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Critiques de Alan Moore (715)
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Watchmen (Intégrale)

Je comprends toutes les critiques positives qui ont été écrites sur cette BD qui a tout pour plaire. Le scénario est très fouillé, les superhéros sont des personnes qui ont leurs propres problèmes, la critique de la société américaine est intéressante et le graphisme est génial. Et pourtant, je n'ai pas accroché à l'histoire. Les histoires secondaires qui sont racontées en parallèle rendent l'intrigue trop complexe et apportent peu à l'histoire principale. En fait, seuls les 2 derniers chapitres m'ont vraiment captivés.
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Jack B. Quick, Tome 1 :

Une drôle d'histoire que nous a concocté là Alan Moore assisté de Kevin Nowlan au dessin ; Etats-Unis, une ferme au Kansas, années 50, un jeune garçon surdoué pour les sciences réalise inventions sur inventions sous le regard indulgent de sa famille. Ces créations, toutes plus étranges les unes que les autres, sont surtout toutes terriblement dangereuses. Jack joue avec l'atome comme d'autres jouent avec des billes.

Références innombrables sur la culture américaine (glossaire à la fin), et les sciences, ce petit roman graphique est un régal d'inventivité et de délire.

Une espèce de Géo Trouvetout version américaine, toujours plus grand, toujours plus fort, toujours plus n'importe quoi. Et c'est un régal.
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Providence, tome 1

Alan Moore est un genre de mystique. Il s’empaffe donc bien avec H. P. Lovecraft. Paraît que ce qu’il a fait là, c’est inspiré d’un de ses textes. J’en sais rien, je n’ai pas lu le texte en question. Dans la postface, on nous fait une démonstration algébrique pour nous prouver l’intérêt original de ce ressucé. Qu’on arrête de nous emmerder. Soit on comprend l’intérêt, soit on le comprend pas. Moi j’ai compris à moitié.





Alan Moore a fait des trucs qui déchirent leur race. Par exemple « V pour Vendetta » ou « The Swamp Thing ». Un truc, tu comprends où ça va te mener [l’extase mystique]. Avec « Providence », on reconnaît le style direct mais enfin, ça ne fait pas tout. Déjà, quand je lis une BD, c’est pas pour me taper parfois 10 pages de texte avec de petits caractères, surtout lorsque celles-ci ne font que paraphraser ce qui vient de se passer en beaucoup mieu, en phylactères et illustrations. On avait compris, mec, pas la peine de nous faire la redite en version narration.





Je crois qu’en gros, Alan Moore a voulu replacer un récit de Lolo au fin fond de la vieille Amérique pourrie des cowboys consanguins. Il illustre ainsi le principe de récit fantastique : intrusion d’un événement extraordinaire au milieu de l’ordinaire. Mais en fait, Lovecraft nous a appris que l’extraordinaire n’était qu’une apparence prise par l’ordinaire de traviole, celui qu’on préfère rejeter aux confins du surnaturel dans l’espoir qu’un truc comme ça ne reviendra plus jamais. Raté chéri.





Voilà, c’est bien mais pas de quoi se branler la nouille.

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Top 10 : The Forty-Niners

Top 10 fait partie des séries lancées par Alan Moore, à partir de 1999, pour son label America's Best Comics, éditées par Wildstorm, puis par DC, une fois Wildstorm racheté par l'éditeur de Superman (ce qui n'alla pas sans créer des tensions avec Moore, qui avait juré de ne plus jamais travailler avec DC). On trouve dans cette collection, outre Top 10, la Ligue des Gentlemen Extrordinaires (les premiers épisodes), Tom Strong, Prométhéa et Tomorrow Stories.

Le principe de Top 10 est de nous raconter les aventures de policiers chargés de faire respecter la loi, dans une ville (Néopolis) entièrement habitée par des êtres dotés de super-pouvoirs et autres capacités extraordinaires.



Top 10 : The Forty-Niners peut être considéré comme un prologue à Top 10 et peut se lire indépendamment de celle-ci. Ce comic a reçu le Eisner Award du meilleur album en 2006, et, à sa lecture, on comprend aisément pourquoi. L'histoire nous emmène en 1949 : la guerre est achevée depuis peu et, si de nombreux super-héros et créatures extraordinaires ont aidé les alliés à vaincre l'Allemagne nazie, ils sont aujourd'hui devenus indésirables, parmi la population. Le gouvernement américain décide donc de les regrouper à Néopolis, alors en pleine construction. Notons d'emblée que cette cité n'abrite pas uniquement des surhommes, mais également ce que nous pouvons nommer des prodiges, c'est-à-dire des êtres extrêmement doués dans leur domaine, à l'instar des personnages principaux, Steve Traynor, alias Jetlag, pilote d'avion exceptionnel (seulement âgé de 10 ans, lors du conflit) et Leni Muller, alias Skywitch, elle aussi pilote émérite, allemande mais qui a rejoint les alliés en 1943. Dans le flot continue des nouveaux arrivants, nos deux héros semblent un peu perdu, au milieu des buildings en construction. Mutés, comme beaucoup de "soldats spéciaux", une nouvelle vie commence pour eux : rapidement, Steve devient mécaniciens au sein de la mythique escadrille des Skysharks et Leni rejoint les forces de police de la ville, qui ont fort à faire avec la mafia vampirique et les gangs de robots.



