AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Adeline Baldacchino (44)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Celui qui disait non

****



Tout a commencé un 13 juin 1936, à Hambourg, sur le quai de Blohm + Voss. Enfin... Ce fut ce jour là qu'August prit conscience de son pouvoir de dire non. Au milieu de la foule, il a croisé les bras plutôt que de saluer ce petit homme à la moustache, qui mettra à sa vie rêvée. August est aryen et il aime passionnément Irma, juive de naissance. En ces temps noirs, ils n'ont pas le droit de se voir, de se parler, et encore moins de se marier. Mais ce premier geste de révolte va le pousser à se libérer de toutes règles, de toutes lois, et il va aller au bout de son rêve... Mais à quel prix...



Tout parle, tout sonne, tout émeut dans ce très beau premier roman d'Adeline Baldacchino. On pourrait se dire que c'est un énième roman sur la seconde guerre mondiale, sur les déportations massives et les horreurs nazies. Mais celui-ci a un petit supplément d'âme. Est-ce l'écriture, vaporeuse et poétique, est-ce les personnages, ambivalents dans leur sentiment, est-ce l'histoire, racontée de nos jours par un regard détaché ? Autant de questions qui font de ce roman un témoignage touchant sur le grand amour, sa force et sa faiblesse, sa raison d'être et sa justification à mourir.



Il est des pages comme celles-ci qui se tournent avec regret, des livres qui laisseront une trace et des personnages qui nous guideront dans les mauvais jours. Je ne peux que vous conseillez de rencontrer August et Irma. Vraiment...



Merci à NetGalley et aux éditions Fayard pour l'envoi de ce roman.
Commenter  J’apprécie          270
Celui qui disait non

C’est une photo datant de 1936 qui est à l’origine de ce livre. Au milieu de la foule en train de faire le salut hitlérien à l’unisson, on remarque un homme. Cet homme, isolé, se démarque des autres par son attitude. Il croise les bras contrairement à tous ses comparses. Il semble bien campé, droit et fier dans ses bottes. Je connaissais cette photo, que j’avais déjà vue à plusieurs reprises sur le net, mais ce que je ne savais pas, c’est que cet illustre inconnu n’en était pas un. Il aurait été identifié par sa famille comme étant August Landmesser, ouvrier sur les chantiers navaux de Hambourg. (Lieu où a d’ailleurs été prise la photo)

Adeline Baldacchino est allée à la rencontre de cet homme qui disait non en se rendant sur place à Hambourg pour faire des recherches. Elle n’a évidemment pas pu rencontrer de visu Herr Landmesser, ce dernier ayant disparu en Croatie en 1944 lors d’une bataille. Mais en allant sur place, l’auteur a pu se remettre dans le contexte. Et pas n’importe quel contexte, car cet homme qui disait non avait une raison bien légitime de refuser de faire le salut hitlérien : sa femme, Irma, était juive.

C’est leur histoire que Adeline Baldacchino va essayer de raconter, en se basant sur la réalité historique, sur les documents rassemblés par l’une des filles du couple et aussi en laissant son imagination faire le reste.

L’histoire de ce couple est édifiante. J’ai cependant un petit regret. Même si l’auteur a un très beau style et une belle qualité d’écriture, la manière dont elle a choisi de raconter l’histoire ne permet pas au lecteur de se projeter ou d’éprouver beaucoup d’empathie pour les différents protagonistes. On se sent un peu détaché de l’histoire…

En effet, elle se raconte en racontant l’histoire de cet homme qui disait non, car en même temps qu’elle écrit son livre, Adeline chemine dans le travail de deuil de son père.

Intéressant…

Et encore merci à Babelio et à son opération masse critique, ainsi qu’aux Editions Fayard pour l’envoi de ce livre.





Commenter  J’apprécie          270
Celui qui disait non

Hambourg, le port, le 13 juin 1936 , baptême du trois-mâts Horst- Wessel, quai Blohm+Voss. La moustache est venu assister en personne au lancement , les photographes sont là ..Une photo surgira beaucoup plus tard des archives. Un homme au fond à droite se tient droit les bras croisés , fier , et dit non ... August Landmasser probablement ,certains parlent de Gustav Weigert . Adeline Baldacchino adopte August et parler d'August c'est parler d'Irma l'amour de sa vie, la prunelle de ses yeux , la belle juive qui a pris le coeur de ce jeune nazi et lui a permis d'ouvrir les yeux et de dire non, leur chemin est irrémédiablement tracé.

Un beau texte admirablement documenté , une écriture ciselée, incisive et rebelle , une histoire d'amour au milieu de la tourmente . Un beau premier roman , une auteure à suivre c'est certain.

Merci aux Editions Fayard via NetGalley pour ce partage.

Premier roman de la sélection des 68 premières fois hiver 2018.

Commenter  J’apprécie          263
Celui qui disait non

Parfois l'Histoire produit des héros malgré eux, souvent anonyme, comme ce manifestant de la Place Tian'anmen, debout, si petit face à un char d’assaut.



August Landmesser, ne le restera pas. Photographié seul, bras croisés pour une entrée singulière dans l'histoire. J'espère que les filles d'Irma et August auront pu lire ce roman.



Rarement un roman m'a autant bouleversée !



"Et si c'était à refaire, je referai ce chemin

La voix qui monte des fers, dit je le ferai demain..."



Ces vers de Louis Aragon me sont venus à la lecture de l'histoire d'August, telle que l'a reconstitué Adeline Badacchino.



L’auteure frappée par cette photo vue sur le net, qui montre August Landmesser en juin 1936 à Hambourg, refusant de saluer Hitler, au milieu d'une foule d'hommes bras levés formant le salut nazi.



L'auteure en fait le point de départ d'une quête personnelle pour comprendre une époque, raconter à son père l'amour fou d'August et Irma, cueillir en passant une part de son histoire familiale. Entre fiction et réalité devenue historique.



