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Critiques de Alberto Moravia (264)
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L'Amour conjugal

Lu voici 15 ou 20 ans , comme un thriller ce que ce roman n est absolument...qui interroge profondément les liens qui unissent le couplé.

Dans un style très différent, plus relâché le livre m a fait penser à Zweig de par le degré de précision de la peinture psychologique des personnages qui est remarquable. Passionnant : l aventure est à l intérieur !!
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Le Conformiste

Il y a finalement 2 livres dans « Le Conformiste ». Celui réussi d’un Moravia qui sait conduire avec maestria la progression d’un récit , avec cet art de mettre en valeur sa progression dramatique par la rigueur implacable de construction de chaque séquence, de blocs de tension et un équilibre judicieux de parties dialoguées d’une grande fluidité . Et puis il y a celui d’un écrivain qui dans le même temps, semble refuser sa confiance à l’ensemble de ces éléments et à la construction et l’évolution de ces personnages dans leur capacité d’évocation et de démonstration , en ne cessant de faire le commentaire de son œuvre pour mieux surligner les traits de son personnage principal au cas ou le lecteur jugé myope serait incapable de percevoir la démonstration.

Et pourtant à la question qu’est ce qu’un fasciste ? ou plutôt comment devient-on un fasciste, rien dans le parcours et dans l’itinéraire du personnage principal ne nous sera épargné dans la catégorie des explications causales : désert affectif durant l’enfance, violence sur animaux, fascination pour les armes , épisode traumatique, et de l’ordre plutôt de l’ordre du symptôme : le besoin d’adhérer à un univers normatif.

Par trop mécanique ce catalogue de déterminismes ne dit rien des raisons historiques et sociologiques qui poussent un jeune universitaire italien à adhérer à la propagande fasciste. C’est cette toile de fond , un regard impressionniste sur l’Italie des années20/30 qui fait défaut ici et qui aurait rendu le propos à la portée édifiante, moins didactique La notion même de conformisme n’est pas réellement interrogé.

Moravia dans la dernière partie de son livre semble prendre la mesure de cette ornière et choisit comme pour brouiller les pistes de l’achever sous forme de thriller au prix d’un captivant suspens et d’un improbable et artificiel coup de force scénaristique.

Un beau livre malade en quelque sorte.

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Nouvelles romaines

J'aime lire Moravia, je trouve qu'il a un réel talent de conteur qui se vérifie avec ceci que, quelle que soit la qualité de ses livres - très inégale selon les ouvrages - j'ai néanmoins toujours plaisir à les fréquenter. Ici, avec ces Nouvelles romaines, le plaisir est renouvelé, mais un certain plaisir seulement et non un plaisir certain... En cause, la nature beaucoup trop anecdotique de ces nouvelles qui, d'ailleurs, ne sont pas particulièrement "romaines" si on met de côté la mention des noms de rue, etc.: les histoires qu'elles racontent pourraient aussi bien se dérouler ailleurs que dans la ville éternelle, n'importe où en Italie ou en Europe. Des historiettes plutôt fades, si peu inspirées qu'elles ne me laissent pas de souvenir. Et les chutes sont particulièrement décevantes. L'auteur a peut-être rédigé ces textes simplement pour passer le temps car, comme il le disait, il lui était insupportable (l'ennui!) de ne pas avoir quelque chose à écrire. On y retrouve évidemment, de façon récurrente, l'une de ses obsessions: le thème du triangle amoureux malheureux.

A mon sens, un recueil qui n'imposait pas une publication.
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Agostino

Du jour au lendemain, Agostino va quitter son petit paradis originel comme nous l’avons tous quitté. Cet espace sécurisant et chaud où, protégés par notre mère, rien ne pouvait nous atteindre, nous l’avons tous laissé pour courir la grande aventure de la vie.

Et comme les yeux d’Adam et d’Eve se sont décillés à la rudesse du monde lorsqu’ils furent chassés du jardin d’Eden, nous n’arrêtons pas de nous effarer devant la brutalité et l’incohérente bêtise de nos existences sur terre.

C’est un apprentissage absurde qui a commencé ce jour de la grande rupture et que tente de décrire Alberto Moravia. C’est aussi la découverte que tous, loin de là, n’ont pas eu la chance d’apercevoir même la lisière de ce vert paradis.

Mais, c’est surtout l’écartèlement du désir et du devoir sur une âme au sortir de l’enfance. Désir qui cherche sans savoir vraiment comment à s’affranchir, à devenir autonome à se libérer de son seul sujet, sa mère.

