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Critiques de Alberto Moravia (266)
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La Désobéissance

Comment ais-je pu attendre si longtemps avant d'enfin lire ce livre ? Un vertige dans les méandres de la pensée d'un adolescent d'une famille aisée pour la mise en place de son scénario qui doit l'amener à sa mort.



Italie des années quarante, Luca, entre enfance et adolescence, bon élève, bon fils de famille, respectueux des usages et avec un itinéraire tout tracé se découvre brusquement plongé dans les affres d'un malaise profond quasi mystique. Solitaire à l'excès, Il va alors mettre sur pied un plan visant à dominer ses désirs, ses passions (philatélie, théâtre de marionnettes de collection, argent, nourriture) pour s'en détacher définitivement. Emportant dans un zèle furieux, ce sont aussi ses repères et ses racines (ses parents, ses professeurs) qu'il veut détruire pour le libérer de tout ce qui peut le rattacher à une vie qu'il lui semble insupportable alors. Et on s’attend à tout moment à une fin tragique, celle qu’il semble souhaiter passionnément tant Luca va aller loin dans ses actes et sa détermination…. Oui l’adolescence peut être aussi un naufrage….



Sous une plume magistrale (bravo à Michel Arnaud pour sa traduction), le malaise, les pensées, les actes, un environnement qui paraît à Luca de plus en plus sordide sont étudiés dans le moindre détail, au scalpel. Seul, un fin connaisseur des malaises adolescents peut arriver à une telle précision.



Cette plongée dans la démarche auto destructrice de Luca est de loin ce que j’ai préféré dans ce livre, la rémission par les douceurs et les attentions de femmes (la nourrice de ses cousins puis l’infirmière qui va le soigner) à la fois maternelles et sensuelles est, elle, plus convenue et prévisible.



Même si le récit et l’auteur datent, l’ensemble est diablement moderne….
Lien : http://passiondelecteur.over..
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La Désobéissance

Ouvrage de la littérature italienne lu, étudié, dévoré, en une journée. Un roman initiatique qui m'a paru très agréable, je recommande, en français comme en italien.



L'originalité de l'histoire de ce livre, découvert dans un contexte universitaire, semble attirer ses lecteurs comme un aimant qui vient s'attacher aux péripéties comportementales du jeune garçon faisant office de personnage principal. Lorsque le lecteur est adulte il éprouvera un fond de compassion et de tendresse à son égard, si le lecteur est plus jeune il sera sûrement appelé à se questionner lui-même, en espérant qu'il comprenne la diégèse et son sens plus intime au fil des pages.



Bonne lecture et bon chemin vers la désobéissance !
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La Désobéissance

La désobéissance, un roman de l'enfance aux sulfureux secrets ? Pas vraiment. Ce n'est pas le registre de Moravia. On est très loin des innocentes transgressions enfantines.

L'auteur commence et termine son récit par un voyage en train. Entre ces 2 trajets Luca, 15 ans, va vivre un long épisode de distanciation de la réalité. Il se convainc que le normal est abject. Rien que ça ! Sa résolution est sans faille. De façon délibérée il refuse -en ce sens il désobéit- la normalité. Luca cherche à se persuader et à nous prouver que son attitude est le fruit d'une décision réfléchie et parfaitement cohérente. On retrouve la démarche existentialiste avant l'heure. Allant crescendo, d'un vague malaise à la perte d'appétit de vivre, le dépouillement va conduire Luca à la maladie au délire. Il va jusqu'à tutoyer la mort.

Sa lente descente aux enfers est troublante et réussie. L'abandon par Luca de tout ce qui a constitué une enfance heureuse et choyée est douloureuse pour le lecteur. La société bourgeoise étriquée représentée par ses parents est présentée comme l'élément déclencheur.

Par deux fois dans cette spirale d'autodestruction il croisera deux femmes mures qui éveilleront, mystérieusement, son désir sexuel et un appétit de vivre. La première relation sera un acte manqué, la seconde, une infirmière obligeante, lui apportera la lumière dont il avait besoin.

Moravia excelle à évoquer le passé paisible, le bonheur serein passé et par opposition la cruauté et le nihilisme de l'acte de rupture actuel.

