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Critiques de Alfred Döblin (64)
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Berlin Alexanderplatz

Mon Dieu, quelle purge !

Commencé il y a des mois, mis de coté en me disant que peut être j'y

reviendrai. Mais non, autant laisser tomber.

Je sais que c'est un chef d'œuvre, le sujet est très intéressant, mais le style est pour moi imbuvable.

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L'empoisonnement

4e de couverture : Avilie par un mari qui la brutalise, la jeune Elli se révolte, trouve refuge auprès d’une amie, se confie, s’abandonne et, dans ses bras, découvre l’autre versant de la sexualité. C’est alors qu’à ces deux femmes vient l’idée de faire payer à l’époux ses outrages…



Mon avis : Roman inspiré d’une histoire vraie qui défraya la chronique dans les années 1920, l’Empoisonnement a été écrit en 1923, et c’est de là que vient la surprise. Parce que cette petite pépite n’a pas pris une ride ; je suis surprise que le sujet soit traité avec autant de modernité et de bienveillance sur l’homosexualité et sur les femmes.

Elli est amoureuse, mais à peine mariée, elle déchante très vite lorsqu’elle s’aperçoit que le jeune homme charmant qu’elle a épousé est devenu violent. Déçue, triste, malheureuse dans cette relation toxique, elle n’est pas soutenue par ses parents. Quand son amie semble la comprendre, la soutenir, un autre monde s’ouvre à elle. Mais, tout n’est pas encore aussi simple ; il faut lire ce magnifique petit livre.

Un beau style, simple, qui va à l’essentiel. L’auteur a su cerner les différentes émotions des personnages et nous livre presque une étude psychologique. Beaucoup de sensibilité ; du grand art.



À lire en grignotant des Dampfnudel (mi-brioche, mi-beignet et un demi de Pils, sur un fond sonore de Strauss (Johann senior ou junior, ou bien Josef – au choix)



Instagram : @la_cath_a_strophes

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Berlin Alexanderplatz

Berlin Alexanderplatz, c'est l'itinéraire d'un homme, Franz Biberkopf, qui sort de prison et tente de reprendre une place honorable dans le Berlin de la fin des années 1920, capitale d'une République de Weimar affaiblie par la crise économique et le diktat. C'est le roman d'un Berlin populaire où les ménages tentent de survivre tout en commérant aisément et en discutant fiévreusement.

Biberkopf tâche d'être honnête mais il retombe vite dans le monde du crime, notamment en faisant la connaissance de Reinhold, personnage inquiétant s'il en est, véritable chef de bande qui emploie Biberkopf dans une opération de cambriolage. L'opération tourne mal, notamment pour Franz Biberkopf, qui se jure de revenir à une vie honnête : mais cette vie berlinoise est un cercle vicieux dont Franz aura bien du mal à se sortir.

Utilisant une langue argotique, Alfred Döblin nous entraine dans cette grande ville grouillante, populaire à travers un récit qui tient beaucoup de la tragédie, car les forces qui régissent la vie de Franz Biberkopf sont anormalement humaines ; de là, la difficulté de la rédemption pour un personnage qu'il est très difficile à prendre en affection, tant il semble aisément se complaire dans cette fange dégoûtante. Un récit remarquable qui en rappelle d'autres, comme Voyage au bout de la nuit ou Aucune bête aussi féroce.
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Berlin Alexanderplatz

L'histoire d'un homme qui sort de prison à Berlin, où il a été enfermé pour avoir tué sa compagne. Celui-ci évolue dans un milieu modeste et, d'apparence simple (comme chacun), il est complexe : à la fois bonhomme, déterminé, brutal, sensible, ce que l'auteur rend admirablement. Ainsi, cet homme est décidé à reprendre son destin en main et à demeurer honnête. Naturellement, la vie va lui tendre de nombreux pièges et autres tentations. Le style de l'écriture est original et direct, sans emphase, et l'histoire parsemée de coupures hétéroclites tantôt tirées de la religion, tantôt de journaux, de radios, de conversations ou encore de réclames. J'ai trouvé ce roman un peu long à démarrer, après quoi on se prend au jeu et on veut voir comment le héros va s'en tirer ou comment il va chuter. Pour finir, j'ai parfois été un peu gêné par ces entremêlements dont j'ai parlé avant, n'en saisissant pas toujours la visée. Un bon livre.
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Berlin Alexanderplatz

Évitez cette traduction, elle est bien en dessous de la richesse de la langue de Döblin. Lisez la version d’Olivier Lelay, non expurgée, bien plus brutale, plus proche du texte de Döblin.



