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Critiques de Annabel Abbs (185)
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Miss Eliza

Miss Eliza raconte la vie d'une jeune bourgeoise qui rêve de poésie et d'indépendance dans l'Angleterre du XIXe où les femmes doivent être de bonnes épouses. Suite à un déclassement familial et à un éditeur qui lui dit qu'une femme ne peut écrire de la poésie en son nom propre mais qu'il serait intéressé par un livre de recettes, Miss Eliza va se découvrir une passion pour la cuisine. Nous découvrons dans ce livre la vie des domestiques en contraste avec celle des bourgeoises et la difficile lutte féministe pour celles qui refusent de s'y conformer. Le récit est basé sur des faits réels qui ont été romancés. Les chapitres sont alternés , tantôt c'est Miss Eliza qui s'exprime, tantôt c'est Anna sa jeune domestique. Lecture très agréable
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Miss Eliza

J'avais beaucoup aimé les deux précédents romans d'Annabel Abbs (Frieda et La Fille de Joyce), je trouve qu'ils réussissaient avec brio à nous faire découvrir des portraits de femmes relativement célèbres à leur époque et complètement tombées dans l'oubli aujourd'hui.



Miss Eliza s'inscrit dans cette même tendance : Eliza Acton a réellement existé et son livre de cuisine est devenu un best-seller et un incontournable dans chaque foyer anglais pendant des décennies. Et Annabel Abbs nous propose une nouvelle fois ici une héroïne en avance sur son temps, qui a souhaité vivre en totale indépendance et en faisant fi des conventions de son époque : on s'attache très rapidement à Eliza, à son souhait d'exister en tant que cuisinière, de remettre au goût du jour la cuisine et le plaisir de manger mais aussi à sa relation avec sa domestique et aide de cuisine, Ann. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Ann, c'est une jeune fille qui n'a pas eu une vie facile, qui vient d'un milieu très pauvre et qui porte tant bien que mal sur ses épaules sa famille entière mais qui a beaucoup d'espoir en elle et une envie de s'élever dans la société en accomplissant son rêve de devenir cuisinière assez admirable.

Mais Miss Eliza m'a surtout passionnée pour l'hommage qui est ici rendu à la cuisine. Outre le fait que chaque chapitre porte le nom d'une recette du livre de cuisine d'Eliza Acton, je trouve que ce roman se savoure avec les papilles presque autant qu'avec les yeux : on a des descriptions d'épices, de sauces, de préparations culinaires, de plats et de desserts qui font rêver, Annabel Abbs réussit très bien à retranscrire ce qu'on ressent en respirant de la cannelle ou du curry, ce plaisir d'expérimenter de nouvelles recettes, de préparer des plats pour autrui, cette satisfaction de réussir un gâteau aérien... Bref, il y a beaucoup de poésie culinaire dans Miss Eliza et une certaine invitation au voyage via tous ces moments enchanteurs où nos deux héroïnes se trouvent réunies dans leur cuisine.

J'ai enfin trouvé très intéressant tout ce qu'on apprend ici sur l'histoire de la cuisine anglaise et notamment sur l'évolution des livres de recettes de cuisine : cela notamment incroyable aujourd'hui d'avoir un livre où la liste des ingrédients ne figure pas, mais on découvre ici qu'on doit cette invention à Eliza Acton. Ou le fait que la cuisine anglaise de l'époque était très fade et basée sur quelques principes pas très heureux (comme inonder toutes les préparations de sauce et n'épicer qu'avec du poivre de Cayenne).



Miss Eliza est un roman que je recommande tout particulièrement aux amateurs et amatrices de cuisine, car on ressort de cette lecture avec une furieuse envie de se jeter sur nos livres de recettes et préparer quelques douceurs ou un ou deux bons petits plats !
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La fille de Joyce

Lucia Joyce est la fille de James Joyce grand écrivain irlandais. En 1929, la famille Joyce vit à Paris. Lucia prend des cours de danse contemporaine. Elle va révolutionner cet art et semble avoir un avenir prometteur. Or en 1934, elle enchaîne maisons de santé, asiles et sanatoriums et disparaît de la scène publique.



J'étais très enthousiaste de découvrir ce livre. La couverture est magnifique et le résumé inspirant. De plus l'histoire se passe à la fin des années folles.



