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Critiques de Séra (72)
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L'âme au bord des cheveux

Séra n'a pas connu le génocide cambodgien, mais il en a vécu les prémices. Fils d'un intellectuel et haut fonctionnaire cambodgien, il vit avec ses parents à Phnom Penh. Le 17 avril 1975, jour de la prise de la ville par les Khmers rouges, il se réfugie avec ses parents à l'ambassade de France.  Avec tous les étrangers, il est expulsé vers la frontière thaïlandaise à la fin du mois d'avril. Mais son père, Cambodgien, est contraint de quitter le refuge de l’édifice diplomatique pour se livrer aux révolutionnaires. Il meurt quelques semaines plus tard. Depuis ce printemps 1975, Séra vit ce qu'il décrit comme un conflit, né du déracinement imposé par les remous de l'histoire. Ce conflit trouve son terrain d'action dans le rapport à la parole. Un combat qu'il doit mener tous les jours, contre lui-même et contre les autres. Silence collectif, d'abord : dans la morale traditionnelle du Cambodge, la culture du silence est prépondérante. Silence intime ensuite, l'artiste rappelle souvent la réticence qu'il a toujours éprouvée face à la démarche autobiographique, qu'il reconnaissait comme très intéressante, mais dans laquelle il voyait aussi une forme d'obscénité. 





L'oeuvre dessinée de Séra constitue donc une forme de reconquête de la parole, un travail sur la mémoire consacré à une tragédie. Un crime contre l’humanité face auquel d'autres se sont réfugiés dans les silences coupables. Ainsi l'auteur rappelle-t-il dans ses interviews que les crimes contre l'humanité qui ont été perpétrés par les Khmers Rouges au Cambodge se sont déroulés dans un silence absolu de la part de la communauté internationale, et ont été soutenus et applaudis par nombre de journalistes et d'intellectuels de la gauche française des années 70. Deux éléments très différents ont décidé Séra à rompre ces silences et à construire une oeuvre qui donnerait à son tour la parole à tous les protagonistes de la tragédie cambodgienne. Un film, pour commencer, pour commencer.  Sorti en 1989, "Site 2", parfois sous-titré "Aux abords des frontières", est un documentaire franco-allemand réalisé par Rithy Panh. Le long métrage porte le nom d'un camp de réfugiés cambodgiens situé en Thaïlande, près de la frontière entre les deux pays. Il constitue pour le dessinateur de BD un premier déclic. Le second est une déclaration de Maitre Vergès dans Paris-Match. L'avocat déclarait en substance, que les Khmers rouges n'étaient pas criminels, mais des révolutionnaires idéalistes. Des mots difficilement supportables pour celui dont le père a été tué par ceux qui avaient pour slogan : "L'élimination des ennemis n'est pas la conséquence de la révolution, c'est son essence même." Et pour ces révolutionnaires admirés par une partie de l'intelligentsia française, les ennemis étaient légion. 



Ainsi Séra commence-t-il la création d’une oeuvre consacré à la mémoire des massacres perpétrés par les Khmers Rouges et par l'Angkar ; littéralement « L’Organisation », surnom du Parti communiste cambodgien. Une entreprise artistique qui se déploie à ce jour dans albums : Première ébauche en 1987 : c'est chez Futuropolis que sort le premier album de Séra sur le Cambodge ; vient ensuite  Impasse et rouge, initialement édité chez Rackham, en 1995 ; L'Eau et la Terre, sort chez Delcourt en 2005 ; puis Lendemains de cendres, en 2007 chez le même éditeur ; Concombres amers, ensuite, en  2018 chez Marabout. Et cette année, L'âme au bord des cheveux, édité par Delcourt. Cet album constitue le faîte de l’édifice du souvenir érigé par le dessinateur, le premier à adopter la forme de l’autobiographie.