The Forty-Niners est donc un petit bijou et ce à tous les niveaux. Le dessin de Gene Ha est très réussi, aux couleurs très subtiles, créant des ambiances à la Norman Rockwell tout à fait adaptées à cette cité rétro-futuriste dont les tours se lancent à l'assaut des fifties triomphantes. Certains cases, représentant des plans larges des grattes-ciels en construction, sont vraiment magnifiques. Quand on pense années 1950 on a tendance à penser polar. C'est un peu ce que nous propose Alan Moore, en suivant les aventures policières de Leni, en proie aux gangs "d'américano-hongrois" amateurs d'hémoglobine, ayant la main sur la prostitution vampirique. Pour autant, on ne saurait résumer cette histoire à un genre unique et on peut, tout aussi bien, évoquer la difficile réinsertion d'anciens combattants, en quête de leur identité (à l'image de Steve, qui se découvre homosexuel). Le scénario est vraiment bien construit et permet à Moore de poser des questions d'ordre philosophique, sur la quête de soi, la tolérance ou encore la loyauté, mais aussi d'évoquer, en filigrane, la période de l'immédiate après-guerre, ou l'on sent monter en puissance une Amérique pas si tolérante et bienveillante que ça. Moore n'hésite pas à faire référence au comics code, qui brida, dans les années 1950, la création au nom de la protection de l'enfance, ni à montrer une nation qui regarde avec suspicion ses minorités. Une nation, également, qui n'hésite pas à accueillir à bras ouvert d'anciens scientifiques nazis, au nom de son propre intérêt.



Bref, The Forty-Niners est un excellent comic, divertissant, mais qui prend véritablement son lecteur au sérieux et dont se dégage, paradoxalement, alors qu'une nouvelle époque triomphante semble voir le jour, une certaine nostalgie pour une période, certes dure, mais dont les repères étaient clairs : comme le dit Wulf "à quoi nous rattacher après la guerre dans le silence des sirènes quand de nouveau nos cœurs se font entendre, si ce n'est à tout, si ce n'est à rien ?"
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V pour Vendetta

Que voila un gros morceau ! Que voila un classique comic ! J'en suis impressionnée et je vais faire de mon mieux.

Londres, 1997. La ville a instauré l'état d'urgence et le couvre feu voilà déjà quelques années. Mais Eve le viole pour aller faire le tapin ; c'est sa première fois. Et elle se fait repérer par la police. Et elle se fait sauver par un mystérieux individu, V. Commence pour elle un long, difficile et douloureux apprentissage : la liberté, la culture, le libre arbitre.

Sorte des Robin des Bois moderne, V ne restitue pas de l'argent, mais la liberté, l'espoir, sous toutes leurs formes. Après la guerre nucléaire, et la destruction d'une partie du monde, la Grande-Bretagne est devenue une dictature fasciste, avec tous ses accessoires (pour mémoire, pensez à l'Allemagne pendant sa très mauvaise période) Et parfois, ça fait du grabuge...

V symbolise la vigilance que doivent avoir les citoyens quant aux décisions de leurs gouvernements. Surtout en cas de guerre ou d'évènements dramatiques ; l'abus de pouvoir et de zèle ne sont jamais loin...
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From Hell

J'ai tout d'abord été interpellé par ce titre et bien sûr par le sujet de ce roman graphique qui est vraiment très gros, mais j'avoue que les dessins m'ont vraiment rebutés dès le début, les dessins étant vraiment pas très beaux à mes yeux et le noir et blanc comme choix les font ressortir encore plus hideux à mes yeux.



Mais au final j'ai mis du temps à m'y habituer mais au bout de la moitié du roman graphique je trouve qu'il s'adapte au final particulièrement bien au récit et à cette ambiance tellement glauque et sordide ou se déroule l'action.



Je dois avouer cependant ne pas avoir appris un grand nombre de choses sur le sujet cependant pour moi il était intéressant de voir le sujet traité sur un autre support après les livres et les films. Surtout que ce roman graphique a eu de multiples prix littéraires.



Il s'agit d'un roman graphique vraiment très fourni, il nécessite plusieurs jours de lecture surtout à la fin avec les pages écrites ou l'auteur nous explique plusieurs points sur les chapitres précédents, ce roman graphique étant vraiment plus que documenté.



L'intégrale pèse son poids et il est du coup difficile de resté longtemps sur cette lecture.



Les aspects politiques et économiques de la période sont particulièrement bien montrés dans ce roman graphique.
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La Ligue des Gentlemen Extraordinaires : Ce..

Marchandisation totale

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Ce tome regroupe les 3 chapitres de la saison : 1910 paru en 2009, 1969 paru en 2011, 2009 paru en 2012. Ils sont tous écrits par Alan Moore, dessinés et encrés par Kevin O'Neill.



Century 1910 : Janny Dakkar se fâche avec son père, l'illustre Capitaine Nemo et elle se rend à Londres comme passager clandestin. Une fois arrivée, elle s'engage comme bonne à tout faire dans une taverne du port. Thomas Carnacki subit des rêves prémonitoires dans lesquels Oliver Haddo engage sa secte à préparer la venue du Moonchild. Ces visions incitent Mina Harker à remobiliser ses troupes (ou ce qu'il en reste : Orlando, Thomas Carnacki, A.J. Raffles et Allan Quatermain) pour essayer de localiser le mage, puis à se rendre à l'exécution de Jack MacHeath. Le tome se termine avec le retour du Nautilus avec à sa tête Ishamel.