Je n'ai clairement pas été emballée par cette lecture. L'ennui m'a accompagné tout du long. Le livre contient étonnamment de pages pour le peu de propos développées.



Tout d'abord les 200 premières pages sont consacrées aux mondanités et frivolités du monde parisien de l'époque. Aucun personnage ne semble sympathique et ne donne intérêt à le suivre. Même l'héroïne est bien fade et enfantine. S'en suit une longue description de l'histoire d'amour ou plutôt l'obsession de Lucia pour Samuel Beckett. Beaucoup de pages où on fait du surplace. Puis le reste du roman se poursuit avec les mêmes redondances.



Les quelques chapitres se déroulant en 1934 lorsque Lucia suit une psychanalyse à Zurich n'apporte pas grand chose. La relation oedipienne entre Lucia et son célèbre père n'avait pas besoin de ces pages pour être comprises.



La révélation finale est scabreuse et crue. Elle détonne par rapport au reste du roman. Je n'ai pas compris pourquoi l'autrice l'a développé de cette manière sachant que cette explication n'est que pure hypothèse. De nombreux documents médicaux ayant été détruits tout comme les correspondances de Lucia.



Dans cette biographie très romancée, l'autrice a imaginé les pensées de Lucia. Je n'ai malheureusement ressenti aucune empathie ni émotion envers son destin que je trouve plus mélodramatique que tragique.



Je retiens toutefois une très belle scène de danse de Lucia en sirène, seul moment du livre qui selon moi a mis en lumière son talent et sa fragilité mentale.
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Méfiez-vous des femmes qui marchent

Annabel Abbs choisit de se mettre dans les pas de pionnières, marcheuses précoces dont les noms ont été enfouis sous la notoriété des illustres mâles dont on cite les récits. Il a fallu partir à la chasse côté documentation mais elle existe. Tenter de refaire les itinéraires empruntés au 19ème siècle ou début du 20ème par Gwen Jones ou Nan Shepard, s'en tenir aux équipements sommaires de Simone de Beauvoir - espadrilles, robe et sac à dos aux lourdes armatures en fer - ce n'est vraiment pas évident. Mais c'est par ce biais qu'elle parvient à se glisser dans leur peau, aidée par ses lectures pour mieux comprendre ce qui a pu se jouer par l'exercice de la marche dans leur construction personnelle. Là aussi il est beaucoup question de conquête d'une liberté qui ne va pas de soi : s'autoriser à marcher seule alors que c'est mal vu, fuir les regards, les obligations en tous genre. L'idée de ce livre a germé alors qu'Annabel Abbs habituée à marcher s'est retrouvée immobilisée après un accident, réduite à l'immobilité et au confinement. Dans les pas de ces femmes - Frida von Richtofen dont elle a écrit une biographie romancée, Gwen Jones, Nan Shepard, Daphné du Maurier ou encore Georgia O'Keeffe - on chemine au plus près de leurs pensées et de leurs aspirations qui font écho à celles, parfois enfouies, de l'autrice. C'est captivant de les découvrir à travers ce prisme et la dichotomie entre psychologie et considérations plus pratiques vient parfaitement compléter les considérations plus théoriques de Rebecca Solnit (L'Art de marcher), dans un autre style.

Marcher, disent-elles. Et c'est un mot d'ordre équivalent à une invitation à se libérer, à se découvrir au rythme de ses pas et d'un corps à corps avec les paysages traversés. Une aspiration à l'ailleurs pour mieux se rencontrer soi-même.

"Virginia Woolf pensait que les femmes avaient besoin d'une chambre à elles. May Sarton croyait qu'elles avaient besoin de temps à elles. Et moi ? Moi, je crois que les femmes ont besoin d'un trajet à elles. En plein air. Loin de l'enfermement bétonné de la grande ville. Entre ciel et terre. Au bord de l'eau".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Miss Eliza

Si vous aimez la cuisine et la lecture vous ne pourrez qu'aimer ce livre !



Un roman historique et biographique sur la première autrice de cuisine moderne mais pas que !



Avec ce thème en fil conducteur, l'autrice aborde la place de la femme dans la société anglaise dans deux milieux sociaux très différents avec toutes les injonctions qui leurs sont imposées.



Je me suis vite attachée à Ann qui essaie de (sur)vivre du mieux qu'elle peut et avec beaucoup de culpabilité sûrement parce que ses secrets sont vites dévoilés.



