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Critiques de Alberto Moravia (266)
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L'Amour conjugal

Roman d'amour et de création littéraire, les deux étroitement mêlés, L'amour conjugal porte une réflexion sur la beauté, le sentiment amoureux, Alberto Moravia glissant, avec son écriture raffinée, indolente et précise dans le détail, de nombreux faux-semblants dans l'histoire d'une tranche de vie d'un couple, Silvio et Léda.



Lui tente d'écrire un roman où il mettrait en place une histoire d'amour modélisée sur la leur, elle, l'encourage en le privant notamment de rapports sexuels durant son travail d'écriture afin qu'il puisse s'adonner tout entier à sa création.



Moravia prend tout son temps pour installer ses personnages, avec des descriptions détaillées de la beauté de Léda, mais aussi de ses imperfections dans ses mimiques, il situe l'histoire dans la chaleur estivale de la Toscane où le couple erre, le soir, le long d'improbables sentiers qui les conduisent chacun dans des directions opposées, elle, vers celle d'un adultère inéluctable, lui, vers le renforcement de son égoïsme et l'apparition inopinée de la jalousie.



C'est à Silvio que Moravia confie la narration de cet épisode de la vie de ce couple, c'est donc Silvio qui exprime ses propres sentiments, qu'il s'agisse des imperfections de son histoire d'amour ou de l'échec dans l'écriture de son roman. Ainsi, c'est toujours le point de vue de l'homme qui est développé, pour celui de la femme, Silvio doit se contenter de suppositions, d'extrapolations qui le conduisent vers un délire dans le sauvetage de son couple.



Au coeur de ce huis clos conjugal, s'insère un troisième personnage, celui qui sera l'amant d'une nuit, peut-être de plusieurs, Moravia opposant sans les développer trop cette fois, la répugnance du barbier et le besoin sexuel de Léda.



Le dialogue final, au dernier chapitre, entre Léda et Silvio, est très puissant, un vrai dialogue de faux sourds, où le livre raté, comme, semble-t-il, leur amour, devient une planche d'un salut hypothétique de celui-ci.
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L'Amour conjugal

Avec L'amour conjugal, Alberto Moravia nous offre une réflexion sur la création littéraire et la relation amoureuse, les deux thèmes étant traités en parallèle.



Silvio, le narrateur s'est isolé dans une villa de Toscane, avec sa femme Leda.

Silvio, critique littéraire, s'est donné pour ambition d'écrire une œuvre.

Malgré le cadre idyllique de la villa toscane, il ne trouve pas l'inspiration.

Partageant tout avec sa femme, ils se mettent d'accord pour cesser leurs ébats amoureux le temps de la création artistique.

Une période de chasteté nécessaire et qui a été profitable aux plus grands auteurs, selon Silvio. Leda accepte cette condition sans sourciller.

Si le couple semble heureux en apparence, cette abstinence va faire naître les soupçons de jalousie chez le narrateur.

Et Leda, même si elle semble feindre le contraire, ne peut réprimer son désir.

Elle va se livrer à un homme à la fois rustre et laid pour assouvir son appétence sexuelle.

Parallèlement, Silvio parvient à créer un roman et son projet aboutit, pour son plus grand plaisir.



Mais, sur le point de partager son plaisir avec sa femme, le temps de la désillusion le frappe de plein fouet.

En effet, il va découvrir l'infidélité de sa femme, aussi improbable cela lui peut-il lui paraître.

Et surtout, il s'attache à relire lui-même son œuvre pour la passer au filtre de la critique, comme il le fait au quotidien. Et le résultat n'est guère satisfaisant.