Album après album, Séra donne toute sa mesure à la démarche artistique qui le guide depuis 1987  : redonner corps à l’histoire par un un profond travail sur l’image. Contrairement à la Guerre du Vietnam, le conflit cambodgien a été peu documenté, peu d'ouvrages de photo ont été publiés sur cette guerre et sur les massacres qui l'ont suivie. C'est le phénomène de l'image manquante, qui inspiré à Rithy Panh un de ses plus grands films. Pour combler ce vide, le dessinateur se consacre à la recherche de documents visuels, des photos d’agences de presse oubliées et qui réapparaissent ces dernières années sur les réseaux sociaux. Il  collecte des milliers d'images, qui constituent avec le temps la trame de son imaginaire artistique, la matière première de cet édifice du souvenir. Afin que le lecteur ne subisse aucune rupture dans la continuité visuelle des images, Séra se réapproprie les documents par le dessin. La photographie devient ainsi la matière d’une mosaïque, une matière qui coïncide dans sa nature fragmentaire avec la nature diététique des albums. Il en va ainsi de l’album L'Eau et la Terre qui recueille une mosaïque de témoignages, y compris ceux de Khmers rouges. L’album mêle photographies d’archives et souvenirs qui obsèdent l’auteur depuis 1977. Ce jeu kaléidoscopique induit un ensemble de contraintes qui donnent au travail de Séra une facture unique.  

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L'âme au bord des cheveux

Séra, 13 ans, jeune représentant franco-cambodgien de la jeunesse dorée de Phnom-Penh, se trouve emporté par la vague révolutionnaire Khmer-rouge qui balaie le pays. C’est cette peur extrême, exprimée par l’expression khmer qui donne son titre au livre que relate l’auteur 40 ans plus tard.



17 avril 1975 : les Khmers rouges envahissent la capitale. Français et Américains quittent le pays en abandonnant leurs supplétifs autochtones.



Avril 1975 : Séra se souvient...



Tels de sublimes constructions « Photoshop », Séra dispose les « calques » de sa mémoire sur les planches d’un carnet de souvenirs. À grand renfort de documentations intégrées dans le fil d’un récit chronologique, de divines cases aux couleurs sages et douces que peuvent zébrer ponctuellement quelques tâches vives, captent le réalisme de photographies d’époque. De nombreuses incrustations appliquées en aplat de couleur vive et unie donnent vie à ce kaléidoscope narratif. Tel un album photo familial, documents d’archives, couvertures de revues d’époque illustrent les évènements traversés. La finesse du dessin semble retranscrire une sorte de fragilité des impressions mémorielles.



Tout en magnifiant les souffrances du peuple Cambodgien, le graphisme porte en lui l’élégance et la pureté de l’art Khmer. Les visages graves des personnages de la bd semblent s’extirper des façades des temples d’Angkor. Du chaos nait la beauté.



Aucun dialogue dans ce témoignage historique. Les personnages ne sont que témoins d’une Histoire qui les dépasse. La souffrance décrite n’est pas la leur. C’est la désolation sublimée du Cambodge dans le monstre d’un Kampuchéa proclamé. La vision journalistique de son auteur est déroulée sous les cases en caractères typographiques.



Quel dommage que la couverture de ce recueil soit si insipide au regard de la qualité de son contenu !



Cette bd restera longtemps à ma portée de main.
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L'Eau et la Terre

J'ai déjà lu "Lendemains de cendres" du même auteur et je trouve les deux BD complémentaires, avec les mêmes réserves que Noirdésir sur celle-ci, plus complexe à aborder sans informations préalable.



Le massacre perpétré par les Khmers rouges dans leur propre pays après une longue guerre fut abominable de bien des façons. Les chiffres sont hallucinants, les actions stupéfiantes par leurs ampleurs et le silence qui accompagna tout ceci est glaçant. Mais progressivement la parole se délie et des informations apparaissent sur ce régime et ses exactions. Cette BD s'inscrit dans le même ordre d'idée : dénoncer, raconter, se souvenir.