Tandis que Eliza est plus mystérieuse ! Ses secrets sont protégés jusqu'au dernier quart du livre ce qui m'a empêché de l'apprécier plus tôt dans l'histoire.



Ça été une belle lecture, très agréable et gourmande car (bonus !) il y a les recettes à la fin 😋
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Miss Eliza

Ecrire n’est pas chose facile chaque mot est écrit avec une parcelle de l’âme de l’auteur. Une partie de ses tripes. Face à la feuille blanche, l’auteur cherche les bons mots qui exprimeront exactement ses pensées. Pas facile. C’est une diarrhée logorrhéique que l’auteur se force de domestiquer. Aussi, l’envoi du manuscrit est d’une grande difficulté. Son écrit sera soumis à un jugement sévère, même si l’auteur pense avoir rédigé le roman du siècle. C’est ce qui est arrivé à Eliza et à son recueil de poésie. Le pire reste à venir : le dire à sa famille. Cependant, une autre proposition lui est faite. Qu’en pense-t-elle ?



Pour cette époque, Eliza est une « vieille fille » d’une trentaine d’années, célibataire. Sa rencontre avec Ann, une jeune femme dont la pauvreté est digne d’un roman de Zola, va s’exprimer à travers une belle envolée de mots et de senteurs. C’est la naissance d’une belle poésie culinaire, qui, peut-être un jour, fera le bonheur de toutes les cuisinières d’ Angleterre. C’est aussi l’histoire d’une belle amitié entre une jeune femme du peuple et une aristocrate. Une amitié nourrie par leur amour de la cuisine. Ce qui est inimaginable à cette époque. Une amitié où certains secrets sont tus jusque dans la tombe. Ann et Miss Eliza arriveront-elles à réaliser leur rêve ?



Ce roman est une histoire d’amitié, d’aventure culinaire pour une aristocrate déchue et une femme du peuple. Leur amitié se fortifie jour après jour dans un amour commun pour la cuisine. Mais, la vie est faite de secrets. De lourds secrets qui entravent l’épanouissement de l’humain. Les mots sont magiques. Poétiques. Réalistes. Ils révèlent une amitié très forte voire une sorte d’amour mère et fille entre ces deux femmes. Cette autobiographie parle d’Eliza Acton qui a réellement existé et qui a été à l’origine du premier livre de cuisine très populaire en Angleterre. Quel sera le destin d’Ann et d’Eliza ? Deux femmes que tout sépare sauf l’amour dans la cuisine, la poésie des ingrédients utilisés.
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Miss Eliza

Ce roman est inspiré de personnes réelles. Eliza Acton a vraiment existé.



Entre 1835 et 1845, elle a rassemblé et testé des centaines de recettes, et écrit avec l'aide de son assistante Ann Kirby, certainement le livre de cuisine qui a révolutionné l'histoire du livre de cuisine. C'est elle, la première ,qui a eu l'idée d'inscrire la liste des ingrédients (même si elle les plaçait à la fin de la recette...), elle qui a eu l'idée des mesures exactes et non approximatives. Vendu à plus de 125 000 exemplaires, il a été ce qu'on peut appeler un best seller national et international ! Ce livre raconte cette période , la rencontre entre les deux jeunes femmes. Et s'il existe des traces historiques de la vie qu'a pu mener Eliza Acton, poétesse au départ, l'auteure prévient qu'elle a beaucoup brodé pour celle de Ann...





Ce serait un éditeur lui refusant ses poémes (jugés indécents et impudiques pour une jeune femme de la bonne société) qui lui a suggéré d'écrire un livre de cuisine poétique..

A partir de là, Eliza (36 ans ) ne quittera plus sa cuisine, son seul et véritable amour.. Son père ruiné s'est réfugié en France pour échapper au déshonneur de la prison, et Eliza et sa mère se voient obligées d'ouvrir une pension de famille. Pour l'aider , elle engage Ann (17 ans) , dont la pauvreté est un gouffre immense. Ann qui découvrira l'abondance , une forme de sécurité en même temps que la cuisine.



Mis à part Ann que nous suivrons lors de ses visites sur ses jours de congé, on ne sort pas beaucoup de cette cuisine, de cette maison.