C’est un court et beau récit à l’acuité psychologique très proustienne et qu’a mis en image autrefois Bolognini dans un film vu, il y a très longtemps et malheureusement oublié.
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Le Voyage à Rome

Revoir Rome derrière le divan



Comment faire en sorte qu'un voyage réel effectué à 20 ans se transforme en une plongée vers l'enfance et les profondeurs de l'inconscient ? C'est la situation dans laquelle se trouve le narrateur de ce roman qui, après quinze ans de silence, décide de rejoindre son père. Suite au décès de sa femme, ce dernier a d'abord confié son fils à un oncle et décide de l'inviter à s'installer à Rome où il vit.

L'enfant avait 5 ans la dernière fois qu'il a vu sa mère et la scène traumatique qu'il a vécue en sa présence l'amène à essayer de retrouver des bribes de souvenirs et à mieux comprendre ce père jaloux de son ex-femme qui lui explique comment auprès d'elle il jouait à la fois le rôle d'Othello et celui de Iago. Et voilà le jeune adulte qui se lance, dans cette ville labyrinthe qu'il ne connaît pas, dans une étrange aventure à caractère à la fois sexuel et psychanalytique…Car le souvenir en question, même s’il réveille de lointaines réminiscences, n’a rien de la madeleine de Proust !




Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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La Désobéissance

Alberto Moravia est pour moi le meilleur écrivain italien et ce livre m'en a convaincu une fois de plus.L'histoire de depart est interressante, les personnages credibles et la lecture,au final,facile.Tout concourt ici a passer un bon moment de lecture,une oeuvre aboutie et reussie.
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Le Conformiste

On aurait grande peine a identifier la fêlure originelle, celle qui entraîne le (anti) héros de Moravia dans cette quête de normalité. L'auteur nous glisse dans la peau du fasciste, ou plutôt, de son bras armé. L'écriture est délicieuse, précise, riche de cette capacité de nous faire appréhender toute la complexité du personnage, pourtant « détestable », qui nous est présenté ; toute la complexité de l'âme humaine, pour ainsi dire.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Le Conformiste

Alberto MORAVIA – 1951



Marcello, enfant de 13 ans, s’abandonne à des pulsions de plus en plus troubles et une montée de violence apparait dans son comportement. Il s’en rend compte et cherche une éventuelle sanction de la part de ses parents, afin de lui confirmer que son comportement est anormal. Mais ceux-ci sont indifférents quant à l’éducation de leur fils.

Nous retrouvons Marcello 17 ans plus tard, en 1937, n’ayant pour but que d’être Monsieur-tout-le-monde, soit en cette période, un italien moyen fasciste. Ses actes alors sont uniquement guidés par ce qu’il juge conforme à la société.

Après un prologue sur les chapeaux de roue, qui m’a tenue en haleine, j’ai complètement décroché par la suite et je me suis surprise à penser à bien d’autres choses pendant ma lecture, ce qui n’est pas bon signe.

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L'Amour conjugal

Dans ce court roman, Alberto Moravia va parler d’amour bien sûr, mais aussi de désir et de création littéraire : l’amour, le désir, éros et l’inspiration de l’artiste, du créateur.



Silvio est le ‘créateur’, ou du moins se voudrait créateur, écrivain. Au début du roman c’est un homme riche, oisif, mondain, critique littéraire à ses heures qui a épousé Léda, une femme très belle qu’il se plaît à nous décrire minutieusement, jusqu’à nous révéler sa laideur lorsqu’elle grimace d’une certaine façon. Est-ce annonciateur d’une des facettes de la personnalité de Léda, c’est la question que le lecteur se pose en début de roman.



Silvio se met en tête d’écrire lui-même un roman, de créer, et pour ce faire, se retire dans une villa en Toscane avec Léda qui l’encourage dans ses vélléités d’écrivain. Silvio décide d’écrire un roman sur l’amour conjugal, belle mise en abyme ! Cependant après quelques semaines il pense que son inspiration, son énergie créatrice est amoindrie, sinon tarie par une vie sexuelle nocturne intense. Ce qui est pour le moins étrange car d’ordinaire la création est souvent alliée à éros, les muses sont plutôt la force d’inspiration des artistes. Il est encouragé par Léda qui voudrait que l’écrivain qui est en lui se révèle, elle accepte donc de pratiquer l’abstinence le temps de la rédaction de son roman. Tout se déroule à merveille et Silvio semble avoir trouvé un rythme et un nouveau souffle littéraire jusqu’à ce que Léda se plaigne des avances sexuelles à peine voilées du barbier qui vient raser Silvio quotidiennement.