En revanche je reste un peu sur ma faim, moyennement convaincue par la résurrection soudaine liée à un rapport sexuel avec une infirmière. Le texte lui-même montre quelques faiblesses dans cette dernière partie, je pense à la symbolique plutôt facile de l'arbre.

C'est un roman de l'intime, de l'émancipation. C'est aussi avant tout un roman d'une personnalité profondément en souffrance.

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La Désobéissance

Moravia

La désobéissance

Un jeune adolescent, Luca, ne veut plus rien, trouve tout négatif et s’oblige à désobéir à tout, que ce soit chez lui, en voyage avec ses parents, en classe, avec les copains, le refus de tout, il s’oblige même lors de ses devoirs de tenter d’atteindre le sommeil et se jeter sur son lit pour dormir. Il en refuse aussi la nourriture, ce qui le diminue tous les jours un peu plus. C’est mortel et il va tomber malade et gravement, fatalement.

Il lui reste encore un peu de se désir sexuel qu’il ne comprend pas vraiment et voudrait désobéir aussi. Mais il se trouve en présence, entre autre de l’infirmière, qui lui révèle ce secret de vie.

Mais va-t-il pouvoir s’en sortir, trouvera-t-il une autre forme de désobéissance.

J’ai lu que l’auteur à neuf ans a souffert de la tuberculose osseuse, il est passé par des hôpitaux, puis des sanatoriums et enfin, il a décidé de lire plusieurs livres par semaine

Je pense que ce livre est un livre autobiographique, modifié certes, mais qui est pour lui une auto analyse de ce qu’il a traversé (je me trompe peut-être).

D’ailleurs ce livre montre de façon évidente le passage de l’enfance avec ces effets négatifs à l’adolescence et à l’être adulte avec l’analyse de la souffrance et du pourquoi ces changements psychologiques et physiques.

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La Désobéissance

Luca, fils de famille bourgeoise, a quinze ans et de la colère à revendre. Bon élève, adolescent apprécié de ses parents, il ne trouve pas sa place dans un monde pour lui vide de sens. A l'âge où tout est mouvant, il perd ses repères, peine à en trouver d'autres qui conviennent à ce qu'il est et à ce qu'il veut. Il décide de se focaliser sur la reprise en main de sa vie, c'est-à-dire le détachement vis-à-vis des contingences, qu'il s'agisse de personnes ou d'objet. Pour Luca, le seul moyen de vivre, ou plus exactement, le seul moyen d'exister, c'est se rebeller, désobéir, refuser ce qu'on attend de lui.





Œuvre dense, parfois étouffante, La désobéissance décrit de façon très précise, presque clinique, le cheminement psychologique de Luca, cet adolescent replié sur lui-même, sa prise de conscience, sa colère, son détachement, sa chute dans l'isolement, ce sentiment d'être étranger au monde.



J'ai trouvé dans la première partie de ce livre une analyse à la fois fine et très juste du désir de mort. La colère, le ressentiment, le renoncement sont criants de justesse, tout comme la rébellion contre le couple parental et la société bourgeoise. En revanche, j'ai été moins convaincue par la seconde partie qui s'intéresse au "remède", à la sensualité comme denier rempart contre le désir de mort. Le désir (et pas que sensuel) me semble un bien meilleur moteur de vie que son apaisement... (forcément, depuis le temps que j'ingurgite les livres de Tonton Sigmund !), mais ce n'est que mon avis.



L'écriture d'A. Moravia est fluide, belle, sensuelle, dense, et les idées qu'il développe, les sujets qu'il évoque, sont toujours d'actualité.



Une œuvre forte, un auteur à découvrir.
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La Désobéissance

Moravia m'a marqué pratiquement a chaque livre mais là je ne suis pas parvenu a voir de l'intéret dans ce livre finalement assez basique . Pour la premiére fois de l'ennui avec cet auteur !
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La Désobéissance