Et si la vie de Ann (de part ses parents est tumultueuse), le ron-ron s'installe un peu, rythmé par les casseroles à récurer, la volaille à plumer, les épices à tester. Comme on parle de nourriture, c'est forcément gourmand, même si les recettes m'ont un peu" dépassées "! Les mots sont poétiques et évoquent un autre temps, une époque où les maitresses de maison ne "foutaient" pas un pied dans cette pièce, jugée trop "peuple". Et si les mots sont poétiques et mystérieux, les recettes me sont abstraites : Oeuf de cygne sur lit de salade.. Pêches en saumure...Ortollans garnis de crêtes-de-coq.... Bassine de bouillon épaissi à l'arrow-root... Crumpets à l'orange...Meringué de poires Bon- Chrétien... Oui vraiment, les mots sont poétiques, même si certains sont "opaques".



La chaleur du four, les mains rougies d'avoit trop frotté, les semelles des bottines qui se décollent...

L'ambiance d'une cuisine, les moeurs : Annabel Abbs a produit un travail remaquable pour s'immerger dans ce XIX° siècle. La condition des pauvres défiait l'imagination, les asiles faisaient froid dans le dos... Etre une femme célibataire était difficile et souvent humiliant. Etre domestique donnait les pleins pouvoirs à certains hommes. Ne pas faire partie de la bourgeoisie signifiait bien souvent une vie précaire , à la merci de la gentillesse ou pas , de la bonne société. Annabel Abbs le montre parfaitement.

Je n'ai rien à redire au niveau historique, au niveau gourmandise, l'auteure a respecté le cahier des charges qu'était la vie d'Eliza, et du coup a reporté sur l'autre figure féminine de quoi nous distraire, en essayant d'insuffler un peu de suspens, et de souffle narratif dans cette (inventée) de Ann.



Il se passe des tas de choses dans leurs vies en dehors de la cuisine, et pourtant je suis resté bloquée sur le seuil de cette pièce ...

Je n'ai pas été emballée plus que cela. Je ne suis pas passionnée par la cuisine , c'est sans doute pour cela , et aussi, parce que mes lectures se passant dans des cuisines du XIX ° siècle, impliquent le plus souvent une histoire policière ou une histoire d'amour en plus, quand ce n'est pas les deux...

Pas assez corsée et épicée pour moi, cette histoire de cuisinières !
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Miss Eliza

Ceci est un roman chorale entre Eliza, issue d'une famille bourgeoise et Ann, une jeune fille venant des quartiers pauvres, dans l'Angleterre de Dickens.

Eliza ne rêve que de faire publier ses poèmes mais un éditeur lui demande d'écrire un livre de cuisine. Si l'idée lui semble d'abord saugrenue, Eliza se met au défi et aux cuisines avec l'aide d'Ann, embauchée pour la seconder.

C'est un roman qui fait une grande place aux mets et à ses réalisations et tout cela de manière assez poétique.

Je me suis plus attachée à Ann qui m'a beaucoup touchée. C'est une personne joyeuse et pleine d'entrain. Eliza, bien que déterminée est plus sur la retenue même dans sa relation avec Ann alors qu'elle a une réelle affection pour elle.

La différence de milieu est clairement évoquée car si Ann connaît les malheurs et les affres des milieux défavorisés, Eliza doit tenir tête à sa mère pour qui une jeune femme n'a rien à faire dans une cuisine. Et surtout, l'on doit garder son statut social même si la situation financière est plus que tendue.

Ce fut une bonne lecture même si j'ai été un peu déçue par la fin car justement, il n'y en a pas vraiment. Et bien sur ce livre ravira tous les amateurs de cuisine.

Cette histoire étant tirée d'une histoire vraie, un dossier a été élaboré à la fin du livre et nous pouvons y trouvez des recettes, certains vers écrit par Eliza, le contexte historique ou encore les personnalités en relation avec le monde de la cuisine.

Enfin, je ne peux que souligner la beauté de cette couverture.
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Miss Eliza

Un roman, écrit par Annabel Abbs, écrivain anglaise, retraçant l’histoire vraie de la première auteur de livre de cuisine.

