Alejandro Jodorowsky

Tant que nous n'avons pas reconnu notre divinité intérieure, nous n'avons pas de but dans la vie. Nous ne savons pas construire un temple. Nous ne savons pas aimer. Nous ne savons pas donner. Nous ne savons pas créer. Nous ne savons rien faire. Nous sommes comme un enfant invalide et fou. Nous savons haïr, détester, assassiner : nous vivons dans l'autodestruction.

Le coeur lui-même n'est pas impur. Il est comme un enfant. Ce sont toutes les blessures qu'on lui a faites qui le rendent impur.

Nous avons tous en nous un Christ, une Marie, un Joseph. Notre Christ intérieur n'a rien à apprendre de qui que ce soit. Il connaît la vérité. Il peut nous enseigner à apprendre de nous-même, c'est très possible. Mais notre Christ intérieur, ou notre divinité intérieure (nous pouvons l'appeler comme nous voulons), sait tout. Quand nous entrons en communication avec cette divinité, nous nous connectons à son extrême sagesse. En toute simplicité, elle va affronter les mystères et les résoudre. Cela s'appelle la foi. Pour l'atteindre, il faut être humble et savoir que ce Dieu intérieur, qui n'est pas nous, parle à travers nous.

Les délires de l'interprétation sont sans fin. Le thérapeute doit aider le consultant à découvrir des significations utiles, en mettant peu à peu la négativité de côté.

L'être humain réalisé ne souhaite pas être plus que ce qu'il n'est, et c'est déjà énorme d'être soi-même.

Dès que nous nous nommons, nous devenons une caricature, car au fond nous n'avons pas de nom.

Lorsqu'on nous donne un nom, on nous donne un véhicule. Rien d'autre.

Si l'illumination n'est pas collective, elle n'est pas désirable.

Comme l'indique le Tarot, il doit y avoir un état d'égalité entre l'homme et la femme. Nous devrions avoir des présidents et des présidentes, des papes et des papesses. A tous les postes importants il devrait y avoir un couple. C'est tellement évident que nous n'y pensons pas et acceptons comme naturelle la situation absurde dans laquelle nous vivons.

Nous arrivons à la vérité lorsque nous parvenons à avoir des pensées qui nous mettent en danger de mort. Affirmer une pensée vraie implique toujours un risque mortel, car cette pensée vient construire ans un monde à la dérive. Si nous introduisons une pensée constructive et positive dan un monde obscur, ce dernier va tenter de l'éliminer. Voilà pourquoi le Christ est constamment en danger de mort.

Si Lacan nous condamne à être séparé dès l'oeuf, dans ce cas nous pouvons dire qu'il a édifié sa psychanalyse sur du sable.

En décrivant la formation et l'accouchement du Christ, je décris l'accouchement normal et je le retire de l'anormalité où la pathologie l'a placé. Chaque enfant est le Christ incarné.

Tant que nous ferons égorger notre voisin, nous serons tous morts. "S'il y a un crime sur terre, je suis coupable", a écrit Dostoïevski. En effet : si sur terre une personne a faim, nous sommes tous responsables.

Qu'est-ce que la circoncision ? Avec un couteau, le rabbin coupe le prépuce de l'enfant afin que celui-ci pense à Dieu chaque fois qu'il fait l'amour. Cela signifie que Dieu est profondément dans notre temple sexuel. Le sexe est sacré. C'est pour cela que l'alliance avec Dieu a lieu.

Toute virtuosité vient du fait qu'on est tombé dans son coeur.

Pourquoi ne porterais-tu pas de fruits ? Parce que tu parles trop. Tu dis que tu aimes, que tu comprends, tu parles et parles encore, mais il n'y a pas d'amour dans ton coeur. Ton âme est morte."
[...]
Toi qui fais revivre ton propre corps en trois jours, fais que cette personne aime à nouveau ! Ne la laisse pas maudite ! Fais-la fleurir ! Qu'elle donne son fruit ! Ne l'abandonne pas à mi-chemin !"

Il est important de voir comment fonctionne le prénom que nous avons reçu. Est-ce notre véritable prénom ou nu prénom maladif donné par une famille malade ?

Nous sommes pareils à des autistes : le Moi travaille uniquement pour lui et il demande sans cesse. Sa demande est comme un puits sans fond. Je demande à la vie. Je demande à Dieu. Je demande aux personnes qui sont auprès de moi? Je demande à la société. Je demande. Car c'est en cela que consiste le "Moi" : une demande continuelle.

... surtout, nous devons cesser de nous regarder agir. Se regarder agir est un véritable fléau.

Dans une mauvaise interprétation des Evangiles, la Vierge Marie est représentée frigide et Joseph impuissant. Cela a engendré quantité de suicides, de neurasthénies, d'alcoolismes, de cancers, de tuberculoses,, de maladies cardiaques, et j'en passe. Le drame de notre mythologie mal interprétée, dans laquelle existe une conception de la Vierge Marie sans sexualité, a provoqué plus de morts qu'une bombe atomique. Des familles entières ont été affectées par ce problème, qui par ailleurs cause des ravages écologiques et sociaux, des vies perdues par des personnes qui n'ont pas connu le plaisir dans leur vie, par des femmes au sexe sec, des hommes aux orgasmes précoces.

Si Joseph n'avait pas aimé aussi fort, aussi profondément et aussi passionnément Marie, l'histoire n'aurait aucune raison d'être. C'est le plus grand amour que l'humanité ait connu. L'histoire de Joseph et de Marie est plus grand que celui de Roméo et Juliette.