Citations de Anna Gavalda (2673)
Je ne sais pas pourquoi il est tellement à cran avec ce fournisseur. J'imagine que le commercial lui promet tout un tas de trucs. Des coques de téléphones en forme de croquettes, du dentifrice pour son caniche ou des week-ends à la mer... (p.10)
"Il faudrait savoir l'écrire un jour : la vénusté des toutes petites filles."
L'amitié.
La seule chose qui contribue au développement de mon cerveau.
Dieu sait si j'aimais mes parents, ces gens posés, tranquilles et discrets, mais comme j'aurais apprécié qu'ils me confient ce secret en plus de leur affection... Que le bonheur était dans les escaliers et qu'il ne fallait pas avoir peur. Peur de faire du bruit, peur d'être heureux, peur de déranger les voisins et de jurer toute la sainte tripaille de son coeur.
J'aimerais que tout soit aussi simple dans ma tête, aussi facile, aussi... matérialisable.
Ne jamais douter. Trouver toujours des suspects, des fautifs, des coupables. Foncer dans le tas, trancher dans le vif, sommer, juger, sabrer, sacrifier et avoir la certitude que mes vapeurs de chochotte existentialiste se dissiperont au début du printemps pour disparaître complètement avec 200 euros de plus sur ma feuille de paye...
Hélas je n'y crois pas un seul instant.
J'apostrophais les étoiles.
Je leurs disais :
- Pourquoi ça tombe toujours sur moi, ces conneries, hein ? Oh hé, le pépé là-haut, c'est à vous que je parle ! Pourquoi vous ne m'envoyez que des cas sociaux, à la fin ? Putain, mais c'est votre boulot ça, merde ! C'est bon, là. Vous m'avez déjà bien servie, que je sache, Mon Dieu...
Mon Dieu, je vous en supplie : abandonnez-moi.
Émoticône. Le nom est aussi vulgaire que la chose. Je hais ces trucs de geignants. Au lieu d'exprimer un sentiment, on l'expédie. On appuie sur une touche et tous les sourires du monde sont pareils. Les joies, les doutes, le chagrin, la colère, tout a la même gueule. Tous les élans du coeur se retrouvent réduits à cinq rond hideux. Putain, quel progrès !
Je m'en moquais, qu'il fût cuisinier, balayeur ou trader. Même si j'ai la faiblesse de croire que pour choisir ce métier de chien qui consiste à nourrir ses semblables jour après jour, il faut être fondamentalement bon. Je ne vois pas comment on pourrait tenir sinon. Il existe peut-être de mauvaises gens avec une veste de cuisinier sur le dos, mais pour se lever si tôt et se coucher si tard, pour avoir si froid chaque matin en réceptionnant sa marchandise puis si chaud devant ses pianos, pour être à ce point sous pression au moment des coups de feu qu'on s'endort ensuite dans le premier bistrot venu à l'heure de la pause, pour se donner le mal de plonger des légumes ébouillantés dans des bains de g de glaçons afin de leur conserver leurs belles couleurs et - ce faisant - se doter pour soi-même d'une mine à jamais terreuse, pour se sentir rétamé pendant ses jours de repos mais avoir encore l'énergie de nouer un tablier et nourrir ses amis, sa famille, les amis de ses amis, tous ces gens trop heureux d'avoir un cuistot sous la main et s'en trouver heureux, je me trompe peut-être, mais je crois qu'il faut être bon. Généreux du moins. Courageux, c'est obligé. Parce que c'est tellement ingrat cette histoire de satiété. Tellement, tellement ingrat...Il faut toujours recommencer.
Les téléphone, les textos, les écrans, les chats et les e-mails, je ne voulais de ces bornes imaginaires sur ma carte du Tendre. J'avais donné, j'avais souffert, j'avais payé mon écot à tous ces plans foireux, absurdes et chimériques que nous imposait l'amour au temps du numérique. Oui, j'étais fatiguée. Pire, même, je me sentais dépouillée, vidée, désincarnée, d'avoir si souvent aimer. Maintenant, je voulais de vraies histoires avec des vraies gens et du vrai gras autour autrement je préférais encore passer mon tour.
Je n'ai compris que bien après, que bien des confidences plus tard, quand il a commencé, lui aussi, à me raconter un peu ce qu'avait été sa guerre en solitaire avant moi, avant nous, que cette nuit-là, s'il était si heureux de me voir aussi malheureuse, c'était parce que pendant que je sanglotais dans ses bras non-stop et limite en crise de tétanie, il était, lui, en train de trouver une première bonne raison de ne plus mourir.
On le savait, que c'était notre dernière chance et qu'on tenait là notre revanche sur toutes ces années de solitude passées au milieu des nazes et des morues du monde entier. Oui. On a rien dit et on a regardé par la fenêtre pour redescendre en pression, mais on le savait. Qu'en vrai, nous aussi, on était beaux...
A les entendre, le malaise des jeunes, c'est toujours dans les banlieues que ça se passe, mais à la campagne, ma bonne dame, c'est pas facile tous les jours, vous savez ! Nous, pour brûler des voitures, y faudrait déjà qu'on en voie passer une ! La campagne, quand t'es pas comme tous les monde, c'est encore pire que l'indifférence.
A la fin de l'année, le dernier jour, je suis allé lui dire au revoir.
Les bonnes excuses de la mauvaise fois , ca m'a toujours fasciné.
Est-ce qu'il existait des grandes marées pour les galaxies comme pour les océans ou est-ce que c'était juste pour moi ? Un big up de la voie lactée ? Une immense rave de fées Clochette venues me saupoudrer un max de poussière d'or sur la tête pour m'aider à recharger les batteries ?
Elle admirait les étirements brumeux, la langueur canaille, l'indolence mi-close et déjà aguichante d'une ville que ses pauvres petits yeux explosés par la fatigue, l'alcool et la myxomatose des mélancoliques anonymes ne voyaient plus depuis longtemps et qui demeurait, on avait beau dire, belle comme le jour.
Ils avaient tout. Le pognon, la beauté, la santé, la jeunesse, un gentil papa, des sentiments l'un pour l'autre, tout… Et ils ont tout foutu en l'air, et tué quelqu'un au passage, par… par caprice… par égoïsme… pour le plaisir d'enfiler les moucherons et de blablater autour d'une fontaine en se donnant des petits coups d'éventail sur le nez.
Oui, peut-être qu'elle sur le point de perdre encore une vie à ce jeu idiot qu'elle s'était inventé pour passer le temps.
A ce moment,je me suis mis à renifler la pièce mais ça ne sentait rien.C'était frappant,presque angoissant,même.
- Nous nous isolons, Grégoire et moi, parce que nous avons besoin de calme pour réfléchir.
- Et pour réfléchir à quoi, on peut savoir?
- Moi, je réfléchir à ma vie passée, et Grégoire à sa vie future.