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Citations de Albert Londres (376)


p.76/Il fallut refaire beaucoup de kilomètres dans l'eau, la nuit et l'émotion. Les chiffres qui sont marqués sur les bornes des routes ne représentent plus pour nous des chiffres, ce sont des tableaux des circonstances, des rencontres. Nous n'avons pas à marcher, de tel poteau à tel poteau, mais à fouler l'endroit où mourait ce petit Belge en ne disant rien, ni de sa mère, ni de sa ville, ni de son secret. Ceci n'est pas un croisement de chemins, c'est cette ambulance dont nous avons vu crouler le toit avec le major. Ces vingt maisons ne sont pas vingt maisons. C'est ce débat d'âme d'un général découvert par les obus, se demandant s'il doit sauver la manoeuvre en se retirant ou laisser supposer à ses troupes présentes qu'un chef ne tient pas sous la mitraille.
Ainsi la route nous est une présence. Nous l'entretenons de nos souvenirs, butant parfois sur un cheval gonflé. Mais ce soir, nous ne pourrons converser longuement ensemble. Elle n'est pas à nous seuls. Elle est aux compagnies qui vont vers Dixmude.
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"Le Japon n'est pas Montmartre. Et la geisha n'est qu'une geisha. [...] Elle fait profondément partie du domaine national tout comme le cerisier, le samouraï et le hara-kiri. [..] C'est une danseuse d'attitudes, elle joue du samisen, mais cela n'est que son état. Et c'est par son rôle qu'elle existe et ce rôle est impondérable. [...] La geisha est à un Japonais ce qu'un centre d'attraction est à un corps céleste." (p. 49)
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Les massacres? C'eût été une grande affaire pour des gens habitués à la paix. Mais pour eux...

Quand Adam, le premier soir, vit le soleil se coucher, il poussa de grands gémissements. Le jour était si beau!
Le lendemain, le soleil réapparut. La fête revint dans le cœur du premier homme. Il chantait, quand le soleil disparu une nouvelle fois. Adam comprit qu’il en serait toujours ainsi. Il cessa de se désoler et dit : « Vivons ! »