Que sait-on vraiment de la personne avec qui l'on partage sa vie ? La réponse est donnée à Silvio par Leda elle-même, lors de l'épilogue.
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L'Amour conjugal

Le narrateur se trouve au comble du bonheur, il a épousé la femme qu'il aime et vit avec elle une existence harmonieuse et paisible. C'est compter sans la jalousie qui va s'insinuer dans le couple et transformer ces moments de tranquillité en un enfer de plus en plus intolérable pour le mari... Évidemment à force de craindre l'infidélité, on la mérite, et cette découverte, superbement décrite dans une scène quasi surréaliste, plonge le narrateur dans un désespoir amer. Le bonheur peut-il exister sur cette terre ? Ne le détruisons-nous pas nous même à force d'en douter ? Moravia ou l'impossible paix de l'âme.
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L'Amour conjugal

Alors que l’automne tire ses dernières cartouches avant que l’hiver ne nous achève, partons faire un tour du côté de la Toscane, en 1949, date à laquelle Alberto Moravia publie “L’amour conjugal”, dissection en parallèle du couple et de la création littéraire. Silvio, le narrateur, a épousé Léda et nourrit de sérieuses ambitions littéraires : simple critique, il se rêve auteur. Silvio se persuadant que la création doit s’affranchir de son attachement physique à Léda, un pacte sera donc noué : bien que retirés tous deux dans une grande bâtisse de Toscane, Silvio et Léda feront chambre à part le temps que le premier finisse son œuvre. Laquelle semble avancer à grand pas. Soudainement, Léda s’en prend à Silvio : son barbier, Antonio, aurait profité d’une coupe de cheveux pour tenter d’abuser d’elle. La suite… lors de votre lecture, bien entendu..



“L’Amour Conjugal” ou l’histoire d’un couple imparfait : une passion qui cède parfois la place à une “bonne volonté” blessant l’ego ; deux personnages friables, faillibles, malgré l’apparente force liée à leur position sociale ou à la dureté potentielle de leur regard. Une rencontre et une destinée tracés pour l’un, une intermittence des comportements pour l’autre ; une sincérité jamais (ou presque) démentie pour les deux. On ne peut dire, et c’est une des forces du roman, que le casting de départ était idyllique ; on ne peut dire pour autant, et c’est également une force, que le ver était, dès l’origine, dans le fruit. Non plus. Tant mieux.



L’œuvre se construit, peu à peu, entre littérature et sentiments, entre aveuglement et révélation, comme si finalement, l’amour conjugal, radeau frêle ou salvateur ballotté par les contextes, était une question de perception. Tordant avec bonheur le cou aux figures imposées de l’amour-passion ou de l’amour-soutien, Moravia met le doigt (et l’enfonce) sur un amour égoïste tributaire de l’amour-propre de chacune de ses parties. Tordant le cou à une bourgeoisie sûre d’elle-même (Silvio serait-il une relique d’une bourgeoisie comtienne de l’avant 1914 aux prétentions artistiques ?) et incapable, même dans l’intimité de la vie conjugale, d’accepter que cette dernière soit bel et bien un organisme vivant et non une nature morte.



Pour autant, on ne saurait tresser des lauriers à l’auteur sans critiquer une certaine complaisance envers sa propre intelligence. Délaissant de manière coupable sa dramaturgie en plein milieu du roman, il le laisse faire du surplace et néglige d’incarner les atermoiements de son personnage principal dans des actes. Il préfère alors se réfugier dans un registre didactique au risque de la répétition : ces chapitres parfois brillants, parfois patauds semblent ne contenter qu’un auteur soucieux de bien faire comprendre son propos, quitte à le désenchanter et/ou ôter une partie du plaisir de la lecture. Alors oui, on peut également (une fois la lecture achevée) voir dans ces incartades le reflet de l’enfermement de Silvio dans son rôle du “Silvio qui peut (et veut) tout comprendre et rationaliser”. Mais il n’empêche que cela nuit à la fluidité de l’œuvre ; du moins est-ce l’avis de l’humble auteur de cette chronique.



