y a parfois de la frénésie, comme à un moment dans le village où on apprend que la route principale doit être élargie. Le petit monde de Madeleine et Gustave s'en trouve affecté, il est sur le passage... Ça va bouger. (peut-être)

N'empêche, je me moque un petit peu, mais j'ai beaucoup aimé. Je referai presque un autre petit tour vertigineux dans le manège mystérieux des choses de la vie de Madeleine et Gustave Roud.
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Dans la ville provisoire

L’humidité qui glace le narrateur s’incarne rapidement dans les premières pages, avec l’histoire de ce socle de pieux de bois, qui constituent les fragiles fondations de la ville. Nous sommes donc à Venise. Le jeune homme est là pour rassembler et trier les archives d’une traductrice mise à l’honneur par la fondation qui l’emploie. S’immiscer dans l’intimité de l’absente, se nourrir des maigres indices laissés dans son logement qui garde les traces d'un abandon subit, crée entre le narrateur et cette femme une curieuse relation aussi impudique que respectueuse.





La ville est omniprésente, et rythme la vie de ses hôtes au gré des caprices de la marée. L’eau est partout et effectue son lent travail de sape, charriant la crasse, diffusant les odeurs. Le street-art prend ici des teintes de rouille et de lichen.



Loin des paillettes et des décors de la fête, Venise s’offre dans sa décrépitude, comme une malade agonisante, condamnée à une submersion inévitable.



C’est avec beaucoup de poésie que l’auteur décrit une Venise très loin des clichés touristiques pour une histoire insolite et singulière, où la réalité flotte parfois entre deux eaux.




Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Là-bas, août est un mois d'automne

Commande faite le 3 mars 2018- Relecture 18 décembre 2023



Un très beau texte de Bruno Pellegrino qui rend un hommage vibrant, émouvant à la personnalité et aux exigences littéraires de Gustave ROUD, ce poète- marcheur - photographe, de Suisse romande...!



Ce roman s'inspire librement de la vie de ce poète

( 1897- 1976) et de sa soeur Madeleine ; l'auteur nous raconte la vie et les liens fusionnels entre Gustave et sa soeur, véritable ange tutélaire...qui aura vécu et protégé son petit frère jusqu'à sa mort à elle...Un lien fusionnel...des caractères différents et taiseux se complétant...



Récit allant de septembre 1962 à avril 1972...



Gustave avait une santé fragile...ses passions : l'écriture, la Nature et la photographie...et cette maison-ferme familiale, à laquelle ils sont amarrés tous les deux, même si ils n'auront aucune descendance, ni l'un ni l'autre.



La lenteur de la narration, les très abondantes descriptions des Plantes, des arbres, des fleurs nous immergent à merveille dans cet îlot protégé, hors du temps et dans l'espace singulier de ce poète !



"Les nuits lessivent Gustave, qui met la journée à s'en relever (...)Il n'est absolument pas question d'écrire, mais lire, un peu, pourquoi pas. Il retombe sur des poèmes d'Emily Dickinson, un petit recueil acheté par hasard, il y a longtemps. Un siècle plus tôt, l'Américaine menait une vie semblable à la sienne, recluse dans une maison de campagne, vivant avec sa soeur et compilant son herbier. Elle et lui auraient eu des choses à se dire. "



Madeleine sera toujours le bouclier contre l'extérieur, pour son frère tant admiré...car subsiste toujours un brin de méfiance pour celui qui est trop différent; d'autant dans les villages !



"Depuis toujours, au village, on se demande. Les rumeurs ont commencé avec le premier appareil photo, une box Kodak que Gustave a reçue pour ses vingt et un ans.(...)

Mais dès qu'il a été en possession de son propre appareil, Gustave n'est plus sorti sans lui.Jusque là, on s'était plutôt amusé de ce jeune homme maladroit qui ne faisait rien comme tout le monde- il voyait des morts, babillait avec les oiseaux, écrivait des poèmes- mais qui restait le fils de Constance et Samuel, des gens bien sous tous rapports. (...)

Depuis, on a compris qu'il n'y avait rien à craindre- un spécial, c'est sûr, un vieux garçon, mais aussi un monsieur, qui a fait ses études et passe à la radio, à la télé- mais on se demande quand même toujours un peu, sans vraiment mettre des mots dessus, ce qu'il fabrique, et avec qui."