Un roman d'initiation que tout jeune adulte en devenir devrait lire. Moravia déploie ici une description juste et à laquelle chaque adolescent peut s'y identifier : le passage difficile de l'enfance à l'âge adulte. Cet adolescent, Luca passe par des moments de douleurs, de torpeurs, d'envie de mort... Il affronte son corps qui change, se transforme, la haine qu'il éprouve à l'égard de tout ce qu'il aimait auparavant : l'école, la complaisance de ces parents... Seul dans sa chambre d'étudiant, observant le temps changeant depuis sa fenêtre, il est lasse d'étudier, il n'a même plus la volonté de réussir quoique ce soit. Ses parents l'héritent : la bonté un peu naïve de son père faisant chaque soir les mêmes gestes mécaniques lorsqu'il lit le journal, la nature autoritaire et froide de sa mère. Il est fatigué d'obéir, il est fatigué de se soumettre, de se conformer. Un événement sera à l'origine de ce bouleversement de Luca : le jeune adolescent qu'il est surprend ces parents en train de cacher leur argent avidement, dans une coffre, derrière un tableau pourtant saint, en dessous duquel ils sont l'habitude de prier. Cette adoration de l'argent révoltera Lucas, il commencera à haïr la propriété, cette manie de la possession : il se débarrassera de timbres, de jouets... Enfin, il se lasse même de la vie. Il décide de chercher la mort pour désobéir à cette obligation qui lui est imposée : celle de vivre. Il tombe malade, se s'accroche plus à rien, la mort est vécue par lui comme un défi qu'il impose à la société et à ses parents. Mais, Il finira par guérir de cette maladie de la désobéissance en découvrant tout ce que peuvent apporter ces sens, en découvrant le plaisir charnel et sensuel à travers deux images de femmes quasi maternelles : une gouvernante et une infirmière qu'il va tour à tour désirer tout en éprouvant un sentiment paradoxal de dégout. Moravia décrit ici, simplement les tourmentes d'un adolescent, révolté et anticonformiste qui sera sauvé par ce que lui apportent ces deux femmes : un refuge auquel il peut s'accrocher.
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La Désobéissance

La désobéissance/Alberto Moravia (1907-1990)

Luca Mansi a quinze ans. Il rentre de vacances passées à la mer avec ses parents. Luca est un rebelle et il arrive à un âge où la sensibilité est éveillée mais la conscience encore assoupie. Il éprouve une véritable répugnance pour les études, une forme de misopédie qui crée un climat de tension permanente avec ses parents avec lesquels il ne se sent pas plus lié qu’aux meubles de la maison ou à ses camarades d’école. Il est sujet à des colères subites et violentes pour des motifs futiles mais ses révoltes se dissolvent le plus souvent dans l’habitude et l’ennui pour évoluer peu à peu vers le renoncement et l’abdication, en une sorte de torpeur, faute d’avoir la force de refuser le monde qui l’entoure. Et Luca de s’interroger sur son attitude, sur les raisons qui lui font ne pas aimer le monde ni les rôles qu’on veut lui faire jouer. La seule échappatoire lui semble être la désobéissance, la voie vers la liberté.

Luca, paradoxalement, a le goût de la possession jusqu’à l’avarice. Mais au fil du temps, il en vient à se lancer un défi, celui de se séparer de tout ce qu’il a adoré, de sa collection de timbres et ses livres, et même de curieuse façon de son argent de poche. Il éprouve une satisfaction inépuisable, mystérieuse et presque sensuelle à la pensée d’avoir eu la force de se séparer de tout ce qu’il a aimé.

Jusqu’où cette désobéissance et le rejet de toute vie sociale va-t-elle conduire Luca ? La venue à la maison d’une gouvernante accompagnant ses cousins changera- t-elle durablement la donne, lorsque cette femme mure va susciter l’éveil de la sexualité de Luca ? Le désir des sens de Luca sera-t-il plus fort que son désir de renoncement à tout ?

Lu il y a une cinquantaine d’année pour la première fois, ce roman initiatique décrivant la crise de l’adolescence, reste une petite merveille de concision et de sobriété, une étude et un délire alliant délicieusement la sensualité et la pudeur.

Comme dans l’ensemble de l’œuvre de Moravia, on retrouve ici un premier thème, existentialiste avant l’heure, celui d’une indifférence à la vie. Un second thème concerne l’importance de la sexualité, phénomène présocial prémisse d’une palingénésie. Les deux associés impliquent de la vie une conception plutôt individualiste pour aboutir peut-être à l’accomplissement et le bonheur.

