Vie de Guastavino et Guastavino, d'
Andrés Barba
Traduit de l'espagnol par
François GaudryDevant la douleur des autres de
Susan Sontag
Traduit de l'anglais (États-Unis) par
Fabienne Durand-Bogaert
le Style
Camp de
Susan Sontag
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Durand
le Passé, d'
Alan Pauls
Traduit de l'espagnol (Argentine) par
André Gabastou.
Mumbo Jumbo, d'
Ishmael Reed
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard
H. Durand
Nouvelle préface inédite de l'auteur
Dalva de
Jim Harrison
Traduit de l'anglais (États-Unis) par
Brice Matthieussent + Lire la suite
Peut-être que les morts nous trahissent en nous abandonnant, mais nous les trahissons aussi pour continuer à vivre.
Bien des années auparavant, j'avais trouvé dans la lecture d'un livre peu mémorable une image qui changea complètement mon idée de la réalité. L'auteur décrivait un personnage qui regarde la mer et comprend subitement que le mot "mer" n'a jamais correspondu dans son imagination avec la véritable mer, que chaque fois qu'il a dit "mer" il pensait en réalité à une caricaturale étendue turquoise ourlée d'écume, jamais à ce qu'est véritablement la mer : une masse abyssale pleine de poissons, de courants mystérieux et - surtout- d'obscurité. La mer est la véritable règne des ténèbres. Le jour où les enfants ont disparu, nous autres à San Cristobal avons senti quelque chose de semblable en regardant la forêt. Subitement nous eûmes l'impression d'avoir confondu l'apparence avec la substance. Dans leur fuite vers le secret de ces profondeurs, les enfants nous avaient emmené comme dans un bathyscaphe. Nous avions cessé de les voir, mais nous étions plus près que jamais dans les profondeurs de leur regard, au centre de leur peur.
Bien des années auparavant, j’avais trouvé dans la lecture d’un livre peu mémorable une image qui changea complètement mon idée de la réalité. L’auteur décrivait un personnage qui regarde la mer et comprend subitement que le mot « mer » n’a jamais correspondu dans son imagination avec la véritable mer, que chaque fois qu’il a dit « mer » il pensait en réalité à une caricaturale étendue turquoise ourlée d’écume, jamais à ce qu’est véritablement la mer : une masse abyssale pleine de poissons, de courants mystérieux et – surtout – d’obscurité. La mer est le véritable règne des ténèbres
Pour Maia, la musique classique était cantonnée dans le cerveau, tandis que l’autre musique – la cumbia, la salsa, le merengue – passait dans son corps et son ventre.
Bien des années auparavant, j'avais trouvé dans la lecture d'un livre peu mémorable une image qui changea complètement mon idée de la réalité. L'auteur décrivait un personnage qui regarde la mer et comprend subitement que le mot "mer" n'a jamais correspondu dans son imagination avec la véritable me, que chaque fois qu'il a dit "mer" il pensait en réalité à une caricaturale étendue turquoise ourlée d'écume, jamais à ce qu'est véritablement la mer : une masse abyssale pleine de poissons, de courants mystérieux et - surtout - d'obscurité. La mer est le véritable règne des ténèbres. Le jour où les enfants ont disparu, nous autres à San Cristobál avons senti quelque chose de semblable en regardant la forêt. Subitement nous eûmes l'impression d'avoir confondu l'apparence avec la substance. Dans leur fuite vers le secret de ces profondeurs, les enfants nous avaient emmenés comme dans un bathyscaphe. Nous avions cessé de les voir, mais nous étions plus près que jamais dans les profondeurs de leur regard, au centre de leur peur.
Ce qui est véritablement obscur est peut-être que cette gamine représentait un sentiment collectif qui pointait dans la ville ; la sensation que nous avions beau voir ces enfants dans nos rues, nous avions beau spéculer sur ce qu'ils disaient et où ils se cachaient la nuit, malgré la peur qu'ils nous inspiraient nous n'osions pas reconnaître qu'ils avaient déjà commencé à tout bouleverser.
Jamais comme à Noël ou au Nouvel An on ne perçoit avec autant d’acuité que le monde des tristes n’est pas le même que celui des heureux.
Pour eux [les enfants], le monde est un musée où les gardiens adultes ont beau être souvent amoureux, ils n’en imposent pas moins leurs règles : tout est massif, tout existe depuis toujours, et avant eux. En échange de l’amour ils sont obligés de soutenir le mythe de leur innocence. Ils ne doivent pas seulement être innocents, ils doivent le montrer
Parfois j'aime à croire que nous avons vu ces gestes sans les comprendre et que lorsque les enfants étaient en ville ils offraient à nos yeux ces bourgeons d'humanité. Quelque chose était né à notre insu et aussi contre nous. L'enfance est plus puissante que la fiction.
Il se mit alors à exposer une théorie aussi biscornue que son noeud papillon, selon laquelle nous avons tous un témoin. Quelqu' un que nous désirons obscurément convaincre, auquel s'adressent tous nos actes et avec qui nous ne pouvons cesser de dialoguer secrètement.