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Critiques de Anne Boquel (100)
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L'enfant de la rage

Ce livre est celui des conflits, des confrontations, des luttes, intérieures comme idéologiques, celles qui investissent toute l'énergie qu'on leur cède.



Dans chaque combat il y a des dommages collatéraux. Chaque acteur de cette histoire en subira la déflagration sans y avoir assisté.



Johann n'est encore qu'un gosse, distant, timide et timoré, pourtant il a déjà des idées et des convictions profondes, déterminées, prêt à lutter l'avenir incertain de la planète.



Cet amour pour la nature et sa préservation l'amène à s'engager dans la ZAD proche de chez lui, un projet de construction de pont aux conséquences écologiques désastreuse.

Seulement, suite à une violence altercation avec les CRS, Yohann se retrouve grièvement blessé, plongée dans le coma, le monde s'effondre autour de lui.



C'est dans ce climat de douleur que tous devront avancer, et révéler ce qui sommeil chacun.

La violence d'un père qui ne comprenait pas son fils et qui nourrit sa haine envers les zadistes qu'il tient pour responsables, une tentative pour rattraper le passé.

Une sœur "invisible" dont la situation lui échappe, l'apeure.

Une mère désemparée puis soucieuse de comprendre son fils en se rapprochant des gens de la ZAD chez qui toutes les pensées et les journées étaient désormais dédiées avant l'accident.

Ces zadistes au grand cœur de tous horizons et opinions politiques confondus, terrassés autant qu'acharnés.



Une famille tiraillée qui, comme la grenade qui aura tout engendré, est sur le point d'exploser.



L'autrice utilise donc un thème d'actualité pour exacerber les tensions et les rages latentes qui sommeillent, les questions intergénérationnelles qui divisent. La dure réalité de voir le destin de son enfant échapper à sa compréhension, les barrières idéologiques se dresser ou s'effondrer selon l'élément déclencheur, l'éveil des idées, sans partis pris.

J'ai beaucoup aimé l'opposition des sentiments qui m'ont tiraillé lors de ma lecture, entre colère et acceptation, entre compréhension et hésitation, entre peur et résilience.
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L'enfant de la rage

"L'enfant de la rage" par Anne Boquel (Éditions Robert Laffont, 2024) est, en réalité et en filigrane, la continuité du roman post-moderne sur la théorie de l'excuse et du sempiternel déterminisme social.



Certes, "L'enfant de la rage" est une oeuvre qui plonge le lecteur dans une réalité souvent difficile, celle des enfants confrontés à des circonstances de vie défavorables. Mais, cela n'est pas supportable de voir, là, un rapport de cause à effet. Les exemples contraires sont légions.





La narration adoptée par Anne Boquel est empreinte d'une idéologie convenue et bien-pensante, qui sert de toile de fond à l'ensemble du récit. le style littéraire, sous couvert de cette mélancolie, cherche à nous convaincre que les inégalités sociales conduiraient sur le chemin des ZAD et des slogans "la police tue". Cette approche et le biais de l'auteur est tout simplement une forme de justification pour ceux qui contestent la légalité et qui adoptent une attitude critique envers les forces de l'ordre, les attaques et les menaces jusqu'à leur désir de tuer.



Un livre engagé et de cette veine ne peut faire l'économie de telles critiques, bien plus partagée par l'immense majorité, que l'ensemble de minorités agissantes motivées par le chaos régissant leur tête d'ecervelés.



Michel.
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L'enfant de la rage

Drame familial sur fond d’activisme écologique et social.



Un roman très puissant par la justesse et l’épaisseur de la psychologie des personnages.

Une plume sans fioriture qui exprime beaucoup avec peu.



Ça déborde de rage, de tristesse et d’incompréhension.