La raison est dans cet extrait d’interview d’Olivier Lelay:



Dans la traduction de 1933, il manque des chapitres entiers – les plus difficiles à traduire -, les contresens abondent et surtout deux éléments disparaissent : l’écriture simultanée et polyphonique de Döblin et la langue drue, heurtée des personnages. Zoya Motchane, sans doute par souci de confort pour le lecteur, renonçait à ce brouillage permanent des fréquences qu’opère Döblin. Les changements de niveau de langue ne sont pas rendus, la langue bâtarde de Döblin est unifiée et épurée. Surtout, le langage de ces gens de la rue, Franz, Reinhold, Mieze, ce parler rugueux, rocailleux, se change en une langue de petit-bourgeois qui s’encanaille. On est transporté d’un coup chez Dabit et Carco, dans un fantasme de langue populaire. Les écorchures et la violence du texte de Döblin s’estompent. C’est ce que j’entends par les exigences modernes d’une traduction : ne pas s’aligner sur une quelconque homogénéité collective, ne pas anéantir au nom d’une quelconque lisibilité tout ce qui fait l’originalité d’un texte.



Source dans le lien ci-dessous
Lien : https://aberlin.fr/berlin-al..
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Berlin Alexanderplatz

Qu'est ce que c'est Berlin Alexanderplatz? Première réponse-la plus évidente et la plus directe-: c'est l'histoire de Frantz Biberkopf, un pauvre bougre, qui après avoir purgé quatre années d'emprisonnement pour avoir tué sa femme, décide de changer de vie, et de rester honnête coûte que coûte. Cependant, malgré tous ses efforts et ses bonnes intentions, il n ' y parviendra pas.Ensuite, il y a le livre culte, celui que tout le monde décrit comme monument unique de la littérature mondiale. Pourquoi? principalement par son style. L'écriture de Döblin ( du moins dans ce roman) est plus que de simples mots, ceux sont des images, des sons, des envolées lyriques ( pas beaucoup) au milieu d'un fatras d'argot, le tout englué dans les bruits de la ville, des tramways, des passants, des marchands ambulants, des flics, des voleurs, des prostitués, des enseignes de magasins, des titres et articles de journaux ...On pense tout de suite à Joyce pour le style et à Céline pour l'ambiance, et certains passages sont atroces à lire tant ils sont réalistes, comme le long, très long chapitre décrivant la chaîne des opérations dans les abattoirs de la ville . Sans oublier les monologues intérieurs, dignes de la plus pointue des psychanalyses, et des invectives directes de l'auteur envers son lecteur......Mais il y a autre chose.....autre chose sur quoi on n'arrive pas à mettre le doigt, et qui turlupine tout au long de la lecture. Autre chose qui fait penser qu'au delà de ces évidences, se cache une particularité. Et puis, bam!!! Magie de la lecture, on comprend!!. Qu'es ce que c'est Berlin Alexanderplatz? et bien c'est la grandeur des petites choses, c'est l'exceptionnel dans le banal, dans le quotidien, dans le commun. Et cet exceptionnel, Döblin nous le fait sentir tout d'abord par l'attention minutieuse qu'il donne à absolument toute chose, mais sans peser, naturellement. Ensuite, par une tendresse ressentie en filigrane, ou du moins une sorte d'invitation, peut être pas à l'indulgence (Döblin n'est pas tendre avec ses personnages) mais à la compréhension, à l'acceptation de ces destins qui oscillent entre lutte et résignation. Et au cas où cet exceptionnel n'est pas encore assez évident, et bien Döblin invite carrément le sacré et le religieux pour orner son texte, à l'aide de personnages à l'allure et au discours bibliques. Ainsi, l'existence de monsieur tout le monde, les petits événements de sa petite vie, deviennent un élément d'un tout qui a un sens....sacré justement....peut être une manière d'excuser certaines existences misérables. Dans l'édition que j'ai lue, il y a un chapitre intitulé: Les villes de l'homme et son âme, par R.WFassbinder, réalisateur d'une adaptation du roman....et ce chapitre à lui seul vaut le détour. Car en plus d'aider à mettre des mots sur des impressions, il apporte un autre éclairage- personnel- sur le livre. Ainsi, Fassbinder a vu des choses qui m'avaient échappées ( à tort ou à raison): l'amitié quasi amoureuse entre Biberkopf et Reinhold, l'homme qui va s'acharner à causer sa perte, mais aussi la découverte de la psychanalyse et des théories de Freud.Selon Fassbinder toujours, les tourments de Döblin au sujet de la religion sont peut être évoqués. Mais le plus touchant, c'est l'évocation par Fassbinder de l'importance qu'a eu ce livre sur sa vie personnelle, professionnelle et artistique.Il reste tant de choses à dire sur ce roman. C'est un roman exigeant, à tout moment de la lecture, mais singulièrement passionnant. Un grand roman.
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Berlin Alexanderplatz

