Alejandro Jodorowsky

elle a un jour reçu un homme qui était au bord du suicide parce qu’il ne supportait pas de perdre ses cheveux à trente ans. Il avait essayé tous les traitements possibles, sans succès, et ne pouvait admettre de se voir chauve. L’« hermanito » lui a demandé par la bouche de la vieille : « Crois-tu en moi ? » Il a répondu par l’affirmative et, de fait, il avait foi en Pachita. L’esprit lui a alors donné l’instruction suivante : « Procure-toi un kilo d’excréments de rat, pisse dedans, malaxe le tout pour en faire une pâte que tu t’appliqueras sur la tête. Cette médecine fera repousser tes cheveux. » L’homme a vaguement protesté mais Pachita a insisté, lui disant que s’il voulait éviter la calvitie, il lui faudrait en passer par là. Il s’est incliné et a décidé de se soumettre à ce traitement incongru. Trois mois plus tard, il est revenu et s’est adressé à la vieille : « Il est très difficile de trouver des excréments de rat, mais j’ai fini par dénicher un laboratoire élevant des rats blancs. J’ai donné la pièce à un laborantin qui a consenti à conserver les excréments pour me les donner. Lorsque j’ai eu le kilo, j’ai pissé dessus, fait la pâte, pour soudain me rendre compte que cela m’était égal de ne plus avoir de cheveux. Aussi n’ai je pas appliqué la mixture, désormais décidé à me contenter de mon sort. »

DE ma science sacrée j'ai appris à donner à une femme tous les orgasmes nécessaires.

... la réalité, selon le niveau de Conscience, est pour certains une cruelle bataille et pour d'autres une danse heureuse.

Prier pour qu'un miracle ait lieu, c'est se centrer totalement sur la demande d'un miracle. Nous avons le droit de faire des miracles. Si dans la vie tu rencontres une croix, tu ne dois pas t'arrêter tant qu'elle n'a pas produit une rose. Toute croix a des épines. Si tu passes toute ta vie à souffrir, cela veut dire que tu n'as pas fait ta rose. Tu n'as pas croisé ta chair avec ton esprit et tu n'as pas fleuri. Si tu traînes une vie de douleur, il faut que tu saches produire la rose.
Si, par exemple, tu t'occupes d'un animal domestique, il faudra que tu t'appliques à le nourrir pendant toute ta vie, sans jamais l'abandonner. Si tu t'occupes d'une plante, jamais tu ne devras l'abandonner. Si c'est un enfant, ne jamais le délaisser.
Quel que soit l'engagement que tu prends, tu t'y tiens jusqu'au bout. Quoi qu'on te dise, tu vis, tu luttes et insistes jusqu'à ce que s'épanouisse une rose. Et tu sais que tu vas la produire : voilà le miracle. Si tu n'abandonnes pas, la rose finira par apparaître. Même au moment de ton agonie, elle naîtra.
Tout ce que tu as souhaité se produire. "Demande et tu recevras." Même si la situation est terrible, elle fera naître une rose... à condition que tu persévères. Qu'elle naisse plus tôt ou plus tard n'a aucun intérêt puisque l'objectif, l'essentiel, est éternel.

On peut détruire une coupe de cristal de mille façons, mais on ne peut la fabriquer que d'une seule. Tu peux détruire ton âme d'une multitude de manières, mais tu n'en as qu'une seule pour la construire.

Au fond, la vérité c'est que tu ne peux guérir personne. Seule la personne elle-même peut se guérir. tenter d'aider l'autre exige une grande humilité, car sur le chemin de sa guérison, tu dois peu à peu t'effacer pour lui permettre de se guérir lui-même. Tu dois l'accompagner dans ses propres méandres, puis, habilement et discrètement, le pousser à se guérir lui-même. Tu dois devenir la "poubelle" où il dépose ses saletés intérieures.

Il existe de nombreux maîtres invisibles sur la planète. Ils le sont parce qu'ils ont atteint un niveau supérieur de la conscience humaine et ne se font pas remarquer. Ils ne se distinguent en rien de la masse. Cependant, lorsque nous nous trouvons face à un être semblable, sans savoir pourquoi nous nous sentons très bien. Nous ne nous en rendons pas compte, mais cet être nous fait du bien. Il a le pouvoir de le faire sans nous le dire. Il prie pour nous, il nous aide, nous guérit par ses bonnes vibrations. Dès que nous entrons dans son cercle, il nous enveloppe de son énergie, nous soutient, pense à nous, nous apporte constamment de l'aide, et cependant nous l'ignorons.