Elle apparait moins comme un documentaire ou un pamphlet qu'une errance dans le régime des Khmers, collectionnant des instantanés de vies de la part de personnes contraintes de fuir les villes, de paysans voyant leurs vies bouleversées et de Khmers qui croient fermement dans leurs combats. L'ensemble est plutôt décousu et présente les différentes situations que des gens peuvent avoir vécus, entrecoupés de cartes présentant l'ampleur des déplacements ou de textes historiques Cambodgien, ainsi que des témoignages. C'est un patchwork qui tente de faire ressentir ce qu'il s'est passé.

Accompagné par le dessin de Sera qui donne un mélange de rendu photographique retouché et de scènes plus sauvage dans le traitement, presque floues. C'est un mélange qui fonctionne en grande partie, donnant une atmosphère proche du rêve (ou du cauchemar) au récit, les figures humaines se mélangeant avec un environnement très présent et une horreur graphique qui joue sur ce qu'elle cache.



Une BD sympathique à lire, instructive et qui conviendra aux personnes s'intéressant au Cambodge et son histoire. Moins complet que "Lendemains de cendres", toutefois, elle se limite à un ressenti de l'intérieur et me semble en ce point complémentaire aux autres ouvrages déjà sortis sur le sujet. Pour ma part, j'ai apprécié et je conseille pour la culture générale et la compréhension de cette horreur encore bien récente.
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L'âme au bord des cheveux

On va découvrir l'histoire récent du Cambodge, ce pays situé en Asie du Sud-est coincé entre la Chine et le Vietnam quand ce dernier fut entraîné malgré lui dans la guerre du Vietnam. Le Vietnam est quand même le seul pays au monde à avoir défait 3 des 5 membres du Conseil permanent de l'ONU (France puis Etats-Unis puis Chine). Mieux vaut les avoir avec soi que contre soi !



C'est assez compliqué à suivre mais je vais schématiser en disant que ce pays a été envahi par les forces communistes qui souhaitaient étendre leur emprise sur toute la région de l'Asie du Sud-Est. Les américains ont d'ailleurs payé un lourd tribut avec la guerre du Vietnam et ils ont abandonné le sud du Vietnam à leur triste sort comme ils ont abandonné également le Cambodge et plus récemment l'Afghanistan. Cette grande puissance s'était pourtant engagé à défendre les idéaux et les promesses de liberté et de démocratie...



Malheureusement, pour le Cambodge, les khmers rouges qui se sont installés au pouvoir ont tué des millions de gens dont le père de l'auteur de la BD qui n'avait que 13 ans le 17 avril 1975 quand la capitale Phnom Penh est tombée. Ce fut le début d'une purge sans précédent qui a duré des années. On parle de génocide de tout un peuple. Ceci ne sera pas montré dans la BD qui n'évoque que la chute.



C'est évidemment emprunt d'émotion face à ce terrible drame qui sépare les familles bienheureuses. Il faut dire que ce pays pacifique n'était pas préparé à une telle déferlante de violence.



L'auteur semble condamné les accusations portées contre les américains sur des bombardements massifs alors que l'ennemi communiste a fait la même chose à son peuple dans l'indifférence générale de l'opinion publique internationale. Bref, on se rend compte que le soutien américain était primordial afin de pouvoir résister à l'envahisseur. A noter que les français et leur collaboration avec l'ennemi seront également fustigés.



Bref, tout cela n'est pas simple et c'est toujours bien d'avoir un autre regard sur l'histoire qui diffère singulièrement avec une BD que j'ai lu récemment à savoir « Song ». On peut s’intéresser à cet ouvrage qui constitue un travail de mémoire sur l'histoire tragique et récente du Cambodge.



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Lendemains de cendres

Voilà ! Voilà ! Ca, mes amis, c'est de la BD documentaire comme il FAUT en lire, et non pas se contenter de l'envisager. Ca, c'est le genre de BD dont la lecture devrait être obligatoire au collège ! Parce que ce n'est pas juste un documentaire !



