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Critiques de Séra (72)
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3 pas dans la pagode bleue

C’est un tout petit livre, une trentaine de page, 16x12 cm. Il raconte juste une petite halte lors d’un voyage au Cambodge dans une pagode bleue, comme un carnet de voyage aux couleurs délavées. C’est un moment détaché du temps, un temps de recueillement, un hommage simple, au passé cruel de ce pays qui renaît de ses cendres, et à Vann Nath, peintre cambodgien qui vient alors de décéder. J’ai lu il y a peu “Vann Nath, le peintre des Khmers rouges” de Matteo Mastragostino et Paolo Castaldi. Les 3 pas dans la pagode bleue résonnent comme un écho à cette lecture, sensible et touchante.
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3 pas dans la pagode bleue

Impossible de résister à un si beau titre !

Une poignée de pages, avec de beaux dessins couleurs sépia, qui gardent le mystère ! Et la dernière, une jetée dn bois frustre qui conduit à une eau calme !

Bel hommage qui me donne envie d'en savoir plus .

Il est Vann Nath," il était le peintre le plus signifiant du passé récent et tragique du Cambodge".
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Concombres amers

Une très belle bande dessinée qui frappe dès les premières pages par ses tons sombres et sépia, avant de faire plonger le lecteur dans l'inéluctable descente aux enfers du Cambodge, dont la neutralité ne peut subsister bien longtemps à la proximité du conflit vietnamien...



Concombres amers est un objet atypique, puisqu'on n'y trouve pas de récit linéaire, de trame ou de personnages héroïques ; on ouvre cet ouvrage comme on ouvrirait un dossier d'enquêtes qui compilerait de multiples feuillets et notes, tantôt sur des évènements, tantôt sur du matériel de guerre ou de courtes anecdotes. Chaque page présente des croquis, quelques cases, des notes explicatives, des questions, de courtes présentations d'hommes politiques, des cartes d'opération militaire, ou encore des reproductions de lettres entre diplomates ou même des unes de journaux de l'époque.

Il est difficile de s'y retrouver lorsque l'on découvre ce conflit, entre noms d'hommes et de faction ; on peine à entrevoir les forces en présence, et ses dernières tournoyant sans cesse d'un camp à l'autre, on finit parfois par n'y plus rien comprendre : seule l'horreur et les exactions se poursuivent et avancent à travers la jungle cambodgienne, tandis que se retirent dans un même mouvement les Américains et les Sud-Vietnamiens.



On évitera donc de se lancer dans cette lecture si l'on est d'humeur enjouée que l'on souhaite préserver, mais il faut s'y plonger si l'on désire tenter de saisir les racines de cette tragédie, ou de mieux comprendre comment une guerre civile s'absout toujours des frontières, avec la bénédiction des forces en présence, quitte à détruire une société voisine moins maître de son territoire. Un très beau travail de mémoire de Séra, même si j'ai regretté quelques erreurs de typographie et quelques fautes d'orthographe dans la seconde partie de l'ouvrage.
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Concombres amers

Un éclairage bienvenu sur cet angle mort de l’Histoire, à une époque où les regards se concentraient sur le Vietnam voisin.
Lien : http://bandedessinee.blog.le..
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Concombres amers

Dans son saisissant «Concombres amers», Séra, qui a fui le Cambodge en 1975, éclaire l’antichambre du génocide perpétré par les Khmers rouges.
Lien : https://next.liberation.fr/l..
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Concombres amers

L’auteur, Séra, est né au Cambodge. Sa famille a été expulsée en 1975 à la suite de la prise du pouvoir par les Khmers rouges. Il a étudié les arts graphiques en France.

La première chose qui saute au yeux dans cet ouvrage c’est la beauté exceptionnelle des dessins. La mise en couleur et la présentation sont vraiment très soignées.