Est-ce cela l'héroïsme ? "Hâtes-toi de transmettre ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance." René Char.



Adeline Badacchino cite ce vers. Comme elle a raison : August Landmesser nous a transmis sa part de courage resté dans l'Histoire, son visage lumineux d'amoureux rebelle face à l'innommable fureur d'un homme.



Ce roman est un phare pour que l'ignorance ne soit plus de mise. Demain, encore de simples citoyens se mueront en bourreaux ordinaires, si nous ne sommes pas vigilants. L'Amour ne résout pas tout.



Leur amour au-delà de toutes les règles édictées par un fou moustachu n'a pas empêché le pire... Irma, August, vous n'avez pas résisté en vain : deux vies sont nées de votre amour. Deux vies pour se souvenir de l'indicible courage qu'il vous a fallu, pour aimer par-dessus tout, malgré tout.



Jamais, je n'entendrai plus la phrase "c'est politique" sans réagir désormais. Grâce à cet homme surgit du passé, lumineux et seul au coeur d'une mêlée de bras levé, pour dire que NON ce n'est pas possible, pour toutes les Irma de la terre. Il faut s'élever, il faut se lever !



Ces hommes ordinaires devenus bourreaux ordinaires ont cru à une politique, ont assassinés par milliers des hommes, femmes, enfants au mépris de toute humanité, parce qu'une politique le leur avait commandé.



Les mots justes, factuels, poétiques de l'auteure n'enlèvent rien à la cruauté de leur destin, à la beauté de la petite histoire d'Irma et August, devenue part de la grande. Indissociable du chant des mésanges, de ce qui reste de beau, d'irremplaçable toujours : l'Amour absolu, absurde puisqu'il coûte des vies mais total, unique rempart face à la barbarie.



Voici le roman de la sélection des 68 qui restera dans ma mémoire, pour la dureté de la réalité qu'il met en lumière, pour la grandeur de l'Amour qu'il nous donne à voir.



MERCI pour ce moment de lecture incroyable, qui touche au coeur, Madame Adeline Baldacchino !

Commenter  J’apprécie          230
Michel Onfray ou l'intuition du monde

Mise en abime poétique, Adeline Baldacchino, essayiste et poète se plonge dans l’œuvre poétique du philosophe Michel Onfray. Onfray l’hédoniste dur à cuire, tantôt trop à gauche, tantôt trop à droite n’est pas qu’un homme de polémique. Relecture de toute son œuvre par le prisme de la poésie, Michel Onfray apparait comme un philosophe absolu qui a choisi « le parti de la vie », une prise de conscience de l’amour du destin pour donner un sens à la vie.



« Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égard ni patience » Oui , Onfray mérite beaucoup plus que le jugement médiatique qui a tendance à le lyncher sans autre forme de procès, et Adeline Baldacchino, par son regard, son analyse universitaire et ses lunettes poétique, relit le philosophe, le pense et le panse.



Un livre vivant, érudit et indispensable pour les inconditionnels du fondateur de l’Université Populaire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          210
Celui qui disait non

L’histoire d’un héros ordinaire



Il aura fallu un concours de circonstances assez exceptionnel pour retrouver le nom d’un homme sur une photo et donner ainsi à Adeline Baldacchino le sujet de son premier roman.



Les réseaux sociaux ont indéniablement quelques avantages. Quand, par exemple, une photo est partagée des milliers de fois, et qu’elle finit par intriguer et intéresser. On se souvient d’Isabelle Monnin avec Les Gens dans l’enveloppe, qui était partie à la recherche des personnes figurant sur un jeu de photos achetées dans une brocante et qui avait fini par les trouver.

Cette fois, il s’agit du cliché reproduit en couverture du livre et qui montre des dizaines de personnes faisant le salut nazi, sauf un.

En 2012, Marie Simon a raconté dans L’Express comment, grâce à un message posté au Japon sur Facebook pour illustrer la volonté de dire non – en l’occurrence à une catastrophe nucléaire – le monde entier avait pu faire la connaissance d’Auguste Landmesser. Quelques vingt années auparavant, c’est sa fille Irene qui avait reconnu son père sur la phto publiée par un quotidien allemand. « Depuis quelques années déjà, elle rassemble des documents sur le destin de ses proches. Elle en a même fait un livre, publié en 1996, dans lequel elle raconte l'histoire de sa famille "déchirée par l'Allemagne nazie".»

C’est ce livre que la narratrice a dans ses bagages, lorsqu’elle débarque à Hambourg en avril 2017, « un long fichier, un seul, qui rassemble l’essentiel de ce que l’on sait d’August et d’Irma, de leurs filles, Ingrid et Irene, de la grand-mère Friederike, du grand-père Arthur et de quelques autres. Des documents d’archives, aussi secs que le sont tous les papiers officiels. Tout est là. Ou presque. Car ce n’est que le squelette de tout. Ce qui est arrivé. Ce qui fut consigné. Les dates, les lieux, les noms : une chronologie. La vérité crue, brutale et nette, sans artifices ni sentiments. Deux cent cinquante pages d’actes et de fac-similés, quelques lettres, un sommaire qui ressemble à celui d’une dissertation d’histoire. » Un document qui doit ressembler au livre que vient de publier Colombe Schneck, Les Guerres de mon père, livrant lui aussi quelques documents bruts qui sont le fruit de ses recherches. Mais le projet d’Adeline Baldacchino n’est pas celui d’une historienne, mais d’une romancière qui entend traquer la chair. « Ce que nous disent les regards, ce que nous dérobent les actes administratifs. La pulpe du réel. C’est elle que je ne retrouverai qu’au prix de l’invention. Tout sera vrai, tout est déjà vrai puisque tout est arrivé. Je sais les tribunaux, les prisons, les camps. Je sais la dernière balle et même le plan détaillé de la chambre à gaz de Bernburg. Je sais qui est devenu quoi, je sais qui a emprunté quelle impasse de l’Histoire. Je sais les dates, les lieux. Je sais le bruit de cymbales du dénouement. Le flot des larmes et les jambes qui flanchent en lisant. Le reste, je le devinerai. Donc, je l’écrirai. »

