Un roman bouleversant sur la montée du fascisme dans l’Allemagne de l’après 1GM jusqu’aux prémices de la 2GM vue par les yeux de jeunes allemands idéalistes et cultivés qui rêvaient pour leur pays et pour le monde de paix , de liberté, de plus d’égalité non seulement économique et sociale mais aussi entre les hommes et les femmes. Ce sont de jeunes bourgeois qui auraient pu jouir de leurs avantages sans plus. Or ils sacrifient leur vie, leurs amours, leur « sécurité » immédiate pour résister, se battre dans un combat inégal contre le fascisme. C'est au prix fort qu'ils paient leurs convictions et leurs engagements. Ils connaissent persécutions, trahisons, perte des êtres chers et de leurs espoirs et illusions.
Le roman est raconté à partir des récits entrecroisés de 2 des personnages principaux, celui de Ruth qui ravive sa mémoire au début des années 2000, l’autre d’Ernst Toller:
Ruth est une professeur de littérature à la retraite en Australie ; C’est maintenant une vieille dame en fin de vie qui oscille entre réalité présente et retour au passé d’autant plus qu’elle vient de recevoir un manuscrit rédigé en 1939 par son ami Ernst qui fut aussi l’amant de sa cousine Dora « suicidée » par les nazis à Londres ou elle avait trouvé refuge.
Alors une fiction gorgée d’intrigues politiques et amoureuses se développe ; fiction certes, mais l’on sent bien qu’Anna Funder est allée puiser ses sources dans la réalité historique. Quelques personnages portent d’ailleurs les noms des véritables acteurs du drame.
La difficulté de la lecture tient au fait que l’auteure entremêle des situations appartenant à des périodes diverses. Le procédé est déstabilisant au début puis les récits se rejoignent et on ne les lâche plus.
Ce livre nous rappelle aussi que toutes les Allemandes et tous les Allemands n’ont pas marché au pas de l’oie avec Hitler.
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Une 1ère de couverture peu pertinente mais un roman intéressant, riche d'informations sur les mouvements opposés au nazisme avant même l'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne; des trajectoires d'hommes et de femmes qui vivent en exil du fait de leur opposition et dont la situation est fragile. Un découpage entre hier et aujourd'hui au travers des mémoires d'un homme et d'une femme, qui se racontent et qui racontent la vie d'une troisième personne, l'opposante absolue.....Lecture facile malgré les nombreuses informations, bien distillées!
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Anna Funder nous amène au cœur de l’ex-RDA, découvrir les plus intimes rouages de la STASI, ce système pernicieux mais hautement sophistiqué d’espionnage «démocratique».
Les témoignages viennent étayer l’idée que l’on se fait de cette institution, rivalisant avec la CIA (des guignols à côté !) qui persistent quant à eux, un espionnage sans vergogne ! Entre victimes désemparés face aux atrocités commises au nom du communisme et allemands vindicatifs, ce livre trace une route à travers cette Allemagne de l’Est, au sein de laquelle le mot «liberté» n’avait plus beaucoup de sens.. Matériels perfectionnés, attitudes, suspicions, pressions familiales, tout est passé au crible.
Un ouvrage passionnant, qui se dévore en quelques jours, qui nous en apprend beaucoup sur cette STASI omniprésente dans la petite République socialiste, et à mettre en parallèle de l’excellent film «La vie des Autres», de Florian Henckel von Donnersmarck.
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Anna Funder a interviewé des gens ordinaires qui ont résisté à leur niveau au régime totalitaire est-allemand, mais également des gens qui ont travaillé pour la Stasi, la police politique de RDA, "l’État le plus étroitement surveillé de tous les temps" (dixit les médias allemands après la chute du Mur), où l'on estime qu'une personne sur 63 était un agent ou indicateur de la Stasi.
Et si l'on compte les indicateurs occasionnels, la proportion atteint le niveau hallucinant d'une personne sur 6,5, ce qui revient à dire que vous étiez pratiquement sûr qu'une personne de votre entourage rapportait vos faits et gestes à la Stasi, en gros, que tout le monde, TOUT LE MONDE était espionné par la Stasi.
J'ai trouvé cet ouvrage passionnant, éclairant, instructif, j'ai appris plein de choses sur les dirigeants de la Stasi et de la RDA et sur ce qu'il s'est passé à l'Est pendant 40 ans ; et les histoires avec un petit "h" qui ont fait l'Histoire avec un grand "H" sont touchantes, révoltantes, tristes, malheureuses mais jamais inintéressantes.