C’est un récit introspectif sur la création, l’inspiration, le jugement que l’on porte sur son œuvre. Une belle mise en abyme d’un écrivain qui écrit sur un écrivain qui écrit une œuvre sur l’amour conjugal. Toutefois si l’amour et la création sont au centre du roman, l’infidélité et le pardon font aussi partie de l’Amour Conjugal dans ce récit un peu triste où les illusions de Silvio sur la valeur de son oeuvre tombent en même temps que celles sur la perfection de son mariage.

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Le Mépris

Comment l'amour, sans que l'on ne s'en rende vraiment compte, mue-t-il en désamour au sein d'un couple? Question encore plus douloureuse quand elle ne concerne que l'un des deux protagonistes! Moravia traite cette éternelle interrogation avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité, appelant même L'Odyssée d'Homère au soutien de son analyse. L'esprit non distrait par le film de Godard que je n'ai pas encore vu, j'ai beaucoup apprécié ce roman psychologique très bien écrit.
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La Désobéissance

La désobéissance/Alberto Moravia (1907-1990)

Luca Mansi a quinze ans. Il rentre de vacances passées à la mer avec ses parents. Luca est un rebelle et il arrive à un âge où la sensibilité est éveillée mais la conscience encore assoupie. Il éprouve une véritable répugnance pour les études, une forme de misopédie qui crée un climat de tension permanente avec ses parents avec lesquels il ne se sent pas plus lié qu’aux meubles de la maison ou à ses camarades d’école. Il est sujet à des colères subites et violentes pour des motifs futiles mais ses révoltes se dissolvent le plus souvent dans l’habitude et l’ennui pour évoluer peu à peu vers le renoncement et l’abdication, en une sorte de torpeur, faute d’avoir la force de refuser le monde qui l’entoure. Et Luca de s’interroger sur son attitude, sur les raisons qui lui font ne pas aimer le monde ni les rôles qu’on veut lui faire jouer. La seule échappatoire lui semble être la désobéissance, la voie vers la liberté.

Luca, paradoxalement, a le goût de la possession jusqu’à l’avarice. Mais au fil du temps, il en vient à se lancer un défi, celui de se séparer de tout ce qu’il a adoré, de sa collection de timbres et ses livres, et même de curieuse façon de son argent de poche. Il éprouve une satisfaction inépuisable, mystérieuse et presque sensuelle à la pensée d’avoir eu la force de se séparer de tout ce qu’il a aimé.

Jusqu’où cette désobéissance et le rejet de toute vie sociale va-t-elle conduire Luca ? La venue à la maison d’une gouvernante accompagnant ses cousins changera- t-elle durablement la donne, lorsque cette femme mure va susciter l’éveil de la sexualité de Luca ? Le désir des sens de Luca sera-t-il plus fort que son désir de renoncement à tout ?

Lu il y a une cinquantaine d’année pour la première fois, ce roman initiatique décrivant la crise de l’adolescence, reste une petite merveille de concision et de sobriété, une étude et un délire alliant délicieusement la sensualité et la pudeur.

Comme dans l’ensemble de l’œuvre de Moravia, on retrouve ici un premier thème, existentialiste avant l’heure, celui d’une indifférence à la vie. Un second thème concerne l’importance de la sexualité, phénomène présocial prémisse d’une palingénésie. Les deux associés impliquent de la vie une conception plutôt individualiste pour aboutir peut-être à l’accomplissement et le bonheur.

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L'immortel

L'immortel est un recueil de textes lumineux,d'une concision extrême qui fait de chaque récit un petit bijou.L’intérêt vient aussi de la diversité des thèmes abordés ,?sans didactisme.

Les textes sont parfois fictionnels, souvent autobiographiques ,c'est une photographie de l'oeuvre de Moravia.Dans un texte plutôt intime, l'auteur analyse les relations complexes d'un fils, adolescent attardé,avec sa mère.

Un autre récit permet, à travers une conversation avec le poète et critique Eugenio Montale , à l'auteur de donner son point de vue sur la littérature, la poésie et de faire part des interrogations sur la question du nouveau roman.

Les deux derniers textes déroulent des fantasmes .

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La Ciociara

Livre intéressant, il déroule l'itinéraire d'une femme et de sa fille dans la Ciociara,une région d'Italie, pendant la seconde guerre mondiale.

Elles quittent Rome et se réfugient dans la Ciociara où elles connaissent heurts et malheurs.