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La Désobéissance

Bof. J'attendais trop, d'un tel titre, d'un tel auteur.

N'attendez rien d'un tel titre, d'un tel auteur et peut-être vous ne penserez pas "bof".
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La Désobéissance

Je découvre Moravia et son écriture, et c'est une belle surprise : une stylistique quasiment proustienne, une analyse psychologique chirurgicale des protagonistes...

Ce roman décrit la radicalité de la désobéissance d'un adolescent confronté à l'abandon de l'enfance et aux difficultés à affronter celui des adultes. Cette désobéissance le conduit à abandonner toutes ces certitudes à travers le délaissement de ses passions, jusqu'à la mise en jeu de sa propre existence. Un roman dur mais d'une grande profondeur.
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La Désobéissance

un monument méconnu de la littérature
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La Désobéissance

Récit assez prenant mais qui pâtit parfois de quelques longueurs. J'ai trouvé parfois une finesse dans l'analyse pyschologique des personnages qui rappelle Zweig. En revanche je ne comprends pas le choix de l'éditeur pour la dernière de couverture. L'extrait choisi fait parti des toutes dernières pages et laisse donc penser au lecteur au début d'une intrigue alors que s'en est la conclusion...
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La Désobéissance

Âgé d'une quinzaine d'années, Luca voit sa vie s'effriter : le monde lui semble soudain rempli d'injonctions arbitraires et absurdes. Les valeurs qui lui tenaient à cœur enfant n'échappent pas à cette impression de fausseté générale. Ainsi quand il découvre que le portrait religieux auquel ses parents l'envoyaient prier cachait le coffre-fort familial, le jeune garçon réalise qu'on l'envoyait vénérer l'argent, et pas Dieu.



Luca décide donc de désobéir. « Il faut » bien travailler à l'école ? Il ne fera plus le moindre effort. « Il faut » respecter la valeur de l'argent ? Il déchirera ses billets de banque. Cette désobéissance sera totale, jusqu'à cesser de se nourrir correctement, même s' « il faut » prendre des forces, et d'espérer voir la mort arriver. Sa renaissance ne viendra qu'avec la découverte de la sexualité, auprès de l'infirmière engagée pour rester à son chevet.



Ce roman initiatique est assez dense, le genre de livre qui demande au lecteur de s'arrêter toutes les dix pages pour réfléchir et assimiler ce qu'il vient de lire. Le récit possède différents niveaux de lecture, du passage d'un enfant à l'âge adulte et les désillusions qui l'accompagnent, au refus politique d'obéir aux ordres de la société. Étant friand des livres qui disent beaucoup en peu de pages, nul doute que je retrouverai prochainement l'auteur sur mon chemin.
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La Désobéissance

Un jeune homme rentre de vacances en train. Le voyage est long et ses parents décident du repas, sans lui demander son avis. A partir de là, le jeune homme sera habité d’une colère sourde et puissante. Peu à peu, il va découvrir petit à petit les raisons de cette colère. Et réaliser que ses parents ne sont pas des demi-dieux puissants et vénérables, mais des adultes tristement normaux.

Le héros va alors se rebeller contre ce que les autres, parents, amis et professeurs, attendent de lui. Son unique but sera alors de désobéir aux diktats sociaux et de se défaire de tout ce qui l’entrave dans sa quête morbide vers le détachement extrême, la liberté absolue.

Ce roman m’a fait étrangement penser à l’étranger de Camus, peut-être de par le détachement, ici progressif, du héros avec tout ce qui fait la vie, autant dans sa médiocrité, dans sa quotidienneté que dans sa beauté et sa grandeur.

Difficile de critiquer ce genre de livre qui traite de l’expérience de l’absurde. L’auteur écrit sur un ton dégagé, en pur observateur, presque clinique. Mais je trouve que si Moravia décrit très bien le décalage du héros et sa perte d’appétit de vivre, il excelle aussi dans son retour vers le plaisir de vivre.

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La Désobéissance

Luca est un adolescent d’une quinzaine d’année, ayant la sensation d’avoir grandi trop vite, d’être adulte avant l’heure. Cela entraîne chez lui de grandes perturbations psychologiques se traduisant par des colères violentes, contre les êtres humains mais aussi les objets inanimés (« Luca avait le sentiment que le monde lui était hostile et que lui-même était hostile au monde ; et il lui semblait livrer une guerre continuelle et exténuante à tout ce qui l'entourait »).

