Citations de Amandine Ré (43)
— Tu n’as rien compris en fait.
— Je t’écoute dans ce cas. Dis-moi pourquoi tu ne l’as pas butée ? T’as déjà tué des femmes, sans te soucier de la personne qui se cachait derrière le nom. Pourquoi pas Amy ?
— Amyliana, grogné-je, pas Amy. Et pourquoi elle est toujours en vie ? Parce qu’elle et moi, on se ressemble quelque part, j’ai envie qu’elle connaisse autre chose que la merde dans laquelle elle est embourbée.
— Des couilles, ça. Tu te mens à toi-même.
— Non. Elle a la rage de s’en sortir, comme je l’ai eue à une certaine époque. Elle ne se voile pas la face quant à son avenir. Elle sait d’où elle vient, les épreuves l’ont endurcie, et... Je ne l’impressionne pas. Ça, c’est quelque chose que j’admire chez les gens.
— Mais encore ?
Elle et moi.
Une pute et moi.
Improbable et dysfonctionnel.
Imprévisible et utopique.
Un cauchemar, mais une réalité.
Ma réalité.
Son aura m’aspire, sa bouche gourmande et sucrée est ma plus grande tentation.
Je voudrais lui demander si un jour, il lui est arrivé de m’aimer, de ressentir son cœur battre quand elle me regardait. Je voudrais tant essayer de comprendre ce qu’elle avait dans la tête pour me désaimer avec une telle hargne, lui dire à quel point je suis désolée d’avoir fait de sa vie un enfer quand elle a fait de la mienne un cauchemar éveillé. Je voudrais entendre la voix de mon père, celle qui adorait me sermonner quand je ne faisais rien de bon. Je voudrais encore une fois l’entendre soupirer face aux conflits entre sa femme et moi.
Je suis ce pion parmi tant d’autre qui n’a pas demandé à naître, mais qui sera forcé de vivre pour mourir.
Je suis celui qui te pistera comme ton ombre, je suis celui qui t’abattra d’une balle dans la tempe, sans l’once d’un remord, sans penser à la peur que je t’aurais foutue avant de te flinguer.
Je suis le mec qui va te faire devenir dingue en moins de deux.
Je suis son pire cauchemar et son plus beau rêve. Je suis son traqueur, son tueur même si elle me donne le sourire au cœur et les larmes à l’œil.
Je suis celui qu’elle surnomme « A, mon Mystérieux ».
Lorsqu’on a quinze ans, l’espoir est présent en nous comme l’affliction l’est chez les plus âgés.
Des cicatrices, j’en avais. Mon corps en portait, mon âme en saignait.
Mais quand on a quinze ans, on est consciente qu’un jour, on s’en sortira.
Aujourd’hui, maintenant que j’ai grandi, mon discours est autre.
On n’a pas la vie qu’on se fait, non. On fait notre vie avec ce qu’on a fait de nous. Avec ce qu’ils ont fait de nous.
On a la vie qu’on se fait…
Gamin, si tu savais la vie de terreur qui t’attend… Elle est dure, obscure, et te poussera à te surpasser quoiqu’il arrive. Elle assombrira encore les ténèbres qui rongent ton être, et la vue du sang te sera devenue un quotidien dont tu ne pourras plus t’éloigner.
Tu vivras pour ça, pour faire saigner les petites gens et les effrayer, tu respireras pour te poudrer les narines et ne jamais rien lâcher.
Des vies, tu en arracheras ; des balafres tu causeras vengeant les vilaines cicatrices sur ton crâne fracturé. Tu deviendras un homme sans pitié, puissant, attisant la jalousie du Sheitan.
Mais tu sais mon grand, la difficulté de cette vie qui t’attend, est de ne pas te perdre. Reste-toi, avec ces rêves de gosses qui t’font sourire la nuit, avec ton rire qui fait frémir ta mère et surtout, n’omets pas que chaque être humain sur cette terre a le droit de connaître ce qu’est l’amour fou, l’amour d’une vie, l’amour d’autrui.
L’ancien toi n’est plus. Idriss est mort aujourd’hui pour faire place à ce mec que j’aime voir devenir aussi malveillant que A. Bienvenue parmi les Cobra, Crew.
Quand elle détache sa bouche de la mienne, qu'elle s'excuse en me disant qu'elle en avait juste besoin, j'ai envie de recommencer encore et encore.
Besoin.
Elle a usé du mot besoin alors qu'elle aurait pu dire envie. Mais une envie est quelque chose dont on peut se passer, un besoin non.
Si je gagne, si je réussi à tuer de mes coups ce fils de pute, ma vie ne sera plus aussi merdique qu'elle ne l'est. J'aurais eu vengeance, j'aurais obtenu ce que j'ai toujours désiré.
Tu ne peux pas obliger les gens à t'aimer, qu'ils soient de ta famille ou pas n'y change rien.
Avec lui à mes côtés, j’ai l’impression que rien ne pourra m’arriver. Comme si de ses bras, il avait la force de stopper toutes les tempêtes que la vie va vouloir me souffler. Comme si de sa puissance, il allait arrêter le monde de tourner pour me protéger de toute la noirceur de Logen.
Il sait que j'étais un membre des Cobra. Mais il ne sait pas à quel point ma férocité est l'une des plus actives de notre clique.
Je sais qu’à chaque fois que j’espère, il me repousse, anéantissant chacun de mes espoirs, étouffant chacune de mes inspirations. Mais si le voir me fait souffrir, je ne dois pas oublier que ça me maintient en vie, aussi.
Je suis de retour pour fouetter ton maudit taudis, nettoyer tes rues et rendre au royaume que t’es ce qui lui avait manqué depuis tout ce temps : son roi.
Me voilà, Logen.
Prépare-toi ma belle.
Essaie de me capter, de suivre le rythme, d’esquiver mes balles, d’éviter ma colère.
Parce que je suis présent sur ton champ de mines, et que t’arrivera pas à m’arrêter cette fois-ci.
On dit toujours que par amour nous pourrions déplacer des montagnes ou décrocher la lune, mais pour A, je serai apte à plus que ça, à mieux que ça, à pire que ça aussi.
Jamais je ne m’étais dit que la mort qu’on attend serait plus dévastatrice que celle qui nous tombe sur la gueule sans la voir venir. Mais ça, c’était avant lui, avant qu’il n’entre dans ma vie.
Avant d’être ici, je n’aimais pas vraiment lire et ne comprenais pas non plus que l’on puisse perdre autant de temps à imaginer un univers qui n’existait pas.
En croupissant ici, j’ai compris.
J’ai compris que lire créait l’imaginaire, que l’imaginaire nous tenait éveillé, qu’être éveillé en s’attachant à des héros inventés nous permettait de nous évader.
Grâce aux bouquins que j’empruntais à la bibliothèque de la prison, j’ai capté que je pouvais me retrouver ailleurs, dans un monde que j’aurais aimé connaître, alors que finalement, je me retrouvais encore et encore dans cette cellule aux barreaux trop rarement ouverts.
J’appelle ça l’évasion émotionnelle…
À Logen, et comme partout dans les villes les plus pourries de ce monde, tu as deux catégories de personnes. Deux quartiers, deux types de population. Les riches et les pauvres. Le nord, les quartiers riches, le sud, les malfamés. Tu as deux options qui s’offrent à toi : soit tu nais du bon côté, soit tu survis dans l’enfer.