Ce n’est qu’après le deuxième tiers que le récit retrouve de son allant et que les qualités de conteur de Moravia s’épanchent à nouveau dans un terrain d’expression qui leur est plus favorable. Reprenant les rênes de l’action, on y voit que l’ego littéraire déçu et déchu de Silvio se double de la déconstruction de l’image d’une Léda évanescente, ailleurs ; la déconstruction de la “Léda selon Silvio” pour enfin voir émerger Léda, la femme qui agit et qui n’est plus expliquée. Car c’est en réalité la montée en vitalité, en incarnation de Léda qui est l’élément majeur de l’œuvre ; de simple objet littéraire dépeint comme une nature morte par son (wanna-be ?)auteur de mari (et l’auteur du roman), de sorte de muse aux humeurs changeantes, elle devient sujet d’action, être humain de chair, de boue et de sang. La mise en abyme devient défavorable au créateur que se veut Silvio alors qu’émerge la suprématie de l’humain, du vécu sur la machinerie rationnelle : Silvio serait-il une sorte de Jean de Florette qui aurait troqué ses théories sur les lapins pour celles sur les êtres, les hommes, les femmes et le couple ? Il reste donc beaucoup à apprendre.



C’est donc sur cette critique de la connaissance a priori que s’achève cette œuvre, qui, sans être la meilleure de son auteur, constitue néanmoins une excellente introduction – à la fois courte, facile d’accès et élégante – à son univers ainsi qu’une critique solide d’une bourgeoisie compassée.



T.M.
Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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L'Amour conjugal

Sylvio veut écrire un roman, un roman sur l’amour conjugal. Pour réaliser son projet, il s’installe en Toscane avec Léda, son épouse aimée. Mais le soutien de celle-ci ne suffit pas à nourrir son inspiration. Sûr de l’amour de sa femme, il imagine alors l’abstinence charnelle comme pendant de sa puissance créative et lui propose de faire chambre à part. Mais Silvio pense Léda soumise et éthérée là où elle est impétueuse et animale. Une erreur de jugement qui va lui faire connaitre les affres de la jalousie, d’objet utile à son épanouissement elle deviendra sujet agissant pour elle et par conséquent contre lui.



L’amour conjugal ou l’attachement indéfectible, concept bourgeois raillé divinement par un Moravia ironique et malicieux.


Lien : http://livreapreslivre.blogs..
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L'Amour conjugal

Lu voici 15 ou 20 ans , comme un thriller ce que ce roman n est absolument...qui interroge profondément les liens qui unissent le couplé.

Dans un style très différent, plus relâché le livre m a fait penser à Zweig de par le degré de précision de la peinture psychologique des personnages qui est remarquable. Passionnant : l aventure est à l intérieur !!
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L'Amour conjugal

Une écriture cousue main pour une histoire qui rappelle étrangement "Le mépris". Pas étonnant, Alberto Moravia était aussi aux commandes de cette histoire. Là, l'auteur nous plonge dans ce monde qu'il a si bien connu, celui d'une certaine société artistique, italienne d'abord, puis internationale. Un homme et une femme jouissent sans retenue de leur position sociale aisée et l'amour s'essouffle. Il faut mettre du piment, s'étonner, se donner envie. Pour lui, ce sera tenter d'écrire un roman (celui de sa vie), pour elle, ce sera les bras d'un barbier un peu rustre, un peu bestial, un peu tout ce qu'elle n'affectionne pas spécialement. L'un et l'autre ont besoin de ces "expériences", ratées sous bien des aspects, pour donner un nouvel élan à leur couple. De la dolce vita, de bout en bout.
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L'attention

Lors de sa sortie, ce livre devait sans doute condenser à peu près tout ce qu'on trouve comme réflexions sur la littérature, le roman, la vérité, l'authenticité d'un auteur, de ses personnages, de l'histoire racontée, des processus narratifs, des procédés narratifs... A sa sortie, ce livre devait sans doute être un genre de bombe. Un peu comme à son époque, La vie est un songe de Calderón. Ou Hamlet... Même si en 1966 une blinde de livres et textes ont sans doute quand même déjà exploré et explosé les thématiques.



Pour moi, le prologue est parfait, j'ai adoré le ton, les idées... Ensuite le développement journal-roman me semblait plus dilué, moins riche et fort.