En ce qui concerne le récit, mon avis est un peu plus mitigé. Il est extrêmement bien documenté, roman graphique oblige. C’est indéniable. Par contre, pour les gens comme moi qui n’ont pas un minimum de connaissances des événements, la lecture et la compréhension du texte est parfois fastidieuse.

Malgré tout, ce souci ponctuel de compréhension n’étant propre qu’à moi-même, je conseille vivement ce roman graphique à l’esthétisme sans reproche : A garder dans sa bibliothèque, à lire, à relire, à feuilleter, à offrir…..

Un très très bel ouvrage.
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Concombres amers

Depuis qu'il a dû fuir le Cambodge en 1975, Sera a conservé tout les articles qu'il a pu trouver sur son pays tant regretté. J'ai lu cette bande dessinée après deux romans qui traitaient du conflit au Vietnam et pourtant j'ai eu du mal à suivre, à digérer toutes les informations. En fait, Sera ne propose pas une récit linéaire, mais une compilation d'événements qui ont conduit au drame que l'on sait. C'est un travail immense qui a été fait : la démarche est admirable et les dessins de Sera sont magnifiques bien sûr. Pourtant, j'ai peiné dans ma lecture, j'ai eu du mal à m'y retrouver. Les ramifications de ce conflit sont tellement complexes ! Bref, j'ai atteint mon seuil de saturation et mes deux lectures précédentes n'y sont certainement pas pour rien. Je pense que ce livre est très important pour quiconque cherche à comprendre comment le conflit commencé au Vietnam a embrasé le Cambodge (et le Laos) et débouché sur le génocide de 2 millions de cambodgiens. En ce qui me concerne, il faudra que j'y revienne pour mieux comprendre, mais plus tard... beaucoup plus tard.
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HKO : Menaces sur Hong Kong

Rares sont les bd où je pousse un "ouf" de soulagement quand arrive la dernière page. Je vois que je ne suis pas le seul au vu des autres avis sur ce récit.



La narration plombe d'emblée l'ambiance. Il s'agit d'une guerre entre les triades à Hong Kong peu avant la rétrocession de cette colonie britannique à la Chine. Pas un seul instant, on arrive à entrer véritablement dans cet objet incongru.



Le dessin en crayonné tout au long des pages est le seul attrait que je vois à cet ouvrage.
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Impasse et rouge

Un roman graphique dur, une période historique horrible servie par des dessins très beau et très noir en même temps, sans concessions l'auteur ne fait pas de cadeaux, les âmes sensibles devrons passer leur chemin, pour les autres c'est très intéressant, je regrette peut être quelques confusions pour tout comprendre lors de là lectures des planches, heureusement l'auteur a mis en appuie des textes pour expliquer le contexte de la guerre avec les Khmer rouge au Cambodge, période et lieu où se déroule cette tragique histoire.
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Impasse et rouge

"Impasse et Rouge" est un album étrange. Je m'attendais a un album plus tourné vers les tenants et les aboutissants de la guerre civile cambodgienne. Séra, d'origine cambodgienne, a préféré nous faire partager les derniers moments de la guerre, quand le monde bascule irrémédiablement dans la barbarie de la dictature Khmer. Il suit Snoul, un soldat de l'armée régulière. L'avance des Khmers est inexorable et l'issue ne fait plus le moindre doute depuis longtemps. Alors les soldats, complètement déboussolés, partagés entre désespoir et colère, règlent leurs comptes.

Il n'y a pas de morale dans "Impasse et Rouge". C'est un instantané de la folie humaine. c'est aussi le récit de la fin d'un monde, d'un basculement en enfer. Les teintes évoquant la boue et le feu accentuent la sensation de défaite qui plane sur cette histoire. Le style ultra-réaliste de Séra achève de nourrir la noirceur de ce récit.
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Impasse et rouge

Dans cette bande dessinée, l'auteur, Séra, revient sur la guerre du Cambodge qui permit l'arrivée au pouvoir des khmers rouges en 1975.