Il m’a manqué un petit quelque chose pour en faire une lecture coup de poing mais, néanmoins, j’ai beaucoup aimé !
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L'enfant de la rage

Les zadistes contre les forces de police, les parents et leurs adulescents, les politiques et les locaux, les révolutionnaires quasi-survivalistes et les tempérés, ceux qui partent et ceux qui restent

Il y a tout cela dans le livre d’Anne Boquel, sorte de travelling permanent qui ne cesse de changer de hauteur et de point de vue, posant un regard à hauteur de femme sur une situation où il ne peut y avoir de réel vainqueur ni de camp à choisir

J’ai vécu en particulière empathie de cette mère qui cherche à comprendre si le monde qu’elle a toujours pris pour acquis n’est pas finalement qu’un environnement factice dont les décors sont en train de s’effondrer

J’ai profondément aimé cette femme alors que je rechigne habituellement face à ce genre de personnages et à ce sujet de fin d’un monde difficile à appréhender, confirmant l’adage Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des lectures



Le roman est sorti en janvier 2024, je lui souhaite une longue et belle caudalie




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L'enfant de la rage

Anne Boquel s’exprime dans ce roman avec un style incisif. C’est un uppercut qui nous fait descendre dans l’impuissance de cette mère abasourdie par la peine et qui tente malgré tout de s’accrocher à un quotidien presque trop banal jusqu’à ce qu’elle trouve une voie pour se relever. C’est le combat d’un père qui se dévoue coûte que coûte à la survie du corps de son jeune fils.



Qui a raison? Qui a tort?

Anne Boquel a la délicate intelligence de s’effacer au profit de ses personnages. C’est la douleur d’une famille, l’agonie d’un monde dont le modèle mène à la destruction de notre planète, la résistance d’une poignée d’entre eux dans un combat inégal.

Le lecteur pourra donc à son tour se faire son idée, pencher tantôt pour la position de la mère, comprendre le point de vue du père, défendre ou désapprouver les idées des zadistes, s’insurger contre la violence et le chaos.



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L'enfant de la rage

Yohann Bellanger est un gamin, un môme, un frère et un fils. Il réalise qu'il est forcé d'évoluer dans un monde dont ses parents n'ont pas pris soin. Un monde bancal dont il faut changer les codes, qu'il faut surtout protéger, pour lui et les générations à venir. Par provocation sûrement, Yohann s'engage dans la ZAD proche de chez lui. Mais un soir, il est gravement blessé par l'intervention violente des CRS. Avait-il vraiment conscience du danger ? Etait-il assez préparé à ces échanges musclés ?



Yohann sera finalement le prétexte pour comprendre l'état de notre monde et le décalage générationnel actuel. Venant d'une famille très modeste, Yohann a grandit auprès d'un père qui a trimé toute sa vie pour pouvoir s'offrir son petit lopin de terre, profiter de ses cinq semaines de congés payés, servir de bons repas à ses enfants. Pourtant aux yeux de Yohann, il y a tellement plus important...



A travers ses pages, nous allons suivre le quotidien d'une famille dans la souffrance. Laurence, mère avant tout, déchirée par la peine, va tenter de comprendre les choix de son fils en intégrant petit à petit la ZAD alors que Loïc, le père, va rejeter totalement cette option en rendant ce groupe coupable de l'état de son fils. Emilie, la petite sœur de Yohann, va se retrouver au milieu d'une situation inconfortable du haut de ses 10 ans, ne sachant pas si elle doit se faire plus petite qu'elle n'est ou poser les questions qui trottent dans sa tête.



Derrière les mots d'Anne Boquel, nous retrouvons le cri d'amour d'une mère. Un instinct maternel prêt à tout pour comprendre les choix de son enfant. En intégrant la ZAD, Laurence qui a toujours évoluée dans l'ombre de son mari va s'émanciper. Louise-Michel et surtout la jeune Rox vont être des rencontres qui vont changer le regard de Laurence sur la vie, lui apporter espoir et force.



Boquel nous adresse ici un récit qui colle parfaitement à notre époque. L'histoire de ces jeunes qui prennent conscience de la Terre que leurs aînés leur ont laissé et qui se battent pour elle.

Un sujet actuel qui j'en suis sûr, saura trouver son public lors de cette rentrée littéraire.
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L'enfant de la rage



Yohann, 17 ans, a trouvé son combat: celui de l'urgence climatique que mènent les militants de la Zad pas loin du pavillon de ses parents. Il y va tous les jours et s'éloigne peu à peu de sa famille, trop soumise au système à son goût. Lors d'un affrontement avec les forces de l'ordre, une grenade explose près de l'adolescent qui se retrouve dans le coma.