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Terre-des-Fins

La création du bout du monde



Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz ont uni leur force créative pour concevoir ce roman à six mains, l’histoire d’une commissaire d’exposition à la recherche de l’artiste dont elle prépare l’exposition et qui va être guidée par Liv, elle-même artiste, délinquante et farouchement décidée à s’émanciper.



Pour Zed et Liv, il est temps de quitter leur cabane pour rejoindre la voie ferrée. Car le train venant de la capitale est chargé de marchandises et c'est en le braquant qu'ils assurent leur subsistance, même s'ils n'ont aucune certitude quant aux marchandises transportées. Mais cette fois la chance leur sourit: huile, thon, maïs doux. Un butin qui pousse Liv à pénétrer dans un second wagon où se trouvent des produits frais, mais aussi une femme qui donne l'alerte.

Une rencontre aussi inattendue que perturbante. Si Zed réussit à fuir, Liv est arrêtée et conduite à Terre-des-Fins, ou plus familièrement Terdef, le petit nom de cette cité minière sur le déclin. «À Terdef, si tu bosses pas à la mine, si t'es pas policière ou disons mécano, t'as pas plus de raisons de rester que de te foutre en bas d'une montagne. Du coup ceux qui restent, je me demande toujours à quel moment ils ont décidé de pas partir.»

La voyageuse imprévue, qui n'a rien d'une clandestine, va s'avérer être la planche de salut de Liv, car elle vient préparer une grande exposition consacrée à un enfant du pays, le sculpteur Mitch Cadum. Comme Zed et Liv sont graffeurs quand ils n'attaquent pas les trains de marchandises. Ils ont déjà maintes fois côtoyé les œuvres de Mitch, à moins qu'ils ne décident d'égayer ces blocs de granit de leurs sprays. Aussi Sora, la mystérieuse voyageuse, accepte-t-elle de suivre Liv contre la promesse de pouvoir rencontrer Mitch. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que la voleuse a imaginé ce scénario, qu'elle entendait gagner du temps, ayant compris combien le grand artiste était important à ses yeux.

Le roman bascule alors dans le polar, mais aussi dans une quête des origines, un montage artistique, le combat d'une communauté pour ne pas disparaître et une histoire d'amour improbable.

Je me souviens aussi de la surprise qui avait été la mienne en découvrant la vraie fausse biographie de l’écrivaine suisse Esther Montandon imaginée par le groupe de l’AJAR qui avait réussi un formidable roman avec Vivre près des tilleuls.

Je me souviens aussi d'une rencontre à Aix-les-Bains. Bruno Pellegrino venait de recevoir un Prix littéraire avant de partir pour Rome où l'attendait une résidence d'écrivain. Durant la conversation, il avait évoqué cette expérience d'écriture à plusieurs. Je me suis alors dit que la Suisse romande était chanceuse de posséder un tel laboratoire d’innovations littéraires.

Avec Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz confirment ici leur talent individuel et collectif. Ils ont imaginé ensemble une série littéraire intitulée Stand-by avant de répondre à l'invitation du Musée cantonal de design et d'arts appliqués contemporains de Lausanne, le Mudac et proposer ce roman à six mains si bien ficelé. En répondant fort bien au cahier des charges proposé, allier art et littérature pour accompagner la grande exposition qui s’ouvrira le 18 juin, mais surtout parce que l'œuvre littéraire brille par son originalité et sa facture. Ici impossible de découvrir qui a écrit quoi, tant le passage des différentes versions entre les mains des auteur sont permis de lisser le texte. Voilà trois auteurs à suivre, en solo ou en collectif !



