Citations de Agnès Clancier (16)
Dakar, enfin. Soulagement fugace d’avoir atteint la porte de l’Atlantique, où elle [Maryse Bastié] doit affronter les réticences des équipages d’Air France, qui tentent de la dissuader de poursuivre, et l’opposition acharnée des veuves de la Croix-du-Sud [l’avion de Jean Mermoz qui vient de s’enfoncer dans l’océan lors de sa vingt-quatrième traversée] qui, pour l’empêcher de partir, menacent de mettre le feu à son avion ! Personne ne pourra m’arrêter, dit-elle.
p. 179
Ils savent tous deux ce qui l’attend. D’abord décoller avec le vent sous l’aile. Avec l’énorme charge emportée, plus de seize heures d’essence, une sacrée acrobatie. Huit cents mètres aussi longs que des siècles. Ensuite, il faudra prendre la vitesse de croisière : 290 km/h, ou peut-être, si elle suit la recommandation de Lendroit [son mécanicien], seulement 270, ce qui allongera la durée de la traversée, mais assurera une plus grande sécurité à l’appareil. Quand le soleil va monter, Maryse sera enfermée dans un four. Quatre bonnes heures de vol, soudée à la machine, avant que n’apparaissent les premiers nuages, quand l’horizon perd de sa netteté et que s’approche le Pot au noir.
p. 181
Dans la salle d’attente du médecin, traînait ce magazine qu’elle n’avait pas eu la curiosité d’acheter. Les femmes les plus célèbres. Sur plusieurs pages, liste et photos. Maryse Bastié arrive en tête, devant la générale de l’Armée du salut Evelyne Booth, l’écrivain Colette, Greta Garbo, Irène Joliot-Curie, la duchesse de Windsor et Eleanor Roosevelt.
p. 267
Enfermée près de lui, Maryse comprend pourquoi celui qu'on surnomme l'archange plaît tant aux femmes.
page 169 des détails magnifiques à propos de l'aviateur Mermoz !
Le pays des droits de l'homme n'est pas le pays des droits de la femme, (p.260)
Elle va se rendre à Biskra.
Biskra, que chantait sa mère, l'oasis porte du Sahara,
ville de peintres et de photographes,
ville d'écrivains où Maupassant espérait goûter la
saveur unique du désert ;
que Gide voit comme un jardin de palmes et de jour vert et rose
L'endroit du monde où il souhaite le plus de vivre.
Biskra, la vile de ses rêves d"enfant.
Elle y songe depuis le départ de Paris, confusément.
Si j’ai adopté un enfant, c’est parce que je l’ai voulu plus que tout, parce que c’était mon destin, l’œuvre que je devais laisser sur cette terre. Cela a toujours été une évidence. Pendant des années, je n’y ai pas pensé, puisque j’avais le temps. Certaine que lorsque le bon moment se présenterait, je le reconnaîtrais tout de suite.
Le passé est ce qu’il est. Fait de miracles et de mystères.
C’est ton histoire. Elle a fait de toi la magnifique personne que tu es. Il n’y a rien à changer.
Un soir, à Paris, tu es venue m’accueillir à mon retour du travail, en disant : Maman, il faut que je te parle en privé.
Nous sommes seules dans l’appartement, comme d’habitude, puisque je suis célibataire et que tu es ma fille unique. Nous sommes deux, donc. Deux à vivre dans cet appartement. Tu me tires par le bras. Viens, maman, j’ai quelque chose à te dire, mais en privé. C’est privé. Viens. Tu m’entraînes.
Je te suis jusqu’à ta chambre, où tu m’expliques ce qui t’inquiète. Comme c’était privé, je n’en écrirai pas davantage.
Les records ne sont pas battus par des individus raisonnables redoutant la mort.
Cela fait plusieurs années que tu ne demandes plus: Qu’est-ce qu’on va faire, après? Et après? Et après?
L’avenir ne te fait plus peur. Tu es rassurée, confiante. Tu bâtis des projets, qui t’appartiennent. Tu parais convaincue que tout le reste de ta vie sera facile. Les requins mangeurs de maman ne viennent plus hanter ton sommeil. Tu as l’insouciance des adolescentes.
Il n’est personne sur terre qui soit plus gaie que toi.
Poses sur l horizon, quelques arbres secs brandissent leurs bras décharnés, hante par des milans noirs
Distribuer des terres ne suffit pas, c est vrai.
Les colons ont besoins d outils et d armes pour se défendre
Il donne ses vieux journaux à la gouvernante, qui le lui a demandé quand elle s'est aperçue qu'il les jetait. Il les laisse désormais sur le plan de travail de la cuisine, gêné par ce qu'elle peut y découvrir, cette mère de quatre enfants, dont le mari est trop malade pour travailler. Cela le met mal à l'aise. Un jour, le contenu de l'un d'eux lui a paru si choquant qu'il l'a emporté au bureau pour qu'elle ne puisse pas le lire.
Si tu ne sais pas où tu vas, retourne d'où tu viens.
La liberté est une drogue dure.