La BD est sur la guerre du Cambodge, certes, mais surtout elle traite de tout ce qui se passe durant cette guerre atroce (en même temps, quelle guerre ne l'est pas ...). Car si, comme moi, vous ne connaissez des guerres asiatiques du vingtième siècle que la guerre du Vietnam et vaguement les Khmers rouges, cette BD remet les pendules à l'heure sur ce qu'il s'est passé il y a moins de cinquante ans dans cette partie du monde. Et ce fut loin d'être beau !

Mais ce que j'ai particulièrement aimé dans cette BD, c'est que loin de se contenter de décrire au travers d'un personnages les affres de la guerre, l'auteur rajoute des précisions qui éclaircissent bien plus sur tout ce qui a eut lieu autour (et notamment en Thaïlande par exemple). C'est des ajouts qui renforcent encore plus le sentiment d'horreur de cette guerre, qui a vu la mort de tant de cambodgiens déjà affaiblis par un des pires systèmes que le monde ait connu.



Le dessin est particulier, retranscrivant une atmosphère propre au récit, mais avec quelque chose donnant ce côté sale. C'est bien puissant au niveau de l'immersion, et efficace également.



Bref, je ne serais pas plus long pour vous le conseiller : cette BD mérite qu'on s'y attarde, deux fois plutôt qu'une. Ne serait-ce que pour comprendre dans quel monde on vit, il faut lire cette BD. Ce genre de guerre est bien trop proche de nous pour qu'on puisse la considérer comme du passé lointain. Remettre en tête ce que c'est que la guerre, c'est peut-être d'autant plus crucial aujourd'hui, dans notre démocratie qui n'hésite pas à la faire chez autrui.
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L'Eau et la Terre

(IK971) Réédition d'un album de 2005 sur l'exil de Cambodgiens après la guerre et la prise de pouvoir des khmers rouges. Récit éprouvant et très émouvant au graphisme original, délavé assez en phase avec le thème mais pas pour la sélection du Prix BDz'îles.
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Lendemains de cendres

(SCO971) Cet album est terrible et sombre, tout comme l'histoire qu'il évoque : le Cambodge de Pol Pot et des Khmers rouges, la terreur, la misère... le graphisme est tout aussi sombre et la mise en page un peu confuse. Pour moi cet album est à decouvrir dans un autre contexte. Non pour le Prix.

(IK971) La suite de l'eau et la terre, réédition d'un album de 2007 sur l'exil de Cambodgiens après la guerre et la prise de pouvoir des khmers rouges. Récit éprouvant et très émouvant au graphisme original, délavé assez en phase avec le thème mais pas pour la sélection du Prix BDz'îles.

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Lendemains de cendres

Bienvenue au Kampuchea démocratique …



1979 …

Pol Pot, chef du régime Khmer règne toujours…

Le peuple toujours terrorisé, persécuté,torturé, est toujours sur les routes, chassé encore et toujours de ce qu’il croit pouvoir être chez eux …

Les troupes vietnamiennes envahissent le pays, « Les Vietnamiens... venus en libérateurs … allaient vite devenir des occupants » …

Quel espoir reste il aux survivants ?

Une fuite vers la Thaïlande … peut être le salut dans des camps de réfugiés !

Des illustrations qui reprennent les couleurs fondues de « l’eau et la terre » pour nous montrer encore et toujours la disparition des individus dans un décor qui les fait disparaître comme si ils n’existaient plus.



1993 …

Retour au pays …

Retour à Phnom Penh …

Visite des lieux des souvenirs, des lieux qui gardent la mémoire du passé, les précédents occupants ayant disparus, il ne reste que les lieux pour se souvenir …

La douleur du retour laisse place à la douceur des événements heureux vécus dans ces lieux …

L’apaisement de retrouver ses racines.