Un livre qui parle d'une humanité décidément bien curieuse. L'humain EST une bête curieuse. Y apporter ou ne pas y apporter son attention, telle est la question.



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L'attention

Un très bon Moravia dans laquelle l'écrivain italien nous entraîne dans une mise en abîme complexe mais pertinente. Le livre est le journal intime d'un écrivain-journaliste. Il le rédige pour alimenter un futur roman (celui que nous lisons donc ?). Le journal intime contient des faits "authentiques", d'autres non. Moravia questionne la réalité face à l'imagination, l'honnêteté de l'artiste envers lui-même et les autres, l'implication dans la vie quotidienne, dans son style précis et implacable, le tout dans un univers très personnel (le désir interdit, la critique de la bourgeoisie, la difficulté de création).
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L'attention

La Feuille Volante n° 1247

L'ATTENTION - Alberto Moravia – Flammarion.

Traduit de l'italien par Claude Poncet.



Quand j'ai pris ce volume sur les étagères d'une bibliothèque, le titre évoquait plutôt un sujet de cours de ma lointaine année du bac de philo mais en réalité, c'est un roman rédigé à la première personne par un narrateur, Francesco, journaliste de son état mais se pique aussi d'être romancier, prend conscience que son mariage est un échec et fuit Cora, son épouse, grâce à ses voyages professionnels qui lui procurent un dépaysement et un éloignement bienvenus. Quand il l'a épousée, c'était une fille du peuple, pauvre, différente de lui et même un peu prostituée. Au début il l'a aimée mais les choses ont vite changé et maintenant il lui témoigne de l'inattention, c'est à dire qu'il l'ignore tout en restant officiellement avec elle, le divorce étant à l'époque (nous sommes dans les années 50) interdit en Italie sous la pression de l’Église. Espérant que l'écriture l'aidera à exorciser ce fiasco matrimonial, il entreprend d'écrire un roman mais n'y parvient pas, illustrant cette hantise de l'écrivain de vouloir s'exprimer pleinement par l'écriture et de ressentir un réel désespoir par la prise de conscience de ne pouvoir y parvenir. Après 10 ans d'une telle vie de séparation, il décide la tenue d'un journal intime qui relatera son quotidien et sera, dans son esprit, le prétexte du roman qu'il projette d'écrire et dont il sera le personnage principal. Il souhaite sans doute profiter du rôle cathartique de l'écriture qui l'aidera à accepter cette situation faite de désamour, d'amours impossibles, de regrets, d'imagination, de déprime... Lors d'un de ses retours à Rome où il habite, il reçoit une lettre anonyme l'informant que Cora est proxénète et prostitue sa propre fille Baba, ce qui s'avère être vrai, mais, entre sincérité et hypocrisie, il choisit néanmoins de s'installer durablement au sein de sa famille: Voilà donc le sujet de son roman qui va se trouver nourri par les faits recueillis dans son journal et dont le texte qui en résultera tiendra à la fois du fantasme, du désir, de l'invention, de la confession, de l'hésitation et de la retenue, sans oublier l'imagination et l’uchronie qui en découlera.