Le lecteur retrouve tout ce qui fait le sel de la série : une pléiade de héros extraits de romans populaires plus ou moins connus (plus connus des lecteurs anglais que des lecteurs français, avec une mention spéciale pour le prisonnier de Londres et sa relation très particulière au temps qui évoque le Dr. Manhattan), une femme très déterminée, Mycroft Holmes en contact du gouvernement, un humour très anglais, l'allusion à un quai neuf trois quarts, un expatrié parti de Londres en 1888 et revenant pour continuer son oeuvre sanglante évoquant From Hell , une détournement savoureux du livret de l'opéra que Quat' sous de Bertolt Brecht (même si vous ne connaissez pas cette œuvre)…



Kevin O'Neill conserve son style si particulier : détails des vêtements et des décors, angles improbables mettant en évidence l'étrangeté ou la singularité des personnages et des décors, pages claires et faciles à lire. La prépondérance des lignes droites et des angles par rapport aux courbes dénote par rapport aux lignes courbes majoritaires dans les comics ordinaires, obligeant ainsi le lecteur à porter un regard différent sur les personnes et les lieux représentés dans chaque case. Et les scènes de massacre en deviennent vraiment horrifique sans aucune complaisance possible.



1969 : En 1969, dans une école privée dans le Sussex, 2 jeunes hommes prennent du bon temps dans la piscine couverte. 3 silhouettes encapuchonnées noient l'un sous les yeux de l'autre, trop défoncé pour pouvoir intervenir. Le lendemain, la nouvelle responsable du Nautilus débarque Allan Quatermain, Mina Harker et Orlando à Douvres. Ils sont missionnés par Prospero (responsable du Blazing World) pour enquêter sur la résurgence d'Oliver Haddo. Ils rejoignent le quartier général secret établi par Mina en plein coeur de Londres pour faire le point sur ce qu'ils savent et réfléchir à comment s'y prendre pour retrouver la trace du magicien. Le spectre de ce dernier apparaît à Mina au beau milieu de la nuit.



Les 2 auteurs réussissent également à développer leurs personnages (Mina devient l'âme de la Ligue, Allan a conservé sa mentalité presque timorée, Orlando souffre du poids des siècles), tout en développant des thématiques sophistiquées telles que l'impact du vieillissement sur l'individu (par le biais de ces personnages immortels), le Summer of Love (sous ses aspects d'usage de stupéfiants et de libération des mœurs), l'émancipation de la femme (Mina est maîtresse de sa sexualité - une scène incroyable avec Julia - elle est proactive, elle est exceptionnelle), la magie (l'acte suprême de création selon Moore) et le développement de la culture populaire (les héros victoriens conquérants issus de l'impérialisme expansionniste occidental par opposition à ceux de 1969 qui se nourrissent déjà de leurs prédécesseurs en recyclant des idées des décennies passées), etc.



2009 : Dans le sud du Q'Mar (pays fictif évoquant l'Afghanistan), Orlando (dans sa forme mâle) vient de trucider tout un tas de soldats et de civils. Il est décoré pour ce haut fait d'arme et rentre en Angleterre. De retour à Londres, il se rend au quartier général de la Ligue pour y loger. Il reçoit la visite de Prospero et de 2 autres habitants du Blazing World qui lui rappelle la mission confiée à la Ligue : trouver le Moonchild. Le lendemain, Orlando se met à la recherche de Mina Murray, ne sachant trop comment progresser.



Pour cette dernière partie, Alan Moore et Kevin O'Neill sont en très grande forme. Ils réalisent un récit au service d'un point de vue très affirmé, peu plaisant et à tendance intellectuelle. Que le lecteur partage ce point de vue ou non, il est impossible d'y rester insensible. En particulier cette orientation sans compromis peut donner un goût désagréable à ce final.
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Neonomicon

Dans ce premier récit lovecraftien, Alan Moore s'attaque de front à l'oeuvre. Loin de la subtilité et de la lenteur de Providence, l'horreur jaillit à la gorge des lecteurs. Sans doute encouragé par l'éditeur indépendant et le format court, il n'hésite pas à inclure des scènes de sexe brutales, d'exposer des comportements déviants, de confronter son héroïne avec les monstres de très (trop) près. Volontairement à rebours du puritain H. P. lovecraft. Un pari risqué qui aurait pu sombrer dans le ridicule, cependant le talent de Moore parvient à instiller le malaise, et la sensation de folie de ses personnages, dont aucun ne sortira indemne...
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V pour Vendetta

Comme l'explique Alan Moore dans un article sur l'origine de V, il y a parfois un moment de bascule, une convergence entre les idées et les talents réunis. Le personnage et le masque de Guy Fawkes ont été l'étincelle. L'effigie qu'on brûle le 5 Novembre sera désormais célébrée. La dystopie britannique est terne, dans les tons gris, bleus et jaunes. Le grain du dessin fait penser à l'argentique. Les pleines planches sont saisissantes, comme des zooms ou des gros plans cinématographiques. Quant au scénario de Moore, il est comme d'habitude patient. Il prend le temps de composer ses personnages, ses intrigues secondaires, ses interludes poétiques. L'œuvre est politique, expose les vues de son auteur, sans chercher à convaincre. Ainsi l'anarchisme prend vie, et comme toutes les idées, il est "bulletproof".
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Jérusalem

Pourquoi j'ai abandonné Jérusalem ?



Parce que 600/1200 pages, c'est trop pour moi quand c'est écrit tout petit, qu'il faut déchiffrer chaque phrase parce qu'il n'y a que des descriptions tordues, anguleuses, et des phrases à rallonge qui se déplient de manière impossible. Voilà pour la forme.