Un livre touchant et profond à la fois sur les combats écologistes et sociaux mais aussi sur le délitement de toute une famille entre tristesse et incompréhension lorsqu'un drame survient. Très fort.
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L'enfant de la rage

On ne connaît jamais ses enfants…c’est ce que constate Laurence après un appel dans la nuit. Son fils Yohann est dans le coma après un incident avec des CRS dans une ZAD voisine. Sa vie ne tient qu’à un fil. Alors que Loïc, son mari, en colère, en veut à la terre entière, Laurence va essayer de comprendre. Avec minutie elle va enquêter, remonter la trace de son fils, de ses engagements, au risque de négliger sa famille…

Sans manichéisme, Anne Boquel interroge l’activisme et l’état de notre monde. Elle questionne aussi avec beaucoup d’acuité les répercussions d’un drame sur une famille. La colère, l’engouement, la tristesse…toutes les émotions sont parfaitement décrites et nous plongent avec finesse dans la psyché des personnages. Il est difficile de ne pas s’identifier.

Un texte qui sonne juste sur un sujet très actuel. Merci à Babelio et aux editions Robert Laffont pour ce livre offert lors d’une #massecritiquebabelio.
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L'enfant de la rage

Laurence, secrétaire médicale, va s'intéresser au militantisme de son fils rencontrant des zadistes déterminés sur le terrain, avant de tomber dans la compassion ou l'empathie pour leur cause.
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L'enfant de la rage

C'est l'histoire d'un gosse de dix-sept dont la mère se demande s'il n'est pas né avec la contradiction dans le sang. Yohann, par conviction autant que par provocation, s'engage dans la ZAD (Zone à défendre) de Morvaillan, près d'Augerac. Lors d'une échauffourée avec les CRS, Yohann est retrouvé, gisant au sol, vivant mais si peu.

Pour ses parents, c'est le début d'une nouvelle vie, faite d'attente et d'espoir. Mais aussi d'incompréhension et de colère. Aucun des protagonistes, famille ou zadistes, n'en sortira indemne.



Cette famille pourrait être n'importe laquelle. Un coup de téléphone au milieu de la nuit vient anéantir son quotidien avec fracas. On savait que le fils fréquentait ces gens-là. On se rendait compte de ses changements d'humeur, de ses opinions plus marquées et sans concession, de son recul par rapport aux pratiques familiales. On l'avait mis en garde, tout de même. Mais on n'avait pas imaginé un tel engagement dans la ZAD. Engagement qui se solde par une balle perdue.



Face à leur fils dans le coma, Laurence et Loïc vont prendre des chemins différents. En colère, Loïc n'a de cesse de tenter de ramener Yohann vers la lumière, à la recherche de leur vie d'avant. Laurence, quant à elle, part à la recherche de l'âme de son fils. Elle veut comprendre, aller vers lui. Elle se tourne donc vers les zadistes, le Pilote, Rox, Sylvain, Louise-Michel, tous les compagnons de lutte de Yohann, afin de se rapprocher des dernières sensations. L'autrice décrit avec délicatesse la lente transformation de cette mère au fur et à mesure de sa quête.



La puissance de ce roman réside dans la construction des personnages, si justes dans leurs émotions et réactions que chacun.e m'a touchée alors que, pourtant, tout les oppose. L'autrice réussit la prouesse de ne pas prendre partie, de raconter avec justesse les forces en présence, les combats, les retombées politiques comme individuelles.



Le texte a profondément remué la mère que je suis. Face à cet ado hurlant sa « rage », je ne peux pas rester insensible. Face à cette mère qui oscille, face à ce père qui se veut un roc pour sa famille, face à la petite sœur qui hurle intérieurement pour exister encore aux yeux de ses parents non plus. Face aux zadistes aux idées extrêmes mais justes, face à leur histoire, leur humanité, non plus.

La citoyenne que je suis a également profondément vibré.