Lu pendant un long séjour à Berlin: un livre sombre sur la fatalité. La vie de Berlin avant-guerre y est particulièrement bien décrite.

Pour les amoureux de cette ville incroyable.
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Berlin Alexanderplatz

Ce roman est comparé à Céline, Joyce, Brecht ou Dos Passos en 4 ème de couve'rture, ce qui met la barre un peu haut peut-être.

Je m'attendais à plus de violence (mais c'est peut-être un tort : quand je vois le mot "violence", je m'attends à un cran au-dessus de ce que j'ai déjà lu) mais j'ai été séduite par contre par l'humour et la distance de l'auteur par rapport à son personnage, un criminel qui erre dans les bas-fonds du Berlin des années 20.

Un des meilleurs passages se situe vers le milieu du livre avec la description d'un abattoir.

Il me semble que ce roman a inspiré d'autres auteurs (Alasdair Gray dans "Lanark", c'est évident avec cet homme qui a tué sa compagne et qui a peur d'être condamné à commettre indéfiniment le même crime) et des artistes d'autres disciplines (les deux anges à la fin qui veillent sur Franz ont forcément inspiré Wim Wenders dans "Les ailes du désir").

Le style peut en effet faire penser à Céline, il faut dire que ça a été écrit à peu près à la même époque, mais en moins fort il me semble même s'il y a une forme de gouaille. L'originalité tient beaucoup au mélange entre narration classique, interpellation du lecteur, fragments de publicités, d'affiches, de tracts politiques, de coupures de journaux, d'extraits de la Bible.
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Berlin Alexanderplatz

Prenzlauerstrasse, le tramway 41, les bals de la République de Weimar, Berlin Alexanderplatz...tout un monde de bas fonds berlinois qui remonte à la surface avec son lot de proxénètes, de voleurs, d'alcooliques etc...

C'est l'histoire de Franz Biberkopf ou celle de Berlin ? Ou la vie de la grande ville qui s'insinue en Franz Biberkopf, ex-taulard qui a décidé de tourner honnête mais qui n'y arrivera pas...?

Dans le livre de Döblin, il y a les mêmes ressorts narratifs que dans "Ulysse" de Joyce : cette façon d'être dans la tête de Franz Biberkopf et de celle des principaux protagonistes, notamment ce monstrueux Reinhold...Mais aussi cette façon de style indirect libre qui permet le glissement des sensations des personnages à des descriptions plus factuelles...

Mais il y a aussi une parenté forte avec le "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline, dans la forme d'expression où les phrases et la syntaxe sont parfois très lacunaires...Un monde sombre comme celui de Bardamu...

M'ont impressionné aussi ces passages où le personnage déambule dans Berlin et où Döblin transcrit sa vision de l'environnement et notamment les publicités mises bout à bout, comme un long travelling...

C'est aussi le roman d'une certaine forme d'expressionnisme avec ces ritournelles symboliques qui reviennent tout au long du récit. et surtout le magnifique chapitre de l'arrivée de la mort !

Döblin livre le récit d'un monde riche en sensations et émotions, d'un monde très noir où les moments d'espoir conditionnent aussi la chute des protagonistes.
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Berlin Alexanderplatz

La lecture de ce classique de la littérature allemande du XXème siècle n'est pas toujours aisée. Souvent comparé au "Manhattan Transfer" de Dos Passos, ce roman m'a plutôt fait penser à "Ulysse" de Joyce par sa construction assez heurtée, faite de ruptures de ton et de répétitions, de collages (références bibliques assez développées, publicités). Suivre Frantz Biberkopf dans sa chute, le personnage principal de ce roman déconcertant, n'est donc pas une partie de plaisir mais j'ai quand même trouvé de quoi avancer dans cette lecture et y trouver de l'intérêt.
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Le tigre bleu

Toute la vie animale à son plus haut degré.