Un choix juste, un choix vrai. De ceux qui donnent cette indicible épaisseur au récit, qui permet de faire se fusionner les sentiments, les époques, les émotions. Car si la narratrice est à Hambourg, c’est aussi pour essayer de faire le deuil de son père, oarti neuf mois plus tôt. « Je crois que j’écris aussi pour te crier que je t’aime et n’ai jamais su te le dire assez. Je ne connais pas d’autre moyen de te le prouver que d’écrire un livre et d’y glisser ton nom. »

Nous voici donc en octobre 1934, au moment où August rencontre Irma. « C’était l’automne à Hambourg. Des feuilles mortes voletaient dans les rues trop larges pour les âmes solitaires. Elle était allée s’asseoir au jardin botanique, Planten und Blomen, près du petit canal aménagé qui le traversait, sous un saule pleureur dont elle avait fait un ami. (…) Ce jour-là, sa robe était blanc et noir. Elle avait emprunté à sa mère un petit châle de laine. Le livre venait de retomber sur ses genoux. Je crois bien qu’elle s’était assoupie, vaguement ivre dans l’odeur d’écorce et de colchiques. August cherchait un endroit pour faire la sieste. C’était l’automne, certes, mais l’une des dernières belles journées de l’année. Il avait repéré l’arbre et son ombre prometteuse. Il venait de pénétrer sous le rideau protecteur de sa ramure, quand il était tombé en arrêt, n’osant plus ni continuer ni se retirer.

August ne sait rien alors du début de la longue marche des communistes en Chine du Nord. Rien du vol du premier bombardier soviétique à grande vitesse, le Tupolev SB1. Rien de l’appel de Maurice Thorez à fonder le Front populaire en France. Tout cela se passe en octobre 1934. Tout cela, mais encore ce bruissement de feuilles sous un saule au bord du canal, une femme avec un livre ouvert au bout de ses doigts qui attirent la lumière. Elle pourrait lire, mais elle dort. Et c’est parce qu’elle sommeille qu’il peut regarder longtemps les commissures de ses lèvres, l’angle de son nez, la forme de ses sourcils, la blancheur de son front, les racines de sa chevelure noire et souple. Il peut détailler tout cela. Ses paumes ouvertes, abandonnées, il sait qu’il va les saisir et les retenir, qu’elles vont le caresser et l’épouser. Ce jour-là, August, grand bonhomme un peu gauche qui adhère au parti nazi depuis trois ans, a complètement oublié la politique. Il sait que son désir est charnel, mais aussi pur et puissant que la sève du saule. C’est quand il hésite à la réveiller, se demandant s’il doit s’asseoir là, lui aussi, et la contempler sans fin, qu’une rafale un peu brusque expédie une bouffée odorante dans les narines d’Irma. Crocus et camélias, des fleurs aux noms qui claqueraient dans la mémoire. Ou bien la feuille à peine détachée, jaune encore et rougissante, qui lui effleure la pommette. Elle s’éveille, Irma, et il est là. »

Une longue citation pour dire qu’il n’est guère nécessaire d’en dire plus. Vous découvrirez combien ce bel amour va se transformer en un défi fou. Car Irma est juive et que des lois absurdes «pour la protection du sang» interdisent non seulement leur union, mais aussi toute descendance. Sur ce quai de Hambourg, au moment de cette photo désormais célèbre, August disait non à Hitler, mais il disait surtout oui à Irma. Longtemps, il pensera que la force de leur amour aura raison de la stupidité des hommes. Que cet amour protégera aussi les deux filles qui vont naître. Et quand il se rendra compte que le pays est subitement devenu fou, il sera trop tard. En 1937, on peut arrêter un membre du parti nazi pour «souillure raciale» et l’envoyer en camp de travail et à la mort. Et on ne va pas tarder à expérimenter la solution finale sur ses propres ressortissants. Irma sera de l’un des premiers contingents pour Ravensbrück.

Ce premier roman est un hommage, mais aussi un cri. Qui résonne d’autant plus fort en nous qu’il est soutenu par une plume magnifique : «Les écrivains n'ont qu'une passion : ressusciter les morts en les racontant, retenir les vivants en les répertoriant. Ce goût de pâquerette sur les cendres. Quand les mots s'écoulent de l'âme comme du sang frais, c'est bon signe. Et je saigne. »
Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          200
Celui qui disait non

« Encore un roman sur l’entre-deux guerres ! » me disais-je en recevant Celui qui disait non d’Adeline Baldacchino dans le cadre des lectures des 68 premières Fois !

C’est vrai que depuis le début du mois de mars, j’ai déjà lu quatre romans dont l’action se situe au cours de la première moitié du siècle dernier et qui abordent des problématiques en lien avec les deux premières guerres mondiales.

Cette polyphonie de points de vue était intéressante mais commençait à manquer de variété et si ce livre voyageur ne devait pas être rapidement envoyé au lecteur ou à la lectrice suivante, je l’aurais bien laissé attendre un peu… afin de changer un peu d’ambiance.



Heureusement, ici, j’ai tout de suite été surprise par la posture de l’auteure.

Tout part d’une photo, oubliée, retrouvée, analysée, la photo d’un groupe d’ouvriers sur le quai d’un chantier naval à Hambourg, qui saluent Hitler venu baptiser un navire. Parmi eux, un homme se tient les bras croisés, refusant de faire le salut nazi. Le non-geste de cet homme sera le point de départ du récit. Adeline Baldacchino va l’interpeler et reconstituer son histoire, dans un mentir-vrai de biographie fictionnelle. D’avril 2017 à juin 1936, elle va remonter le temps, entreprendre des recherches, fouiller des archives, séjourner à Hambourg, pour, à partir d’une identité, raconter l’histoire d’un amour impossible entre une juive et un aryen.