Bilan :

Un roman bouleversant et percutant qui offre une photographie de la France d'aujourd'hui. Anne Boquel nous offre un texte d'une grande justesse, intelligent et tout en nuance. Une grande réussite et un incontournable !
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L'enfant de la rage

La ZAD est là, tout près de la zone pavillonnaire où Laurence et Loïc vivent un quotidien ordinaire, rêvant d’un avenir meilleur pour leurs enfants. Mais leur aîné Yohann s’est peu à peu intéressé à ce qui se passait dans cette communauté qui revendique des idées qui le séduisent, bien loin des idéaux désuets de son père, qui voit là une simple provocation. Jusqu’ au drame, qui fait basculer l’histoire familiale dans le malheur. Au chevet du fils, les consciences s’éveillent, les parcours s’éloignent.



On se souvient du roman de François d’Epenoux, Le Roi nu-pieds, qui au coeur d’un décor identique, retraçait les aléas d’une relation entre un père et son fils. Anne Boquel élargit le propos aux deux parents, et met bien en évidence le point de rupture qui marque l’évolution d’un couple qui déjà s’était éloigné, résistant par le ciment de l’ éducation de leurs enfants. Avec le drame, la fin est annoncée.



Laurence et Loïc nous confient l’un après l’autre leur vision politique de notre société, à l’aune de leurs expériences respectives. Sans privilégier l’un ou l’autre.



Plus de questions que de réponses dans ce roman émouvant, aux multiples pistes de réflexions, la parentalité, l’avenir de la planète, l’éducation…L’écriture, sans fioritures ni effets de manche, exprime avec simplicité et sincérité les ressentis de chacun, et les dialogues sont très bien retranscrits.





Un très bon moment de lecture



288 pages Robert Laffont 11 janvier 2024
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L'enfant de la rage

C’est un beau sujet qu’a choisi Anne Boquel ; à ma connaissance pas ou peu traité dans un roman : Les ZAD « Zone A Defendre » après avoir été baptisées par l’Etat « Zone à Amenagement Différé » et leurs occupants les « zadistes ».

Elle donne vie à une famille qui vit près de la ZAD en n’y prêtant guère d’intérêt jusqu’à ce que le fils de 17 ans soit touché par un projectile, là-bas, dans cet endroit peuplé de « marginaux » qu’ils ne comprennent pas, et tombe dans le coma.

Depuis quelque temps Yoann partait souvent « emporté par une passion qui lui (à sa mère) demeurait absolument hermétique ».

Après l’accident, les parents veulent comprendre ce qui s’est passé et entrent en contact avec les zadistes. Aucune réponse claire ne leur est apportée et ils commencent à s’éloigner l’un de l’autre, le père s’arcboutant sur ses certitudes de chauffeur routier droit dans ses bottes, et la mère, Laurence, qui retourne inlassablement à la ZAD malgré la froideur des militants à son égard « la méfiance, pourtant, rôdait, presque intacte(…) Elle cherchait en eux tous une consolation qu’elle ne trouvait pas.»

J’ai aimé les portraits des principaux militants de la ZAD : Le Pilote, Sylvain, Rox et Louise Michel ; l’autrice retrace leur histoire personnelle, ce qui les a amenés à choisir cette vie, si dure, presque sans espoir et comment évoluent leurs relations avec Laurence qui, à force d’être présente finit pas se faire accepter au grand dam de son mari.

Anne Boquel nous fait bien comprendre les contradictions auxquelles est sujette Laurence qui, malgré l’amour que lui porte son mari Loïc, épouse de plus en plus le point de vue des zadistes.

J’ai moins aimé des scènes comme celle du barrage routier et celle de l’attaque finale auxquelles j’ai trouvé une certaine faiblesse narrative.

Mais l’autrice excelle dans la description des sentiments et n’est ce pas cela que l’on attend avant tout d’un roman ?

L’ensemble du roman est tout à fait réussi et n’est pas près de se faire oublier.


Lien : https://poirson.marie-helene..
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L'enfant de la rage

Anne Boquel, avec ses mots, raconte comment le quotidien si simple de cette faille a basculé du jour au lendemain . Comment ne pas se dire « et si ça avait était moi? Pour le côté historique, L’histoire de cette ZAD est redecrite sans jugement.