L'auteur veut sans doute nous dire qu'il vaut mieux se marier à l'intérieur de sa classe sociale et que si on enfreint cette règle non écrite on va vers la catastrophe et ce d'autant plus que l'amour est comme tout ce qui est humain, quelque chose qui s'use et qui passe avec le temps. Quant au mariage, passés les premiers temps marqués par l'optimisme béat et les illusions, le bonheur est rarement au rendez-vous. Il y a bien des côtés ambigus dans cette relation entre Cora et Francesco mais bien plus encore entre lui et Baba qui n'est pas son enfant légitime et dont l'attitude tient parfois bien plus à celui de la maîtresse potentielle que de la fille qu'il aurait voulu adopter. La tentation d'être l'amant de Baba est forte pour lui et Moravia fait volontiers dans l'érotisme quand il évoque leurs rapports, cultivant ainsi l’ambiguïté qu'il tisse par rapport au lecteur, mais comme nous sommes dans un roman, on ne sait vraiment pas où s'arrête la réalité et où commence la fiction. Pour Francesco qui est à la constante recherche de l’authentique, c'est un paradoxe que ce rapport quasi-incestueux et il le qualifie « d'inauthentique », comme est d'ailleurs celui qu'il entretient avec Cora, Ce concept permet à l'auteur, non seulement de se livrer à une analyse psychologique des personnages mais aussi d'explorer certaines pistes d’écriture et certaines postures différentes suivant qu'il se place en tant qu'homme ou en tant que romancier. Il y a aussi cette notion de dédoublement des personnages, celui de Baba, mais aussi celui de Cora, cette volonté de Francesco de savoir pour comprendre et cette idée de culpabilité et d'expiation avant la maladie et la mort. Son retour au sein de sa famille fait de lui un autre homme qui tourne une page de sa vie et entraîne dans sa démarche Cora et Baba, comme s'il était un acteur déterminant dans la recherche de contrition de ces deux femmes.

Les romans de Moravia sont très « existentiels », parlant de sexe, de religion, d'argent, des thèmes très courants dans la première partie du XX° siècle en Italie auquel il faut ajouter la solitude et l'ennui qui sont des thèmes constants de l'espèce humaine, malgré les apparences. L'auteur renoue aussi dans ce roman avec deux de ses obsessions, la maladie et le voyage. S'y ajoute ce curieux sentiment d'être étranger, indifférent et donc inattentif au monde extérieur et de l'angoisse de vivre qui va avec, mais j'ai bien aimé son style toujours aussi fluide, poétique et cette subtile mise en abyme qui maintient le lecteur dans une ambiance complexe entre fiction et réalité.

© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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L'ennui

Un livre étonnant. D'un côté, le sentiment d'être face à une histoire relativement "médiocre", celle d'un "amour" non réciproque et purement physique... Et d'autre part, des phrases magnifiques et une vie intérieure remarquablement décrite et "analysée".

L'ennui... un sentiment attaché à l'absurde et à l'angoisse, envahissante,

un beau roman de Moravia.
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L'ennui

C'ÉTAIT MON PREMIER DE MORAVIA ET JE DOIS DIRE QUE JE SUIS TOMBER EN AMOUR AVEC CETTE AUTEUR ... LA MANIÈRE DONT IL DÉCRIT SAIT PERSONNAGE SONT MAGNIFIQUE JE RECOMMANDE AVEC PLAISIR CE ROMAN .ENNUIE PEUT TOURNER EN OBSESSION PAR MOMENT ..
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L'ennui

Un double niveau de lecture ici : une histoire qui peut paraitre relativement banale par moments et de l'autre coté une réflexion sur l'homme passionante . Un livre qui se mérite parcequ'il faut aller le chercher , ce n'est pas forcément facile , mais tout l'intéret est là . Lire Moravia c'est relever un défi avec soi méme et c'est passionant !
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L'ennui

La Feuille Volante n° 1096

L'ennui – Alberto Moravia – Flammarion.

Traduit del' l'irtalien par Claude Poncet.



Dino est un peintre abstrait raté de 35 ans. Fort heureusement pour lui c'est un riche bourgeois romain qui n'a pas besoin de cette activité pour vivre ou plus exactement un oisif dont la mère qui l'adore a beaucoup d'argent. Célibataire, il choisit cependant de s'éloigner de cette femme un peu étouffante, de s'installer dans un appartement qui lui servira aussi d'atelier mais sans pour autant couper définitivement les liens avec elle. Pourtant il choisit d'abandonner la peinture. Un peu par hasard, il rencontre Cécilia, un modèle de 17 ans qui posait auparavant pour un vieux peintre qui vient de mourir dans des circonstances suspectes et naturellement, ils deviennent amants. Pourtant, après une relation passionnée qui a duré deux mois, il veut la quitter sans raison valable, mais se ravise et la soupçonne de le tromper. Dès lors sa méfiance se fait plus précise d'autant qu'elle invente tout et n'importe quoi avec un grand naturel, de sorte qu'elle épaissit elle-même le mystère qui flotte autour d'elle. Elle devient insaisissable, inattendue, et pratique le mensonge avec désinvolture, ce qui a pour effet d'aiguiser encore la jalousie de Dino qui ainsi s'attache davantage à elle.

