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Critiques de Abdellatif Laâbi (46)
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La poésie est invincible

Ce 3 mai, Abdellatif Laâbi a reçu le grand prix international de poésie en langue française Georges Mailhos, prix décerné par l’Académie des jeux floraux de Toulouse qui fêtait aussi ses 700 ans d’existence. Car oui, la poésie est toujours là, bien ancrée dans nos vies, et le dynamisme et la longévité de l’académie des Jeux floraux en sont la preuve.



L’importance de la poésie, c’est bien là le propos d’Abdellatif Laâbi qui n’a jamais cesser de la lire, de l’écrire et de la proclamer.

Dans ce recueil où il « feuillette » sa vie, il revient sur cette période sombre de la prison.



« Aux huit années et quelques

Que j’ai passé en prison

Il va falloir ajouter

Une neuvième

Celle qui s’achève

Et que j’aurai purgée

" librement " ! »



Avec un humour parsemé de dérision, il nous donne de petits instantanés de présent, se moquant de lui-même et des hommes en général dont il dit : « L’homme est un accident de la vie sur terre. »

Entre malice et ironie, ce patchwork de pensées et de poèmes est d’une grande humanité. Malgré l’adversité, malgré la peur, il célèbre la vie et l’on trouve toujours dans ses textes cette lueur d’espoir qui nous permet d’aller de l’avant.

Mais, il l’écrit et le proclame, la poésie ne se rend pas



« alors,

Qu’on se le dise

Haut et fort

Ici et partout

Aujourd’hui

Et dans les siècles des siècles :

Oui

La poésie est invincible ! »



Oui, la poésie sera toujours là, bien vivante, rien ne peut l’arrêter, elle vit pour dire le monde. Lions, lisez Abdellatif Laâbi pour que vive la poésie.



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L'arbre à poèmes : Anthologie personnelle 1992-..

Huit années de prison n'auront pas réussi à briser la voix du poète. Tout au contraire, il semble qu'Abdellatif Laâbi ait su puiser dans cette épreuve force et profondeur. Enfermé, séparé de celle qu'il aime, il écrit de merveilleux poèmes d'amour, teintés de sensualité. Mieux que quiconque il connaît le prix de la liberté et l'importance de vivre pleinement chaque instant. Il en découle une poésie sans façons, libre de ton comme de forme, parfois espiègle et exubérante, allant jusqu'à l'impertinence. Et si certains poèmes ont la douceur nostalgique de l'exil, je n'ai senti ni tristesse ni amertume, seulement le chant d'un homme qui pleure sa terre avec tendresse.

Cette terre c'est le Maroc et la poésie d'Abdellatif Laâbi lui ressemble, gorgée de lumière, de couleurs et de fruits.



Cette anthologie fut pour moi une lecture-voyage, une véritable évasion en même temps qu'une expérience sensorielle. Certains poèmes m'ont fait sentir le parfum des orangers et du jasmin. Je me suis même imaginée marchant sous ce ciel immensément bleu.

Et voilà bien la magie de ces poèmes débordant de vie. Ils pétillent et vous tirent par le bras pour vous montrer combien le monde est beau.
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Le chemin des ordalies

"Le chemin des ordalies"est un roman de l 'écrivain marocain, Abellatif Laabi (1942) .Ce dernier est un grand poète. Il est aussi un traducteur, un écrivain et un militant de gauche engagé. Son militantisme lui valut six ans de prison pour son opposition intellectuelle au régime de son pays . Il sera libéré en 1980 .En 1985, il s' exila en France où il demeure toujours. Son vécu est la source première d'une oeuvre plurielle ( poésie, roman, théâtre, essai) située au confluent des cultures, ancrée dans un humanisme de combat, pétrie d 'humour et de tendresse.

En 1966, il créa la revue "Souffles". "Cette dernière devint rapidement un carrefour de création et de réflexion pour les nouvelles générations marocaines avides de libérer leur pays, de lui restituer une identité, de lui offrir un futur.Souffles a été lue à travers tout le Tiers-Monde".Les Nouvelles littéraires, 13 mars 1980 .

La revue a vécu six ans car elle fut interdite par les autorités en 1972 .