De Alfred Döblin, on approche rarement autre chose que son Berlin Alexanderplatz, chef-d'oeuvre de l'Allemagne d'entre-deux guerres avec ses truands, ses boulots à la con (homme-sandwich, vendeur du Berliner Beobachter - quotidien du NSDAP), ses putes, maquereaux... un théâtre de toutes les violences possibles dans une société en décrépitude esthétique, morale et confessionnelle (dans l'ordre ou dans le désordre).

Petit problème non négligeable : Alfred Döblin est Juif. En Allemagne, dans les années 1930s, on se tire ou on se cache. Il fait son choix.



En exil en France, il décide d'écrire un roman au sujet étrange pour un germanique : la conversion des indiens d'Amérique au christianisme au temps des conquistadors.



Seulement...

Döblin garde son génie de la construction romanesque (quitte à abandonner l'éclatement narratif et l'expressionnisme de ses oeuvres précédentes), mais il double son projet d'une dimension totalisante, en pratiquant une forme de vision oblique (technique narrative théorisée et utilisée par un autre exilé, Joseph Conrad), pour ne rien laisser échapper au lecteur. Tout doit être dit : la foi, le Siècle, la guerre, la violence, le pouvoir, la trahison, le sang, la science... Tout doit être dit et, de plusieurs points de vue (d'une fluidité plus qu'exemplaire). Beaucoup, beaucoup de matière donc.



L'épopée commence par l'arrivée de deux jésuites à Sao Paulo, ville qu'ils quittent assez vite, car ils s'attirent la méfiance des habitants (à savoir des blancs et des bruns - le terme utilisé - où ces derniers sont réduits en esclavage, ce qui choque quelque peu les Frères).

Un village est construit, un peu plus bas, sur le sud du Paraná, et tout s'emballe. La question du traitement des indiens d'Amérique (Valladolid est à peine effleuré de la plume), le rapport que les jésuites entretiennent avec les locaux, les soldats blancs, les autres religieux ; et surtout, leur rapport au Siècle, de manière générale.



Döblin peut proposer un chapitre (court ; la plupart le sont) sur l'agriculture des cités fondées par les jésuites Emmanuel et Mariana et ceux qui poursuivront leur entreprise de conversion et de construction de communautés indiennes organisées en villages ; indiens qui vénèreront à leur manière le Dieu chrétien (en gardant certaines spécificités païennes).

Et au chapitre suivant, il propose de faire voyager un jésuite à Rome ou à Madrid et parler des maux de l'Europe en Guerre totale (celle de Trente ans), du rapport entre le Dieu qui amena Copernic, Galilée et Bruno sur Terre et qui désormais dresse les Hommes contre les Hommes, les tigres contre les Hommes, les blancs contre les blancs en Terre indienne, les bruns contre les bruns...



Un gigantesque panorama se déroulant sur deux siècles, dans un style très serré et dense, où il n y a que peu de place pour la contemplation (mais à chaque moment qu'elle arrive, c'est un petit miracle). Il est intéressant de noter que Döblin se convertira au catholicisme en 1941.



Alors c'est exigeant, c'est violent, parfois apaisant et, plus important (par-dessus tout dirons-nous), tous les thèmes sont traités avec une minutie extatique (quand le récit semble chercher ses marques, c'est une désinvolture trompeuse) et une foi inébranlable aux possibilités d'un univers où la Terre, comme l'ont prouvé Copernic (survivant), Bruno (exécuté) et Galilée (abjurant), est dans une mouvance permanente et où, à dire vrai, à causer réel, peu importe que les jésuites disparaissent, que le monde semble s'autodétruire, qu'un individu devienne tyran, qu'un autre se perde dans ses sens, ou qu'un tigre bleu rageur et écumant fende sur les hommes.



tant qu'il en restera

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Berlin Alexanderplatz

Un classique inclassable... Cette nouvelle traduction est très différente.
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Berlin Alexanderplatz

Une horreur ! Un style illisible frisant le vulgaire. J'ai arrêté à la soixante dizième page environ en me demandant pourquoi ce livre à eu un tel accueil chaleureux et est considéré comme un classique de la littérature allemande. Je concède l'histoire intéressante, mais c'est loin d'être suffisant.
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Berlin Alexanderplatz