Des thèmes sociétaux sont abordés : les conflits générationnels, la lutte pour l’indépendance des femmes, la volonté de réussir, la passion de la cuisine ... au travers de deux femmes Eliza et Ann, audacieuses et opiniâtres, dont les destins se croiseront et s’entremêleront.
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La fille de Joyce

J'avais découvert Annabel Abbs avec un beau récit : Méfiez-vous des femmes qui marchent, qui m'avait beaucoup plu. Depuis j'ai voulu suivre son travail, et en fait j'ai envie de lire tous ses livres ! Alors j'ai sauté sur la sortie poche de ce roman, La fille de Joyce, qui m'a beaucoup tentée. La promesse d'en savoir plus sur la fille d'un homme de lettres célèbre, qui en plus a côtoyé Samuel Beckett, m'intriguait. Son destin est d'emblée annoncé comme tragique, et on comprend assez vite les ressorts de son trouble.



Nous rencontrons Lucia Joyce alors que sa carrière de danseuse décolle et s'annonce plus que prometteuse. Le tout Paris murmure son nom, elle est la danseuse à la mode, dégageant une telle émotion lorsqu'elle se produit sur scène. Mais surtout, elle est la fille du grand prodige de la littérature qu'est James Joyce. Quand le jeune Samuel Beckett commence à graviter autour de cette famille renommée, on ne sait pas si c'est pour fréquenter le génie des lettres, ou parce qu'il tombe sous le charme de la solaire Lucia. Malgré ces réussites, il est bien difficile pour la jeune femme de s'émanciper, entre une mère qui pense que la danse, c'est bon pour les prostituées, et un père qui l'encourage à danser, mais la retient dès qu'elle parle de quitter la maison. Un oiseau à qui l'on coupe les ailes, voilà un destin bien tragique.



Car oui, le destin de cette jeune femme est tragique. Dans le roman, nous suivons deux époques en parallèle. 1929, alors qu'elle promet d'être la prochaine Isadora Duncan. Puis 1934, où son destin s'est plutôt rapproché de celui de Zelda Fitzgerald, alors qu'elle se retrouve internée et suivie par un psychanalyste qui lui demande de raconter ses jeunes années. On sait donc que la chute de Lucia sera rude, et pourtant à la lecture de ses aventures, de danse, et amoureuses, on ne peut s'empêcher de lui espérer une fin heureuse ! La construction du récit est brillante, et nous fait nous passionner pour cette femme hors du commun. On pressent l'arrivée d'une révélation grave, celle qui empêche son destin d'être lumineux, et on veut en même temps regarder cette annonce.
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Miss Eliza

J'ai beaucoup aimé ce livre écrit "à deux voix". On est dans l'Angleterre de Dickens, dans celle de Jane Austen

(quelques années après). Cette ambiance so british nous embarque dans ce récit très agréable et très bien écrit (et traduit). La vie quotidienne, des secrets de famille… et surtout cette ode à la cuisine, et également dans le sens de lieu de travail, font que ce roman se déguste comme une vraie gourmandise. On découvre des saveurs inconnues, des associations incongrues... De nouvelles recettes !

On y parle aussi de poésie, d'écriture et de féminisme avant l'heure

La fin, (l'épilogue) est peut être trop abrupte, c'est le seul bémol que je peux évoquer tant ce livre m'a plu... vous l'aurez compris.
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Miss Eliza

Elle se voyait poétesse. Elle a passé des années à coucher ses vers avec minutie pour les présenter à un éditeur londonien, imaginant déjà la couverture en cuir de l’ouvrage avec son nom gravé dessus : Eliza Acton. Pourtant, en 1835, en Angleterre, les femmes qui osent donner leur avis et entrent dans la catégorie des intellectuelles ne sont pas à leur place. Elles sont tout juste bonnes à écrire de banales histoires d’amour ou des livres de cuisine sans saveur. Et ces femmes, si elles sont issues de bonnes familles, doivent avant toute chose s’occuper de faire tourner leur maison, de gérer les domestiques, de distraire leur époux, de choisir leurs toilettes et la décoration. Une vie d’une luxueuse servitude qui ne convient guère à Miss Eliza.