Paradoxalement, il va se faire tout un processus d’identification à ses personnages, qui la renvoie à son propre vécu, à la mort de son propre père, aux brouillards de sa propre histoire familiale.



Ce roman revisite le mythe du héros résistant : comment dire non ? comment refuser de se soumettre à des lois inhumaines ? Mais suffit-il de dire non ? Le héros n’a pas mesuré les risques encourus par sa famille, a mal planifié leur fuite, l’a entrainée vers l’horreur… C’est une véritable tragédie où la notion de destin inéluctable, d’horreur et pitié provoquées chez le lecteur donne une dimension universellement classique.

L’auteure revient sur la montée du nazisme, sur la prise du pouvoir par Hitler, porté par la grande majorité des allemands qui voyaient en lui un sauveur pour l’Allemagne. C’est un élu du peuple, un élu démocratiquement plébiscité, et c’est quelque chose qu’on oublie souvent.



L’écriture est belle, efficace et poétique à la fois. La quatrième de couverture nous apprend que l’auteure est poète et magistrate… Il y a dans son roman de l’urgence, de la précision chirurgicale, de l’investigation, une volonté synthétique et une ouverture sur le monde, une magnifique mise en mots.

Dans l’écriture, il y a un rythme, des récurrences comme des refrains sur ce qu’on fait de la vie, sur ce qu’on fait de l’amour, sur que les autres leurs ont fait, ont fait de leur amour… Il y a aussi des passerelles entre les époques et les protagonistes, une mémoire des uns qui « habille » l’histoire des autres, une forme de transmission… Les bijoux jouent ici un rôle important, objets trans-générationnels par excellence.

Adeline Baldacchino imagine pour donner vie, pour donner à lire. « Si ce n’est pas vrai, c’est vraisemblable : qu’attendre de plus de la littérature ?».



Pourquoi Adeline Baldacchino raconte-t-elle l’histoire de « cet homme qui disait non » à son père, récemment décédé, qui n’est plus là pour l’entendre ? Quelle signification plus profonde que la vision historique met-elle dans ce récit de « l’envers de l’obéissance » ?

Il faut lire ce roman pour le comprendre et en prendre toute la mesure… « " C'est pour parler du mien, de père, que j'ai couru après le leur... Regarde, je commence à confondre ceux que j'interpelle. Est-ce à toi, papa, ou à lui, August, que je dis tu ?".

Un premier roman difficile, qui nécessite une lecture entre les lignes, dont les clés et le pacte de lecture ne sautent pas aux yeux.

Une belle surprise.

Commenter  J’apprécie          141
Fragments Inédits

D'un essai de réussite commerciale. Voici comment je présenterais ce livre...

Trouvé par hasard en fouinant dans une librairie, aguiché par le nom de Diogène le Cynique, ce livre arbore en outre un bandeau d'accroche estampillé Onfray.

Je me tâte pour acquérir ce livre. Ce titre : Fragments inédits de Diogène le Cynique ! ça donne envie ! Je me mets donc à lire en rayon la 4ème de couverture : des fragments du philosophe auraient sommeillé "sous le doux soleil d'Orient" (entendre qu'on les a retrouvés dans des écrits médiévaux arabes). Il m'en faut plus ; je décide de lire la préface signée Onfray. Ce dernier nous présente l'auteur comme une jeune passionnée, loin des milieux universitaires qu'il aime tant conspuer, "à cheval sur plusieurs civilisations, et plusieurs langues". Oserais-je y croire ? Une passionnée de philosophie qui lirait l'arabe dans le texte ?

J'achète.



L'ouvrage se compose ainsi : la préface d'Onfray, 4 petits chapitres de l'auteur, et les fragments classés par thématiques.



La préface fait dans la surenchère : éloge de l'auteur, "sortie de nulle part" qui a mis "une claque" aux "fonctionnaires de la recherche qui passent leur vie le regard perdu dans la poubelle" ! On apprend plus tard que A. Baldacchino et Onfray se sont déjà rencontrés, et on devine que la première est une grande fan du second. A tel point que ses chapitres respirent tous le "style" Onfray.



Les quatre petits chapitres en soi n'apportent rien de bien consistant. L'auteur raconte comment elle est tombée sur ces fragments. On apprend au passage que ce n'est pas elle qui les a découvert (ce que reconnaît volontiers l'auteur) mais Dimitri Gutas qui les avait recensés et traduit en anglais. Adeline Baldacchino n'a donc fait que traduire ces fragments de l'anglais en français. Voilà donc ce que l'on nous présentait comme "à cheval sur deux civilisations" !?! Voilà donc que ce sont ces "fonctionnaires de la recherche" (D. Gutas) qui avaient fait tout le boulot !

J'aurais presque envie de déchirer les pages de la préface écrite par Onfray !

En outre, l'auteur reprend à son compte les idées et même ce style d'écriture "à la Onfray". Cette manie irritante de poétiser à tout bout de phrase ! Ces quatre chapitres n'ont donc pas beaucoup d'intérêt, hormis celui sur la méthodologie de D. Gutas, qu'elle paraphrase sans compter.



Les Fragments maintenant ! Ils sont présentés par thème, accompagnés de quelques commentaires de l'auteur.

Rien de bien nouveau nous prévient l'auteur. Le Cynique a toujours cette répartie tonitruante contre les puissants, les arrogants, les discoureurs.. Et c'est un régal.

Mais il y a aussi quelques anomalies. Et c'est sur ce point qu'on doit s'arrêter et voire une lecture symptomatique de l'"Onfrayisme".