On suit un jeune homme, Snoul, qui appartient à l'armée quelques heures avant que les dernières lignes de défense tombent face aux attaques des khmers rouges. Snoul et sa compagnie « ne se font aucune illusion sur leur destiné. Ils n'ont plus rien à perdre, sinon des crimes, des larmes, du désespoir. » (p.30). Cette bd se déroule l'espace de quelques heures. Des heures pesantes avant la défaite. Snoul revoit son passé, se rattache au sourire de la femme qu'il aime. La tension est palpable au sein de ce groupe d'homme en déroute, « l'heure est à la barbarie. » (page 53). Snoul n'est pas loin de la folie et s'enfonce dans l'horreur de la guerre. Une guerre qui se termine et qui va laisser place à un régime sanguinaire. Le régime des khmers rouges, entre 1975 et 1979, fit approximativement 1,7 millions de victimes (environ 20% de la population de l'époque).



J'aime ce genre de bande-dessinée qui revient sur un événement historique. Dans « impasse et rouge » transparaît toute l'horreur de cette guerre. On sent une grande émotion. Le récit est parfois confus, tout comme les dessins mais l'auteur clôt cette bande dessinée par des explications chronologiques qui permettent de situer le récit.

Les dessins sont parfois un peu fouillis, manquant de netteté, les tons sont ocres, rouges, noirs, gris et font bien ressortir l'ambiance de pesanteur et de drame.



C'est une bande dessinée que je conseillerai avant tout pour l'aspect historique.
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Impasse et rouge

Très peu de dialogues (il n'y en a pas besoin), des dessins magnifiques, Séra réalise ici une BD magnifique. L'histoire de Snouk, inspirée par la vie d'un personnage réel (un ami du père de l'auteur) se mêle le temps d'une BD à l'Histoire avec un grand "H", celle du Cambodge au moment de l'arrivée des Khmers rouges. L'histoire commence en Mai 1970 et se termine en avril 1975 avec l'entrée des communistes dans la ville de Phnom Penh (ville natale de l'auteur rappelons-le). La BD en elle-même est précédée d'une explication par Séra sur le pourquoi de ce livre est suivie d'un dossier, avec chronologie des événements historiques et cartes de l'époque.

Pour quelqu'un qui comme moi aime l'Histoire, cette Bd en plus d'être d'un esthétique plaisante est très intéressante.
Lien : http://hanniballelecteur.ove..
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Impasse et rouge

Une armée en déliquescence, des soldats, pour certains très jeunes, livrés à eux-mêmes, désœuvrés, cédant à une forme de déshumanisation, viennent hanter les pages d’Impasse et rouge.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Impasse et rouge

Séra, lui-même d'origine cambodgienne, revient, dans cette magnifique bd, sur la guerre qui permit l'installation des khmers rouges au pouvoir.



On suit un jeune soldat, Snoul, durant les dernières heures du conflit, alors que tout espoir s'est envolé. Une atmosphère de fin du monde règne et personne ne se fait d'illusion sur ce que les communistes apportent dans leurs bagages : seule l'ampleur de la catastrophe demeure une question...



Et celle-ci fut énorme. Rappelons que le régime de Saloth Sâr, plus connu sous le nom de Pol Pot, est responsable de la mort de plus de 1,7 millions de personnes (soit 20% de la population cambodgienne de l'époque). J'ai beaucoup apprécié la dimension historique de l'ouvrage, matérialisée par un texte de quelques pages (à la fin), retraçant (entre janvier et avril 1975) la chute de Phnom Penh, ainsi que les cartes qui l'accompagnent.