Abelleatif Laabi a traduit en français les oeuvres de plusieurs poètes et écrivains de langue arabe tels : Mahmoud Darwich, Abdelwahab al-Bayati, Samih al-Quassim, Ghassan Kanafani, Mohammed al-Maghout...

Abellatif Laabi reçut en 2009, le prix Goncourt de la poésie.

Abordons, "Le chemin des ordalies". Maroc : 1980 .Celui qui parle ou le narrateur dans ce récit sort de prison .Sa voix est celle d 'une personne dédoublée : d'une part ,l'ancien détenu qui garde en lui, inoubliable, le souvenir de l 'univers carcéral ; d'autre part , le prisonnier fraîchement libéré qui retrouve l 'espace, la lumière, ses semblables .

Un roman fort, âpre, puissant et dense d 'un grand auteur !





















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L'arbre à poèmes : Anthologie personnelle 1992-..

" Je suis l'arbre à poèmes. Je me ris de l'éphémère et de l'éternel. Je suis vivant".



Superbe ode à la poésie, exprimée par cet auteur marocain, au passé douloureux, qui a dû quitter son pays après avoir été emprisonné neuf ans pour avoir fondé une revue mettant en cause l'ordre social et politique des années 1970. Il vit maintenant en France.



L'anthologie présente des poèmes s'échelonnant de 1992 à 2012. Les textes sont variés, certains très longs, avec un refrain sous forme d'anaphore, d'autres fort courts, quatre ou cinq vers, presque des aphorismes. On sent une énergie, une vigueur, une rage aussi, à travers les textes. Un besoin de dénoncer, d'agir par la parole:



" Va ma parole

délie-moi

délire-moi

sois drue, âpre, rêche, ardue, hérissée,

Monte et bouillonne

Déverse-toi"



La sensualité s'exprime aussi, à travers la femme aimée:



" Comme un lierre fou

je m'enroule

autour de tes branches

Ton écorce s'attendrit

et s'ouvre"



Et l'émotion est forte lorsqu'il évoque l'enfance et le pays maternel perdu:



" Aujourd'hui, quand je suis seul,

j'emprunte la voix de ma mère (..)

Je n'ai pas vu ma mère depuis vingt ans

mais je suis le dernier homme

à parler encore sa langue"



L'ensemble du recueil est attachant, riche, cependant je n'ai pas été séduite par tous les poèmes, certains sont ardus, difficiles à déchiffrer, d'autres ne m'ont pas assez touchée. Mais une chose est sûre, l'auteur sait communiquer son ardeur, sa fougueuse parole poétique, et c'est l'essentiel.













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J'atteste

Un superbe poème qui devrait être lu par tout le monde, homme ou femme, croyant ou non croyant...

Un poème sur l'humanité.

Nécessaire.

La seconde partie du livre est aussi parfaite pour bien comprendre ce qu'est le terrorisme, quelque soit l'âge du lecteur. Des mots simples.

Ce livre devrait être en libre distribution dans toutes les écoles.
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L'espoir à l'arraché

Merveilleuse lecture !



Abdellatif Laâbi est un poète qui écrit avec ses tripes. Il est utile de le préciser car trop souvent les poètes écrivent d’abord avec leur tête. Or ici ce sont les textes d’un homme de son temps, de notre temps, qui s’insurge du sort des migrants, qui s’offusque que les petits garçons meurent sur les plages de Bodrum, qui condamne la barbarie perpétrée au nom d’un dieu ou d’un tyran, qui dénonce la destruction de notre belle planète.



C’est un poète en colère. Une colère de jeune homme, virulente et indocile, sans concession et sans amertume. Un poète qui ne peut qu’écrire et crier cette colère, mais qui s’interroge sur ce qu’il peut faire dans ce vaste monde en perdition, sur ce que peut la poésie et sur l’indécence qu’il y a peut-être à écrire de la poésie dans ces circonstances.



Les mots, les images sont simples et nous emportent vers un long cri de rage ou d’indignation. Laâbi me fait fortement penser à un autre immense poète, à Jacques Prévert, qui lui aussi sous des apparences gentillettes nous criait sa révolte et sa colère.