À seulement 36 ans, elle est cataloguée vieille fille et vit sous la tutelle de sa mère qui abhorre ses livres et sa poésie. Mais avec son caractère, elle ne va pas se contenter d’un refus. Elle va faire ce qu’on lui dit, « écrire des recettes » et pour cela pénétrer dans le domaine interdit des domestiques en passant elle-même derrière les fourneaux. Ce livre de cuisine qu’elle mijote ne sera pas un énième atlas ménager. Les recettes se liront comme de la poésie et les plats auront la saveur des tables les plus raffinées. « Comme un poème, une recette doit être claire, précise et ordonnée. Rien de superflu, imprécis ou inexact », clame-t-elle. Et elle se lance : anguilles grillées à la sauge, pêches en saumure, citronnade à la lavande, fromages de tête, œufs de cygne, ortolans garnis et autres chutneys.  Des plats bien british aux saveurs oubliées.

C’est cette histoire vraie qui fait voler les convenances et la bienséance, aux prémices du féminisme, que ra-conte l’auteure anglaise Annabel Abbs. Un ouvrage par-faitement documenté qui ne manque pas de piment grâce au caractère d’Eliza mais aussi grâce à une galerie de personnages secondaires savoureux : la mère, femme acerbe totalement dépourvue d’instinct maternel plus attachée au regard des autres et à sa fortune perdue ; la détestable femme du pasteur aigrie, cruelle et sans une once de chrétienté. Et puis, il y a la jeune Ann, un joyau fragile et abîmé qui sera pour la cuisinière une petite main aussi précieuse qu’essentielle.

Annabel Abbs n’en est pas à son coup d’essai. Plusieurs prix ont salué ses récits sur ces destins de femmes méconnus : la fille de l’écrivain James Joyce ou encore Frieda, celui qui inspira Lady Chatterley. Des femmes libérées et engagées qui cherchent leur place dans la so-ciété.
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Miss Eliza



Angleterre, 1835.

Eliza, poètesse, voit son manuscrit refusé par un éditeur londonien. À la place, ce dernier lui propose la création d'un livre de cuisine. Elle refuse.

La faillite de son père va tout changer. Dès lors, Eliza se résout à tenter l'expérience, elle qui n'a jamais mis les mains à la pâte. Elle engage Ann Kirby, jeune femme de dix-sept à l'enfance complexe et à la mère gagnée par la folie.



Eliza se découvre alors une véritable passion pour l'art culinaire. Talentueuse, elle innove, modernise, ose des nouveautés. À ses côtés, Ann apprend et s'émancipe. Toutes deux nouent une amitié profonde et inhabituelle à l'époque. Ensemble, elles (ré)inventent le livre de cuisine.



Ce roman historique savoureux est basé sur l'histoire vraie d'Eliza Acton, auteure du 1er livre de cuisine moderne. Bien que la fiction ici prenne une grande ampleur, on ne peut que saluer la volonté de faire revivre une femme (encore) tombée dans l'oubli.



Très moderne, il présente deux femmes luttant pour la condition de leur sexe.



Ann, fille de la campagne, se bat contre les barrières et stéréotypes sociaux, ses origines très modestes et les casseroles qu'elle traîne derrière elle (sans mauvais jeux de mots). Volontaire, elle parvient à se hisser dans l'échelle sociale, découvre la poésie, la beauté, la ville.



Eliza, d'origine bourgeoise, prône l'égalité des sexes, la réussite professionnelle féminine, la fin du patriarcat et la libre pensée.



Leurs histoires en miroir débouchent sur une amitié d'autant plus belle qu'elle est improbable et pourtant bien réelle.



Quelques secrets de famille pimentent ce récit structuré en alternance entre Eliza et Ann.



Mais ce qui m'a le plus emporté, c'est la poésie du vocabulaire culinaire qui a réveille les papilles! Sauge, cannelle, thym, miel, curry, lumière rasante dans les volutes de farine, petits bouillons à la surface d'une soupe, j'ai eu l'impression d'être dans la cuisine de Downton Abbey !



Si vous appréciez les romans historiques documentés et les destins hors du commun, vous serez comblé.e!
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Méfiez-vous des femmes qui marchent

Un très chouette essai, qui entremêle autobiographie et biographie de femmes qui marchent : une façon originale de découvrir et redécouvrir des autrices, peintres et autres femmes remarquables.



La chronique audio parle à la fois de ce livre et des autres livres aimés pendant le mois de novembre 2022 !
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La fille de Joyce



La fille de Joyce.

Annabel ABBS



Elle était la fille de Joyce, de James Joyce l’illustre auteur du monument « Ulysse ».

Elle était sous le joug de son père.

Elle était une danseuse contemporaine montante de la fin des années 1920.