D'un strict point de vue scénaristique c'est assez pauvre, il y a très peu de dialogue et pas vraiment d'histoire. Mais quels dessins ! C'est vraiment l'atout majeur de cette bd. La première édition était en noir et blanc (1995) et une autre est sortie, en couleur, en 2002 (la version que j'ai lue). Pour le coup, l'ajout de la couleur n'est pas du tout artificiel et magnifie le trait. les teintes sont assez uniformes, dans les bruns ocres et renforcent cette impression de fin du monde, de crépuscule. Les contours sont souvent "noyés" dans la couleur, créant une atmosphère cotonneuse, incertaine...comme l'avenir. Séra s'appuie, pour certaines cases, sur des photos d'époque et cela renforce le réalisme de l'ensemble. Seuls les engins militaires sont rendus avec une incroyable précision. C'est bien, malgré la fin qui approche, la réalité de la guerre qui domine.



Au final, une bd qui se lit très vite, instructive et dont l'identité graphique marque les esprits. Cinq étoiles c'est peut-être un peu surnoté, mais rien que pour les dessins, c'est mérité.
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L'âme au bord des cheveux

Né d’un père cambodgien, et d’une mère originaire de Haute-Marne, l’œuvre de Phoussera Ing, aka Séra, est marquée par le Génocide cambodgien perpétré par les Khmers Rouges de Pol Pot.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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L'âme au bord des cheveux

Revivez dans un roman graphique intense l’ascension des Khmers rouges.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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L'âme au bord des cheveux

L'âme au bord des cheveux, c'est l'expression khmère équivalant à "mort de peur". Séra, à travers cet album, retrace l'histoire de sa famille et du pays où il est né, le Cambodge et dont il a vu le pire. D'abord avec l'insouciance de la jeunesse, aveugle à ce qui l'entoure, avant de prendre une leçon de vie des plus difficile. Il raconte sa famille, sa ville, ses amis, ceux dont il n'a plus jamais entendu parlé, le chemin vers l'exil des plus difficile.

Les dessins qui racontent toute cette histoire sont magnifiques, rempli de détails et d'une grande finesse.

L'album est complété d'une bibliographie pour approfondir notre connaissance de cette guerre et de cette page de l'Histoire.
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L'âme au bord des cheveux

En 1969 les américains bombardent le Cambodge pour protéger le repli de leurs troupes .Le prince Sihanouk ne proteste pas et sera démis de ses fonctions: la république Khmère est proclamée, et entre dans la guerre du Vietnam. Séra évoque les propos de Gérard de Villiers( l'auteur des aventures de SAS est en repérage à Phnom Penh pour Roulette cambodgienne.) De Villiers dénonce la corruption.

Un combat fratricide entre les troupes gouvernementales et les Khmers rouges (communistes) fait de nombreuses victimes. Un autre écrivain écrit (Cambodge, année zéro) mais Séra le trouve trop détaché et peu empathique avec les réfugiés.

"La déstabilisation de tout le Sud-Est asiatique provient de la volonté du Nord-Vietnam de réunir sous son égide, le nord et le sud du Vietnam.Pour remplir cet objectif, les dirigeants communistes du Nord poussent non seulement leur peuple au sacrifice, mais entraînent dans la guerre toute une génération d'hommes et de femmes des pays voisins: Laos et Cambodge. Les Khmers rouges vont exercer leur emprise idéologique sur la population." Les français sont sommés de quitter le pays.L'Amérique également.

Viennent ensuite des propos plus intimes de l'auteur: son père cambodgien et sa mère française. Il a un grand-frère et une petite soeur et une bonne à laquelle il était très attaché.

Le 17 Avril 1975, les khmers rouges prennent Phnom Penh, la capitale. Violence, évacuation de force...des réfugiés à l'ambassade de France sont livrés à leurs bourreaux. Le Cambodge devient Kampuchéa. Le nom de Pol Pot apparaît actif dans l'évacuation des villes; on parlera de lui plus tard dans l'Histoire...

C'est un génocide et une tentative d'annihiler la culture khmère millénaire.

Avoir l'âme au bord des cheveux est une expression khmère qui signifie être mort de peur. C'est ce que ressentait l'auteur qui n'était alors qu'un jeune adolescent mais tous partageaient ce sentiment.