La seule pour adoucir ces blessures c’est ELLE, celle qui voit devant, toujours devant, avec un appétit de futur qui parfume sa bouche. ELLE qui donne son nom au fruit de la passion, qui peut couper la rose sans la blesser et qui arrive à plonger le monstre dans un doux sommeil en le caressant tout simplement !



Beaucoup de colère mais point d’amertume, point de désespoir, car toujours le poète cultive l’espoir, comme une bête de somme, en refusant les œillères et en continuant à creuser pour que les graines de l’espérance germent de ci de là.



Je referme ce recueil de poésie et je le dépose sur les étagères de la bibliothèque: pas la peine de le ranger, je sais qu’il va m’accompagner fidèlement dans les prochaines semaines et les prochains mois.

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Le fond de la jarre

Fès, début des années 50. Le narrateur raconte la jeunesse d’un garçon de sept ou huit ans, cadet d’une famille de onze enfants. Le père, membre de la confrérie des selliers, parvient à faire vivre chichement mais dignement les siens. Surnommé Namouss (le moustique), le petit dernier découvre le monde qui l’entoure avec l’insouciance de l’enfance.



Du mariage de son frère à l’activisme indépendantiste qui va précéder la fin du protectorat français, Namouss traverse une époque charnière de l’histoire de son pays. Sa vie quotidienne est rythmée par l’école, les jeux dans le quartier avec les copains, les matchs de foot, la découverte du cinéma et l’importance primordiale de la famille.



Abdellatif Laâbi porte un regard plein de tendresse sur sa jeunesse sans jamais tomber dans l’idéalisation. Bien sûr, il y a les charmes sans fin de la médina. Bien sûr, il y a l’image de la mère, Ghita, femme au caractère bien trempé qui l’a profondément marqué. Bien sûr, le trait est peut-être parfois forcé lorsqu’est présentée une galerie de personnages plus extravagants les uns que les autres. Mais l’auteur ne cherche pas à écrire une carte postale pour lecteurs en mal de romantisme « made in Maroc ». Son ton sait se faire critique, notamment lorsque sont abordés le ramadan (un mois d’ennui où la vie s’arrête) ou l’école coranique, qu’il a d’ailleurs très peu fréquenté. Le petit garçon se languit souvent, il s’interroge aussi sur ses premiers émois sexuels et se passionne pour les leçons de choses de son maître venu de France, Monsieur Cousin.



Le fond de la jarre porte un regard lucide sur une enfance pas forcément plus difficile qu’une autre, mais que l’auteur se refuse de sacraliser.



La prose est fluide, elle coule sans accroc, embarquant le lecteur avec réalisme dans le Maroc de l’après-guerre. Point de lyrisme pour enjoliver la vie au Maghreb à cette époque. Le ton est juste, oscillant entre humour et gravité.



Au final, un très beau texte, pétrit d’intelligence et de sensibilité.




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Oeuvre poétique

J’ai découvert André Laude pour la première fois en 1995. C’était par un matin d’hiver, dans les rayonnages de la BU de la fac d’Amiens. J’étais en 2ème année de DEUG de lettres modernes et on étudiait la littérature engagée. A coté des grand noms (Hugo, Vallès et les autres) se trouvaient une tripotée d’auteurs parfaitement inconnus pour moi : Han Ryner, Georges Darien, le poète Eugène Bizeau, Ludovic Massé ou encore Jean-Baptiste Clément (l’auteur du Temps des cerises). Tous étaient présentés avec brio par Thierry Maricourt dans son Histoire de la littérature libertaire en France (éditions Albin Michel). C’est donc là, en feuilletant cet ouvrage devant une étagère de la BU que j’ai rencontré André Laude. Thierry Maricourt le présentait comme un poète rebelle dont l’engagement (a)politique lui valu, entre autres, quelques tortures pendant la guerre d’Algérie.



Rapidement, je cherchais à trouver des recueils du sieur Laude mais sa production était tellement confidentielle qu’aucun libraire ne put me trouver le moindre de ses titres. Je finis par en dénicher un à la bibliothèque municipale. Et là, le choc fut total. Habitué aux enseignements universitaires qui ramenaient souvent la poésie à un pur exercice formel, je découvrais une voix pleine de bruit et de fureur.