Le ton des illustrations change, la noirceur disparaît pour laisser apparaître la beauté des lieux et la joie de se replonger dans ce qui hier était peut être un petit paradis !
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L'âme au bord des cheveux

Un livre graphique bouleversant avec un si beau titre. En khmer, avoir « l'âme au bord des cheveux » signifie « être mort de peur ».

Sera est franco cambodgien et va nous narrer avec son crayon, la vie de ses parents lors de la chute de Phnom Penh et l'arrivée des khmers rouges.

J'ai voyagé au Cambodge et cette histoire est encore présente, que ce soit avec des lieux de mémoires, des récits.

Sera va faire une enquête historique (avec des cartes, des dates, des scènes de guerre) mais aussi il rend un hommage à ses parents, ce couple mixte.

Hommage au couple de ses parents , un couple solide , amoureux , sa mère a à peine 18 ans quand elle rencontre son futur mari et part pour le Cambodge pour le meilleur et le pire.

C'est aussi un récit très documenté qui explique la situation politique de l'époque , la cruauté des vainqueurs .

Ce roman graphique est jalonné de cartes précises, de dessins en forme de photographies, des encadrés de journaux, des citations, quelques affiches ou couvertures de romans de l’époque, pour créer un reportage quasiment objectif. Puis des souvenirs plus intimes, avec des souvenirs d'enfance, le portrait de ses parents et leurs choix.

L'histoire avec un grand H et la petite histoire au niveau familial font de ce texte un texte indispensable pour ne pas oublier ces épisodes si cruels de l'histoire du 20eme siècle.

#LÂmeauborddescheveux #NetGalleyFrance
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L'Eau et la Terre

Une publicité récente a attiré mon attention sur la sortie d’un nouveau volume racontant la tragédie cambodgienne d’un auteur Séra dont je n’avais pas encore croisé la route.

« Impasse et rouge » raconte l’histoire du Cambodge entre 1970 et 1975.

Ma bibliothèque proposait la seconde partie « l’eau et la terre » couvrant la période 1975-1979.

Le roman graphique nous balance dans ce qui s’appelait encore le Cambodge qui allait devenir d'un coup le "Kampuchea démocratique" sous le régime de l'Angkar.

Nous serons au fil des pages des observateurs de la longue errance imposée à un peuple qui n’avait pas d’autre choix que d’attendre la mort comme une délivrance !

Des personnages qui se retrouvent toujours très étonnés d’être encore en vie et capables de faire ce qu’on leur ordonne de faire … c’est le prix de la survie !

Pas de scènes gores, tout est suggéré et éclairé par un texte illustrant les slogans répétés encore et encore, vidés de leur sens.

Le dessin est remarquable, l’authenticité des portraits est saisissante, l’utilisation de photos appuie s’il en était encore besoin pour nous faire ressentir l’atmosphère empoissonnée des scènes décrites.

Les couleurs choisies bien loin d’exprimer la terreur mais plutôt la dissolution dans un cadre majestueux, l’individu disparaissant pour se fondre dans le paysage et disparaître comme si il n’existait déjà plus.

Un vrai travail de mémoire pour que la terre du Cambodge n’oublie pas ce qui s’est passé ainsi que la communauté internationale qui a laissé faire !
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L'âme au bord des cheveux

En 1969 les américains bombardent le Cambodge pour protéger le repli de leurs troupes .Le prince Sihanouk ne proteste pas et sera démis de ses fonctions: la république Khmère est proclamée, et entre dans la guerre du Vietnam. Séra évoque les propos de Gérard de Villiers( l'auteur des aventures de SAS est en repérage à Phnom Penh pour Roulette cambodgienne.) De Villiers dénonce la corruption.

Un combat fratricide entre les troupes gouvernementales et les Khmers rouges (communistes) fait de nombreuses victimes. Un autre écrivain écrit (Cambodge, année zéro) mais Séra le trouve trop détaché et peu empathique avec les réfugiés.

