L'émission : https://www.web-tv-culture.com/emission/alain-teulie-stella-finzi-51832.html
On l'a connu homme de radio et de télévision mais aussi comédien. Se référant souvent à Jean Cocteau, Alain Teulié a eu le privilège d'être l'assisant de Jean Marais. Mais oubliant les bravo et la lumière des projecteurs, c'est plutôt dans l'écriture qu'Alain Teulié s'est révélé, qu'il s'agisse du théâtre ou du roman. Sa pièce « le dernier baiser de Mozart » a été sélectionnée aux Molière 2017. Quant à ses romans, il raconte la vie d'aujourd'hui, les liens parents-enfants, les sentiments abîmés et l'amour impossible.
Voici le 8ème roman d'Alain Teulié, « Stella Finzi », aux éditions Robert Laffont, et c'est une réussite.
Vincent, parisien, a une quarantaine d'années. Auteur d'un roman passé inaperçu, esthète dilettante, il ne trouve pas sa place dans ce monde qu'il ne comprend pas. Son projet, s'installer à Rome pour s'y donner la mort après avoir dilapidé son dernier argent.
Oui mais voilà, dans le café où il prend ses habitudes, Vincent croise le chemin de Stella Finzi, une femme au physique ingrat dont il tombe sous la coupe. Richissime, rêvant elle-même d'écrire un livre, Stella Finzi use de son influence, demandant à Vincent d'écrire un livre pour elle, lui offrant au passage les plus belles conditions de travail dans une villa de Toscane.
Roman sur la littérature et l'art en général, sur la création, sur le beau et le laid, le nouveau livre d'Alain Teulié est aussi un hommage à l'Italie, une évocation de la pureté des sentiments et de la mélancolie du temps qui passe. L'action se déroulant à notre époque, l'auteur a même fait le choix de modifier les dernières pages de son roman pour coller au mieux à l'actualité, évoquant ainsi la fragilité de nos existences en période de pandémie.
Au-delà de l'histoire douce-amère que nous conte Alain Teulié, le roman est aussi un formidable exercice littéraire porté par une écriture pleine de finesse, d'élégance et de poésie.
Coup de coeur pour ce nouveau titre d'Alain Teulié, « Stella Finzi » aux éditions Robert Laffont.
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Certains êtres en s'en allant, laissent la porte ouverte et emmènent avec eux ce que notre coeur n'avait pas su voir.
En amour, les hommes sont des imposteurs. Leur sexualité les rend compulsionnels et menteurs. Ils jouent le personnage que la femme espère. Elle est l’auteur de la pièce, sans le savoir. Mais hélas elle confie son œuvre à de piètres interprètes. Sur la scène de l’espoir des femmes, les hommes sont de mauvais acteurs.
On écrit avec tout son corps des histoires que d’autres liront avec le cœur. Ou bien nous écrivons avec nos cœurs des romans qui doivent toucher le corps... Écrire et lire, ce n’est pas seulement intellectuel. Parfois on sourit, parfois on pleure, parfois on se questionne, parfois on a peur. La littérature existera toujours. C’est notre beauté, notre dignité à tous, de nous raconter, et de nous écouter. Pour être meilleurs. Et pour essayer de deviner ce que nous faisons là, et ce qui adviendra.
(Interview Babelio, septembre 2020)
« La cité ne m’avait jamais parue si gracieuse, j’étais céleste, lénifié. Je me regardais dans les yeux de Rome, elle était une femme démesurée.
Avant de rentrer , j’allai chez le coiffeur.
J’avais envie de me sentir beau, même si je devais mourir bientôt » .
– Vous aimez trop la beauté pour vous attacher à moi. Et vous avez trop d'orgueil. Ce n'est pas dommage. C'est comme ça.
Je ne sus que répondre. Elle avait raison. La plupart du temps, elle se mettait sur moi. Elle était la maîtresse du jeu. Le mot maîtresse venait de là, du Moyen Âge. C'était le nom de celle qui décidait, qui testait le chevalier, pour voir s'il savait tenir ses ardeurs et les libérer quand elle le voulait. Elle me dominait, bien sûr. Personne n'avait su le faire, jamais. La femme en moi était comblée.
J'y reviendrais dans ma critique
Il était dit par de grands auteurs, Hemingway entre autres, que le sexe était une chose à éviter si l'on voulait conserver son inspiration.
Avec Stella, ce fut l'inverse.
Chaque soirée passée à goûter nos corps, tester nos douleurs, gifler nos inclinations, chaque nuit utilisée à tester nos résistances, outrager nos pudeurs, chaque après-midi consacrée à nous caresser l'âme furent suivies par des séances de travail solitaire assidues, concentrées.
La vie et la mort, je les voyais en femmes complices.
L'une qui nous accompagnait pendant quelques années, l'autre qui nous attendait pour l'éternité.
Ne possédant rien, je ne m'appartenais plus.
J'avais faim de tout, de nourriture, d'alcool, de rêve, d'art, de sensations.
J'avais faim d'oubli. Vivre, pour la plupart des êtres, c'est s'agiter afin d'oublier. Vivre, c'est se disperser pour se supporter.
La nature est bien faite, parfois.
La vie est mal faite, mais la nature oui.
Ne plus pouvoir créer, lorsqu’on reçoit encore des informations de la beauté, lorsque le monde nous murmure à l’oreille des histoires, des sons, des images. Lorsqu’on ne sait plus agencer tout cela pour en faire une œuvre cohérente, lorsque du chaos Nietzschéen ne naît plus aucune étoile, qu’elle danse ou pas, c’est une souffrance qui ressemble à la faim, à la soif, ou au désir d’un corps qui ne veut plus de nous.
(Interview Babelio, septembre 2020)