Au fond, je n'ai pas détesté ce que j'ai lu jusqu'ici, loin de là.

Le chapitre " Une nuée d'angles" est plutôt génial dans son genre, celui qui se passe au sein de la cathédrale / du Temple de Jérusalem. Et je me suis laissée entraîner par l'histoire d'autres errances. J'ai volontiers laissé mon esprit vagabonder ... mais je préfère autant vagabonder pour de vrai ...



Bref j'ai lu 600 pages fort intéressantes mais je m'ennuyais tellement à la fin que j'ai fini par inventer un jeu, celui de faire correspondre à chaque chapitre une carte du Tarot ce qui donne dans la partie qui se consacre aux Boroughs :



La Tour ou la Maison Dieu dans Une nuée d'angles

Le Diable dans Injonction au désir

Le Monde ou la Roue de la Fortune (j'hésite!) dans les Sans-Abris

L'Hermite dans Une croix à l'endroit

Les Amoureux dans Les Temps Modernes

La Justice dans Aveugle, maintenant je vois

La Lune dans Atlantis

Le Fou ou le Mat dans Fais ce qui te chante

La Papesse dans La Brise qui dérange ton tablier

Le Jugement dans Entendez cet air joyeux

La Mort dans En travers de la gorge



J'ai poursuivi le jeu sur quelques pages de plus et à la lecture du premier chapitre de la deuxième partie du livre, je m'intéressais de plus près au Soleil et à l'Étoile mais je m'arrête là pour le moment. Lire (les cartes), c'est épuisant et la séance est finie Alan Moore !



Il n'est pas facile de s'orienter dans Jérusalem (ou dans Northampton, si vous préférez) sans boussole. On perd le Nord, on perd la boule, on perd son bon sens, on devient fou comme Snowy et vu que je fais comme dans le chapitre qui correspond à la carte du Fou, "Fais ce qui te chante", et bien j'arrête ici ma lecture de Jésusalem.
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La voix du feu

J’aime beaucoup l’œuvre d’Alan Moore, notamment la bande-dessinée Watchmen qui est un véritable chef-d’œuvre. Quand ActuSF m’a proposé de recevoir une édition classieuse d’un ensemble de nouvelles qu’il avait publié intitulé La voix du feu, je me suis dit que j’allais tenter l’aventure. Et je suis ravie, cette nouvelle édition est franchement sublime.



Alan Moore nous propose un voyage à travers le temps en gardant comme unique point de repère la ville de Northampton, où il est né, a grandi et vit toujours. Nous faisons des bons de plusieurs centaines, voire milliers d’années, à travers les yeux d’un ensemble de personnages variés : homme attardé du néolithique (le recueil s’ouvre en effet sur une nouvelle assez opaque, un pari très osé pour décontenancer le lecteur), nonne sujette à des visions, représentant du commerce, juge libidineux… Les nouvelles sont également de longueur et de thèmes variés, tant et si bien qu’il peut sembler dans un premier temps que la cohérence soit difficile à discerner.



Mais c’est mal connaître l’auteur ! Très vite, des thèmes communs apparaissent. Le premier est évidemment dans le titre, avec la présence du feu, pouvoir destructeur ou créateur qui joue un rôle dans chaque nouvelle quasiment. La présence de la magie et du fantastique, fortement emprunte de religion comme de croyances païennes. Il y a aussi bien sûr une quête de richesse, et de son pendant obscur la pauvreté. La présence du sexe, pis, de la luxure qui suinte à travers les textes et les désirs des personnages. Et la mort bien sûr, car elle hante chaque page avec une sale odeur de charogne. Enfin, il y a de multiples références aux jambes/pieds, à leur absence ou ou au fait que certains personnages soient blessés au pied et boiteux. Ici, l’auteur semble nous présenter les marqueurs de Northampton, tiraillée entre ombre et lumière.



La plume d’Alan Moore est particulièrement efficace. A la fois poétique et cruelle, elle nous emmène dans cet univers si semblable au nôtre. Il réussit une vraie prouesse en offrant une personnalité propre à chaque narrateur, car chaque nouvelle a sa propre voix. C’est particulièrement perceptible dans la première nouvelle, qui suit les pérégrinations d’un homme du néolithique souffrant d’un retard mental. La narration est très étrange, presque illisible, et doit être décryptée. Mais il s’y cache des éléments fondateurs du reste des nouvelles, comme le feu, l’omniprésence de la mort et de la souffrance, ainsi que les éléments fantastiques et ésotériques. L’écriture utilisera tous les sens pour plonger dans ces histoires brutales, intenses et hallucinées.



L’écriture permet de mettre en avant des thèmes chers à l’auteur et qui mettent souvent le lecteur mal à l’aise. C’est très perceptible via la présence importante du corps et tout ce qu’il implique de direct et peu ragoûtant. Alan Moore ne nous épargne pas les détails de la maladie ou de la mort, entre les choses noircies pas le feu, le corps transformé par la maladie ou la vieillesse… Cette forme de body horror marque une désacralisation de l’humain et montre l’aspect profondément impie et bestial qui hante les villes faussement civilisées. Il y a bien sûr l’aspect charnel, mais plus dans cet appétit bestial et avide que dans une forme d’harmonie ou d’appréciation mutuelle.