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Dans la ville provisoire

Un homme débarque en plein mois de janvier dans une ville dont on ne connaît pas le nom, envoyé là par une mystérieuse fondation à la recherche du travail d'une traductrice qui semble menacé par les eaux. Sans jamais évoquer ni la langue cible ni le lieu où « l'action » se passe, Bruno Pellegrino réussit le tour de force d'écrire un roman de 126 pages dans lequel il ne se passe, reconnaissons-le, pas grand chose. Les seuls détails que j'ai pu relever sur les langues de traduction sont l'évocation d'un dictionnaire grec/allemand et l'utilisation par l'auteur d'un germanisme. Un pizzaiolo nous évoque un peu d'Italie peut-être ou un pays méditerranéen, parce qu'il y a la mer et des goélands. L'auteur semble ne pas vouloir que l'on identifie l'endroit. La ville énoncée « provisoire » a tout d'une cité lacustre, et il pleut beaucoup dans ce lieu cerné par l'eau qui semble envahir tout, même la piscine... Peu de bruit, beaucoup d'humidité, peu de gens, pas de paroles , peu de couleurs ; on suit le « héros » dont on ignore tout (à part qu'il a une mère et une grand-mère qui perd la tête, ce qui est le cas de beaucoup de monde), dans ce qui ressemble au tri que l'on réalise à la mort d'une tante dans sa maison abandonnée. Alors, oui ce roman court se laisse lire, l'écriture est plutôt fluide , telle les eaux usées qu'il décrit plutôt bien. L'image qui va me rester de ce roman est le gris verdâtre avec beaucoup de nuances mais sans le côté coquin. Est-ce que l'auteur veut copier certains grands auteurs dans leur détachement ? Mais là où Camus nous aurait bouleversé, Pellegrino finit par nous ennuyer. Et je m'interroge sur le pourquoi de ce texte puisque l'auteur ne voulait manifestement pas nous faire passer de message... Un mystère irrésolu. Un roman opaque voire abscons. A ne conseiller qu'aux amateurs du genre.
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Stand by, saison 1, épisode 1

Ce n’est pas facile d’avoir un avis tranché sur ce roman car c’est en fait le premier épisode d’une série (j’ai vu en librairie qu’il y avait deux saisons… comme pour une série télévisée !). Dans ce premier épisode, on prend la température en quelque sorte et on nous présente les protagonistes de cette intrigue sur fond d’éruption volcanique à grande échelle. Les chapitres qui se succèdent voyagent entre France, Monténégo et Groenland, s’attardent sur des personnages qui seront sans doute développés dans les épisodes suivants. Et pour éviter qu’on s’ennuie, quelques pages en italique qui décrivent la catastrophe qui se déroule en Italie.

Voilà, pas grand-chose à se mettre sous la dent. En espérant que l’action décolle vraiment ensuite…

Challenge Multi-défis 2019

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Terre-des-Fins

Séduit par cette couverture, et son modèle de TER gris que je reconnaîtrais entre mille.



Enfin gris…et bleu, c’était avant la superbe composition colorée vaporeuse qui le recouvre ici et qui m’a poussée, entre autres choses, à mettre le bouquin dans mon escarcelle.



Les trains ont toujours été le support de prédilection des graffeurs car ils bougent, cette capacité de mouvement en plus du parcours délicat pour y accéder en fait tout l’intérêt. Les peintures ornant ces trains seront donc plus vues qu’une peinture de rue qui n’impactera que les locaux qui passent devant, faute de mobilité.



Avant que vous ne criiez que ce n’est pas le sujet, je souligne juste ce ressenti fort que j’ai post-lecture. L’activité parallèle de graffiti des personnages principaux que je trouvais un peu posée comme un cheveu coloré sur une soupe bio m’a paru un peu superflue à la fin de la lecture, et puis en fait, avec un peu de maturation et de pensée elle s’intègre bien.



L’envie, faute de moyens, de faire voyager un peu de soi – via sa peinture.

Terre-des-fins / Terdef pour les intimes, c’est cette petite bourgade que l’on pourrait imaginer dans les hauts-de-France, région impactée en tout point par l’activité minière intense que les 30 glorieuses et sa soif de matériaux à transformée durablement.



Toujours la même histoire de prolos surexploités trop amoureux de leur terre pour la quitter.

Ici ils sont épargnés par les coups de poussière de grisou ou la silice, c’est un autre type de coup de Trafalgar qui créée la maladie crame la chandelle par les deux bouts.



Alors l’Homme s’adapte, comme toujours. On vit de petits expédients, accroché que dis-je enraciné à une terre exsangue qui n’apporte que fracture sociale et ou l’espoir fond comme peau de chagrin.