Les livres audio ne font pas partie de ma pratique de lectrice. Pourtant, en achevant le roman d'Alfred Döblin (quelques 600 pages, paru en 1929 et qui a bénéficié d'une magnifique seconde traduction en français par Olivier Le Lay en 2009), j'ai pensé immédiatement que j'aimerais écouter ce livre lu par des comédiens. Lire "Berlin Alexanderplatz", c'est en effet participer à un chaos sonore, un choeur de voix de registres très différents : l'argot berlinois, mêlé de yiddish, des conversations de bistrot ou de rue avec en fond sonore le bruit répétitif de la rame du tramway, des refrains ("clap clap clap font les mimines, tap tap tap font les bottines, des slogans publicaitaires, des nouvelles extraites des journaux, juxtaposées avec un récit mythologique (Oreste et Agamemnon) ou un autre biblique (les malheurs de Job, le sacrifice d'Isaac), Döblin allant jusqu'à reproduire des bulletins métérologiques, des extraits de jugements administratifs, ou même faire appel aux lois et formules de Newton pour décrire la dispute violente de Franz et Ida avec un fouet à pâtisserie et ses conséquences meurtrières !

"Berlin Alexanderplatz", j'en avais entendu parler il y a longtemps, lorsque je découvrais les films de Fassbinder. Le cinéaste allemand a en effet tourné une adaptation du roman de Döblin pour la télévision allemande, diffusée en 1980 sous la forme de quatorze épisodes d'une durée totale de 15h30. Sans avoir vu cette série (disponible maintenant sur youtube), le titre m'évoquais donc une oeuvre monumentale ( de fait, le roman de Döblin est considéré comme une oeuvre majeure de la littérature allemande) à laquelle j'hésitais à me confronter. L'histoire est en elle-même banale. C'est celle de Franz Biberkopf, un ancien débardeur, qui sort tout juste de la prison de Tegel à Berlin, après y avoir purgé une peine de quatre ans pour avoir tué sa maîtresse Ida et qui se fait la promesse d'être honnête. Mais Biberkopf va vite retomber dans les combines, rencontrer un double maléfique en la personne de Reinhold, perdre un bras, se comporter en proxénète avec Mieze qu'il aime pourtant, atterrir à l'asile. Franz est-il un naïf ? A-t-il une "araignée au plafond" ? Ses monologues s'apparentent souvent à une sorte de bégaiement mental (même si c'est à Reinhold qu'il arrive de bégayer). C'est souvent la phrase même de Döblin qui se répète, saccadée comme le rythme du tramway. Franz Biberkopf semble emporté par le flux de la grande ville, sa volonté dissoute dans le kaléidoscope urbain. "Il en va de l'homme comme du bétail. Comme celui-ci meurt, il meurt aussi" (titre du châpitre sur les abattoirs de Berlin).

"Marche, marche, nous partons à la guerre, cent musiciens partent avec nous, fifres et tambours, roum badaboum boum, pour les uns ce sera droit, pour les autres de guingois, les uns restent debout, les autres se rompent le cou, les uns courent encore, les autres tombent raides morts, roum badaboum boum".

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Berlin Alexanderplatz

Combien de fois dans une vie de libraire devrais-je recommander ce chef-d'oeuvre du patrimoine littéraire mondial ? Un livre incroyable de par ses qualité d'écriture, son harmonie disharmonieuse, son spectacle et ses tableaux. Epoustouflant, et si systématiquement oublié de beaucoup (professionnels compris), alors qu'il s'agit là d'un des plus grands livres du Vingtième siècle.
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L'empoisonnement

Ce très court roman a été écrit par Alfred Doblin en 1924, cinq ans avant son Berlin Alexanderplatz. Au travers l'intimité de deux couples qui se déchirent, il dépeint l'ambiguïté des sentiments, la naissance d'une passion amoureuse, ce dont celle-ci se nourrit jusqu'à devenir un monstre qui s'alimente de violence, de manipulation et de rêves. Un homicide est finalement commis. Tout cela est magistralement rendu par l'auteur, avec une poignante vérité, vérité finalement toute relative. Car Doblin, dont on n'oublie pas qu'il fut médecin neurologue, conclut avec modestie et lucidité : "Voilà comment les choses se sont passées; les acteurs eux-mêmes le croient. En fait, elles se sont aussi passées autrement."
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Berlin Alexanderplatz

Un roman sombre qui relate la vie des bas-fonds à Berlin dans la fin des années 1920, en suivant le destin de Franz Biberkopf qui fût ouvrier, souteneur, meurtrier de sa compagne et après son passage à « Tegel » (en prison) tenta de se racheter une vie honnête en tant que vendeur de journaux. Mais avec la rencontre de Reinhold (on peut y trouver l’incarnation de Satan !) Franz retombe dans le milieu de la pègre berlinoise.



