La cavale est le second roman d’Albertine Sarrazin. Publié la même année que L’Astragale, il est plus long, mais le style reste le même puisqu’elle mélange à nouveau l’argot et la poésie, ce qui ne diffère pas de L’Astragale. J’ai également retrouvé avec plaisir son humour ironique.
Ces deux romans – La cavale et L’Astragale – ont reçu le prix des Quatre-Jurys (et j’aimerais bien savoir ce que c’est exactement, y a-t-il quelqu’un pour me renseigner ?).
Dans ce livre, Anick Damien est incarcérée en même temps que son amoureux, Zizi. Bien entendu, Anick n’est que le double d’Albertine, comme Anne l’était dans L’Astragale ; quant à Zizi, il s’agit de Julien Sarrazin qui l’avait recueillie après sa première évasion.
Elle fait donc une description minutieuse de la vie dans une prison de femmes. Beaucoup plus que dans L’Astragale car dans ce dernier elle venait de s’en évader, elle évoquait donc des souvenirs. En revanche, toute l’histoire de La cavale se passe pendant l’une de ses incarcérations.
Elle présente différentes prisons : celles où l’on a sa cellule à soi, celles où l’on vit en collectivité. Les relations entre les différentes femmes : les alliances, les échanges, les secrets. Les visites de l’avocat qui, seules, apportent un visage moins quotidien que celui de ses codétenues. L’univers fermé dans lequel elles évoluent : le dortoir, l’atelier, la promenade. Les moments limités et surveillés passés avec Zizi : une fois par semaine au parloir, deux lettres hebdomadaires, heureusement qu’il y a les biftons.
Un but : préparer sa « cavale ». Passer les biftons, examiner les lieux, obtenir des outils, se faire bien voir des chefs pour obtenir un peu de liberté.
Ce livre couvre aussi le mariage avec Zizi/Julien. Leurs deux volontés s’opposent : lui veut qu’ils purgent leur peine afin de pouvoir ensuite vivre libre et sans se cacher, elle préfère s’évader pour qu’ils puissent être ensemble maintenant et pour toujours.
« Je t’aime, Zi, mais mon amour a besoin d’air. Je t’ai mis cette idée de cavale dans le cigare ; tu ne la rejettes pas, parce qu’elle est un aspect de moi, mais tu aimerais bien que je vienne la reprendre, mon idée ! »
J’ai encore beaucoup aimé, peut-être même davantage que L’Astragale. Ce qu’elle raconte m’intéresse, j’aime son ton, elle me fait rire. Ça me plaît.
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Albertine Sarrazin fut la première écrivaine française à parler de prison, de cavale et de prostitution dans ses romans. C’est sa vie – sans doute romancée parfois – qu’elle nous raconte dans ce premier roman.
Incarcérée à 18 ans en 1955 pour un hold-up manqué, Anne s’évade en sautant le mur de la prison deux ans plus tard. Elle se brise l’astragale, petit os du pied. Incapable de marcher, elle rampe jusqu’à la route et rencontre l’amour de sa vie, Julien Sarrazin, également en cavale. C’est ainsi que débute le récit. Il se déroulera sur plus d’un an, de planques en planques (fournies par Julien, chez sa famille, chez des amis), de l’opération à la guérison (Albertine boitera toujours), jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée de nouveau.
Albertine Sarrazin nous entraîne dans les années 50. On côtoie les ouvriers, on rencontre les truands et les prostituées de Paris et de province.
Albertine écrit avec vigueur, avec rage. Elle est prenante et fascinante. Elle narre sa vie scandaleuse avec une écriture fluide, magnifique : vocabulaire argotique et passages poétiques sont entremêlés, le ton est parfois brouillon et oral, mais aussi bourré de pépites.
Elle est impertinente, elle est directe. Elle prend la vie avec un optimisme rageur, parce qu’il faut avancer, parce qu’hier est mort et que nous sommes vivants. La cavale plutôt que la prison au risque d’être prise. Elle exprime sa frustration d’être clouée au lit avec un pied bloqué alors qu’elle est faite pour courir et sauter. Elle se prostitue et vole l’un de ses clients pour aider Julien comme il l’a aidée lorsqu’il est emprisonné, pour vivre heureuse avec lui.
Faut-il mieux vivre cinq minutes intensément ou passer toute une vie à s’ennuyer ? Albertine n’hésite pas et choisit la vie passionnée.