André Laude est né en 1936 à Paris dans une famille pauvre, d’un père occitan et d’une mère bretonne. Subjugué par la poésie de Rimbaud, il devient un peu par hasard journaliste (il pigera notamment très longtemps pour le journal Le Monde et fera des émissions à France Culture). Jamais encarté, il souscrit aux thèses des communistes libertaires. Fervent défenseur de l’indépendance algérienne, il mena tous ses combats comme un révolté. Ce grand solitaire n’a jamais rien possédé. Il a vécu dans le dénuement et les vapeurs d’alcool. Une sorte de clochard céleste incontrôlable, fieffé mythomane. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir souvent mordu la main qui venait de le nourrir. Il avait fait sienne la phrase du poète surréaliste belge Achille Chavée : « Je suis un vieux peau-rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne. »



La poésie d’André Laude est une poésie à hauteur d’homme. Balayant d’un revers de la main toute forme de versification, il offre des textes flamboyants, souvent proches du surréalisme. Dans sa magnifique Histoire de la poésie française, Robert Sabatier cite Alain Bosquet : « La vertu d’André Laude est précisément, malgré la brutale clarté de ses textes, de leur garder une charge d’enchantement, de mélodie et de pureté intacte. » André Laude éructe ses poèmes. Il emporte le lecteur dans un tourbillon de mots semblant parfois incontrôlé, un peu comme un jazzman se lançant dans une impro sans fin. Mais sa petite musique prend aussi souvent les accents du blues le plus pur, celui qui vous donne des frissons.



André Laude est mort le samedi 24 juin 1995 dans une petite chambre de Belleville. Épuisé par la solitude, l’alcool, le manque de confort matériel, il s’est laissé emporter… Sentant la fin arriver, il a griffonné un dernier poème, retrouvé près de son corps :



Ne comptez pas sur moi

Je ne reviendrais jamais

Je siège là-haut

Parmi les élus

Près des astres froids



Ce que je quitte n’a pas de nom

Ce qui m’attend n’en a pas non plus

Du sombre au sombre, j’ai fait

Un chemin de pèlerin

Je m’éloigne totalement sans voix

Le Vécu m’a mille et mille fois brisé, vaincu

Moi le fils des Rois.



Dernier tour de force pour un poète qui aura marqué à jamais ma vie de lecteur. Grâce à internet, j’ai pu récupérer la majorité des recueils d’André Laude. Il m’arrive encore souvent dans prendre un au hasard. J’ai corné les pages où se trouvent mes poèmes préférés. Je retrouve pendant quelques minutes cette voix singulière, le cri d’un homme entier, sans concession. Je passe alors un moment de pur bonheur et je comprends pourquoi la lecture est devenue pour moi une activité vitale.




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Le fond de la jarre

Tout débute lorsqu’un homme, réuni avec sa famille, devant la télévision et les images de la chute du mur de Berlin, se demande pourquoi son frère est absent, et de fil en aiguille, revisite son enfance.

C’est donc par le biais du jeune « Namouss » (moustique) que l’on découvre Fès, dans un contexte de combat pour l’indépendance, le Maroc, et ses coutumes, à travers le mariage du frère, l’oncle fantasque amateur de kif, les fastes du Ramadan.



La première chose qui frappe dans ce roman étonnant, à tiroirs, si je peux dire, c’est le style particulièrement plaisant, on sent toujours en toile de fond l’humour de l’auteur, et ses nombreuses références culturelles émaillant le récit sont toujours un plaisir pour le lecteur averti, qui sourit de voir un radis comparé à une certaine madeleine, par exemple, ou des nombreux traits d’esprit de l’auteur.



Ceci étant dit, l’on peut désormais s’intéresser à l’histoire même, celle du petit Namouss, le récit d’une enfance à Fès, parmi de nombreux frères et sœurs (dont la plupart son anonymes) et surtout entre deux figures parentales assez étonnantes, Guita et Driss. En effet, entre Guita, la mère fantasque, lunatique, à la personnalité très marquée, prompte aux lamentations, et le père, Driss, un homme calme, bon, les moments à dominante comique sont nombreux. Namouss grandit et découvre l’école, l’éducation, les luttes pour l’indépendance, le monde. Il rêve de voyage, d’aventure, comme n’importe quel enfant. C’est un personnage vivant, entier, attachant. Le lecteur est donc ravi de pouvoir lire son histoire.