En effet quelques fragments présentent Diogène sous un jour nettement misogyne. D'office, A. Baldacchino, qui ne peut concevoir qu'un auteur classé par Onfray dans la catégorie des "hédonistes, libertaires, athées, immanents, etc." fasse un écart dans le mauvais sens. Travers typique de Onfray, un philosophe est nécessairement 100% progressiste ou ne l'est pas... L'auteur conclue : ce sont les traducteurs arabes qui ont probablement déformé les propos "à des fins théologiques ou idéologiques".

Et pourquoi donc Diogène ne serait pas cynique comme tous ces contemporains ? Théodore l'Athée a bien tenté de renvoyer sur son métier à tisser Hipparchia, femme cynique qui s'invitait dans les banquets réservés aux hommes. Or Théodore était par ailleurs un personnage intéressant ("progressiste") à plus d'un titre. Cela ne l'a pas empêché d'être un vieux macho de première.

A ce stade je m'interroge : et si on tombait sur un trait, avec un caractère nouveau, contre les dieux païens ? Est-ce que l'auteur préférerait y voir « le génie solaire » selon l'expression de son mentor, ou admettrait-elle la probabilité d'une déformation de l'idéologie monothéiste ?

Et, ô surprise ! Une occasion similaire arrive avec une mention de la vie après la mort. L'auteur accours aussitôt dans l'une de ses rares notes de bas de page : « le doute sur l'authenticité de ce fragment est fort possible ». Hé oui, on préfère botter en touche ce qui dérange.

Et encore ce fragment évoquant la « compassion » (qui apparemment à une connotation trop chrétienne aux yeux de l'auteur) : Tout de suite, on nous avertit qu'il est « sans doute apocryphe ».



Cette manière de discuter la philosophie me chagrine : Non ! Il n'y a pas les gentils philosophes et les méchants de l'autre. Il n'y a pas la face « solaire » et le côté obscur de l'autre... Nous n'avons pas le choix de nos sources. Il faut bien faire avec, même si cela ne nous plait pas. Cela ne veut pas dire qu'il faut admettre Diogène comme un misogyne et un fervent religieux, mais que sans preuve contraire, nous ne pouvons pas les écarter aussi rapidement, sans discussion aucune.









Commenter  J’apprécie          101
Celui qui disait non

J'ai été subjuguée par l'écriture. Dès les premières lignes, j'ai su que ce serait un bonheur de lecture.

Émerveillée par l'écriture, oui, mais ensuite, tellement bouleversée par le déroulement des faits.

Qu'il est beau , dans l'Allemagne nazie de 1936, cet amour de August l'aryen pour Irma, la si jolie juive !

Qu'il est beau l'amour de Irma pour August !

Qu'elle est odieuse leur interdiction de s'aimer !

Un amour interdit par des esprits pervers qui mettent leur intelligence au service du mal et de la soi-disant pureté de la race.

Et ces interrogations qui reviennent : "qu'avons-nous fait de notre amour "?

"Qu'avons-nous fait de notre vie" ,

Ces interrogations-refrain que je ne peux oublier, qui ajoutent à la puissance dramatique.

J'ai tout aimé de ce livre, à tel point que je n'ai pas envie de le disséquer; je veux garder mon émotion en moi, profondément.

Merci Adeline Baldacchino.
Commenter  J’apprécie          92
Celui qui disait non

"Cet homme capable de dire non à Hitler, si sereinement, comme si sa vie n'en dépendait pas, m'a instantanément fascinée. J'ai eu besoin de comprendre. Ce qu'il était mais encore pourquoi ce qu'il était m'importait tant. Besoin de le nommer. Besoin de le faire exister. Je l'ai très vite tutoyé."





L'homme qui fascine l'auteure c'est August Landmesser, un jeune ouvrier allemand qui, le 13 juin 1936 dans le port de Hambourg où Hitler vient baptiser un navire est le seul à ne pas faire le salut nazi, geste ou plutôt non geste immortalisé sur la photo prise par un journaliste. De ce point de départ naît d'abord une enquête, la compilation de dossiers, un empilement de faits... "Manque la chair". C'est là qu'intervient la romancière. C'est ce qu'elle nous offre au fil de ces pages haletantes, émouvantes, remuantes, poignantes. En redonnant vie à cet homme, à son histoire d'amour, aux enfants qui en furent le fruit. En retraçant, dans les méandres de l'absurdité des lois allemande de l'époque, le destin contrarié d'un couple et en tendant, quatre-vingts ans après, un miroir à ceux qui voudraient encore contrarier les vélléités de mixité. Elle ne se contente pas de raconter, elle insuffle la vie, fait vibrer le courage face aux sirènes de la bêtise et de la lâcheté. Elle donne surtout du sens à cet événement qui trouve encore un écho dans notre actualité, autant que dans son intimité à elle.





August Landmesser n'a rien d'un héros, jeune homme issu de la classe ouvrière, adhérent comme tout le monde au parti nazi parce qu'il fallait bien tenter d'avoir un peu d'espoir en quelque chose. Pas plus politique que ça. D'ailleurs ce n'est pas la politique qui fait basculer son destin, non, mais plutôt l'amour. Un coup de foudre. Elle s'appelle Irma. Irma Eckler. Et elle est juive. Ça, August s'en moque comme de sa première dent de lait. Sa peau, ses cheveux, ses yeux seuls l'intéressent et l'enflamment. Il n'a pas prévu, August que les lois de Nuremberg proclamées en 1935 les transformeraient en criminels aux yeux du régime ; qu'ils ne pourraient pas se marier et qu'il serait lui arrêté pour "souillure raciale", désormais incapable de veiller sur son Irma. Et devenu peut-être son pire ennemi. Il n'a pas prévu ce que leurs deux filles devront subir. Il n'a jamais imaginé, August en adhérant au parti nazi quelques années auparavant qu'il aurait dû devenir un assassin à l'image de ses nombreux camarades... Et que seul l'amour a fait bifurquer son histoire, pour le meilleur et pour le pire.