Un roman à six mains dit-on, je me demande comment ça s’articule tout ça, qui fait quoi, qui est celui dont on accepte les choix et qu’on publie ? Et bien au final c’est l’œuvre n’est pas bloquée dans ces contingences et on la prend pour ce qu’elle est. L’homme ou la main derrière, est parfois secondaire.



Voila ce que nous apprend ce roman bien amené, avec je le concède un peu de facilité dans les choix de ces personnages un peu clichés mais cabossés juste ce qu’il faut. Un peu d’évidence aussi sur une trame narrative qu’on sent posée et inébranlable comme l’unique ligne de train du roman, fil rouge exacerbant désirs et espoirs.



Et pourtant malgré ces petites tendances à l’évidence, des petits temps d’émerveillements sur la nature humaine avec son lot de défauts attachants ou de fulgurances humanistes, font le sel d’un roman d’apparence sobre, une œuvre aussi vivante que sa couverture.

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Là-bas, août est un mois d'automne

Avez-vous déjà choisi un livre uniquement à partir de son titre ?

C'est ce qui m'est arrivé avec ce livre. Je ne connaissais ni l'auteur ni le poète et photographe suisse Gustave Roud dont ce court roman retrace l'histoire.

Bruno Pellegrino nous raconte dix ans de la vie de Gustave et de sa sœur aînée Madeleine, de 1962 à 1972 en imaginant leur quotidien, basé sur des faits réels.

Il se dégage une certaine langueur de ce roman, le temps s'écoule doucement au rythme des saisons mettant en lumière les choses simples de la vie quotidienne mais le temps semble comme suspendu.



« Les minutes font des matinées qui s'écoulent sans laisser de traces. »



Une douce parenthèse poétique hors du temps que j'ai beaucoup appréciée !
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Les mystères de la peur

Lou est différente. Non pas parce qu'elle a deux papas mais en raison de son incapacité à reconnaître le danger et donc de ressentir de la peur.



Ses parents inquiets, décident de l'envoyer dans une école expérimentale censée apprendre aux jeunes à gérer leur peur.



Elle retrouve quatre autres enfants qui ont tous des problèmes spécifiques et se lie notamment avec Max qui a peur de tout...



Un livre très original et fascinant. Par sa construction tout d'abord car il contient du texte, mais aussi des mini bandes dessinées et des extraits à dominante scientifique.



Mais aussi par son contenu car, sous le fil d'une enquête et d'un thriller, la peur est étudiée sous ses différents aspects.



J'ai beaucoup aimé la richesse du récit et sa capacité à nous faire prendre des chemins de traverse mais aussi les illustrations.



Il est intéressant de lire aussi la partie casting en fin d'ouvrage qui éclaire le cheminement de l'auteur et ses recherches et inspirations.



Il est aussi bien possible d'utiliser les passages sur les émotions pour amener les adolescents vers plus de réflexivité que de se laisser porter par l'histoire et sa fin elle-aussi étonnante. On vous aura prévenu !



A découvrir...
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Là-bas, août est un mois d'automne

Pourquoi vous proposer un livre dont peut-être vous n’avez pas entendu parler ?

Et bien d’abord parce que mars est le mois de la poésie, le mois du Printemps des poètes.

Ensuite parce que j’aime Gustave Roud et sa poésie, une raison quasi suffisante non ?

Enfin parce que c’est l’occasion de parler ici de poésie ce que je ne fais pas suffisamment souvent.

Gustave Roud j’ai fait connaissance avec lui grâce à Philippe Jaccottet qui m’a incité à le lire.

Lorsque j’ai vu paraitre le roman de Bruno Pellegrino j’ai été ravie et je l’ai lu avec émotion. Il trace le quotidien de Gustave et Madeleine, le frère et la soeur qui ont toujours vécu sous le même toit.

Il nous livre dix années de vie, de 1962 à 1972

Il fait leur portrait, il décrit leur quotidien dans la maison de famille à Carrouge, une « maison massive , d’un seul bloc, en équilibre entre la cour, à l’est, et le verger à l’ouest » dans un village vaudois.

Derrière Bruno Pellegrino on accède au jardin qui a parfois des « allures de jungle ».

L’une, Madeleine, est une passionnée par l’espace, l’autre est un fou de photos et de poésie.

Ils ne sont mariés ni l’un ni l’autre. « Leur tâche, pour les années à venir, est de perpétuer ce qui peut l’être ».

