Alan Bennett

Les livres sont venus enrichir ma vie d'une manière tout à fait inattendue.

Graham, pour sa part, ne concevait pas qu'une femme au foyer puisse vivre dans un autre état que celui d'une dépendance ingénue. Betty avait des connaissances beaucoup plus étendues que les siennes, mais elle avait l'intelligence de ne pas en faire étalage. Une fois de plus, Mr Forbes se demanda pourquoi une femme si accomplie avait choisi d'épouser son fils.

- A partir de quel âge devient-il indécent de prononcer le mot nichons ?
- Ce n'est pas seulement une affaire d'âge. Il y a des gens qui pourront l'utiliser toute leur vie. Mais toi, tu n'as jamais eu assez de panache.

Je suppose que vous êtes ma femme, dit l'homme dans la salle d'attente. Je ne crois pas que nous ayons eu l'honneur d'être présentés.

Les Ransome occupaient un appartement dans un immeuble edwardien à la façade rouge sang, non loin de Regent's Park.
Ils connaissaient à peine leurs voisins et leur adressaient rarement la parole.
Mrs Ransome avait souvent considéré son mariage comme une sorte de parenthèse...Regardant en arrière, elle a le sentiment que le cambriolage et les divers événements qui lui ont succédé ont représenté pour elle une sorte d'apprentissage..

Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s’ils étaient lus. Tout le monde était égal devant eux, y compris elle. La littérature est une communauté, les lettres sont une république.

- Vous vous rappelez ce que je vous avais dit
- que vous étiez mon tabellion particulier ? Eh bien,
je viens de découvrir le terme qui me correspond :
je suis une opsimath, comme on dit dans la langue de Shakespeare.
Norman consulta le dictionnaire toujours à portée de sa main :
"Opsimath : qui apprend sur le tard, à la fin de sa vie ".

Elle constata néanmoins que chaque fois qu’elle inscrivait quelque chose dans son carnet, ne serait-ce qu’une simple apostille, elle éprouvait autant de bonheur qu’autrefois après plusieurs heures de lecture. Et elle comprit une fois de plus que son rêve n’avait jamais été d’être une simple lectrice. Un lecteur n’est au fond qu’un spectateur, alors qu’en écrivant elle agissait : et l’action était depuis toujours son domaine, autant que son devoir.

Les livres sont tout sauf des passe-temps. Ils sont là pour vous parler d'autres vies, d'autres mondes.

On n'écrit pas pour rapporter sa vie dans ses livres, mais pour la découvrir.

Mais plus elle lisait, et plus elle regrettait d'intimider ainsi les gens. Elle aurait bien aimé que les écrivains en particulier aient le courage de lui dire en face ce qu'ils confiaient ensuite au papier. Elle découvrait également que chaque livre l'entraînait vers d'autres livres, que les portes ne cessaient de s'ouvrir, quels que soient les chemins empruntés, et que les journées n'étaient pas assez longues pour lire autant qu'elle l'aurait voulu.

En repensant à cet épisode - ce qui lui arriva fréquemment au cours des jours suivants - Mrs Donaldson aboutit à la conclusion que le fait d'avoir regardé ces jeunes gens faire l'amour était probablement le plus grand exploit qu'elle ait jamais accompli.

Chaque livre, à tout prendre, porte en lui un autre livre.

Mais être briefé, ce n'est pas lire : c'est même exactement l'inverse. Le briefing doit être concis, concret, efficace. La lecture est désordonnée, décousue et constamment attrayante. Le briefing vise à clore une discussion, la lecture ne cesse de la relancer.

"Je n'aurais jamais pu être catholique, je suis bien trop snob pour ça."

Ce livre ne m'a pas emportée, quelques références littéraires, la description d'une passion qui bascule en fin de roman. La vie de la reine n'a rien de passionnant, même quand elle nous fait partager ses lectures. Aurait mérité d'entrer davantage dans sa bibliothèque et dans l'analyse de ses lectures.

Une fois que je commence un livre, je le termine. C'est ainsi qu'on était élevé jadis : qu'il s'agisse des livres, des tartines beurrées ou de la purée de pommes de terre, il fallait toujours finir ce qu'il y avait dans son assiette. Ma philosophie n'a jamais varié sur ce point.

"-… Quel gâchis ! Et Dieu sait à quoi ressembleront leurs enfants.
- J’imagine…, avança Mr Forbes.
- Tu imagines quoi ?
- J’imagine qu’ils ont déjà… fait leur devoir.
- Je te demande pardon ?
- Qu’ils se sont envoyés en l’air.
Un silence pesant suivit cette dernière remarque. C’était un vieux sujet de dispute entre eux : la manière dont il convenait de désigner la chose – à supposer que Mr Forbes soit autorisé à y faire allusion.
- Je suppose que tu voulais dire qu’ils ont "fait l’amour", rétorqua-t-elle. Je préfère ne pas y penser.
- Je suis sûr, ajouta Mr Forbes en s’enhardissant brusquement, qu’elle démarre au quart de tour.
- Au quart de tour ? Edward… Quand auras-tu compris que certaines expressions doivent être bannies de ton vocabulaire ?"

"- Avez-vous déjà vu des gens en train de faire l'amour ? lui demanda Laura.
- Pour être tout à fait honnête, répondit Mrs. Donaldson en feignant de fouiller dans ses souvenirs, je ne pense pas avoir eu cette opportunité.
- Oh, tant mieux, dit Laura. Nous avions peur que vous ne soyez un peu blasée.
- Ce n'est pas le cas, rassurez-vous, dit Mrs. Donaldson. (Si on lui avait donné le choix, elle aurait sans doute préféré qu'ils lui offrent un bouquet de soucis.) Non, ajouta-t-elle, je ne me suis jamais retrouvée dans une telle situation.
- Nous non plus, dit Laura..."

En conclusion, tous ces individus, les divers membres de cette famille, n’auraient-ils pas mieux vécu, et n’auraient-ils pas été plus épanouis, s’ils s’étaient montrés un peu plus francs les uns envers les autres depuis le début ?