Vivez donc, Juifs ! de massacre en massacre…

P.270.
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Heureux? Profondément heureux d'être Juifs. Ailleurs, partout dans le reste du monde, quand un Juif commet une mauvaise action, ce n'est plus ni un Français, ni un Allemand, ni un Belge, ni un Anglais, c'est un Juif! Un Juif découvre-t-il une grande chose? fait-il honneur à l'humanité?
Alors, ce n'est plus un Juif, c'est un Allemand, un Belge, un Anglais, un Français. Pour chacun, Einstein est Allemand, Bergson est Français. Tous ces Juifs d'ici déclarent qu'ils en ont assez de collaborer à l'enrichissement des cultures anglaise, russe, française, allemande ou américaine. En Palestine leur orgueil est satisfait. Ils ont conquis le droit d'être une crapule ou un génie sans pour cela cesser d'être un Juif.
P.270.
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Un pogrome est une espèce de rage. Elle n’atteint pas les animaux, mais seulement les hommes et, en particulier, les militaires et les étudiants. Qui la leur communique ? On croit, jusqu’à présent, que ce sont les gouvernements. Les gouvernements qui regardent vers l’ouest ne sont pas atteints par ce virus. Ceux qui regardent vers l’est l’ont dans le sang.
P.102.
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Que font-ils? Où vont-ils? Pourquoi sont-ils toujours sur les routes? Les Ruthéniens que l'on voit sont autour de leur maison. Ils n'ont pas le baluchon du chemineau ni le bâton du pèlerin. Enracinés, ils poussent au-dessus de leurs racines. Les Juifs ont leurs racines à la tête. Elles s'échappent sous le nom de chevelure de leurs chapeaux, de leurs bonnets. Est-ce pour cette raison qu'ils s'accrochent au ciel et non à la terre?
P.93.
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les sorciers sont encore puissants. nous savons bien qu'à Kalavi trois jeunes vierges sont élévées jusqu'à 16 ans et sacrifiées ensuite au dieu de la lagune pour que l'année soit bonne en poissons ; que le chef de la tribu des Niaboua a pu manger 13 jeunes filles sans attirer notre attention ; que la 14ème seule le perdit ; qu'il avoua au commandant que la jeune fille était ce qu'il y avait de meilleur, et qu'il lui donna même la recette : faire bouillir ou rôtir.
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Shanghai, ville américaine, anglaise, française, italienne, russe, allemande, japonaise et, tout de même, un peu chinoise, est un phénomène sans pareil au monde. Un imagier, pour la faire comprendre, devrait la représenter en déesse à vingt têtes et cent quarante-quatre bras, les yeux avides, et les doigts palpant des dollars.
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Pour répondre à l'action du Japon en Mandchourie, la Chine, je ne dis pas le gouvernement chinois, car seul Bouddha sait où il est, la Chine avait eu quelques idées. La grande idée de Shanghai fut le boycottage des marchandises japonaises. Les Chinois qui, toujours, se sont passés de tout pouvaient, en effet, à la rigueur se passer aussi, pendant quelque temps, des produits si bien présentés des manufactures japonaises. Le Japon, serré dans ses îles, étouffant sous son propre poids, n'envisagea pas sans émoi la clôture même momentanée du marché le plus vaste du monde.
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Les sorciers sont encore puissants. Nous savons bien qu’à Kalavi trois jeunes vierges sont élevées jusqu’à seize ans et sacrifiées ensuite au dieu de la lagune pour que l’année soit bonne en poissons ; que le chef de la tribu des Niaboua a pu manger treize jeunes filles sans attirer notre attention ; que la quatorzième seule le perdit ; qu’il avoua au commandant que la jeune fille était ce qu’il y avait de meilleur, et qu’il lui donna même la recette : faire bouillir et non rôtir. Nous savons aussi qu’un administrateur trouva naguère deux noirs sur la place d’un village, qu’ils attendaient d’être mangés, que l’administrateur les délivra, mais qu’une fois le blanc parti, les deux noirs retournèrent d’eux-mêmes dans la cage pour ne pas désobéir aux dieux
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Ce pays n’aime pas que chez lui on fasse le malin. Autrement il vous envoie tout de suite son gendarme. C’est le soleil.
Le soleil paraît. Il frappe sur votre nuque et vous dit :
« Veux-tu rentrer chez toi et marcher plus lentement. »
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— Ton père va bien ?
— Oui, y va bien.
— Ton mère va bien ?
— Oui, y va bien.
— Ton enfant va bien ?
— Oui, y va bien.
— Ton poulet va bien ?
— Oui, y va bien.
— Ton chienne va bien ?
— Oui, y va bien.
— Ton femme va bien ?
Cette salutation durait depuis une minute.
Ce nègre, rencontrant ce nègre, lui demandait des nouvelles de tout ce qu’il possédait : de son lougan (son champ), de son cheval, de sa pirogue. La femme venait en dernier.
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Pourquoi n’avons-nous pas installé des moulins qui écraseraient le mil, décortiqueraient le riz ? Le mâle ne veut pas, la belle-mère non plus. « J’ai pilé toute ma vie, pourquoi la fille n’en ferait-elle pas autant ? » dit la vieille créature. Quant à l’opinion du mari, la voici :
À Gao, un capitaine avait construit un moulin avec trois beaux pilons qui besognaient dur. Il convoqua les notables, leur expliqua le miracle. Émerveillement ! Cependant, le chef du village s’avança et il dit : « Maintenant, que feront nos femmes ? »
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Dès que le noir représente l’autorité, il est féroce pour ses frères. Il les frappe, saccage leur case, mange leur mil, ingurgite leur bangui, exige leurs filles. La chéchia a de belles vertus sur les bords du Niger !
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— Ma commandant, salut ! Salut à la madame commandant. Je viens te dire que mon femme elle court dans tout le village.
— Quel âge as-tu ?
— Soixante ans.
— Et ta femme ?
— Dix-huit ans.
— Elle est excusable, il faut comprendre les choses, toi qui es intelligent.
— Moi très intelligent et moi comprendre. Mais elle pourquoi venir dans mon case avec ses n’amants ? Toi comprendre, commandant ? Chez eux, pas chez moi ! Facile, ça, tout de même !
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- Hep ! Hep ! Viens par ici ! Soixante-deux francs quarante ? fait un blanc, je te donne soixante-quatre francs. Vends-moi ton sac.
Le nègre fuit. Il veut soixante-deux quarante et non pas soixante-quatre.
Est-il, sur terre, meilleur animal ?
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— Vous êtes malade ?
— Je suis malade, les nègres sont malades, le chemin de fer est malade, le bon Dieu, s'il venait sur les chantiers, serait malade !
Il finit sa soupe, se leva et, passant devant moi, me dit d'un ton furieux :
— Oui, on est malades !
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Les chalands auraient pu s'appeler des corbillards et les chantiers des fosses communes. Le détachement de Gribingui perdait soixante-quinze pour cent de son effectif. Celui de Likouala-Mossaka, comprenant mille deux cent cinquante hommes, n'en vit revenir que quatre cent ving-neuf. D'Ouesso, sur la Sanga, cent soixante quatorze hommes furent mis en route. Quatre vingts arrivèrent à Brazzaville, soixante-neuf sur le chantier. Trois mois après, il en restait trente-six.
Pour les autres convois, la mortalité était dans ces proportions.
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(...) je regardais, furibond, les femmes à plateaux. Plutôt, ce n'étaient pas des plateaux. Un gros morceau de quartz bouchant un trou déformait la lèvre inférieure. Le quartz enlevé, on voyait soit la langue, soit la salive glisser par l'orifice. C'était dégoûtant. Un peu d'esthétique, messieurs les Gouverneurs ! Une femme est une femme, que diable ! Nous respectons leurs coutumes, dites-vous ? Ouiche ! Tant qu'elles ne nous gênent pas. (...) Nous leur interdisons de donner leurs captives au caïman, sous prétexte qu'il est sacré, et de tuer les serviteurs pour tenir compagnie au cher mort, alors pourquoi les autoriser à changer leurs femmes en canards ?
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Il y a le mariage de la fille donnée par ses parents, tout comme les fermiers chez nous donnent des poulets à leur propriétaire. Dans toute l'Afrique, la femme n'a d'autre valeur que celle d'un objet. On ne lui reconnaît aucune volonté. Elle est promise dès la naissance et même avant. Une hospitalité reçue, une dette à rembourser, une soirée où le père a bu trop de dolo (bière de mil) décident de son avenir.
À douze ans, elle est envoyée sans autre forme au domicile de celui qui l'a gagnée. Il est parfois plus vieux que le père.
Il y a le mariage par succession. Le chef de famille meurt, ses femmes suivent le sort de ses autres biens. Elles vont à qui vont les vaches. Si ce sont à ses enfants, la mère devient la femme de ses enfants.
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