"La déstabilisation de tout le Sud-Est asiatique provient de la volonté du Nord-Vietnam de réunir sous son égide, le nord et le sud du Vietnam.Pour remplir cet objectif, les dirigeants communistes du Nord poussent non seulement leur peuple au sacrifice, mais entraînent dans la guerre toute une génération d'hommes et de femmes des pays voisins: Laos et Cambodge. Les Khmers rouges vont exercer leur emprise idéologique sur la population." Les français sont sommés de quitter le pays.L'Amérique également.

Viennent ensuite des propos plus intimes de l'auteur: son père cambodgien et sa mère française. Il a un grand-frère et une petite soeur et une bonne à laquelle il était très attaché.

Le 17 Avril 1975, les khmers rouges prennent Phnom Penh, la capitale. Violence, évacuation de force...des réfugiés à l'ambassade de France sont livrés à leurs bourreaux. Le Cambodge devient Kampuchéa. Le nom de Pol Pot apparaît actif dans l'évacuation des villes; on parlera de lui plus tard dans l'Histoire...

C'est un génocide et une tentative d'annihiler la culture khmère millénaire.

Avoir l'âme au bord des cheveux est une expression khmère qui signifie être mort de peur. C'est ce que ressentait l'auteur qui n'était alors qu'un jeune adolescent mais tous partageaient ce sentiment.

Outre ses souvenirs personnels l'auteur s'est documenté et cite ses sources au cours de la BD.

Je ne sais pas trop d'où me vient une certaine frustration; j'ai été souvent perdue dans ma lecture et j'ai l'impression de ne pas en savoir plus en lisant la BD (genre auquel je ne suis pas très habituée.





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L'âme au bord des cheveux

L'âme au bord des cheveux veut dire "Mort de peur", en khmer et là on comprend mieux à quoi se rapporte ce récit bouleversant. C'est celui de Séra, l'auteur et de sa propre la famille, ce jour où, le 17 avril 1975, Phnom Penh est tombée aux mains des Khmers rouges. Avec une mère française et un père cambodgien, il a été élevé avec cette double culture, loin de la politique mais ce jour-là, tout a changé. Il revient sur cette histoire compliquée où les intérêts et les batailles entre les grandes puissances notamment américaines et françaises ont fait beaucoup de dégâts. Même si, lui, évitera l'incorporation dans l'armée khmère, grâce un passeport français qu'il doit autant à la nationalité de sa mère qu'à la chance du dernier espoir, il reste marqué par ce qu'il a vu : cette violence, cette boucherie et cette guerre fratricide entre deux peuples "amis". Cela se ressent dans les dessins et les crayonnés, comme si cette œuvre lui servait d'exutoire afin exorciser ce traumatisme ! #LÂmeauborddescheveux #NetGalleyFrance
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L'âme au bord des cheveux

Revivez dans un roman graphique intense l’ascension des Khmers rouges.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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L'âme au bord des cheveux

Auteur franco-cambodgien, Séra est né au Cambodge d'une mère française et d'un jeune étudiant cambodgien en formation à Paris. Enfant, il a traversé les jours les plus sombres de l'histoire cambodgienne.

Après plusieurs ouvrages consacrés au Cambodge, il fait face à l'indicible et concilie aujourd'hui histoire familiale et histoire avec un grand H.



C'est ainsi qu'Aznavour côtoie Henry Kissinger ou que la rencontre de ses parents sur une plage de Nice contrebalance les tragiques Une de Time.



Alternant souvenirs de famille et savoir encyclopédique, "l'âme au bord des cheveux" entretient la mémoire des victimes des khmers rouges.



Le récit est fouillé, étayé d'une solide documentation; le dessin vient le soutenir, tout à la fois réaliste et d'une grande finesse. Séra passe au delà des cases pour de superbes planches.