Quel étrange récit ! Alan Moore n’est pas qu’un excellent auteur de bande-dessinées, c’est aussi un très bon écrivain. La qualité de la plume en elle-même est puissante. L’écrivain nous plonge dans un univers tout en textures et odeurs, repoussantes la plupart du temps. Car il choisit de nous raconter Northampton à travers sa part obscure et sale, entre sorcellerie, stupre et violence. Si chaque nouvelle a sa propre voix, il dissémine des thématiques communes qui montrent une grande subtilité, que ce soit à travers le feu, la présence de corps morbides, la question de la folie… L’auteur crée ainsi une cohérence complexe qui séduit et a déjà fait sa marque de fabrique via d’autres médias.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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From Hell

Qu'est ce que j'ai pu avoir peur d'entreprendre la lecture d'un tel pavé de 600 pages et de surcroît en noir et blanc ! Quelques avis me faisaient frémir d'avance car je suis un lecteur très attaché aux qualités esthétiques d'une oeuvre et plutôt grand public. Oui, cette bd avait alors tous les inconvénients pour me déplaire. Je sais qu'on ne doit pas juger une oeuvre avant de l'avoir lu.



Une vieille connaissance, grand amateur de bd, qui m'avait jadis initié à des lectures plus adultes que les Tintin et autres Astérix, m'avait lancé une espèce de défi: "tu ne seras jamais un véritable collectionneur de bd si tu ne possèdes pas From Hell !" Bigre !



Qu'avait 'elle de spéciale pour susciter une telle admiration ? Je n'en suis pourtant pas à mes premières lectures ! Voilà que je me précipite pour l'acheter dès le lendemain puis je l'a fais trôner dans ma nouvelle bibliothèque flambante neuve (ou dois-je dire son extension). Les mois passent... Je délivre près de 200 avis sur ce site. Tout est bon pour lire autre chose. Mais je suis blasé par toutes ces lectures qui ne m'apportent que rarement des satisfactions. Les avis négatifs se multiplient à une vitesse grand V.



Un beau jour, car ma bibliothèque d'entreprise étant indisponible pour cause de rénovation, je me lance enfin dans l'aventure Greetings from Hellville. Je commence cette lecture tant redoutée et repoussée... Mais, c'est le coup de foudre immédiat malgré une première partie très difficile dans son approche. Je ressens véritablement la quintessence de ce que la bd peut offrir de meilleur. C'est à la fois sublime et intelligent ! Il faut dire que je désespérais de retrouver une oeuvre culte. Alan Moore devient pour moi l'un de mes meilleurs scénaristes ayant déjà noté Le Culte des Ténèbres son oeuvre Watchmen.



L'histoire est non seulement très originale mais elle est illustrée par un style graphique très intéressant. Je me suis mis à aimer ce dessin car il nous permet de faire preuve d'imagination pour relier toutes les scènes entre elles. Je ne pensais pas que je pouvais atteindre ce stade un jour. J'ai ressenti une véritable fascination visuelle par ce trait d'une extrême délicatesse qui parvient à restituer la beauté ou la laideur naturelle du vivant. Il faut simplement en retirer la substantielle dimension. Ce n'est pas à la portée de tout le monde.



Greetings from Hellville est le passage obligé pour tout lecteur qui aime passionnément un tant soi peu la bande dessinée. Pour moi et c'est purement subjectif (quoique !), il y a eu un avant et il y aura un après Greetings from Hellville. C'est un véritable rite d'initiation pour un lecteur. J'espère pouvoir me relever car une telle qualité scénaristique ne se rencontre pratiquement jamais. C'est un véritable chef d'oeuvre qui m'a transporté dans un univers au-delà des limites. C'est terriblement jubilatoire!



La trame imaginée par l'auteur est réellement captivante. Les décors sont habilement suggérés par des variations d'ambiance. Ce récit regorge de trouvailles intelligentes.



Greetings from Hellville apporte une nouvelle résonance aux règles de base qui bâtit les fondements mêmes du genre policier. Etant titulaire entre autre d'un DEA de sciences criminelles, j'ai pu grandement apprécier cette enquête difficile, les fausses pistes qui se sont multipliées, l'autopsie de la vie de ce tueur intemporel.



Un seul mot réussit finalement à bien résumer mon état d'esprit à la fermeture de cet album : culte !
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Peter Bagge's Other Stuff

Ce tome est une anthologie regroupant 66 histoires courtes de quelques cases à 8 pages, parues dans divers comics et diverses revues, dans les années 1990 et 2000, écrites et dessinées par Peter Bagge. 14 d'entre elles sont le fruit d'une collaboration avec un autre créateur (scénariste, dessinateur ou encreur). Le tome commence avec une introduction de 2 pages de texte écrite par Peter Bagge en 2013, et restituant le contexte d'une partie de ces histoires. Ces histoires sont regroupées en 5 parties.



Groupe 1 : Lovey (26 pages, 4 histoires) - Lovey est une jeune adulte, qui fréquente des copains : André, Natalie, Knuckles. Successivement, elle demande à son copain André de se travestir avant l'acte sexuel, elle se prend de pitié pour un professeur en fauteuil roulant et ses copines aussi. Elle demande à Knuckles de faire boire André au bar pour ramener des ragots. Elle organise une soirée chez elle avec des invités choisis pour de mauvaises raisons.