Pour s’en sortir, il décide de renoncer. Renoncer, simplement, à tout : possession matérielle, vie en société, relations humaines. Cette abdication est pour lui la désobéissance ultime, la lutte la plus efficace qui soit. Dans toutes circonstances de sa vie, il développe une ligne de conduite allant dans ce sens, ce qui le conduit à l’alitement. Jusqu’au jour où une infirmière…

Excellent roman initiatique d’Alberto Moravia, écrit en 1949, où l’on trouve toutes les caractéristiques de cet auteur : une observation clinique des êtres humains et de leur comportement en société, une lutte permanente contre les idéologies dominantes (ces premiers écrits ont été produits à compte d’auteur sous la dictature de Mussolini), sans oublier une bonne dose de sensualité... On rencontre dans ce roman une infirmière assez mémorable...
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La Désobéissance

Vu à travers le regard lucide et sans concession d’un adolescent, le monde apparait comme un théâtre de marionnettes, une pitrerie, le lieu d’un spectacle presque irréel où conformisme, hypocrisie et veulerie se conjuguent.

Tout commence peut-être quand Luca découvre par hasard que ses parents lui demandent chaque soir de prier devant la Vierge de Raphaël et que ce tableau masque en fait la porte d'un véritable coffre-fort rempli de billets de banque. L'ironie est cinglante et toutes ses valeurs s'effondrent : la prétendue bonté de ses parents n'est plus qu'une pitrerie supplémentaire. Il va s'enfoncer dans une désobéissance systématique qui n'est que la face cachée d'un suicide et détruire tout ce qui l’attachait à la vie. Dans l’ivresse et la recherche de ce qu’il croit être sa liberté, il va enterrer ses économies dans un jardin public et se défaire de tous les objets auxquels il tenait. Il refusera d’étudier et de se nourrir au point qu'il va frôler la mort avec délectation. Puisque le dégout s'insinue dans les moindres recoins de son être, le désir et la sexualité ne seront pas épargnés jusqu'au jour où, au sortir d'une longue maladie, il renait et découvre le monde avec des yeux nouveaux, d'une façon un peu artificielle à mon goût, à travers l'attirance charnelle qu'il éprouve envers l'infirmière qui le soigne.

L'auteur avec un luxe de détails inoui et une grande justesse nous rend palpable cet élan mortifère qui flirte avec le délire, et conduit Luca inexorablement vers la destruction.

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La Désobéissance

Excellent petit roman sur l'adolescence, qui explique, de façon paroxystique le goût de déplaire qui s'installe, soudainement chez les jeunes hommes. Heureusement, ces pulsions morbides finissent par s'évanouir en grandissant... Non seulement la qualité d'analyse psychologique de l'auteur est excellente, mais sa plume est remarquable.
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La Désobéissance

Alberto Moravia est pour moi le meilleur écrivain italien et ce livre m'en a convaincu une fois de plus.L'histoire de depart est interressante, les personnages credibles et la lecture,au final,facile.Tout concourt ici a passer un bon moment de lecture,une oeuvre aboutie et reussie.
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La Désobéissance