Il faut du souffle pour raconter l'irracontable et en faire un texte qui touche à l'universel. Un texte qui interroge sur le poids de l'amour face à la politique. Un texte qui interpelle ceux qui croient que l'on peut ignorer la politique, lui tourner le dos tout simplement. On ne sort pas indemne de ce roman court mais intense, de ce terrible chapitre 3 au cœur de la nuit de cristal, de ce voyage sans retour à Ravensbrück. L'auteur nous saisit aux tripes, nous tord le cœur, nous remplit aussi d'admiration pour cet homme qui disait non.





Une lecture d'une force incroyable. Puisse-t-elle inspirer ceux, nombreux je l'espère, qui s'y confronteront.





"Et j'avais vu Dachau, Bergen-Belsen et Buchenwald, vu Auschwitz et pleuré dans la lumière du crépuscule, quand j'essayais encore de comprendre comment il était encore permis d'écrire de la poésie, comment il fallait justement en écrire parce que prier, non, ce n'était plus possible - qui voulez-vous prier : celui qui ne répondit jamais quand on le suppliait dans les chambres à gaz ?"
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          90
Max-Pol Fouchet, Le feu la flamme : une ren..

Lorsque Jacques Chancel, dans une radioscopie de 1971, le qualifia de touche à tout, Max-Pol Fouchet répondit : « Je suis un touche à tout parce que tout me touche ». Ecrivain, journaliste, homme de télé, critique d’art, grand voyageur et surtout poète, c’est justement sa poésie qu’a rencontrée Adeline Baldacchino alors qu’elle était jeune lycéenne.



L’auteure, jeune femme de 30ans, invente la biographie autofictionnelle. Entre trois interludes intimes et délicats où elle nous emporte en poésie pour nous faire ressentir la force et le lien que peuvent créer les mots entre une femme d’aujourd’hui et un poète mort il y a trente-trois ans, c’est une vraie biographie à l’écriture intelligente et profonde qu’elle nous livre.



Il faut dire que Max-Pol Fouchet a vécu plusieurs vies : après avoir été baptisé au calvados comme tout bon normand laïc qui se respecte, il passe son enfance et son adolescence en Algérie. C’est Alger la blanche qui va faire de lui un homme de son siècle. Lycéen engagé il fait très vite l’expérience de l’injustice quotidienne, la misère de la condition imposée aux algériens le fait rentrer en politique. Il rencontre Albert Camus, lycéen lui aussi, ensemble ils narguent les colons jusqu'à qu’une rivalité amoureuse ne les sépare.



Comme toute bonne biographie, nous découvrirons beaucoup plus que la vie d’un homme, description de la vie dans Alger pendant la deuxième guerre mondiale, plongée dans le milieu intellectuelle de la France des années 50, le début des émissions littéraires à la télévision, un détour par Mai 68, bref un survol très agréable au dessus de la deuxième moitié du XXe siècle.



Alors,qui c'est qui pourra craner maintenant dans les diners mondains en citant la vie de Maxou Paulo Fouchet? Les lecteurs de blog baz'art pardi!!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          91
Celui qui disait non

Waouh ! Quel roman ! Je ne sais si je saurai définir tout ce que j'y ai trouvé, tout ce qui m'a fait l'aimer immédiatement, comme une évidence, comme un coup de foudre amoureux. La première de couverture déjà est fascinante : une foule d'hommes faisant le salut nazi et, au milieu d'eux, comme isolé par un objectif photographique ou comme la lunette d'un fusil, un homme qui, seul, croise ses bras dans une attitude qui n'est même pas de défi mais simplement de refus tranquille, opiniâtre et sûr de lui. La scène se passe à Hambourg, le 13 juin 1936 et cet homme qui dit non se nomme August Landmesser. Quatre-vingt -un ans après, la narratrice reconstruit son histoire en prenant pour postulat de départ que c'est par amour qu'August a dit non ce jour-là. Car il est follement amoureux d'Irma, August, absolument, éperdument amoureux de sa femme et qu'importe que la loi pour la protection du sang aryen l'empêche d'aimer une Juive. Les idéologies, la politique, les convictions, il ne s'en préoccupe guère lorsqu'il câline sa petite Ingrid et lorsqu'il regarde le ventre à nouveau rond d'Irma. Aimer est peut-être la première insoumission, l'originelle, celle qui nourrit la force du choix. Aimer alors que les mâchoires de l'Histoire se referment insidieusement sur les existences ordinaires, sur les vies des petites gens. Et les broient. Mais finalement, finalement, n'est-ce pas l'amour insoumis qui reste vainqueur ? A la seule condition que la mémoire recouse le passé à l'avenir.

Il y avait probablement beaucoup de manières d'évoquer August Landmesser et autant de points de vue à adopter. Adeline Baldacchino choisit d'y pénétrer, en entraînant le lecteur à sa suite, pour nous en faire découvrir les enchaînements, les possibles, les attestés, les rêvés, les imaginés. Le récit construit de superbes passerelles entre les temporalités, entre la fiction et le réel, entre la biographie et la poésie. Et cette écriture ! Magique ! Sa musicalité, son rythme lui donnent une puissance incantatoire qui offre consolation et espérance. L'enquête que mène la narratrice pour retrouver trace d'August en prend une dimension sacrée. Pour l'émotion, pour le plaisir de la beauté pure, j'ai relu plusieurs fois certains passages et me suis laissée submerger par l'harmonie du choix des mots et de leur agencement.

Ce premier roman d'Adeline Baldacchino est, pour moi, une merveille, un diamant que l'on garde précieusement et que de multiples relectures ne peuvent ternir. Il rejoint mes inoubliables précieux. Mes essentiels. Ceux qui témoignent. Ceux qui élèvent. Ceux qui dispensent l'inexprimable bonheur de lire et de savoir toujours s'en émerveiller.

