Citations de Abd al Malik (156)
Ce ne sont pas les balles crachées par les armes automatiques de mes assassins qui ont mis fin à mon existence terrestre, mais bien cet amour qui à petit feu d'jà m'éteignait, me consumait, réduisait mon essence en cendres.
Maintenant que je suis de l'autre côté du miroir de l'existant, je vois que l'oraison est une contemplation et un échange secret entre l'éternel et l'éphémère, en concordance avec le discours divin affirmant que si on Le mentionne, Lui qui est l'embarras des intelligences, Il nous mentionnera à son tour. Aphorisme divin édicté par le Prophète et qui dès lors se grava avec exactitude dans la voix et dans la chair des gens de la science du dedans, jusqu'à nos jours
Qu'il pleure sur lui même celui qui a perdu sa vie sans en prendre sa part.
A l'époque il devait avoir quinze ans, soit à peine deux de plus que moi, mais c'était déjà une vraie légende : à lui seul, il se faisait environ quinze mille francs par jour.
Cette fête africaine perpétuelle dans laquelle je vécus jusqu'à mon adolescence développa en moi un esprit de tribu et la particularité de parler fort sans aucune raison.
C'est dans le regard de l'autre que l'on devient soi.
Camus n'est ni un homme de théâtre ni un journaliste. Il n'est ni un romancier ni un philosophe. Camus est un métaphysicien.
Ce système scolaire à la ségrégation douce qui, des nôtres, n'accepte que les exceptions. Et Camus (qui est l'un des nôtres) en est certes une aussi, une exception, assurément. Mais il a la valeur d'un modèle sur lequel on peut se construire; sur lequel j'ai pu me construire, grandir et refuser de mourir. (p. 56)
Je ne rêve ni en arabe ni en lingala
Pas même en wolof par même bambara
Je ne rêve ni en espagnol ni en anglais
Mais parle aime et rêve en français
Et comme ils ne sont pas dans ma tête
En encore moins dans mon cœur en fait
Ils disent qu'ici c'est pas chez moi quand même
Je rêve donc éveillé pour qu'ils me comprennent
"un message de paix dans les banlieues est un message universel". »
L’Amour est universel mais peu d’hommes saisissent le langage des oiseaux
On retrouve d’ailleurs, en sens inverse, cette tendance fâcheuse à vouloir se faire plus royaliste que le roi, chez les jeunes d’origine maghrébine ou africaine qui pensent que l’intégration doit passer par un reniement de leurs racines. Bien sûr, tous les Blancs n’adoptaient pas systématiquement la même attitude, mais beaucoup tombaient dans ce travers, certains allant jusqu’à rompre avec leur propre famille soudain considérée par eux comme mécréante.
Il ne suffit pas d’avoir la bonne porte, il faut la bonne clef
Maman elle-même n’a jamais eu honte, elle nous disait que c’était ainsi que devait se dérouler notre vie, que c’était notre destin et que nous devions l’accepter, sans jamais cesser de prier. Pour elle le péché résidait dans la perte de l’espoir.
J'ai seize ans maintenant, et la mort a déjà essaimé tout autour de moi. La drogue a débuté sa sinistre conquête parmi les miens.
"Camus [...] propose une cohérence, une éthique. Une solidarité, une fraternité avec cette majorité d'individus qui font face au malheur tout en restant dignes. Qui trouvent la force au quotidien d'exercer, non pas sans faillir, mais sans faiblir, le métier d'Homme, celui d'être humain. L'inverse absolu de cet individualisme auquel on doit tant de systèmes philosophiques contradictoires entre eux, quand ils ne le sont pas en eux-mêmes." P. 135
Ce constant décalage, cette distance pudique et hypocrite vis-à-vis de la souffrance, fit qu'à terme tous mes actes, même quand je les croyais pieux, ne pouvaient que se résoudre dans le paradoxe ou m'entraîner vers le mensonge.
J'espère pouvoir le dire sans mentir : j'ai le sentiment profond d'avoir toujours été sincère, et c'est sans doute pour cela que je suis passée si aisément d'une contradiction à une autre.
Je n'arrivais pas à comprendre comment il avait pu passer du statut de musulman parfait à celui d'épave absolue, sans transition, alors que j'avais toujours cru que l'islam protégeait de telles dérives. Dans ma vision encore très manichéenne du monde, j'aurais voulu croire à un châtiment divin, mais qu'avait-il donc bien pu faire de si mal? […] Il était évident, mais je ne devais le comprendre que plus tard, que comme des milliers de jeunes des cités, en passant ainsi d'un extrême à l'autre, il ne faisait qu'exprimer sa détresse existentielle, son incapacité à trouver sa place dans un monde qu'il ne comprenait pas et qui ne semblait pas vouloir de lui. Que cherchait-il au juste? Que cherchent tous ces jeunes à la dérive qui se suicident à l'aide d'un islam extrême ou à coups de canettes de bière suralcoolisée et de spliffs dix fois trop chargés? La passion pour l'école et les études m'avait épargné de nombreux pièges mais j'étais essentiellement aussi fragile que mon cousin, finalement prêt à basculer à chaque instant.
Il faudrait réfléchir à ce qu'est vraiment la cité, […] il faudrait comprendre la désolation, la misère intérieure de ceux qui l'habitent. Je ne dis pas qu'il leur est impossible d'y vivre des moments heureux; mais tous sont en souffrance, parce qu'ils n'ont pas choisi leur situation et qu'elle leur semble fixée pour toujours. Le drame de la cité, c'est le déterminisme, la conscience d'un destin indépassable, de là découle son malheur. La quête effrénée de l'argent, dans laquelle tous les coups sont permis, vient de là: il ne fait certainement pas le bonheur mais il donne le choix.