Ce roman reprend donc la période houleuse de la lutte pour l’indépendance, vue par un enfant, et du côté marocain, ce qui est doublement instructif, étant donné que tout ce que nous savons de ces évènements a été appris au lycée, du côté français. Cependant, l’auteur ne semble pas porter de jugement à l’égard de la France : si plusieurs personnages s’avèrent véritablement en faveur de l’indépendance, Namouss, lui, n’a aucune animosité vis-à-vis des français, et est même fier d’apprendre le français, espérant que son maître ne sera pas inquiété par les troubles.



Lire ce livre, c’est également l’occasion de voyager : le Maroc nous apparait comme si on y était, on croirait presque voir les tajines servis par Guita, les souks et leur atmosphère, les maisons dont les terrasses se jouxtent. Ce livre est une véritable plongée dans la culture marocaine, Namouss nous fait découvrir le Ramadan, le Hammam, le mariage à la marocaine. En somme, un livre que j’ai pris énormément de plaisir à lire, et je remercie très vivement les éditions Gallimard et le forum Livraddict pour cette découverte des plus agréables.


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Anthologie de la poésie palestinienne d'aujou..

Nouvelle anthologie découverte par l'intermédiaire des éditions Points, et pas des moindres, celle de la poésie contemporaine palestinienne.



En quelques poèmes, principalement en vers, parfois en prose, j'ai découvert ainsi de nombreux poètes et poétesses, aux diverses situations de vie : la majorité encore en Palestine, certains ayant fait le choix d'en partir, ou étant né.e.s en dehors de leur état originel.



Au coeur de toute cette poésie, indéniablement, la situation géopolitique est omniprésente, plus ou moins discrètement, et vient nous rappeler qu'elle est, toujours, au cœur de la vie des palestiniens depuis 1947 et le plan de partage anglais pour la création de l'état d'Israël. Situation géopolitique synonyme le plus souvent de tristesse, de lassitude, également de colère, ou encore d'un fort sentiment de déracinement pour ceux qui ne vivent plus en Palestine, mais aussi synonyme de recherche de changement, d'évasion, de renouvellement, par la poésie notamment.



Une anthologie intéressante, plus en termes de thématiques et d'émotions qu'elle met à jour, qu'en termes de stylistique, l'ayant trouvée un peu trop prosaïque à mon goût.
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J'atteste

Avez-vous vu ce gros coeur rouge ? Les dessins de Zaü forment un mariage parfait avec les mots d'Abdellatif Laâbi.



A la fin du livre, un dossier thématique pour aider la parole des enfants intéressant.
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J'atteste

Un livre utile, vraiment utile.

Le poème d'Abdellatif Laâbi d'abord. Il remet un peu de douceur, de justesse, de tendresse, de bons sentiments dans ce monde de brutes. Je ne suis pas toujours pour trop de bons sentiments, mais les circonstances (terrorisme) et le public (enfants) les rendent nécessaires. Les illustrations de Zaü, pleines de colombes, de cœurs, de rondeurs, de couleurs, contribuent parfaitement à l'amour qui émane des mots. Je regrette simplement que le texte du poème n'ait pas été repris ensuite, simplement, sur une page unique, pour mieux l'appréhender.

La partie documentaire ensuite, est plutôt bien réalisée. Cartes, photos, chronologie des faits, tentatives d'explications forcément simplifiées (car comment expliquer le terrorisme, surtout à un enfant?). Même si ce ne sera pas forcément l'enfant qui lira cette partie, pour les plus jeunes d'entre eux, elle permet aux parents, aux adultes de trouver les mots pour expliquer, pour parler de ces horreurs. Du moins, une partie de ces horreurs, car on a l'impression qu'elles ne s'arrêteront jamais, qu'il faudra mettre constamment ce livre à jour.
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J'atteste

Un livre absolument nécessaire !

Quasiment tous les livres de chez Rue du monde sont nécessaires et mériteraient d'être proposés en CDI de collège. Mais si je ne devais en choisir qu'un en ce moment, ce serait celui-là sans hésiter. Je l'ai commandé sans l'avoir feuilleté (Rue du monde est un gage de qualité à lui-même !) et je ne le regrette pas car cet album est magnifique !