En réalité, j'ai bien l'impression que Dino est un insatisfait chronique que la vie oisive et insipide, quelque forme qu'elle prenne, ennuie profondément. Ses relations avec cette jeune nymphomane sont complexes et l'ennui qui en résulte pour lui tire son existence d'une incapacité à la posséder réellement ce qui génère chez lui une douleur insupportable. Il devient jaloux d'elle, de sa relation avec Luciani, un acteur sans le sou alors même qu'il avait décidé de la quitter. Ce roman se veut être consacré à l'ennui, soit, mais j'ai aussi lu de grandes digressions sur le mensonge, les soupçons, la jalousie et l'angoisse de l'attente puisque Dino, loin d'abandonner Cécilia, se met à l'espionner maladivement, ce qui nous réserve pas mal de longueurs. Le plus étonnant est sans doute que malgré l'amour impossible qu'il éprouve pour Cécilia, il admet la vénalité de la jeune femme et accepte de financer ses relations avec son autre amant. Ainsi se reconstitue le traditionnel triangle amoureux où Cécilia semble jouer un rôle passif, se donnant indifféremment à ses deux amants, alternant mensonges et vérités pour mieux vivre cette relation face à un Dino bizarrement compréhensif. Pourtant, ce dernier, dans le seul but d'échapper à cet ennui, se résout à la demander en mariage mais cette démarche ne plaît guère à la jeune femme qui refuse, ne pouvant ou ne voulant pas choisir entre es deux amants. Dino s'aperçoit alors que la possession même du corps de la jeune femme ne le satisfait pas, qu'il en conçoit même un certain ennui, mais refuse cependant de mettre fin à leurs relations. Il se révèle être un homme à la fois obsédé par cette femme et jaloux d'elle mais accepte cependant la réalité après avoir recherché le moyen définitif d'échapper à tout cela. C'est là un des thèmes centraux de l’œuvre de Moravia, le rapport de l'homme avec la réalité qu'il peine à accepter ce qui a aussi, dans son cas des accents autobiographiques autant que sociologiques, la société des années 1960, date de publication de ce roman, entrant dans la consommation à outrance et le néocapitalisme.

Tout le roman se décline en un long monologue mettant en évidence la déliquescence de la société bourgeoise ainsi que l’obsession du sexe et de son rapport avec l'argent. Les descriptions du corps et des postures de Cécilia ne sont pas exemptes d'un certain érotisme discret, mais, même si la littérature a largement illustré le thème de d'ennui, les longues digressions philosophiques auxquelles se livre l'auteur, dignes d'une dissertation du baccalauréat, ancienne section de « philosophie », m'ont parfois un peu ennuyé. C'est dommage parce que j'ai toujours beaucoup apprécié l'univers créatif de Moravia. C'est un peu comme si cette relecture, que je ne pratique pourtant pas volontiers, remettait un peu en cause l'intérêt que je lui porte.

© Hervé GAUTIER – Décembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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L'ennui

J ai adore comme le film d ailleurs
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L'ennui

J'ai adoré ce livre à plus d'un titre. Ayant vu le film de Cédric Kahn, je m'attendais à retrouver les pérégrinations d'un chercheur en philosophie hautain, obsessionnel et soporifique, mais le livre s'est finalement avéré beaucoup plus intéressant que son adaptation ciné. le style de Moravia est à la fois léger et intense, prenant et délicat. J'adore sa plume, l'art d'exprimer l'intime avec raffinement, et de questionner la passion amoureuse dans ce qu'elle a de plus coercitif.