La trame de « Berlin Alexanderplatz » se déploie donc dans Berlin et l’Alexanderplatz revient souvent dans le récit, c’est en quelque sorte le point de repère principal de Franz Biberkopf dans ses pérégrinations. Située au cœur de Berlin, cet axe central, jonction entre trains, tramways et métro, est le symbole de l'activité frénétique de la ville, qui a certainement inspiré à Alfred Döblin son roman.



L’œuvre de Döblin est aussi un témoin de l’histoire ; intégrant dans son récit la montée du nazisme ou encore le communisme et la lutte des classes.



Autre point particulier du roman, c’est son style. On sent (grâce à une traduction de Le Lay très fidèle au texte original, de ce que j’ai pu en lire par ailleurs) que Döblin a cherché à se rapprocher au plus près du dialecte berlinois, parlé par le milieu populaire dans lequel baigne le personnage principal. L’auteur mêle dans le récit des extraits d’œuvres de la littérature allemande, des publicités, des chansons de cabarets, des extraits de la Bible. On est aussi parfois perdu quand le récit quitte l’histoire principal pour relater des événements de la vie berlinoise, comme la description des abattoirs à plusieurs reprises ou l’actualité (comme si on lisait un journal de l’époque). Et malgré ce chaos ambiant cela donne un tout cohérent qui fait de ce livre une œuvre à part.
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Berlin Alexanderplatz

Après avoir purgé sa peine pour avoir tué sa femme, Franz Biberkopf sort de prison.

Malgré ses bonnes intentions de mener une vie tranquille, il cède au chant des sirènes et sombre dans l’obscure et sordide vie nocturne berlinoise.



Avis :

Immersion totale dans la noirceur du Berlin des années 1920, à déguster au son des albums de la période berlinoise de Bowie, Low, Heroes et Lodger.
Lien : https://delicesdelivres.go.y..
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L'empoisonnement

☠ « Désespérée elle finit par se ranger du côté séduisant, mais qui déjà lui répugnait. Elle traversait une crise terrible. Assaillie par son destin comme son mari. Et comme lui en danger de mort. Après une scène démente avec Link, elle songea à s’enfuir, ou à s’empoisonner après lui avoir donné du phénol. »

(P.49)



☠ En 1920, la jeune Elli épouse Link ; si leur amour fit illusion au début de leur mariage, très vite naquit entre les époux une haine non dissimulée, attisée par l’alcoolisme du mari et l’indifférence totale de la jeune femme. Refusant d’être une vulgaire femme au foyer alors qu’il se tuait à la tâche et emportée par le dégoût qu’il lui inspirait, Elli fuit la prison dorée qu’est devenue son union en se réfugiant dans les bras d’une nouvelle amie, la Bende, en proie aux mêmes tourments, la brutalité en moins. Interdit face à la détermination de sa femme, révolté face à son dégoût, Linke tantôt la bat, tantôt se laisse abattre. Fou de rage, il devient esclave de ses colères, de son ego moqué et ridiculisé : lasse des coups, Elli n’a plus qu’une seule alternative. Il faut tuer ce mari violent, avec l’aide précieuse de sa désormais fidèle amie…



☠ Inspiré de faits réels ayant eu lieu dans les années 1920, Alfred Döblin, romancier et médecin, analyse ce crime via le prisme de la psychanalyse. L’ambiguïté du déroulement des faits laisse place à plusieurs scenari possibles : Elli avait-elle des pulsions homosexuelles qu’elle n’a jamais réussi à maîtriser au point de vouloir se débarrasser de son mari ? Ou au contraire la rage et la haine de son mari l’ont-elles poussée à se réfugier dans les bras d’une femme, seule figure capable d’amour ? Et quid de l’enfant en elle et de la figure paternelle qu’elle n’a jamais trouvée en son époux ?



☠ Les possibilités sont multiples mais le verdict du médecin est sans appel : il faut « effacer l’impression que l’on [peut] tout ou presque tout comprendre dans une tranche de vie si dense. Nous comprenons, mais à un certain niveau. » (P.100)



☠ A méditer !



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Berlin Alexanderplatz

Berlin Alexanderplatz est avec Die Blechtrommel de Grass de ces aventures humaines qui dessinent l'Histoire. Franz Biberkopf et Oskar Matzerath sont au centre de notre attention, de notre compassion.

C'est avec ces deux textes originaux que je suis rentré dans la langue allemande. Dans la culture ?
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