En un sens c'est un roman d'apprentissage. Mais c'est un temps de guerre où il n'y a plus de lois…
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La Ciociara

‘Ciociara’ est le nom donné aux paysannes des montagnes non loin de Rome et c’est de là que vient Cesira. Elle s’est mariée avec un épicier romain et se retrouve veuve quelque temps avant que la guerre n’éclate. Après l’arrestation de Mussolini en 1943, en attendant l’arrivée des alliés et le départ des allemands, Cesira décide de quitter son commerce et de se réfugier à la campagne avec sa fille Rosetta âgée de 18 ans. C’est cet exil à la campagne que raconte Cesira, ces mois passés avec des paysans frustres, plus ou moins honnêtes, souvent assez pauvres et aussi âpres au gain, qui profitent de l’aubaine que représente Cesira et ses économies.



Ce sont des mois d’attente, d’ennui, d’inconfort et de peur aussi car les allemands font des rafles de victuailles, d’hommes valides pour les envoyer au front, ou bien alors tuent sans vraiment de raison alors qu’ils se retirent en débâcle et que les bombardements éclatent. Et il y a aussi la faim à mesure que les vivres se raréfient, que les alliés se font attendre et que le chaos règne. Cesira comprend alors que la guerre a effacé les lois, que ce sera chacun pour soi, que la pitié et la commisération ont disparu ou presque, seule la survie prime.



Au retour sur Rome, ce sont deux femmes qu’on pourrait croire brisées, abîmées par les épreuves terribles qu’elles ont traversées, mais bien qu’elles soient désillusionnées, ce sont aussi des femmes plus fortes bien décidées à construire l’avenir sur les ruines qu’elles traversent.



C’est un beau roman sur cette partie de la guerre en Italie, et plus largement sur ses effets pervers sur les civils toujours pris entre deux feux ; ici ce sont d’abord les fascistes qui profitent et règnent en maîtres, ensuite les allemands et enfin les alliés, pas toujours les sauveurs qu’on attendait, car ils ont été aussi les auteurs d’exactions, en particuliers de viols par milliers. Moravia a lui aussi été se réfugier dans ces montagnes près de Fondi, en 1943, pendant près de neuf mois alors qu’il fuyait les fascistes ce qui donne une impression de vécu au récit. Le roman se déroule de façon linéaire dans un style assez simple sans fioritures, parce que Moravia a choisi Cesira comme narratrice, et que Cesira est une femme simple, une paysanne analphabète. C’est ainsi qu’il donne d’autant plus de force au récit, grâce à cette femme qui comprend obscurément les tenants et les aboutissants du conflit, mais qui en ressent les effets au plus profond de son être et qui n’aspire qu’à protéger sa fille au mieux, de tous les dangers et des privations engendrées par la guerre. Un bien beau roman.

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L'attention

Lors de sa sortie, ce livre devait sans doute condenser à peu près tout ce qu'on trouve comme réflexions sur la littérature, le roman, la vérité, l'authenticité d'un auteur, de ses personnages, de l'histoire racontée, des processus narratifs, des procédés narratifs... A sa sortie, ce livre devait sans doute être un genre de bombe. Un peu comme à son époque, La vie est un songe de Calderón. Ou Hamlet... Même si en 1966 une blinde de livres et textes ont sans doute quand même déjà exploré et explosé les thématiques.



Pour moi, le prologue est parfait, j'ai adoré le ton, les idées... Ensuite le développement journal-roman me semblait plus dilué, moins riche et fort.



Un livre qui parle d'une humanité décidément bien curieuse. L'humain EST une bête curieuse. Y apporter ou ne pas y apporter son attention, telle est la question.



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Le Conformiste



Enfant, Marcel coupait des roses, tuait des lézards et en tirait une grande satisfaction. Il se posait des questions sur son comportement et essayait d'en parler avec ses parents, peu présents et indifférents, et à son petit voisin qui lui renvoyait incompréhension et réprobation. Ce petit voisin, il avait bien envie de le tuer aussi, mais c'est son chat qui mourra.

Un peu plus tard, moqué à l'école du fait de son manque de virilité, il rencontre un chauffeur de maître, ancien prêtre pédophile, qui l'attire dans sa demeure en lui promettant un pistolet. Repoussant ses avances, Marcel le tue accidentellement.

Nous retrouvons Marcel, une vingtaine d'années plus tard, à l'époque de l'Italie fasciste, hanté par ses crimes et rongé par la culpabilité. En proie à ses démons intérieurs et à la crainte de devenir fou, son père étant interné en hôpital psychiatrique, il décide d'accéder à la normalité, et de se fondre dans le collectif. Pour cela il tire un trait sur sa personnalité, tend à se conformer aux normes sociales, et se marie avec une jeune femme simple, qui lui parait correspondre à ses nouvelles aspirations de bien-être matérialiste.