On les connait bien dans le village « le frère et la soeur, enfin on la connaît surtout elle, qu’on voit à l’église, parce que lui c’est un peu un drôle d’oiseau. »



La ferme est témoin du temps qui passe, « Les hivers, après coup, sonnent comme un conte : de la neige à outrance et pour la déblayer, des traîneaux tirés par des chevaux. »



L’été est court dans ces contrées « Les matins sont frais, le soir on ne s’attarde plus sans châle ou couverture sur le banc devant la maison ; au verger, certains arbres tirent déjà sur le jaune… »

Des passions exigeantes, parfois dérangeantes comme celle de Gustave qui photographie inlassablement « des hommes presque nus », une époque où il était très difficile de s’assumer homosexuel.

Pour elle une bibliothèque riche et surprenante « Madeleine suit du doigts le dos des livres, en arrive aux traités de mathématiques et de vulgarisation. Une biographie de Copernic aux pages cornées. Un atlas céleste »

Mais il y a aussi la vie simple, humble : l’une fait des confitures, l’autre est « un monsieur qui a fait des études et passe à la radio »

Bruno Pellegrino sait mettre en avant ce déroulement lent du temps qui permet au poète « d’éprouver l’épaisseur des jours… »



Curieusement on pourrait les croire hors du temps mais de fait c’est le contraire, ils sont tous deux les deux pieds dans la terre, vivant au rythme des saisons.

D’un côté un homme simple, un homme de la terre, de l’autre un poète reconnu qui pour ses soixante ans déambule en Italie à l’invitation de son éditeur.

Ce roman est une belle et pudique façon de faire connaissance avec Gustave Roud.




Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Là-bas, août est un mois d'automne

Mais quel titre !!!



Madeline et Gustave, frère et soeur vieillissants, coulent des jours sans événements saillants dans leur immense maison familiale, après le décès de leurs parents et tantes. Ils sont les derniers. Le temps s'écoule au cours des années 60, Madeleine tient la maison, Gustave effectue longues promenades, tente d'écrire : en effet il est un poète reconnu, les villageois lui pardonnent ses habitudes.



Il s'agit en fait d'une biographie très romancée de Gustave Roud (1897-1976), dont je n'avais jamais entendu parler... Cette fois encore je suis entrée facilement dans cet univers feutré, doux, tout en subtilité; peu d'événements saillants, mais une atmosphère qui vous enveloppe délicatement.



Il est connu comme poète et photographe (merci internet)
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Là-bas, août est un mois d'automne

Ignorant le détail de la vie de Gustave et Madeleine Roud, je ne saurais dire quelles libertés l'auteur a prises avec elle, puisqu'on insiste bien sur le caractère romanesque de son ouvrage. Il reconstitue la vie quotidienne de Gustave Roud, faite de promenades et de velléités d'écriture, et de sa soeur, bien plus active et pratique. A vrai dire, on a l'impression que Bruno Pellegrino tente de rétablir l'équilibre, et de faire justice à la compagne de toute une vie du Grand Poète, Gustave Roud, qui seul reste dans les mémoires et les livres. Ce roman s'inscrit donc dans la perspective qui fut celle de Grazia Livi, dont "L'époux impatient" raconte les premiers temps du mariage de Mme Tolstoï. On pense aussi à Mesdames Hugo (Adèle Hugo et Juliette Drouet) etc ... La prose de Bruno Pellegrino n'échappe pas toujours aux tics et aux fautes du français littéraire contemporain, à la manie de la première personne narrative, à l'aplatissement du récit par l'abus du présent et du passé composé, mais ces défauts ne lui gâchent quand même pas tout son charme, sa variété lexicale et sa couleur. C'est un livre immobile et contemplatif, plutôt beau.
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Tortues

Neuf nouvelles aux accents autobiographiques qui racontent le lien qu’entretient l’auteur avec les objets et les écrits. Tout à tour archiviste, enfant inquiet, écrivain en résidence littéraire ou étudiant préparant un mémoire, il classe, range, lit ou procrastine, toujours attentif aux petits faits quotidiens. Un court recueil à l’écriture dépouillée, intimiste et évocatrice.
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Terre-des-Fins

Terre-des-Fins ou Terdef pour les habitués est une ancienne ville minière à l’abandon. Ville terminus du train qui vient de la capitale une fois par mois, « troufignon du monde« .