Luca Mansi se sent envahi peu à peu par un dégoût impossible à dominer. Comme si ses yeux d’enfants s’ouvraient, face à l’adolescence toute proche, devant le spectacle désolant de sa vie. Le tourment de son insignifiance le porte à se dépasser, à exiger de lui-même une forme de transfiguration. Alberto Moravia nous entraîne dans une crise adolescente mortifère. Peu à peu Luca se débarrasse de tout ce qui peut le rattacher émotionnellement à son existence. Il veut être libre de tout : libre de ne plus aimer ses parents, libre de devenir un cancre à l’école, lui qui était bon élève, libéré de ses passions, de ses centres d’intérêt. Dans un passage presque hallucinatoire il va enterrer ses économies dans un parc public. L’ultime, sur la voie de cette sorte de chemin rédempteur, c’est le refus de se nourrir. Le livre s’achemine vers un lent suicide, même si Luca réfute ce mot, cette idée. Pour lui c’est une désobéissance à la vie même. Enfermé dans son « jeu mortel » chaque abnégation de sa part le transporte. Elu d’un royaume sombre et délicieux, entre apathie et doux délire, il s’enfonce dans un néant inerte. Une planète figée où lui seul existe, pensée pure et intransigeante. Enfant solitaire, adolescent peu remuant, ses parents ne voient rien. Luca n’arrive pourtant pas à dominer ses pulsions sexuelles. Il résiste de toutes ses forces, en éprouve une honte, une bassesse même : voilà un autre combat à mener avec lui-même. Près de succomber, il triomphe pourtant : pâle gladiateur que ronge insidieusement la maladie. Moravia nous entraîne dans le cerveau torturé de Luca, lentement nous acceptons sa fin inéluctable. Luca tombe malade, Luca délire, Luca renait. La vie reprend ses droits malgré lui. La présence d’une infirmière avive ses pulsions et il cède. Comme au bord du gouffre, un pied au-dessus du vide, il décide de faire marche arrière, mais juste un pas. On devine, à la fin du livre, qu’il contemple l’abîme devant lui, même s’il a décidé de s’en éloigner, peut-être momentanément. Aux dernières pages, Luca "invente" une autre forme « de désobéissance ». En maître de la noblesse amère des sentiments, Moravia, dissèque ce pauvre cerveau d’adolescent comme peut-être le fait-il pour lui-même. Il nous conduit dans des contrées obscures, magnifiques, glacées et funestes ; Un voyage immobile au royaume du désespoir adolescent. Ce n’est pas de l’empathie que l’on ressent pour Luca, c’est une forme d’assentiment, d’acceptation de sa décision. Le feu de l’écriture est tempéré par un souffle distancié. La Désobéissance peut-être vue comme une étude, un délire, une aventure désenchantée, une forme de monstruosité. C’est une désincarnation.
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La Désobéissance

Comme je veux ! Quand je veux ! sont souvent les paroles de tout adolescent qui passe à l'âge adulte .



Certains sont plus rebelles et refusent toute autorité , tout élément qui rappelle leur enfance .

Combien de jeunes regardent leurs jouets favoris , avec lesquels parfois ils ont dormis , avec dédain presque avec dégoût .

Ne demandent-ils pas à leur mère - elle n'est plus leur petite maman chérie mais leur mère tout simplement - de bazarder tous ces objets inutiles .

Combien vous enverraient un savon au visage si vous ouvriez , par accident , la porte de la salle de bain .

Quant aux câlins , se souviennent -ils encore combien ils en appréciaient la douceur et le réconfort .

L'école , il vaut mieux ne pas l'évoquer .



Ils marquent ainsi une résistance passive tel Luca .



" Luca avait le sentiment que le monde lui était hostile et que lui-même était hostile au monde ; et il lui semblait livrer une guerre continuelle et exténuante à tout ce qui l'entourait . " P. 19

Cependant , la révolte de notre héros est très grave .

Elle le conduit à vouloir même détruire sa vie .



L'évolution de chacun de nous passe par la découverte de soi , de nos états d'âme mais aussi de notre sexualité .

Les balbutiements naissent un jour , par hasard , chez lui .

Lors d'un jeu de bataille avec les petits dont elle s'occupe , la gouvernante éveille ses sens par des attitudes et des gestes polissons .

Il est très perturbé .

Il va en être malade , voire alité .

Sa vie , il la doit à sa sensualité qui se développe au contact des mains de fée de son infirmière privée .



L'auteur est influencé par sa propre histoire , si tôt dans sa vie .

Une tuberculose osseuse l'immobilise très jeune : Il subira des séjours dans des sanatoriums jusqu'à ses dix-sept ans .

Frustré , apeuré , fragilisé , pendant de longues années , il réussit , par la maîtrise de l'analyse psychologique à nous émouvoir et surtout à nous irriter par le comportement De Luca qui est le personnage principal de ce roman .

Il veut démontrer combien le désir , la vie sociale et la vie affective sont parfois difficiles à accorder .



Alberto Moravia est un auteur subtil qui bouleverse , oblige à réfléchir longtemps encore après la lecture de ce livre , grâce à un pouvoir de persuasion inouï et effarant .
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