Une travailleuse acharnée.

Elle était amoureuse de Samuel Beckett alors inconnu.

Elle était la patiente de Jung.

Elle était Lucia Joyce et sa vie se résume à une série de déboires sentimentaux, de crises qualifiées d’hystérie ou de colère, de rejet et de jalousie de sa mère, de mépris de son frère…

Une vie incroyablement triste, tristement seule, habilement manipulée qui nous est racontée dans cette biographie passionnante.



Une biographie qui relate l’envers du décor de l’écriture du « génie » qui suçait la substantifique moelle de sa fille pour s’inspirer.

Un vieil homme quasi aveugle qui abusait de sa fille qui ne lui refusait rien.

Très riche par ses recherches cette auteure de le don de vous passionner pour la biographie d’une personne dont vous ignoriez l’existence… mais sur qui vous voulez en connaitre encore plus.

Et peut-être même relire « Ulysse »…

Prix Impress prize des nouveaux auteurs 2015

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Miss Eliza

Nous sommes en 1835 à Londres où nous faisons la rencontre d'Eliza Acton, dépitée par l'annonce de son éditeur qui vient de refuser son recueil de poèmes. "La poésie n'est pas une affaire de dames, c'est même carrément vulgaire." Ça c'est ce qu'il lui a dit mais Eliza n'en a que faire, surtout qu'il a osé lui suggérer d'écrire un livre de recettes à la place ! Pour elle qui n'a jamais eu besoin de cuisiner ce serait un comble ... Et pourtant, alors qu'elle est bien décidée à refuser cette proposition, elle apprend la faillite de son père. La famille se retrouvant dans une situation financière plus difficile, Eliza se voit contrainte de repenser à cette idée de livre de recettes et décide de chercher de l'aide. Cette aide va s'appeler Ann Kirby, une jeune fille qui vit dans une pauvreté extrême avec son père paralysé depuis la guerre et sa mère atteinte de démence. Elle compte d'ailleurs bien aider ces derniers avec l'argent qu'elle gagnera aux côtés d'Eliza. En dépit de toute convention, les deux femmes vont devenir amies et apprendre l'une de l'autre, s'aidant mutuellement dans leurs combats respectifs et Eliza apprenant les choses de la vie à la jeune Ann dans la cuisine de la pension qu'elle partage avec sa mère au caractère quelque peu compliqué à supporter ...







Vous l'aurez compris il est ici question d'amitié et de cuisine dans ce roman qui a frôlé le coup de coeur. J'ai adoré retrouver la plume de l'autrice, d'une poésie folle, qui se retransmet au travail de la plume d'Eliza. Un personnage qui a d'ailleurs réellement existé, rendant l'histoire d'autant plus réelle et crédible. Je me suis attachée aux deux femmes ayant chacune son passé difficile et ses fêlures. Eliza est passée de tout à plus grand chose en un claquement de doigt et peine à se faire publier et à faire comprendre qu'elle tient à être indépendante. Et à côté de ça Ann peine à mettre de l'argent de côté pour sa famille qui n'a que la peau sur les os. Des histoires miroir qui vont se confronter et créer cette histoire d'amitié improbable qui m'a touchée en plein coeur, me faisant même pleurer. Le récit est richement documenté sur l'ère victorienne et on sent que l'autrice veut nous faire prendre conscience des mentalités et des disparités de l'époque entre riches et pauvres. Le côté gourmand était également très plaisant (vous avez même des recettes du récit à la toute fin), au point de sentir les odeurs des plats et des épices de la cuisine ! Rajoutez à tout ça des secrets de famille pour les deux femmes et vous vous régalerez (sans mauvais jeu de mot) durant les 400 pages 😍







J'ai frôlé le coup de coeur pour la simple et bonne raison que j'aurais aimé une autre fin, mais étant donné qu'il s'agit d'une histoire vraie l'autrice n'aurait pas pu la réécrire !

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Méfiez-vous des femmes qui marchent

Dès la page 27, l'autrice annonce la couleur : " Ces femmes marchaient afin de penser par elles-mêmes. De mettre de l'ordre dans leurs émotions. De comprendre les facultés de leur propre corps. D'affirmer leur indépendance. Elles marchaient pour commencer à exister, pour devenir, tout court".