Outre ses souvenirs personnels l'auteur s'est documenté et cite ses sources au cours de la BD.

Je ne sais pas trop d'où me vient une certaine frustration; j'ai été souvent perdue dans ma lecture et j'ai l'impression de ne pas en savoir plus en lisant la BD (genre auquel je ne suis pas très habituée.





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L'âme au bord des cheveux

Séra n'a pas connu le génocide cambodgien, mais il en a vécu les prémices. Fils d'un intellectuel et haut fonctionnaire cambodgien, il vit avec ses parents à Phnom Penh. Le 17 avril 1975, jour de la prise de la ville par les Khmers rouges, il se réfugie avec ses parents à l'ambassade de France.  Avec tous les étrangers, il est expulsé vers la frontière thaïlandaise à la fin du mois d'avril. Mais son père, Cambodgien, est contraint de quitter le refuge de l’édifice diplomatique pour se livrer aux révolutionnaires. Il meurt quelques semaines plus tard. Depuis ce printemps 1975, Séra vit ce qu'il décrit comme un conflit, né du déracinement imposé par les remous de l'histoire. Ce conflit trouve son terrain d'action dans le rapport à la parole. Un combat qu'il doit mener tous les jours, contre lui-même et contre les autres. Silence collectif, d'abord : dans la morale traditionnelle du Cambodge, la culture du silence est prépondérante. Silence intime ensuite, l'artiste rappelle souvent la réticence qu'il a toujours éprouvée face à la démarche autobiographique, qu'il reconnaissait comme très intéressante, mais dans laquelle il voyait aussi une forme d'obscénité. 





L'oeuvre dessinée de Séra constitue donc une forme de reconquête de la parole, un travail sur la mémoire consacré à une tragédie. Un crime contre l’humanité face auquel d'autres se sont réfugiés dans les silences coupables. Ainsi l'auteur rappelle-t-il dans ses interviews que les crimes contre l'humanité qui ont été perpétrés par les Khmers Rouges au Cambodge se sont déroulés dans un silence absolu de la part de la communauté internationale, et ont été soutenus et applaudis par nombre de journalistes et d'intellectuels de la gauche française des années 70. Deux éléments très différents ont décidé Séra à rompre ces silences et à construire une oeuvre qui donnerait à son tour la parole à tous les protagonistes de la tragédie cambodgienne. Un film, pour commencer, pour commencer.  Sorti en 1989, "Site 2", parfois sous-titré "Aux abords des frontières", est un documentaire franco-allemand réalisé par Rithy Panh. Le long métrage porte le nom d'un camp de réfugiés cambodgiens situé en Thaïlande, près de la frontière entre les deux pays. Il constitue pour le dessinateur de BD un premier déclic. Le second est une déclaration de Maitre Vergès dans Paris-Match. L'avocat déclarait en substance, que les Khmers rouges n'étaient pas criminels, mais des révolutionnaires idéalistes. Des mots difficilement supportables pour celui dont le père a été tué par ceux qui avaient pour slogan : "L'élimination des ennemis n'est pas la conséquence de la révolution, c'est son essence même." Et pour ces révolutionnaires admirés par une partie de l'intelligentsia française, les ennemis étaient légion. 



Ainsi Séra commence-t-il la création d’une oeuvre consacré à la mémoire des massacres perpétrés par les Khmers Rouges et par l'Angkar ; littéralement « L’Organisation », surnom du Parti communiste cambodgien. Une entreprise artistique qui se déploie à ce jour dans albums : Première ébauche en 1987 : c'est chez Futuropolis que sort le premier album de Séra sur le Cambodge ; vient ensuite  Impasse et rouge, initialement édité chez Rackham, en 1995 ; L'Eau et la Terre, sort chez Delcourt en 2005 ; puis Lendemains de cendres, en 2007 chez le même éditeur ; Concombres amers, ensuite, en  2018 chez Marabout. Et cette année, L'âme au bord des cheveux, édité par Delcourt. Cet album constitue le faîte de l’édifice du souvenir érigé par le dessinateur, le premier à adopter la forme de l’autobiographie.