S'il n'a jamais lu de bande dessinée de Peter Bagge, le lecteur se prend un grand choc. Il découvre des personnages dessinés comme s'ils sont en caoutchouc, avec des membres sans articulations, tout en arrondis, des bouches distordues pour un effet comique, habités par une forme d'hystérie comme s'ils ressentaient chaque émotion comme des enfants, avec une esthétique de dessin animé pour enfant, mais des comportements d'adultes irresponsables, sans compter que Lovey vomit régulièrement, sous l'effet de l'alcool, mais aussi sous l'effet d'une forte répulsion. Il en découle des séquences où l'hystérie règne en maître, ainsi que l'absence de retenue. Une fois habitué à cette direction d'acteurs très particulière, le lecteur peut à la fois se moquer sans retenue d'individus aussi vulgaires et pas très futés, et se reconnaître dans certaines réactions émotionnelles. Il sourit quand Lovey s'attache un harnais pénien et se jette nue sur son amant, tout en ressentant l'intensité émotionnelle qui s'empare de soi lorsqu'on brise un interdit, ici à caractère sexuel. Il comprend que ces jeunes femmes soient hésitantes entre la pitié que leur inspire le professeur en fauteuil roulant, et l'impression de se faire avoir par un pervers. Il partage leur envie de s'intégrer à un groupe de jeunes à la mode, tout en regrettant de les avoir favorisés aux dépens de leurs vrais amis. Ces 26 pages passent très vite, avec des rires bien gras mêlés à des moments de gêne en se reconnaissant dans ces attitudes.



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Groupe 2 : Rock'n'roll (10 pages, 13 histoires) - Au cours d'anecdotes en 1 page ou moins, sont évoqués l'effet des champignons hallucinogènes, Bon Scott, Malcolm et Angus Young en train de composer une chanson, Brian Wilson se faisant offrir un diner aux dépens de ses invités, l'admiration que Melissa Etheridge voue à David Crosby, la relation amoureuse entre Dennie Wilson et Christine McVie, une partie de jambe en l'air à 3 avec Buddy Holly et Little Richard, l'irruption de Sly Stone dans un studio d'enregistrement, le mauvais caractère de Frank Sinatra, etc.



Pensant s'être bien adapté aux idiosyncrasies de l'auteur, le lecteur se lance avec confiance dans le groupe d'histoires suivant. Il prend vite conscience qu'il est passé à un niveau supérieur. Les histoires font en moyenne une page et comptent de 9 à 12 cases, avec des dialogues concis et consistants, pour évoquer des anecdotes dont il est plus facile de saisir le sel si l'on est un peu familier des artistes mis en scène. Il faut deux fois plus de temps pour lire une de ces pages que celle d'un comics traditionnel, voire 3 fois plus. Les personnages présentent une allure toujours aussi caoutchouteuse, mais un peu moins hystérique. Passée la blague sur l'effet des psilocybes, Peter Kupper dépeint les musiciens sous leur pire jour ; que ce soit Bon Scott qui demande à Angus et Malcolm Young de composer sur 3 cordes, ou Brian Wilson en musicien aigri jouant les pique-assiettes ingrats. Le lecteur voit ces artistes qu'il a pu aduler sous une autre facette, débarrassés de toute forme d'admiration, ramenés à ce qu'ils peuvent avoir de plus mesquin, ou de plus banal, à commencer par leur bêtise. L'auteur s'amuse également beaucoup à opposer des individus animés de valeurs inconciliables, par exemple le père de Brian Wilson et les membres du groupe des Beach Boys.



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Groupe 3 : Collaborations (44 pages, 14 histoires) - Entre autres, Peter Bagge collabore avec Gilbert Hernandez pour un galerie de portrait d'individus égocentrés, avec Alice Cooper pour une anecdote de scène, Avec Adrian Tomine pour une caricature du créateur de comics débutant, avec Alan Moore pour l'histoire personnelle de Jughead, avec Daniel Clowes pour une soirée entre 2 couples dont chaque personne est rongée par sa culpabilité, avec Johnny Ryan pour une parodie de Dilbert, avec Danny Hellman pour mettre en scène Harvey Kurtzman, avec Robert Crumb pour une femme trouvant qu'elle a un trop gros postérieur, etc.



Associer deux fortes personnalités créatrices n'est pas toujours un gage d'une œuvre encore plus percutante. La première collaboration donne lieu à des portraits irrésistibles faisant ressortir la mesquinerie et l'égocentrisme de chacun individus épinglés, pour une vision acerbe et percutante. Au contraire, l'anecdote d'Alice Cooper (une blessure sur scène) manque à la fois de verve et d'humour. Les revers essuyés par l'auteur de comics débutant constituent une parodie acide et pointue du petit milieu des comics indépendant à tendance biographique, avec les dessins propres et cliniques d'Adrian Tomine, pour une satire inégalable. La collaboration entre Alan Moore et Peer Bagge est tout aussi acide et savoureuse, une parodie de déchéance d'une célébrité, mais il s'agit d'un pichet anthropoïde. Il faut le lire pour croire que les 2 créateurs réussissent une histoire aussi poignante et sarcastique avec un tel personnage aussi improbable. Les 4 collaborations suivantes sont tout aussi réussies : le malaise existentiel doublé d'un mépris de soi exacerbé par les dessins secs et sans pitié de Daniel Clowes, la parodie de Dilbert cassante et méchante, aussi drôle que l'original en plus acerbe, l'hommage vachard à Harvey Kurtzman, et l'étroite collaboration entre Bagge et Crumb dans laquelle ce dernier s'autoparodie avec un humour référentiel (son obsession pour les gros postérieurs) sans pitié envers lui-même.