La solitude consiste à ne pas savoir être avec soi-même, avec son Dieu intérieur. Dès l'instant où nous le trouvons, nous ne sommes plus jamais seul, plus jamais faible. Il nous aide à vaincre n'importe quelle difficulté. Nous devenons invulnérable. Notre foi est indestructible. Notre paroles et notre oeuvre le sont aussi. Cette force nous accompagnera jusqu'à la fin des temps, jusqu'à la fin de notre temps.

Il faut préciser que nous sommes tous, absolument tous, malades, car notre maladie vient de notre arbre généalogique.

Aujourd'hui encore, nombreux sont ceux qui, malgré tout, continuent à pleurer la mort du Christ, à faire souffrir leurs proches en disant que la vie du Christ est un sacrifice et non un processus triomphal. Nous nous martyrisons toujours "pour suivre l'exemple du Christ". Nous restons dans la crucifixion et n'avançons pas vers la gloire, vers le couronnement de l'œuvre, vers la perfection.

C'est comme si nous définissions l'accouchement par ses douleurs en essayant d'occulter complètement la naissance d'un enfant. Ce dernier n'est pas vu, il n'existe pas. Seule existe la douleur produite par sa naissance. C'est monstrueux, mais parfois il en est ainsi.

Cela se perçoit très clairement quand on étudie les arbres généalogiques. Au début, quand une personne commence à parler de sa famille, on dirait que tous les membres de celle-ci étaient terribles. Ensuite, quand cette personne commence à pardonner, elle se rend compte qu'ils étaient la base de son esprit, et que cette pierre qu'elle porte est l'aliment, le pétrole, l'atome énergétique qui la fera vivre.

Cette histoire me rappelle cette autre, arrivée à un écrivain espagnol homosexuel, Jacinto Benavente. Un jour, un journaliste mal élevé l'arrêta dans la rue et lui demanda : "Don Jacinto, comment êtes-vous devenu homosexuel ?" Il répondit : "Comme vous, en posant des questions."

Là où il y a de la souffrance, il n'y a pas de conscience. Là où il y a de la conscience, il n'y a pas de souffrance.

Quand tu dis "mon angoisse", c'est comme si tu disais "ma voiture". Tu parles de ton angoisse comme s'il s'agissait d'un objet extérieur à toi, dont tu es propriétaire. [...] Au fond, l'angoisse est une sorte de diable, notre création, une marionnette à l'intérieur de laquelle nous vivons.

Quand tu as expulsé ta maladie, tu es vide, dans des régions où tu n'as pas de place et ne trouves pas de repos. Il est faux de croire que guérir apporte le soulagement. En effet, les individus ne veulent pas vraiment se guérir. La guérison les angoisse.

... si tu guéris une personne qui ne veut pas guérir, elle va te détester.

Chaque être humain a quelque chose queje n'ai pas. Si je suis réceptif et prête attention, je remarqueraique tout collabore à ce que cette chose que je n'ai pas apparaissecomme un cadeau devant moi. Chaque être humain est une leçon àrecevoir.

Nous avons écrit l'Evangile, nous tous. Car ces histoires répondent à un véritable besoin de l'être humain. Si elles n'existaient pas, il faudrait les écrire.

Les livres sacrés que personne ne lit sont les cendres d'un lointain bûcher : sans le souffle vital d'un lecteur, les flammes ne renaissent pas. Mais l'interprétation variera selon le niveau de Conscience du lecteur.

Si dans mon enfance j'ai subi cela avec amertume, je considère aujourd'hui que ce fut une chance : j'ai été élevé par un père communiste staliniste, furieusement athée. Dès quatre ans il n'a cessé de me répéter : 'Dieu n'existe pas. Un jour tu mourras, tu pourriras, et ce sera tout." J'ai grandi sans foi - ce qui m'a conduit à chercher, une grande partie de ma vie, une aspirine métaphysique -, mais aussi, providentiel avantage, sans le leurre d'une religion introduite de force dans mon cerveau d'enfant.