Album après album, Séra donne toute sa mesure à la démarche artistique qui le guide depuis 1987  : redonner corps à l’histoire par un un profond travail sur l’image. Contrairement à la Guerre du Vietnam, le conflit cambodgien a été peu documenté, peu d'ouvrages de photo ont été publiés sur cette guerre et sur les massacres qui l'ont suivie. C'est le phénomène de l'image manquante, qui inspiré à Rithy Panh un de ses plus grands films. Pour combler ce vide, le dessinateur se consacre à la recherche de documents visuels, des photos d’agences de presse oubliées et qui réapparaissent ces dernières années sur les réseaux sociaux. Il  collecte des milliers d'images, qui constituent avec le temps la trame de son imaginaire artistique, la matière première de cet édifice du souvenir. Afin que le lecteur ne subisse aucune rupture dans la continuité visuelle des images, Séra se réapproprie les documents par le dessin. La photographie devient ainsi la matière d’une mosaïque, une matière qui coïncide dans sa nature fragmentaire avec la nature diététique des albums. Il en va ainsi de l’album L'Eau et la Terre qui recueille une mosaïque de témoignages, y compris ceux de Khmers rouges. L’album mêle photographies d’archives et souvenirs qui obsèdent l’auteur depuis 1977. Ce jeu kaléidoscopique induit un ensemble de contraintes qui donnent au travail de Séra une facture unique.  

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L'âme au bord des cheveux

On va découvrir l'histoire récent du Cambodge, ce pays situé en Asie du Sud-est coincé entre la Chine et le Vietnam quand ce dernier fut entraîné malgré lui dans la guerre du Vietnam. Le Vietnam est quand même le seul pays au monde à avoir défait 3 des 5 membres du Conseil permanent de l'ONU (France puis Etats-Unis puis Chine). Mieux vaut les avoir avec soi que contre soi !



C'est assez compliqué à suivre mais je vais schématiser en disant que ce pays a été envahi par les forces communistes qui souhaitaient étendre leur emprise sur toute la région de l'Asie du Sud-Est. Les américains ont d'ailleurs payé un lourd tribut avec la guerre du Vietnam et ils ont abandonné le sud du Vietnam à leur triste sort comme ils ont abandonné également le Cambodge et plus récemment l'Afghanistan. Cette grande puissance s'était pourtant engagé à défendre les idéaux et les promesses de liberté et de démocratie...



Malheureusement, pour le Cambodge, les khmers rouges qui se sont installés au pouvoir ont tué des millions de gens dont le père de l'auteur de la BD qui n'avait que 13 ans le 17 avril 1975 quand la capitale Phnom Penh est tombée. Ce fut le début d'une purge sans précédent qui a duré des années. On parle de génocide de tout un peuple. Ceci ne sera pas montré dans la BD qui n'évoque que la chute.



C'est évidemment emprunt d'émotion face à ce terrible drame qui sépare les familles bienheureuses. Il faut dire que ce pays pacifique n'était pas préparé à une telle déferlante de violence.



L'auteur semble condamné les accusations portées contre les américains sur des bombardements massifs alors que l'ennemi communiste a fait la même chose à son peuple dans l'indifférence générale de l'opinion publique internationale. Bref, on se rend compte que le soutien américain était primordial afin de pouvoir résister à l'envahisseur. A noter que les français et leur collaboration avec l'ennemi seront également fustigés.



Bref, tout cela n'est pas simple et c'est toujours bien d'avoir un autre regard sur l'histoire qui diffère singulièrement avec une BD que j'ai lu récemment à savoir « Song ». On peut s’intéresser à cet ouvrage qui constitue un travail de mémoire sur l'histoire tragique et récente du Cambodge.



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