Fonctionnaire dans un ministère, il lui est bientôt proposé de participer à une mission à Paris dont le but est l'élimination d'un ancien professeur, opposant au régime de Mussolini.

Moravia nous offre le portrait d'un homme torturé qui tente de lutter contre ses pulsions, et dont la problématique personnelle épouse parfaitement les valeurs d'un régime dictatorial. Nous ne sommes pas loin de la banalité du mal. L'individu perd ses repères moraux pour viser l'atteinte d'un idéal de pureté qui le laverait de ses pêchés.

Marcel est un être profondément triste, sans affection dans l'enfance, et détaché de lui-même et des autres plus tard. Il tente de prendre en main sa destinée mais il plonge dans le crime pour s'absoudre d'un autre crime qu'il pense avoir commis.

Un beau roman, d'une rare intelligence assortie d'une écriture limpide, dans lequel il faut suivre le raisonnement aux accents philosophiques de Moravia, autour des notions du bien et du mal, de la normalité et de la différence, de la culpabilité, et où apparaissent des éléments autobiographiques, comme l'indifférence et la froideur entre les membres d'une famille dysfonctionnelle.



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Le Mépris

On se demande pourquoi, de nos jours, pratiquement aucun écrivain ne sait écrire comme Moravia.

Un auteur qui aurait vu, comme Moravia, autant de ses écrits devenus des films.

Si ce livre force l'admiration, c'est par son style à la fois naturel et fluide, par cette intimité qui se crée entre le lecteur et son auteur, par la qualité des descriptions physiques et psychologiques. La finesse avec laquelle l’auteur analyse chaque personnage, en faisant s’exprimer le héros perdu dans ses réflexions et sa femme qui peu à peu se détache de lui. a quelque chose d’un Flaubert et me touche profondément.



Par rapport au film de Godard, la différence est grande. Les images et le jeu des principaux acteurs rachètent la pauvreté du scénario, sa mauvaise adaptation, en se demandant si Godard a bien compris le roman...

La musique il est vrai, de Georges Delerue, ajoute un peu de grandeur à ce film.



Pour en revenir au roman, il est la signature d'un grand génie littéraire, qui semble être peu lu de nos jours, malgré le succès des nombreux films qui ont été tournés. À croire que les lecteurs n'aiment que les daubes et « méprisent » ce qui est admirable. J’espère me tromper.
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Le Mépris

Mon 1er Moravia à plus de 50 ans !

Une analyse très fine de l'incommunabilité qui s'est installée dans un couple avec en arrière-fond une lutte pour savoir qui dominera l'autre, l'intellect ou l'instinct.

Une grande précision psychologique dans les mécanismes de rupture qui montent crescendo.

L'intrigue reste mince mais là n'est pas l'essentiel, loin de là.

Un perception charnelle également qui transparaît à travers le désir inassouvi maintenant du héros pour son épouse. Un idéal romantique à mi-chemin entre Goethe et Baudelaire.

J'ai vu le film, bien plus célèbre que le roman. Pas grand chose à voir car le film insistait plus sur le côté plastique et visuel



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L'Amour conjugal

Une écriture cousue main pour une histoire qui rappelle étrangement "Le mépris". Pas étonnant, Alberto Moravia était aussi aux commandes de cette histoire. Là, l'auteur nous plonge dans ce monde qu'il a si bien connu, celui d'une certaine société artistique, italienne d'abord, puis internationale. Un homme et une femme jouissent sans retenue de leur position sociale aisée et l'amour s'essouffle. Il faut mettre du piment, s'étonner, se donner envie. Pour lui, ce sera tenter d'écrire un roman (celui de sa vie), pour elle, ce sera les bras d'un barbier un peu rustre, un peu bestial, un peu tout ce qu'elle n'affectionne pas spécialement. L'un et l'autre ont besoin de ces "expériences", ratées sous bien des aspects, pour donner un nouvel élan à leur couple. De la dolce vita, de bout en bout.
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La belle romaine

Je connaissais Alberto Moravia mais je l'ai découvert avec La Belle Romaine, une plongée dans les classes populaires et petites bourgeoises du monde romain des débuts du fascisme.

Alberto Moravia a un talent particulier pour nous faire entrer dans la psychés de ses personnages, sans pathos, en toute lucidité et sans se faire d’illusion sur leurs capacité de rédemption.

Il nous les montre enfermés dans leur condition, même lorsqu'ils essaient de s'en affranchir parce qu'ils la haïssent, pauvre comme riche.

Une belle découverte!
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