L'ensemble fait mouche, éveillant curiosité et émotions. Un album sensible et utile.
Lien : https://nahe-lit.blogspot.co..
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L'âme au bord des cheveux

L'âme au bord des cheveux, c'est l'expression khmère équivalant à "mort de peur". Séra, à travers cet album, retrace l'histoire de sa famille et du pays où il est né, le Cambodge et dont il a vu le pire. D'abord avec l'insouciance de la jeunesse, aveugle à ce qui l'entoure, avant de prendre une leçon de vie des plus difficile. Il raconte sa famille, sa ville, ses amis, ceux dont il n'a plus jamais entendu parlé, le chemin vers l'exil des plus difficile.

Les dessins qui racontent toute cette histoire sont magnifiques, rempli de détails et d'une grande finesse.

L'album est complété d'une bibliographie pour approfondir notre connaissance de cette guerre et de cette page de l'Histoire.
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L'âme au bord des cheveux

Un jeu mortel et de dupe que Séra, auteur franco-cambodgien a vécu et qu’il restitue dans une remarquable auto-biographie, L’Âme au bord des cheveux, expression de la langue khmère qui signifie être mort de peur.
Lien : https://www.ligneclaire.info..
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L'âme au bord des cheveux

Né d’un père cambodgien, et d’une mère originaire de Haute-Marne, l’œuvre de Phoussera Ing, aka Séra, est marquée par le Génocide cambodgien perpétré par les Khmers Rouges de Pol Pot.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Impasse et rouge

Une armée en déliquescence, des soldats, pour certains très jeunes, livrés à eux-mêmes, désœuvrés, cédant à une forme de déshumanisation, viennent hanter les pages d’Impasse et rouge.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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L'âme au bord des cheveux

Après plusieurs BD déjà consacrées au Génocide cambodgien perpétré par les Khmers Rouges, Séra, de son vrai nom Phoussera Ing, né d’un père cambodgien et d’une mère française, revient dans L'âme au bord des cheveux sur la prise de Phnom Penh par les Khmers Rouges en avril 1975.



Le récit est fortement lié à l’histoire personnelle de Séra qui a vécu ces événements qui ont précédé le début des massacres et du génocide. On retrouve l’auteur enfant pris au piège par la victoire des communistes de Pol Pot, et devant se réfugier avec ses parents dans l’enceinte de l’ambassade française.

Ces jours d’extrême tension, qui se termineront dramatiquement pour des centaines d’habitants de la capitale, sont brillamment racontés par un Séra qui livre des planches splendides, au nombre de cases réduit, alliant réalisme et émotion dans chacun de ses dessins.



La première partie de l’album revient sur les éléments qui ont conduit à la prise de pouvoir khmère, et le contexte plus large de la décolonisation de l’ex Indochine.



Brillant, indispensable, superbe, la liste des qualificatifs pouvant être utilisée pour L’âme au bord des cheveux peut être poursuivie à l’infini.

Séra réussit le tour de force de raconter et de mettre les images sur l’horreur et l’indicible, faisant œuvre de mémoire mais aussi d’histoire tant l’ouvrage est sourcé et rigoureux.

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L'âme au bord des cheveux

Il est toujours difficile de rédiger une critique sur un ouvrage autobiographique, particulièrement pour ce roman graphique.

Son titre renvoie à une expression de la langue Khmère signifiant "Mort de peur". Cette peur que Séra retranscrit magnifiquement à travers ses dessins remplis de réalisme. Pour lui, le monde qu'il connaissait, qui le rassurait a cessé d'exister le 17 avril 1975 derrière la grille de l'Ambassade française au Cambodge.

Malgré le fait que j'ai été souvent perdue dans l'enchaînement des événements historiques, j'ai été happée et je ne suis pas parvenue à me détacher du livre.

L'auteur nous livre un épisode marquant de sa vie et construit sa trame avec beaucoup d'émotion.
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