Pour Zed et sa sœur Liv, deux adolescents orphelins qui habitent une cabane près de la voie ferrée, ce train est une aubaine. Ils y grimpent en douce, volent quelques boîtes de conserve, de quoi enrichir leur quotidien. Autrefois, le convoi tirait jusqu’à vingt-cinq wagons de marchandise et dix wagons de passagers. Aujourd’hui il n’ y a plus que la loco et un seul wagon passager pour stocker la nourriture fraîche et un wagon plateforme.

Pour Zed, graffeur, ce train est aussi un moyen de faire voyager son art vers la capitale.

Mais ce jour-là, lors de leur expédition, Zed et Liv tombent sur une jeune femme dans le wagon des passagers. Zed réussit à s’enfuir après l’avoir malmenée mais Liv se fait une fois de plus arrêtée par les policiers. Elle s’en tirera comme d’habitude avec quelques heures de nettoyage dans la ville.

Alors qu’elle nettoie un tag sur une sculpture du rond-point, elle retrouve Sora, la femme du train. Cette dernière est venue chercher une sculpture géante de Mitch Cadum pour une exposition au musée de la capitale.

Mitch Cadum est la célébrité du village. Ses œuvres taillées dans la pierre toxique de la mine sont reconnues. C’est d’ailleurs aujourd’hui la seule source de revenus du village depuis que la mine est fermée.

Sora rêve de rencontrer l’artiste. Liv y voit une belle opportunité financière. Elle, « fleur de poubelle » prend donc en charge cette « fille de cocktails. »

C’est une merveilleuse rencontre qui ne sera pas sans rebondissements.

Ecrite à six mains, cette histoire est rythmée, drôle et touchante. J’ai beaucoup aimé l’univers de Liv. Une jeune fille bègue, nostalgique de ses parents morts à cause du minerai, un peu étouffée par la volonté et la violence de son frère mais toujours volontaire, dynamique et parfois un peu rêveuse. Elle a ses coins où elle aime flâner, s’isoler pour graffer.

Les auteurs ont le sens d’une narration évocatrice. Les paysages et les sensibilités des personnages sont particulièrement bien mis en valeur. Une nature polluée par l’exploitation d’un minerai toxique, des gens abandonnés à leur misère qui rayonnent pourtant de leur beauté.

Une belle surprise.
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Tortues

Est-ce un roman ? Un recueil de nouvelles ? Une autobiographie ? Un essai sur la mémoire, les souvenirs si fugitifs? Un peu tout cela et ce sont toutes ses formes si diverses qui font de "Tortues" un livre étonnant.

Bruno Pellegrino nous parle de ses obsessions pour les vieilles choses, objets, archives, vieilles dames, de son envie de vouloir conserver des traces du passé, essentielles, et ce, dès l'enfance, sous la forme d'un tiroir où il avait rangé tout ce qui lui semblait important et qu'il emporterait si jamais sa maison brûlait.

De cette fixette enfantine et de sa passion pour la littérature ( aussi bien la grande que la plus anonyme) il va en faire le sel de sa vie, étant appelé à mettre de l'ordre dans la paperasse d'une écrivaine décédée ou en se lançant sur les traces d'une obscure poétesse Suisse voire se faufilant avec autant de naïveté que de pugnacité chez la veuve de Friedrich Dürrenmatt.

Cela pourrait sembler poussiéreux, poseur, intello, un peu savant, voire ratiocineur alors que c'est tout le contraire. Bruno Pellegrino possède trois choses essentielles pour un écrivain ( que beaucoup n'ont hélas pas) : un réel talent d'écriture, dans un style impeccable aussi ample que vraiment lisible, un vrai regard singulier sur la vie et le monde et surtout le pouvoir de créer un livre bourré de... il n'y a pas d'autre mot... charme. Il y a du Modiano ( et j'ose le dire, en mieux) dans cette volonté de retenir des détails, des atmosphères du passé et là où il se différencie du maître, c'est que lui, en filigrane, il esquisse avec subtilité son autoportrait sans que ce soit jamais m'as-tu-vu, s'effaçant sans jamais disparaître dans les portraits qu'il dresse des autres personnages qu'il met en valeur. Il y a dans ces textes une très belle sensibilité, une poésie qui n'exclue pas la dérision, une attention aux êtres et aux choses disparues jamais sinistre, une authentique empathie, ... bref un vrai et grand charme littéraire. Pour moi, un coup de coeur et une vraie découverte.

