Citations de Adèle Tariel (47)
Entrée en Seconde dans un lycée où je ne connais personne. Ce bahut de banlieue est immense, près de trois mille élèves. L'enfer. Ma mère a été mutée, encore.
Comment j'ai pu en arriver là? Moi la cool, la gentille, la tranquille, la bonne élève.
Dans le bureau de ce flic, tout est flippant, la couleur des murs, les uniformes...
Comment j’ai pu en arriver là ? Moi, la cool, la gentille, la tranquille, la bonne élève.
Je ne veux plus être seule. Seul, tu n’existes pas, tu ne vaux rien.
À quel point faut-il être lâche pour ne pas réagir devant des faits qui nous révoltent, simplement pour se faire aimer des autres ? Car, au final, ce n'est pas ce prof dont il est question, mais la place de chacun dans la hiérarchie de ce lycée, les winners dans la cour de Sa Majesté Théo, et les autres. La cour n'apprécie pas que l'on trouve plus intéressant qu'elle.
Je ne veux plus être seule. Seul, tu n'existes pas, tu ne vaux rien.
À quel point faut-il être lâche pour ne pas réagir devant des faits qui nous révoltent, simplement pour se faire aimer des autres ?
Aleqa reste longtemps ici, sans bouger.
C’est un jour heureux.
- Comment ça? Ils ne t'ont pas mis de couteau sous la gorge non plus! Tu ne peux pas décider par toi-même? Penser par toi-même? Agir par toi-même? Tu es obligée de suivre les premiers débiles comme un mouton? Tu as cru que, en groupe, la responsabilité serait divisée?
L'oursonne s'approche et se tient devant elle
- Tu dois te battre, petite! murmure Aleqa.
Il a surgi de nulle part.
Les grognements de plus en plus forts, les pattes d'un colosse, les griffes d'un géant.
« (…) Elle dit que je suis une « spect-ACTRICE » selon sa formule. Elle m’impressionne, elle a l’air libre, assumée, indépendante. Je l’admire. Mais si elles étaient tombés dans cette classe de fous, aurait-elle vraiment fait différemment ? Est-ce moi qui n’ai aucun courage ? À quel point faut-il être lâche pour ne pas réagir devant des faits qui nous révoltent, simplement pour se faire aimer des autres ? Car, au final, ce n’est pas de ce prof dont il est question, mais la place de chacun dans la hiérarchie de se lycée, les winners dans la cour de Sa Majesté Théo, et les autres. » (p. 70)
C'est étrange mais je veux savourer chaque minute de cette drôle de gloire. J'ai l'impression d'être devenue quelqu'un d'exceptionnel, parce que, ici, la valeur de chacun se mesure au nombre de likes.
J'ai décroché mes premiers mots de la journée, et ça change tout. Je ne veux plus être seule. Seul, tu n'existe pas, tu ne vaux rien.
3 vaches, ça va. 10 vaches, pourquoi pas.
1000 vaches, bonjour les dégâts !
Leurs regards se sont perdus loin devant eux. Qu’est-ce que leur réserve l’avenir ? Quoi qu’il arrive, ils seront là les uns pour les autres, ensemble dans ce monde nouveau, le leur.
– Ils bossent comme des fous depuis le début de ce bordel, personne ne les remercie. Il manque des gens dans leur service, ils ne sont pas remplacés, alors ils taffent encore plus. Moi je dis, c'est eux qu'on aurait dû faire défiler le 14 juillet, soupire-t-il. Et tu sais pas ce que j'ai découvert ce matin dans la boîte à lettres ?
– Dis.
Tom sort un petit bout de papier de sa poche, le déplie et lit à voix haute : Comme vous travaillez à l'hôpital avec des personnes contaminées, vous présentez un risque pour vos voisins. Nous vous demandons de déménager.
– Je sais pas ce qu'on va devenir, tout s'écroule là... Toute l'économie s'effondre, y aura jamais de boulot pour nous, soupire Ahmed.
– Moi, je me suis dit que j'aimerais devenir cuistot en fait, reprend Tom. J'aurais dû faire un CAP en apprentissage, ça m'aurait trop plu. Mais avec tous les restos fermés, laisse tomber. Imagine, ça dure des années...
Nell tente de le rassurer :
– Mais si, faut que tu t'accroches, ça va repartir un jour ! Tu peux reprendre un CAP l'année prochaine, ça laisse le temps de chercher un employeur. Je t'aide à faire la liste et à écrire la lettre, si tu veux.
– Laisse tomber, les gens ont complètement vrillé avec ce virus, ils sont devenus totalement paranos. Comme si chacun était devenu un ennemi pour l’autre, une arme biologique sur pattes. Tout le monde se méfie de tout le monde.
12h30
Le déjeuner est rapide et quasi silencieux. La radio fait office de fond sonore : nombre de morts et de contaminés depuis les dernières vingt-quatre heures, taux de circulation du virus, taux d’incidence, tranches d’âge les plus affectées, tensions hospitalières, recommandations sanitaires…