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Groupe 4 : True facts (20 pages ,14 histoires) - Peter Bagge évoque quelques scientifiques par le petit bout de la lorgnette : Robert Brown (1773-1858, théoricien du mouvement brownien), Wallace Hume Carothers (1896-1937, inventeur du nylon), Dimitri Mendeleïev (1834-1907, concepteur du tableau périodique des éléments), Joseph Priestley (1733-1804, découvreur de l'oxygène), le major Walter Reed (1851-1902, découvreur du rôle des moustiques dans la transmission de la fièvre jaune), Taqi al-Din (1526-1585, astronome et astrologue). Il met en scène quelques considérations sur les débuts des humoristes sur scène, sur le choix d'habiter sur la côte Est ou sur la côte Ouest des États-Unis, sur ce qu'il sait de la Belgique, etc.



D'une certaine manière, cette façon d'évoquer des scientifiques majeurs au travers d'une anecdote pince-sans-rire rappelle Founding Fathers Funnies: Non-Stop Historical Hilarity consacré aux pères fondateurs des États-Unis à qui il appliquait le même traitement. Il vaut donc mieux savoir pour quelle invention ou découverte chacun de ces savants est connu pour pouvoir apprécier l'ironie du gag. À nouveau, les cases sont remplies à ras bord, à la fois par des détails sur les lieux, par des personnages habités par de fortes émotions et surjouant comme des adolescents avec les doigts dans la prise et la lecture de chaque page demande du temps pour tout assimiler.



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Groupe 5 : The shut-ins (20 pages, 19 histoires) - Chet et Bunny Leeway sont un jeune couple sans enfants vivant dans une banlieue indéterminée. Chet se lance dans la création de son site internet, mais n'arrive pas à comprendre le langage de programmation. Chet devient accro à internet au point de ne plus sortir de chez eux et de vivre en peignoir dans le sous-sol devant l'ordinateur. Le chat de Bunny et Chet est malade et a besoin d'aide pour excréter. Le quartier où ils sortent a beaucoup changé depuis la dernière fois où ils y ont passé une soirée. Leur voisine se lance dans la vente de semence de fleurs par correspondance.



Retour à des jeunes adultes au comportement obsessionnel ou irrationnel, mais cette fois-ci, ils sont installés dans leur propre pavillon et gagnent leur vie, enfin plus ou moins pour Chet. À nouveau l'exagération des acteurs est irrésistible, couplé avec des dessins en apparence tout public, et des comportements crétins, mais très humains. Le lecteur éprouve la sensation d'avoir lui aussi les doigts dans la prise du réseau branché sur la quintessence de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus faillible et de plus touchante.



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Ce tome ne constitue pas forcément un bon moyen de découvrir les œuvres de Peter Bagge car chaque groupe relève d'une thématique différente, ce qui peut donner l'impression de sauter du coq à l'âne. Pour autant, c'est un excellent exemple de la verve visuelle de Peter Bagge, de ses dessins sans concession qui n'appartiennent qu'à lui, de la puissance comique de sa dérision, de son esprit critique qui sait mettre en évidence le ridicule de tout à chacun, y compris lui.
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From Hell

From Hell, une autopsie de Jack l’éventreur, une retranscription du fait divers le plus connu et le plus énigmatique ? Pas réellement, il s’agit plutôt de l’examen minutieux et approfondi de la société victorienne, inique et corrompue, à l’aube d’un vingtième siècle qui viendra tout bouleverser, notamment pour la cause des femmes et de leurs droits.



From Hell, c’est avant tout une exigence, d’Alan Moore qui fournit là un travail scénaristique d’une ampleur incroyable et d’un souci d’exactitude absolu, et d'Eddie Campbell dont le graphisme en noir et blanc transpose avec talent un récit foisonnant de détails.

Conséquemment, il y a pour le lecteur un effort à fournir, un coup d’entrée en quelque sorte, pour dépasser le cap des cent premières pages d’un ouvrage qui en comporte quand même plus de cinq cent… Mais l’exercice en vaut la peine, comme par exemple endurer le chapitre consacré à l’histoire franc-maçonnique de la ville de Londres, car les références qui y sont faites par la suite participent à l’engouement qui grandit au fil des pages.



Une fois donc dépassé l’aspect impressionnant et massif de l’œuvre, une fois le décor planté depuis le palais royal jusqu’au quartier mal famé de Whitechapel, on suit avec un intérêt croissant et tendu les parcours du médecin royal William Gull et de l’inspecteur en chef Frederick Abberline. Le premier, prenant prétexte d’un chantage exercé par un groupe de femmes du peuple auprès de la Couronne, décide de les éliminer pour protéger la Couronne tout en assouvissant ses fantasmes de pouvoir et de domination. Le second, un homme du peuple, se trouve plongé à nouveau dans les bas-fonds londoniens qu’il désirait oublier pour mettre la main sur ce terrible tueur en série.



From Hell, un livre fascinant, monumental, écrasant et surprenant.

Indéfinissable comme mon ressenti.

5 étoiles.
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V pour Vendetta

L'un des meilleurs roman graphique jamais publié, V pour Vendetta d'Alan Moore (From Hell), n'est plus à présenter.

Pour preuve, le masque de V, personnage principal, vengeur masqué des temps modernes où plane l'ombre d'Orwell, est réellement devenu le symbole de la lutte du peuple contre le pouvoir - les membres du réseau Anonymous s'en servent pour agir incognito, comme leur héros.

Car V pour Vendetta est un grand pamphlet contre l'ordre établi, qui s'octroie tous les droits, même celui d'amoindrir de jour en jour la marge de liberté des citoyens.

Alors comme dans ce sombre et beau roman graphique illustré avec génie par David Lloyd, suivons les conseils de V - restons en éveille, et gardons-nous de devenir des moutons de Panurge...

