Aloysius Wilde

« Ne doutez jamais qu’un petit groupe de citoyens engagés et réfléchis puisse changer le monde. En réalité, c’est toujours ce qui s’est passé ». (Margaret Mead, anthropologue américaine).

Christine Diamant se tait. Elle a été spécialement formée pour gérer les situations de crise. Souvent mobilisée sur les scènes d'accidents graves, d'agressions violentes ou d'attentats, elle sait que l'annonce de terribles nouvelles provoque un choc inouï sur les victimes et sur les proches. Les sujets subissent une tension extrême et réagissent chacun à leur manière. Il faut donner du temps au sujet afin qu'il intègre l'information et qu'il expulse sa réaction.

Je rêve d’une Amérique glorieuse, et c’est ensemble que nous allons construire un devenir meilleur pour chaque Américain. Car oui, team, tu mérites que l’on te considère. Tu mérites que l’Amérique s’occupe avant tout de toi plutôt que de dilapider ses dollars et d’envoyer ses boys à la mort pour des causes qui ne nous concernent pas. Oui, team, l’Amérique s’est perdue. Elle a voulu croire qu’elle pouvait être l’ange conservateur du monde. Mais moi, je sais que la personne la plus importante se trouve ici dans cette salle. C’est toi, la caissière du Costco qui te lèves à six heures du matin et qui gagnes dix dollars quatre-vingt-quinze de l’heure. C’est toi, ce chauffeur qui conduis ton truck dix heures d’affilée pour que la livraison soit faite dans les temps. C’est toi, l’institutrice qui enseignes dans des classes surpeuplées cernées par des dealers qui lorgnent sur tes élèves comme sur des proies à dépouiller. Tu sais, team, je connais ta tristesse. Je perçois ton désarroi. Ce sentiment fugace d’être l’oublié de ce rêve américain qui, pour toi, est devenu un cauchemar.

Le visage d’Alicia s’était habillé d’un mauvais rictus qui criait VENGEANCE en lettres majuscules. Dans un réflexe, elle avait attrapé la main de Sancho, son équipier, et elle l’avait serrée si fort qu’il avait cru qu’elle allait lui briser les doigts. Ensuite, elle avait trépigné sur place comme un boxeur à l’échauffement, toujours sans quitter les yeux fermés son ami. Elle fulminait. Théo, mon ami, mon frère, le père de mon fils. Elle s’était ensuite approchée du visage du défunt et avait embrassé ses lèvres. En se retournant, la fureur aux lèvres, elle avait seulement dit : « Allez, Sancho, allons retrouver les pourris qui ont fait ça ! »

L’ordure attrape la pochette en plastique dans laquelle sont classés les CV des candidates. La réserve de volontaires est quasiment inépuisable. Chaque jour, les curriculums s’entassent. Un beau vivier où il suffit de puiser. Un prétri a été effectué par sa secrétaire qui connaît parfaitement ses goûts. Les

« Le monde contient bien assez pour les besoins de chacun, mais pas assez pour la cupidité de tous. » (Gandhi)

L'homme passe à l'arrière. Divan monte son col devant son nez pendant que son comparse ouvre la porte latérale côté trottoir. Il passe sa cagoule, enfile ses gants et arme son pistolet à impulsion électrique. Le jeune homme sort aussi ponctuel qu'un train japonais et s'engage sur le trottoir.

- Tenez, inspectrice, ma mère vous a préparé un cake pour vous remercier, dit le grand black en lui tendant le gâteau joliment empaqueté dans un torchon en vichy rose et blanc.
L'inspectrice saisit la pâtisserie en se disant qu'elle pourra toujours la refiler au capitaine Dobey.

Lorsque plusieurs personnes assistent à une scène de harcèlement, il s’opère un phénomène de répartition de la responsabilité. Est-ce que j’analyse bien ce qui est en train de se passer ? Pourquoi faudrait-il que j’agisse, alors que les autres ne le font pas ? Quelle est ma légitimité pour agir ? Ces atermoiements retardent, voire empêchent toute intervention des témoins. C’est ainsi qu’en 1964, Kitty Genovese, une New-Yorkaise de 28 ans, a été agressée, violée et poignardée en pleine rue dans un quartier tranquille du Queens, vers trois heures du matin, alors qu’elle rentrait du travail. À cause du redoutable effet spectateur, trente-huit témoins auraient assisté, depuis leur domicile, à la lente agonie de la jeune femme sans appeler les secours. »

Adielle est tout simplement téléfantastique. Elle porte la robe Mondrian de Yves Saint Laurent, sa coiffure réalisée par David Mallett a pris plus d’une heure. Le maquillage est discret, presque susurré. La femme qui se trouve face au docteur Langlois est stupéfiante de féminité, d’originalité et de séduction. Le chirurgien avale sa salive et essaie tant bien que mal d’afficher une certaine respectabilité. S’il ne se retenait pas, il sauterait sur Adielle Acker et, en même temps, il briserait sa carrière et son mariage. Mais pour le moment il contrôle ses pulsions animales. Il veut se donner l’image du professionnel de santé, efficace, impliqué et un tantinet social.

Il attrape le visage de la jeune femme à deux mains et l’embrasse avec passion. Briana ressent des bouleversements hormonaux d’une intensité extrême. Testostérone, œstrogène, progestérone, prolactine, ocytocine, dopamine, sérotonine, et acétylcholine explosent de toute part dans son corps en fusion. Le baiser langoureux du destin provoque une congestion vasomotrice généralisée du pelvis accompagnée d’une lubrification, d’un élargissement vaginal et d’une intumescence des organes génitaux externes. La môme a été ferrée en 12 minutes et 45 secondes, l’efficacité de la méthode Love dream est à nouveau démontrée.