L'an dernier, au salon du livre de Montreuil, j'avais surpris une discussion entre un lecteur et les auteurs. Le lecteur paraissait étonné de trouver ce livre, publié moins d'un mois après les attentats de novembre. Même s'il paraissait bienveillant, il semblait trouver cela un peu opportuniste. Les auteurs avaient donc expliqué que le livre était quasiment prêt à être publié avant les attentats de novembre (il ne devait donc, à l'origine ne parler que des attentats de janvier, et j'imagine, du reste du monde). Ils ont dû ajouter au dernier moment les événements de novembre.



La première partie du livre est une mise en images du poème d'Abdellatif Laâbi qui date du 10 janvier 2015. Les illustrations de Zaü sont, comme toujours, très belles et porteuses de sens. Ces pages mériteraient une exposition grand format à utiliser dans les établissements scolaires !

La deuxième partie est composée du dossier documentaire d'Alain Serres (une dizaine de pages). Il est extrêmement bien fait, avec des textes explicatifs simples t qui vont droit au but, ainsi que des photographies percutantes.
Lien : http://blogonoisettes.canalb..
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Fragments d'une Genese Oubliee

Je ne connais pas Abdellatif Laâbi.

Je ne connais pas sa poésie.

Je ne connais pas la poésie : c'est un genre dont la lecture m'échappe.



En fait, je ne sais pas lire de la poésie. Je mets des jours, parfois des mois, avant de terminer un recueil. Je reprends au début, recherche un vers, un sentiment, oublie ce qui précède ou le contraire. Puis énervée, fatiguée ou rassasiée, je décide de façon totalement arbitraire que mon épopée est finie.



'Fragments d'une genèse oubliée' n'a pas échappé à mon sens incongru de la non-lecture. Alors que dire, que retenir ? Quelques "citations", et encore, mais surtout la sensation indicible d'une violente tristesse face à l'absurdité du monde dans lequel nous évoluons.



"Quelle autre fin imaginer ?



Il n'y a pas de fin



Le cauchemar

épouse un cercle parfait

Cela se nomme l'éternité



Un bocal hermétique

qu'aucune magie ne peut ouvrir", p.110

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Ce que la Palestine apporte au monde

Une nouvelle livraison de la revue Araborama, coéditée par Le Seuil et l'Institut du Monde Arabe, consacrée à la Palestine, la meilleure manière de rendre hommage à un "pays" et à son peuple, plus que jamais meurtris comme l'actualité nous le rappelle. Plus que "ce que la Palestine apporte au monde", l'essentiel du recueil, nourri par les plumes des meilleurs chercheurs, journalistes et écrivains, arabes ou européens, sur la question, évoque d'ailleurs ce que la colonisation israélienne provoque, spoliation et morcellement dramatiques du territoire, humiliation et répression permanentes, privations et paupérisation, et la résistance palestinienne à cette infinie et désespérante guerre d'usure. Mais la dernière partie met aussi en pleine lumière, à travers des contributions consacrées au keffieh, aux créations visuelles, à la musique ou à la littérature palestinienne, le "souffle culturel" d'un peuple, cette énergie qu'il nous faut soutenir, ces voix qu'il nous faut entendre, pour qu'il continue à survivre. A lire, évidemment par petits bouts, mais d'urgence !
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Le fond de la jarre

Novembre 1989 la chute du mur de Berlin défile en images sur un téléviseur dans un foyer à Fès.

Ce foyer c’est celui de l’auteur, qui est en visite dans sa famille alors qu’il a quitté le Maroc suite à plusieurs années d’emprisonnement pour opposition au régime.

Les images qui défilent n’intéressent personne, le sujet est l’aîné de la fratrie Si Mohammed qui oublie de venir voir sa famille « Ni lettre ni tiliphoune ». Ainsi Abdellatif, du point de vue de Namouss « le moustique », se revoit à l’âge de huit ans dans les années cinquante.