Superbement adapté au cinéma en 2006 par James McTeigue, d'après un scénario des frères/soeurs Wachowski (ça me fait toujours rire... ^^) avec Natalie Portman, John Hurt et Hugo Weaving dans le rôle de V.
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V pour Vendetta

Un mot : Magistral.

Voilà le ressenti qui me reste après la lecture de cet intégrale. Comme beaucoup d'ignare, j'ai découvert le personnage de V grâce au film, et ensuite, j'ai craqué pour cette charmante édition, en plus une édition intégrale (J'aime bien les intégrales, je ne passe pas mon temps à me dire que j'ai raté un truc).



Par contre, je dois avouer avoir eu quelques difficultés avec le dessin, j'ai une affection pour les traits plus épurés qui rappellent mon enfance, j'ai trouvé le dessin dense. Mais une fois quelques pages lus, je m'y suis habituée.



Concernant l'histoire, rien à dire, c'est très bien pensée, subtil etc Toutes les qualités que l'on peut trouver à une histoire.
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Providence - Intégrale

Alan Moore propose d'unifier l'univers de H. P. Lovecraft à travers un périple en Nouvelle Angleterre. Ainsi les amateurs reconnaitront les nombreuses allusions à l'œuvre de l'écrivain de Providence. Une toile riche d'événements étranges et de personnages bizarres, entre rêve et réalité. Le carnet intime du narrateur, Robert Black, permet de se remémorer les scènes vues et d'instiller le doute. On se surprend à revenir quelques pages en arrière pour retrouver un détail que l'on avait raté. Une surprenante technique, diablement efficace. C'est aussi un plongeon dans la psyché de Robert Black, sorte d'alter ego d'Alan Moore, en recherche d'idées pour un roman. La BD se transforme alors en une véritable analyse du processus créatif, s'inspirant des échanges entre Lovecraft et ses nombreux correspondants. Plus loin, on aborde les aspects soigneusement évités par le puritain de Providence. Les pulsions souterraines, qui pourtant alimentent toute son œuvre, ainsi que les éléments biographiques les plus dérangeants. Providence est un voyage mental, inquiétant, une errance dans les coulisses de l'horreur dont on aimerait qu'elle ne se termine jamais.
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Watchmen (Intégrale)

Le chef-d'œuvre d'Alan Moore surprend par sa capacité à dilater le temps. Ainsi une scène de rue anodine avec un marchand de journaux et un lecteur de BD, répétitive, permet d'abord prendre le pouls de cette société dystopique. Cependant elle contient un élément clé du mystère. Et elle deviendra essentielle lors du dénouement. Plus de 450 planches à l'atmosphère travaillée, aux dialogues saisissants, aux cadres cinématographiques. Mais c'est surtout les personnages, désillusionnés, rigides, abjects, ou aveugles qui marqueront. Alan Moore n'a pas besoin d'une longue série pour créer une mythologie humaine, inversée de celle des super-héros classiques. L'œuvre permet de s'interroger sur les déviances de tels comportements : pourquoi mettre un masque et faire régner la justice ? Les motivations sont aussi diverses que les personnages, et loin d'être nobles...
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Watchmen (original edition)

LA SOMBRE LUCIDITÉ DU MAÎTRE DES COMICS

Une saga magistrale qui, derrière une critique incisive de la société américaine d'après-guerre, révèle une humanité profonde, complexe et problématique.

Avec une grande lucidité, Alan Moore dresse un portrait cru et poignant d'une époque troublée. Il le fait sans ménagement, mais sans cruauté non plus : toujours derrière son œuvre, une lueur d'espoir se devine, une tendresse à peine perceptible, mais présente derrière chaque saillie et chaque posture.

La densité des personnages confère à ce récit un caractère intemporel et élève le propos du comic-book vers des réflexions fortes et colorées qui donnent un caractère à la fois sombre et vivant aux Watchmen, dans un style qu'Alan Moore maîtrise à la perfection, illustré de manière précise et évocatrice.

Si le film a été bien réalisé, il ne fait qu'effleurer la rugosité réelle des thématiques que traversent les Watchmen : psychés contradictoires, ambivalence des idéologies, éternalisme et univers-bloc, Histoire des plus forts... Hollywood n'a retenu que la partie "brillante" d'une œuvre autrement plus riche, plus élaborée et résolument plus engagée que ce que promet le simple film de "super-héros" : ironie amère pour Moore (qui désapprouve vivement les films qui ont été tirés de ses œuvres), les Watchmen, qui se voulaient critique de la société de super-héros, sont devenu un représentant de cette même tendance... !

Si vous avez aimé le film, vous aimerez encore plus redécouvrir la vivacité de l'œuvre originale. Si vous ne l'avez pas aimé, voilà de quoi vous réconcilier avec ces personnages tourmentés par leur propre humanité.
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Providence, tome 1

Alan Moore est vraiment incroyable! Il n'y a personne qui lui arrive à la cheville. Vous lui donnez une histoire, il en fait un chef d'oeuvre incroyable mais souvent en total décalage avec l'histoire initiale.

Ici, il s'empare de l'univers de Lovecraft et le transpose dans une Amérique profonde (très profonde) on effleure les choses, on avance à petits pas en suivant un journaliste secret mais mu par une certaine ambition personnelle.

C'est très bon, c'est dense mais j'avoue avoir perdu le fil par moment.

De nombreuses questions sont posées et je me réjouis d'en découvrir les réponses (ou pas, après tout, c'est quand même du Lovecraft).

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