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Pas tout à fait un roman, plus qu'un essai historique, Stasiland est avant tout le récit du régime froid, omnipotent et sans pitié de la RDA, incarné par la Stasi, au travers de témoignages époustouflants d'allemands qui ont subi, qui ont trahi, informé ou tout simplement travaillé pour le compte de cette police politique... La surveillance de toute una nation élevé au rang d'art suppurant de vices, de délations, le summum de l'organisation administrative froide, implacable où règne la plus attroce des paranoïas, bref c'est ébouriffant, ça glace l'échine... d'autant plus que finalement, cette horreur était encore en action il y a 20 ans...
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A. Funder nous projette dans l'intimité quotidienne de jeunes résistants allemands qui ont fait de leur combat contre le nazisme leur raison d'être.
Nous pénétrons avec pudeur, parfois même avec discrétion, dans la réalité d'une jeunesse volée, qui peine encore à imaginer la noirceur et la folie de l'ombre qui tend à envelopper l'Europe.
Force, acharnement et dignité sont les maîtres-mots de cette jeunesse allemande abandonnée mais néanmoins combative et ce, à n'importe quel prix.
Leurs cris, à l'époque sacrifiés sur l'autel du "politiquement correct", résonnent aujourd'hui encore grâce à Anna Funder.
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Grande décision aujourd'hui : quand je ne comprends rien au livre que je lis à la cinquantième page : et bien inutile de m'obstiner ...........J'arrête donc la lecture de ce livre qui pour moi est absolument incompréhensible.
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Livre lu dans le cadre de Masse Critique.
Je me suis ennuyée sur au moins 200 pages, et puis Londres, la vie de réfugiés, la résistance face au nazisme, l'engagement, le danger, j'ai commencé à trouver un intérêt à cette histoire "vraie".
Je ne participe à l'éloge faite de ce livre.
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« Tout ce que je suis » d’Anna Funder, roman basé lui aussi sur des faits réels et des personnages ayant réellement existé.
Les quelques 500 pages ont été dévorées en deux jours tant cette histoire m’a passionnée.
Après la Première Guerre Mondiale, des mouvements pacifistes ont vu le jour en 1919 en Allemagne, principalement dans le sud. Ces mouvements seront bien vite réprimés mais les intellectuels, les journalistes qui y ont participé deviendront des témoins de la vie politique allemande et de la montée du nazisme.
Anna Funder a choisit de nous faire suivre le parcours de deux couples : d’un côté celui formé par l’écrivain socialiste Ernst Toller et de son amante Dora, femme passionnée et militante courageuse ; de l’autre celui formé par la photographe Ruth Becker (cousine de Dora) et de son mari Hans.
De 1919 à 1933, nous découvrons la montée du nazisme en Allemagne, comment Hitler une fois au pouvoir a verrouillé et manipulé la société allemande.Le point de départ fut la chasse aux communistes après l’incendie du Reichstag : « Ils avaient commencé par la liste qu’ils avaient volée au siège du parti communiste (4000 noms) mais de nouveaux ordres bien plus larges leur étaient parvenus -arrêter ou tuer quiconque avait manifesté son opinion. S’ils vous trouvaient dans n’importe quel lieu public, bar ou café, ils vous plaçaient en garde à vue, mais pour peu que vous soyez chez vous, vous pouviez être abattu sur place, en pleine « tentative de fuite ». Pour certains, ils ne s’embarrassèrent ni d’une exécution. 8 communistes furent trouvé dans une cave de Mitte qui avait été tout simplement clouée de planches. Des gens qui allaient au travail entendaient leurs cris à travers le soupirail qui donnait sur le trottoir, mais personne n’osait leur porter secours. Les appels mirent deux semaines avant de cesser. »
Les choses ne feront qu’empirer et de nombreux journalistes, écrivains et intellectuels seront contraints à l’exil : « Depuis l’incendie du Reichstag et son lot de persécutions, 55.000 allemands, dont quelque 2.000 écrivains et artistes, avaient été contraints à l’exil. Nous étions plusieurs centaines à échouer en Grande Bretagne. On nous avait donné le plaisant surnom d' »émigrantsia » car nous étions des émigrés cultivés opposants au régime. Les juifs arrivèrent plus tard. Mais nous n’avions rien de nantis. Tous, nous étions déracinés, dans l’embarras, coupés de notre langue, souvent sans le sou, privés de lecteurs et interdits de travail. »
Pourtant, tous auront à coeur de dénoncer la situation en Allemagne malgré le danger. Si le gouvernement britannique ne les écoute pas, pensant qu’il faut accorder à Herr Hitler le bénéfice du doute (il finira bien par se comporter comme un gentleman), le gouvernement nazi, lui, ne les lâche pas. Ils sont surveillés et suivis en permanence par des espions, leurs appartement cambriolés et saccagés, ils sont victimes de tentatives d’intimidation, certains, dont Dora, seront assassinés.