Elle ne cherche pas à émouvoir. Je n’ai pas eu l’impression en tout cas qu’elle souhaitait qu’on la prenne en pitié. Elle connaissait les risques de la vie qu’elle menait (les délits, la prison, la cavale), mais ne cherchait pas forcément à les éviter. Certes, elle aimait passionnément Julien et voulait s’installer avec lui, mais elle ne pleure pas lorsque leurs projets sont remis à plus tard. Lorsqu'elle se fait arrêter alors qu’elle devait s’enfuir de Paris avec Julien, ce n’est pas un ton geignard qu’elle prend. Elle est lucide, pragmatique, mais elle reste optimiste.
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Jean-Jacques Schuhl évoque dans son livre : "Entrée des fantômes", ce roman qui connu un grand succès en 1965. " Moi je me souvenais d'un roman, L'Astrage, l'auteur était une bien jolie fille de mauvaise vie avec deux accroche-cœurs qui s'appelait Albertine Sarrazin. Albertine s'était cassé l'astragale en sautant le mur d'un prison. Grand succès de l'Astragale puis plus rien ... disparue Albertine !"
Le 19 avril 1957, Anne décide de s'évader, elle saute et elle se casse l'astragale os à la cheville. Elle douleur est vive dans toute la jambe. Elle va faire la rencontre avec Julien du même bord qu'elle et il va l'aider, et il fera tout pour qu'elle puisse se soigner.
Elle se retrouvera chez Annie une ancienne prostitué dont le mari est en prison. Elle part à Paris où elle sera prostituée.
Mon ressenti concernant ce roman fiction, étrange, âpre et à la fois étonnant, bien ficelé. Un roman adapté en pièce de théâtre cela démontre bien la force du récit et de son écriture. Mais je n'ai pas été touché ni intéressé plus que cela par cette histoire. J'ai le sentiment que ce roman à un peu vieillit me semble t-il ?
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C'est un des premiers livres d'adultes que j'ai lu à mon adolescence, et j'ai bien évidemment été bouleversée par cette histoire d'amour et de passion violente et pleine de sensibilité pourtant.
Anne, dix-neuf ans, s'évade de prison afin de rejoindre une amie récemment libérée. En sautant le mur de la prison elle se blesse au pied : fracture de l'astragale. Julien, un truand, la recueille, la soigne et lui fait découvrir l'amour passion. Anne tombe très amoureuse mais Julien la néglige. A l'arrestation de celui-ci, Anne se livre à la prostitution et au vol, mettant de l'argent de côté pour vivre un jour heureuse avec lui.
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Une très belle écriture, mais cependant une histoire (très largement autobiographique) qui ne m'a pas émue.
1965. Anne décide de s'échapper de la prison-école (elle est mineure) où elle purge une peine de 7 ans. Elle réussit à sauter le mur, mais la réception est douloureuse, elle se fracture l'astragale (petit os du pied qui sert de pivot pour fléchir ou étendre la cheville. Merci Wikipédia). Tant bien que mal, elle réussit à s'éloigner de la prison pour arriver au bord de la route. Là, elle croise le chemin de Julien en qui elle reconnaît immédiatement un ex-taulard. Celui-ci va la mettre à l'abri chez des amis, la faire soigner, l'aimer, lui procurer la sécurité dont elle a besoin. Mais il faut souvent changer d'hôtes qui se montrent avides de reconnaissances financières. Et Julien s'absente souvent. Il fait des affaires. Anne ne veut plus dépendre ni de Julien, ni des personnes qui l'hébergent. Elle prend sa liberté, s'installe à l'hôtel et se prostitue pour gagner sa vie. L'argent, elle le met de côté pour Julien, pour eux, parce qu'un jour ils partiront ensemble. Mais la cavale a ses limites...
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En s'évadant de son école-prison, Anne se brise l'astragale, un os du pied. Elle sera recueilli par julien, lui-même truand. Commence pour eux une une drôle histoire d'amour, faite de cavale et de planques.
Roman d'amour et de prison, L'astragale s'inspire de faits réels, vécus par l'auteur (mais il n'est pas dit dans quelle mesure). Le lecteur pénètre dans l'envers des 30 Glorieuses, dans les quartiers populaires, où la débrouille frôle la petite truanderie.. Où un amour véritable n'a que peu de chance de s'épanouir, les amants se retrouvant en prison, ayant besoin d'avoir une confiance absolue en l'autre. Et pourtant ce la se révèle possible.
Écrit dans un style plutôt familier, parfois un peu argotique, le roman ne tombe jamais dans la vulgarité ou la facilité. L'intrigue et les personnages sont construit, ont de la profondeur. Le lecteur (du moins la lectrice que je suis) se prend d'affection pour ce couple improbable, espère et tremble pour lui.
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J'étais une toute jeune fille ( et voui ) quand j'ai lu Albertine Sarrazin et j'ai été bouleversée par sa violence et sa fragilité. Quelle femme, quelle sensibilité à fleur de peau
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