Le lecteur va y retrouver une famille vivant à Fès, les parents Driss « un sage » : « Personne n’en veut à un écervelé. Que Dieu lui rende le bon sens et le guide vers le droit chemin. Je vous bénis tous, mes enfants, et lui aussi. » et la mère Ghita, qui pratique le féminisme, comme Monsieur Jourdain la prose, sans le savoir : « On nous tue avec ce voile. Nous autres femmes, on ne nous laisse respirer ni dehors ni dedans. Que Dieu nous vienne en aide. »

Le récit du choix de l’épouse de Si Mohammed, de la nuit de noces et de ses déboires font du poids de la tradition des moments de vie cocasses et hauts en couleur.

C’est un récit qui nous fait revivre l’auteur enfant, sa famille et tout le petit peuple des souks, une ville fourmillante en pleine mutation.

Mais l’auteur évite l’écueil du récit façon « carte postale ».

Du ramadan aux matchs de football en passant par l’école et la vie culturelle, c’est la vie tout simplement qui se déroule devant nos yeux.

Le lecteur conçoit parfaitement comment Abdellatif Laâbi a modelé sa sensibilité de poète et est devenu militant.

Une lecture aux milles saveurs et parfums.

©Chantal Lafon-Litteratum Amor 05 avril 2017.

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Les Rides du lion

On ne critique pas un tel livre, on le lit et on s’en imprègne, on le ressent et on l’absorbe, lui et toutes les émotions qui en découlent ! Pour une fois la quatrième de couverture n’enlève rien à la surprise du livre, et la poésie est livrée à l’état brut, comme l’âme de l’auteur.
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La poésie est invincible

Écriture de combat et écriture de la fraternité,un recueil de poèmes bouleversants,émouvants,revendicatifs,humanistes et même un rien humoristiques. je suis heureuse de m'être emparée de cet ouvrage posé sur la table des nouvelles acquisitions de " ma" médiathèque,me faisant la réflexion que j'avais lu très peu de poètes arabes et pratiquement aucun contemporain. Une de découverte comme une porte grande ouverte.
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Le spleen de Casablanca

L’exil et l’enfermement marquent l’ensemble de l’oeuvre d’Abdellatif LAABI. Ici, il est d’inspiration baudelairienne, et chaque vers exprime la douleur de la séparation d’avec la patrie natale et de son avilissement : « Dans le bruit d’une ville sans âme/ j’apprends le dur métier du retour/ Dans ma poche crevée/ je n’ai que ta main/ pour réchauffer la mienne/ tant l’été se confond avec l’hiver/ Où s’en est allé, dis-moi/ le pays de notre jeunesse ?/ O comme les pays se ressemblent/ et se ressemblent les exils/ Tes pas ne sont pas de ces pas/ qui laissent des traces sur le sable/ Tu passes sans passer … » Le Maroc n’est plus et pourtant il espère encore. Depuis le poète est revenu chez lui et nous a laissé ses poèmes d'une profonde sensibilité poétique.
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Anthologie de la poésie palestinienne d'aujou..

Ce qui m'a décidé c'est une émission de radio un lundi matin quand un journaliste parlait d'une solution politique au problème palestinien, et j'ai entendu poétique...

Une issue poétique à un conflit ?

J'ai eu envie d'entendre des artistes s'exprimer sur le sujet alors j'ai trouvé cette anthologie.

Il ne s'agit pas de résoudre quoique ce soit en lisant de la poésie, mais ça peut éclairer un peu, partager des tranches d'humanité, croiser des regards, une intimité...ça ressemble à du voyeurisme, peut-être. Mais les poètes y consentent bien !

En lisant ce poème "Quand une roquette tombe"de Yahya Achour résident à Gaza, je me suis demandé s'il était toujours en vie, si finalement toutes ces femmes et ces hommes avaient survécu à la guerre.

Abdellatif Laâbi dit de la Palestine qu'elle est devenue en soi une poésie.

Mais ça n'est pas parce qu'elle est une terre déchirée, ce n'est pas parce qu'elle souffre, c'est parce qu'elle est peuplée de plusieurs générations de poètes depuis le début du xx ème siècle qui se perpétuent avec une vigueur particulière, un peuple doué d'une créativité peut-être exacerbée par cet inextricable conflit.

Je ne défends aucune cause, je ne souhaite qu'entendre des voix, d'autres intériorités qui pourraient me parler.
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