Bruno Pellegrino écrit : " ... Observer des vies passées, m'aide à m'orienter dans la mienne" et l'on peut dire que lire ces vies passées sous la belle plume de ce jeune auteur aide à embellir la mienne.

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Dans la ville provisoire

Un jeune homme débarque dans une ville entourée d'eau, en plein hiver. Il est clair qu'il s'agit de Venise, même si elle n'est jamais nommée.



Il vient là pour trier les papiers d'une traductrice, dont nous ne savons pas très bien ce qu'elle est devenue, du moins dans une premier temps. Son quotidien va se résumer à des allers-retours entre la Fondation qui lui a fourni ce travail et la maison de la traductrice.



L'histoire est ténue, c'est surtout un roman d'atmosphère, celle d'une ville brumeuse, mystérieuse, envahie par l'eau, loin des hordes touristiques de l'été. Il pleut beaucoup, le jeune homme se perd dans les papiers, prend possession de l'appartement de la traductrice, essaie d'imaginer comment elle y vivait.



Il va jusqu'à revêtir une robe qui lui appartenait et reprend les trajets qu'il lui prête lorsqu'elle était là. Rien n'est vraiment expliqué, ce qui ne m'a pas empêchée d'aimer cette errance nébuleuse. De la même manière, le jeune homme se fond peu à peu dans la ville, sans perdre de vue qu'un jour, elle ne sera plus.



Un roman qui vaut par son écriture et un charme évanescent.
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Dans la ville provisoire

Sans être nommée, la ville de Venise est magiquement évoquée. Pas une Venise pour touristes, mais hors saison estivale, avec ces sirènes annonçant l'arrivée d'une acqua alta. Cela se termine avec une extraordinairement décrite montée des eaux, justifiant le titre de ville provisoire (jusqu'à quand, on l'ignore). L'humidité, le froid sont extrêmement bien évoqués et ressentis.



Le jeune narrateur y séjourne, il est censé faire l'inventaire des papiers et documents d'une traductrice célèbre pas nommée. Comme dans le livre précédent, on a affaire à des tris, des classements.



"A partir de quand cessait-on de séjourner quelque part pour commencer à y vivre?"
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Là-bas, août est un mois d'automne

Là-bas, août est un mois d’automne de Bruno Pellegrino

Zoé Poche



Il aime les plantes et les fleurs qu’il consigne dans ses carnets, les hommes plutôt nus, modèles vivants qu’il photographie, il a le gout de l’ancienneté des campagnes et de l’architecture des fermes qu’il cartographie. Il est un poète, un peu rêveur.

Elle fait des gâteaux merveilleux et a une soudaine passion pour l’astronomie, la Nasa et l’insondable univers si bien agencé. Elle, la vieille fille qui veille sur son vieux garçon de frère et sur la maison. Elle lui rend la vie plus paisible, agréable, elle s’inquiète de ses errances, elle voudrait le préserver, toujours.

C’est leur façon à eux, d’être au monde, leur équilibre à la fois solide et familier.

C’est sa façon à elle de prendre soin de lui, de l’aimer, sans le toucher, sans le lui dire.

Et à lui, cet arrangement convient parfaitement, il ne demande rien d’autre, il est le vieux frère reconnaissant.

Ils vivent ensemble dans leur maison héritée il y a bien longtemps, il ne reste plus qu’eux. On les suit de pièces en pièces et on apprend de leur vie par petites touches impressionnistes ou la nature à une grande part.

Chaque paragraphe pourrait devenir un tableau où fourmille une multitude de détails, c’est un roman pour dessiner, pour peindre, c’est un livre tableau.

C’est l’histoire du poète Gustave Roux et de sa sœur Madeleine, sur 10 ans (1962-1972).

Et si Là-bas, août est un mois d’automne, septembre fera très bien l’affaire et je vous recommande ce livre, sans plus tarder !

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