Ce qui les motivait : prévenir le monde de ce qui était en train de se passer et ouvrir les yeux à leurs compatriotes : « Nous devions produire des tracts et nous débrouiller pour les envoyer en Allemagne. Le jeune garçon, en particulier, avait de bonnes idées : imprimer en caractères minuscules sur du papier de soie pour boîtes à cigares, ou encore sur le papier paraffiné qui sert d’emballage au beurre anglais ou,plus audacieux, les glisser dans les prospectus nazis. Hitler avait peut-être muselé la presse, mais nous étions convaincus que le peuple, une fois correctement informé reprendrait ses esprits et pencherait du côté de la liberté. Nous nous trompions, c’était sous-estimer le pouvoir de séduction du nazisme, ce dépassement du moi qu’il offrait, cet abandon corps et âme au collectif. »
La suite, on la connaît malheureusement.
Ce roman, passionnant, se lit presque comme un roman d’espionnage.
D’un point de vue personnel, c’est le roman que j’avais envie de lire depuis des années. Je m’explique : ma grand-mère paternelle, allemande, vivait en France depuis les années 1920, mariée à un Français. Quand à 13-14 ans, j’ai découvert l’horreur des camps, j’ai été profondément choquée et me suis interrogée sur le fait que, peut-être, des membres de cette branche de ma famille avaient pu commettre des atrocités. Je m’étais toujours demandée comment des personnes pouvaient être embrigadées de cette façon et comment un pays pouvait être conduit à la barbarie. Ce roman m’a apporté beaucoup de réponses.
D’un point de vue général, ce roman a une résonance particulièrement dans la situation actuelle : « La plupart des gens n’ont aucune imagination. S’ils pouvaient s’imaginer les souffrances des autres, ils seraient incapables de leur en infliger autant……Se représenter la vie d’un autre est un acte de compassion profondément sacré…. Nous avons risqué notre vie pour aider nos semblables, ici et à Londres, à imaginer, à se représenter les choses. Ils n’ont rien imaginé. Mais si grand qu’ait été Toller, il se trompe. Ce n’est pas que les gens n’aient pas d’imagination. C’est qu’ils s’empêchent de l’utiliser. Car une fois que l’on se représente pareille souffrance, comment continuer à ne rien faire ? »
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"Tout ce que je suis" est un roman historique, qui parle de résistance. C'est l'histoire de Dora Fabian, une allemande passionnée et résistante de la première heure exilée en Angleterre. Ce roman se lit bien, même si parfois je me suis un peu embrouillée dans les personnages (lié à la longueur du livre, à ses descriptions importantes ?). Je dirais que c'est un livre un peu inégal, avec de très bons passages, une trame historique très précise et documentée (persécution du milieu culturel et intellectuel par les nazis, méthode de la Gestapo, entre deux guerre, climat en Angleterre dans les années 30...), mais qu'il manque un petit quelque chose de romancé. le personnage de Toller (écrivain avec vague à l'âme) manque un brin de réalisme il me semble. Ruth très beau personnage.
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Un style littéraire plaisant.un énième livre sur cette période cependant avec un regard différent celui de juifs allemands et de militants anti nazi..
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Après moult recherches sur l'Allemagne de l'époque, Anna Funder nous pond un livre entre roman et document, sur cette période de l'histoire allemande. Entre la révolution spartakiste, la République des conseils de Bavière, le Berlin des années 20 et l'exil de l'intelligentsia à Londres, on suit des personnages réels, à travers leurs pérégrinations. Un livre qui a du mal à démarrer, mais que ensuite devient aussi passionnant et prenant qu'un policier. L'alternance des 2 narrateurs nous offre 2 regards sur les événements.
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C'est une partie de l'histoire allemande que j'ignorais. Je pense que l'on devrait en parler davantage. Mais j'ai par moment était déroutée par le passé/présent et le changement continuel de narrateur.
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