Commenter  J’apprécie          71
Celui qui disait non

Ce qui m’a interpellé en premier lieu, c’est cette couverture et la photo qui y est représentée : un homme au milieu d’une foule, une foule faisant le salut nazi et cet homme lui, est là, les bras croisés. Qui était-il, pourquoi fait-il cela, qu’est-il advenu de lui ?



C’est à ces questions que l’auteure nous répond.



Il s'agit d'un roman tragique et plein d’amour.

Plein de cette histoire d’amour entre cet homme sur la photo, August Landmesser, et de celle qui ne sera sa femme qu’à titre posthume, Irma Eckler, car le destin a voulu que ces deux-là s’aiment en dépit de tout et surtout de la politique : Irma est juive et nous sommes en Allemagne en 1934 lorsqu’ils se rencontrent.

Une autre histoire d’amour est également présente : celle d’une fille, Adeline Baldacchino, pour son père décédé, l’auteure évoque avec beaucoup de pudeur cette douleur qui quelque part la pousse à raconter également l’histoire d’August et Irma comme pour conjurer l’absence paternelle.

C’est un roman qui ne s’oublie pas une fois la dernière page refermée, l’auteure réussit à donner corps à cette histoire d’amour en se basant sur des registres, des notes et rapports froidement administratifs.

Adeline Baldacchino nous entraîne dans son sillage d’écrivain, on suit ses doutes et ses moments d’hésitations lorsque pour elle le récit devient trop éprouvant. Pourtant elle continue et en évoquant ce couple et le destin tragique qui fut le leur, elle leur rend ainsi hommage avec respect et compassion mais également à tous ceux qui ont osé dire non, qui ont osé braver des lois inhumaines et qui malheureusement l’ont payé de leur vie.

C’est un nouveau roman sur la seconde guerre mondiale mais qui par sa singularité et son émotion justifie sa place dans ma bibliothèque.


Lien : https://allylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          50
Le testament du banquier anarchiste

Le texte d'un poète du début du vingtième sur l'anarchisme, sa continuation aujourd'hui au travers d'une discussion avec l'un des protagonistes apparemment devenu immortel, quelle belle idée !

Quelle belle idée, et quel drôle de choix, aussi. À la lecture du texte original de Pessoa je n'ai pu m'empêcher de penser à ce que disait Rousseau sur les idées : qu'il faut les passer à la moulinette de la marche, de l'exercice physique, avant de les coucher sur le papier. Au contraire, le texte de Pessoa m'a paru sentir la pièce fermée, la discussion avec des personnes qui se ressemblent et se montent une idée de l'existence bien limitée.

Quelle drôle d'idée, donc, de s'encombrer de ce texte à la vision tremblante pour en fonder un autre. Il en ressort une histoire de la philosophie politique récente, riche mais assez décousue, au cours de laquelle le concept de politique participative est rentré au chausse pied dans le mot d'anarchisme. Peu convainquant au final, il reste tout de même à ce volume son style original et rafraîchissant pour un texte de réflexion.

Commenter  J’apprécie          40
Celui qui disait non

13 juin 1936. August Landmesser, aryen amoureux d’une Juive, refuse de saluer Hitler sur le quai de Blohm + Voss, à Hambourg. Premier signe d’insoumission, annonciateur du terrible destin de ce couple impossible. Le Reich n’autorise pas les aryens à s’accoupler avec des Juives, et encore moins à les aimer. Pris sur le fait, August sera condamné deux fois, incapable qu’il est de se retenir d’aller voir Irma, d’aller embrasser ses filles, Ingrid et Irene. Suite aux mesures mises en place par Heydrich, Irma sera emprisonnée « pour sa protection », avant d’être emmenée à Bernburg, premier centre d’extermination entièrement dédié à la solution finale. Jusqu’au bout, ils s’aimèrent, malgré la peur, malgré les interdits, malgré la mort.



Destin tragique que celui de ce couple d’amoureux, empêchés de s’aimer, de se marier, de vivre même à cause des lois anti-juives du régime nazi. Il ne reste de leurs vies que quelques morceaux de papier, et cette photographie en noir et blanc, cette foule au bras levé où un seul homme garde les bras croisés. Superbe reconstitution que celle d’Adeline Baldacchino, faite de suppositions et de devinettes, où la réalité des faits historiques rencontre l’intangible des sentiments et du ressenti des hommes, des femmes et des enfants qui ont fait l’Histoire. Nul ne saura jamais si c’est bien comme ça que ce sont passé les choses, mais beaucoup pourront y croire, c’est bien là le plus important.



Un roman comme une longue litanie à l’amour impossible, un style poétique pour ancrer dans nos têtes les horreurs du nazisme, la beauté du sentiment amoureux, l’acharnement de ceux qui se savent condamnés. 258 pages pour opposer l’oppression à l’amour véritable, pour éprouver la résistance du lecteur face à tant de haine et de violence, vis-à-vis de tous ces innocents qui n’avaient commis qu’un seul crime, celui d’exister. C’est un livre difficile que celui-ci, un livre fort et poignant, où les répétitions constantes ne font que renforcer notre sentiment d’injustice.



Un livre qui m’a marqué, même s’il est difficile de dire si j’ai « aimé ».
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          40
Celui qui disait non

Ce roman nous plonge dans une histoire d'amour qui se crée et se poursuit malgré les lois qui dictent le contraire.

Lui c’est August Landmesser. L’homme qui disait non. Celui qui a refusé un jour de juin 1936 de lever le bras dans le port de Hambourg devant ce petit homme à la moustache ridicule que tout le monde vénérait, psalmodiait, applaudissait, ébahi par les propos.