Moravia raconte l'histoire d'un peintre oisif et privilégié qui perd toute inspiration (si tant est qu'il en ait déjà eu) et ne trouve pas de sens à sa vie. Dans les méandres de cet ennui congénital qui l'habite depuis toujours, impropre à la vie normale de Monsieur tout le monde, ne sachant que faire de lui-même, Dino se prend d'une passion sexuelle grandissante pour une femme inaccessible, insignifiante et finalement totalement ennuyeuse. A mesure que cette femme l'ennuie et le désarçonne par sa fadeur et son inconsistance, Dino ne cesse de chercher des réponses. N'arrivant ni à la cerner, ni à susciter chez elle d'intérêt réel, il ne reste plus que le corps sur le lequel se venger, le corps et le sexe à posséder. L'ennui constituerait-il la condition sine qua non à la naissance de la passion charnelle?





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L'ennui

C'est un livre qui est bien écrit, bien construit mais d'une construction lente. J'ai eu du mal à entrer dans cette histoire cynique et scabreuse, surtout pour l'époque où le livre a été écrit !

Alberto Moravia est un auteur reconnu mais qui a perdu de sa notoriété, en France du moins car je ne sais ce qu'il en est, en Italie.

Je vais peut-être persévérer avec son livre le plus connu « le mépris » pour avoir un avis plus objectif.



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L'ennui

"C'est une constante de son oeuvre romanesque que de créer des personnages qui sont conscients du caractère factice et inauthentique des rapports humains tout en aspirant, sans pouvoir y parvenir, à autre chose. De là, les multiples variations sur le thème de l'ennui, de l'inattention, de l'indifférence que Moravia dépeint avec justesse et simplicité "
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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L'ennui

C'est en effet à mourir... d'ennui... comme pour Il Disprezzo / Le Mépris... Non décidément, je n'accroche pas à Moravia...
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L'ennui

D'abord une longue préface de Gilles de Van, intéressante en ce qu'elle situe L’ennui dans l'ensemble de l'oeuvre de Moravia et développe cette métaphysique qui domine dans ce texte, mais qui aurait dû plutôt figurer en postface car elle présente l'inconvénient, majeur à mon sens, de résumer brièvement l'intégralité de l'histoire, privant ainsi le lecteur de laisser aller son imaginaire jusqu'au bout en compagnie du héros, Dino.



Celui-ci, personnage central, est intéressant à bien des niveaux. Il rejette sa mère dont il a besoin pour son aide financière dont il prétend n'avoir que faire mais qui lui est nécessaire. Il est en interrogation permanente sur chacun de ses actes, sur ceux des personnes qu'ils côtoie au point d'imaginer des motivations et des situations pour chacune d'elles.



Et précisément, c'est dans les bras d'une jeune fille, Cecilia, qu'il ira au bout de ses interrogations, de ses frustrations, de son rejet d'une société bourgeoise dont il a besoin, de l'analyse de son ennui, de son amour. Tout le roman se structure autour de la négation de tout besoin, du rejet de presque tout, de l'indifférence à tout, et, en même temps du besoin quasi-permanent de tout ce qui est ainsi rejeté.



La personnalité de Cecilia est passionnante et Moravia lui donne, sous sa plume sans concession, une dimension physique et onirique qui ne peut laisser indifférent. Elle aime l'amour, elle aime faire l'amour, elle jouit merveilleusement tout en étant indifférente à tout ce qui l'entoure. Elle est simple, sans cruauté, se partage entre deux hommes naturellement, sans y voir le moindre problème ce que ne peut comprendre Dino.



Les dialogues entre eux sont à la limite de l'absurde et les réponses de Cecilia au questionnement pernicieux de Dino sont d'une simplicité qui le déroute dans leur absence de sens.



L'ensemble du roman est baigné dans cette atmosphère hors norme où le réel côtoie l'irréel, particulièrement dans les pensées de Dino, jamais dans celles de Cecilia.



Un très bon roman d'un écrivain talentueux tant dans l'art de son écriture, de ses phrases élaborées que dans son développement de cette thématique de l'ennui, de l'argent et de la finalité de la vie.

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