Elle va ainsi nous présenter majoritairement six femmes : l'allemande Frieda Von Richthofen (épouse de D.H. Lawrence, autrice d'essais), la galloise Gwen John (peintre ), l'australienne Clara Vyvyan ("voyageuse et randonneuse enthousiaste"), l'écossaise Nan Sheperd (écrivaine, poète, figurant sur les billets de cinq livres anglaises), la française Simone de Beauvoir (écrivaine et philosophe, "théoricienne du féminisme") et l'américaine Georgia O'Keefe (pionnière de la randonnée de l'extrème). Mais d'autres seront citées, Daphne du Maurier par exemple.



Chacune d'entre elles se met à marcher pour une raison différente : recherche de la liberté, de soi, du sens de la vie, du corps, de l'espace, mais au bout du bout, comme l'autrice, elles vont découvrir beaucoup plus et surtout se découvrir.



Annabel Abbs profite du "voyage" pour aborder de nombreux thèmes : la maternité, la moindre considération accordée aux femmes, la nature, la forêt, le silence, l'émerveillement, la photographie, les besoins fondamentaux, la solitude, les mécanismes en oeuvre dans notre cerveau : les peurs, la fuite, les ancrages ancestraux..., le GPS, le Moi, être et exister... Une mine d'informations et de pistes de réflexion !
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Miss Eliza

Un bon moment de lecture avec cette cuisinière hors normes de la fin du XIXè siècle qui relève le défi d'écrire un livre de cuisine (puis une pièce de théâtre) au lieu d'un recueil de poésie comme elle le souhaitait.

Une peinture réussie de la société anglaise de cette époque, une écriture agréable à lire, et une belle histoire de compagnonnage, donc je recommande.
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Miss Eliza

Miss Eliza est une fois de plus un portrait de femme anti conformiste et rebelle dans une société formatée. Déjà qu'écrire de la poésie est considéré comme choquant, voire vulgaire, lorsque ça vient d'une vieille fille, que penser si elle se met aux fourneaux alors que toute personne de son rang a bien sûr une cuisinière ? On suit l'évolution d'Eliza tout le long, s'affirmant de plus en plus, notamment contre sa mère qui est très dure avec elle. C'est d'ailleurs assez ironique de voir que lorsque sa famille est ruinée, ce sont surtout les femmes de la famille qui doivent gagner de l'argent, tandis que le père, responsable, s'enfuit en France.

On suit également Ann Kirby, jeune fille pauvre des environs engagée en cuisine qui finit par nouer une relation d'amitié avec Eliza et effleurer le secret de celle ci.

Ce livre est le plus romancé et le moins biographique de ceux écrit par Annabel Abbs, la faute à un manque d'information. Dès lors, beaucoup d'événements sont entièrement fictifs et je n'ai pas forcément adhéré à tous. Par contre j'ai adoré suivre l'évolution de la cuisine d'Eliza, les descriptions des plats et son approche combative et intransigeante.
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La fille de Joyce

La fille de Joyce 💃🏼

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Ce récit relate la vie d’une danseuse dans les années 20. On suit donc Lucia, fille d’un grand écrivain, qui grandit en quelque sort dans l’ombre de son père, un génie incontesté et un grand nom dans le milieu de l’écriture 🪶

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Cachée entre la célébrité de son père et de son frère, et surtout en tant que femme, il est dur pour Lucia de se faire une place dans le milieu de la danse.

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Sa mère ne cesse de la voir comme une “catin” et aspire pour elle a un plus grand avenir.

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Elle rencontre tout au long de sa vie des hommes qui ne lui apporteront aucun soutien et aucun amour, et cet amour à sens unique m’a littéralement brisée le cœur car Lucia a toujours aimé sans l’être en retour 💔

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Les traumatismes de la vie de Lucia l’ont conduit à être internée quelques années plus tard, et elle va se libérer du poids qui pèse sur ses épaules en se confiant à un docteur.

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Ce roman met en avant la difficulté de trouver sa place en tant que femme, de s’épanouir professionnellement et sentimentalement, et d’être rabaissée par ses proches.

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Cette histoire m’a déchirée quand on sait qu’elle est vraie, elle vit une réelle descente aux enfers, du début jusqu’à la fin de sa vie.

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Si vous aimez les faits réels, et le Paris contemporain, je vous conseille vivement ce joli roman aux éditions @herve_chopin_editions 🦋
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