August, un homme comme vous et moi. Allemand de naissance, de race que l’on nommait aryenne. Il est simple ouvrier participant à la construction des chantiers navals d’Hambourg au temps naissant du nazisme d’Hitler et il décide de s'encarter dans le mouvement d’une Allemagne nouvelle, comme chacun l’avait fait pour se donner un rôle, une identité, retrouver des valeurs communautaires et d’engagements économiques. Mais il était animé par un désir de redressement. Il rencontre une juive dont il s'éprend. 50 ans après, sa descendance remonte à ce passé pour trouver des explications.

La structure du roman m'a déconcerté et m'a empêché de rentrer dans ce roman. Je n'ai pas vraiment aimé cet univers, malgré ma passion pour cette histoire.
Commenter  J’apprécie          40
Celui qui disait non

Ce livre est poignant. Il ne fait que 250 pages, mais il n'est pas de ceux que l'on peut lire rapidement, tant le sujet est grave et la plume est travaillée.



Tout part de la photo qui figure en couverture : un homme, un nazi, croise les bras, au milieu des autres qui le tendent devant leur chef, le petit moustachu. Un non-acte rebelle et courageux. Cet homme, l'auteure en est sûre – car il y un petit doute sur son identité -, c'est August Landmesser. Et c'est son histoire qu'elle raconte dans ce roman, son histoire d'Aryen amoureux d'une Juive.



Sans fard, Adeline Baldacchino nous narre la relation entre August et Irma, les débuts de leur famille, en parallèle des règles anti-juifs qui font leur apparition et qui les mettent de plus en plus en danger. Car les relations entre Aryens et Juifs, d'abord tolérées, deviennent illégales, puis criminelles. Et pourtant August aime Irma et tant pis si la voir, avec leurs filles, les met tous en danger.

Qui aurait pu prévoir que l'un d'eux finirait gazé, que leur bébé serait balancé d'une fenêtre après avoir été martyrisé, que leurs filles auraient des parents d'adoption, des parents qui ne seraient pas morts à 30 ans ? Personne, en 1935...



C'est tout cela que l'on vit sous la plume travaillée de l'auteure. Une complainte lancinante, rythmée par la douloureuse question : « Qu'avons-nous fait, Irma, qu'avons-nous fait de nos vies ? ».

Un texte qui a manqué d'un petit je-ne-sais-quoi pour me marquer durablement, mais qui, indéniablement, m'a fortement émue pendant ma lecture...

Commenter  J’apprécie          40
Celui qui disait non

C'est une plume poétique que je découvre avec ce roman. Je découvre également les destins tragiques d'August Landmesser, de sa femme Irma et de leurs deux filles.

C'est pourtant une simple histoire d'amour, comme il y en a surement tant d'autres, entre un allemand aryen et une juive baptisée protestante. C'est cet amour que raconte l'auteure, ce qu'il a construit, créé et ceux qu'il a mené à leur perte.

Un docu-roman dramatique, bien difficile à digérer tant l'horreur fait place à bien trop peu d'insouciance. Une mise en lumière sur cet homme sur la photo, dont on ne saura jamais vraiment pourquoi ce jour-là, il n'a pas levé son bras droit.
Commenter  J’apprécie          40
Fragments Inédits

Belle surprise que cette découverte dans des écrits arabes du X et XIème siècle d’une centaine de fragments attribués à Diogène de Sinope. Découverte on ne peut plus précieuse puisque ces fragment viennent élargir significativement le maigre corpus qu’il nous reste de ce philosophe (environ 600 fragments dans des textes grecs et latins).



Mais quels enseignements nous apportent ces nouveaux fragments ? Si on retrouve avec plaisir le philosophe cynique et son sens de la répartie, son goût pour l’invective, son mépris des conventions, son éloge et sa pratique rigoureuse d’une existence indépendante ; ces nouvelles anecdotes, véritables paraboles philosophiques, ne présentent pas de traits proprement nouveaux du sage grec.

Seule exception notable : une dizaine de fragments dont l’authenticité est plus que douteuse. On s’étonne ainsi d’entendre Diogène parler avec déférence de Dieu (au singulier) ou tenir des propos profondément misogynes. Ces fragments contrefaits témoignent de la prédisposition de certains idéologues à déformer les textes anciens pour servir leur cause et invitent tous les lecteurs à la méfiance concernant les écrits de seconde main :

« Là encore souvenons-nous de cette leçon au moment de relire les fragments sauvés de Diogène : ils n’ont probablement pas été préservés par d’amoureux altruistes de la culture hellène, mais par de redoutables propagandistes poursuivant leurs visées propres, qui restent d’ailleurs à approfondir. » nous prévient la traductrice.



Mais l’intérêt majeur de ce livre est peut-être d’ouvrir des perspectives inattendues pour la recherche. Combien de fragments de ces philosophes grecs dont l’occident a préservé si peu d’écrits (Héraclite, Empédocle, Démocrite, Aristippe, Épicure, etc.) sommeillent encore dans les bibliothèque arabes ?
Commenter  J’apprécie          40
Celui qui disait non

Ce roman nous racontre une très belle histoire d'amour entre August, jeune allemand qui a refusé de saluer Hitler et Irma, jeune juive, à l'aube de la seconde guerre mondiale.

Amour qui leur est interdit mais qui sera néanmoins le combat de leur vie.

C'est dommage que la structure saccadée du roman ne m'ait pas permis de me plonger plus dans cette histoire, ce qui a eu pour conséquence l'abandon de la lecture à mi parcours.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Adeline Baldacchino (103)Voir plus

Quiz Voir plus

Quand les enquêteurs parlent...

— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

Arsène Lupin
Hercule Poirot
Rouletabille
Sherlock Holmes

13 questions
188 lecteurs ont répondu
Thèmes : romans policiers et polars , humour , enquêteursCréer un quiz sur cet auteur

{* *}