Chacun de son point de vu, le père plutôt borné, la mère qui essaie de comprendre son fils mais aussi les Zaddiste eux même, l’autrice arrive à donner du corps à chacun sans les juger.



Ce livre est d’une infinie justesse.
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L'enfant de la rage

L'enfant de la rage : Roman d'un coma, d'une famille en attente, et d'une France en ébullition, écrit par Anne Boquel... ... ... Anne Boquel vit et enseigne à Lyon. Romancière et essayiste, elle a notamment cosigné avec Étienne Kern Une histoire des haines d'écrivains (Flammarion, 2009).
Lien : https://lapressedusoir.fr/en..
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L'enfant de la rage

Un roman et son autrice à découvrir absolument. Une façon de dire les sentiments bouleversante. Un milieu qui, peut-être, ne parle pas de prime abord et que l'on découvre de l'intérieur avec un regard neuf. Anne Boquel sait nous captiver grâce à ses personnages entiers et leurs histoires faites de forces et de faiblesses.
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L'enfant de la rage

Une pépite parmi mes lectures de janvier

Au début du roman, Yohann, jeune militant zadiste de 17 ans, se retrouve plongé dans le coma, suite à une opération impliquant zadistes et CRS qui a mal tourné.

Chacun de ses proches - Ses parents, sa sœur, ses amis zadistes – vont réagir très différemment à cette situation : inquiétude, envie de révolte, preuves d’amour se font face et suivent l’évolution de l’état de santé de Yohann.



Evitant soigneusement de plonger le lecteur dans une vision manichéenne du sujet d’actualité des « zones à défendre », Anne Boquel concentre toute son attention sur les émotions, les sentiments des personnages. La complexité des caractères est décrite avec une telle finesse qu’on est pris d’attachement pour chacun d’entre eux, malgré le fait que tout les oppose.



Tout au long du roman, Yohann est le fil conducteur qui divise. Les personnages évoluent au rythme de l’évolution de son état. Quand le père, Loïc, contient sa rage en scrutant le moindre geste de l’adolescent qui serait un signe d’amélioration, sa mère Laurence cherche à comprendre les choix de son fils et les raisons qui l’ont poussé à se rapprocher des militants de la ZAD. A l’image du corps et de l’esprit de Yohann qui sont séparés, les parents s’éloignent, tentent des rapprochements, cherchent à renouer contact sans plus vraiment y arriver.





J’ai été très touchée par ce roman. Particulièrement, le questionnement permanent de la maman de Yohann m’a beaucoup émue. Jusqu’où laisser son enfant faire ses propres choix, jusqu’où le laisser s’éloigner des valeurs qu’on lui a inculquées, au nom de l’amour qu’on lui porte ?



Le style, très contemporain et fluide, colle parfaitement avec l’actualité du sujet. C’est pour moi une très belle découverte de cette rentrée littéraire.
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L'enfant de la rage

Un coup de fil nocturne fait voler en éclat la sérénité d’une famille tranquille et sans histoire. Yohan , le fils de 17ans est dans le coma. Une échauffourée a éclaté avec des CRS dans la ZAD voisine et il a été touché par une balle perdue. Pour Laurence et Loïc, ses parents, c'est la sidération. Bien sûr il passait de plus en plus de temps chez ces encombrants voisins. Bien sur ils l'ont bien vu changer au cours des derniers mois, mais pour eux, ce n'était pas un activiste. Ils ont accueilli avec scepticisme d'abord, puis avec agacement sa révolte contre la société de consommation et ses élans écologistes un peu radicaux. Mais ils préfère mettre en cause l’influence néfastes de ces jeunes extrémistes ou l'inévitable crise d'adolescence, plus qu'un engagement sincère et profond. Et puis comment comprendre ce rejet du confort pour lequel ils ont trimé, mettant de coté chaque euro pour payer les traites du pavillon et s'offrir enfin des vacances. Un confort vu comme un aboutissement devenu source de conflit.

Mais voilà, face au corps inerte de leur fils, face aux questions de sa petite sœur, ils vont prendre des voies opposées. Loïc se consacrera tout entier à ranimer le corps de son ainé, à le veiller nuit et jour comme pour rattraper le temps perdu et reduire la distance qui s'était imposée entre eux. Laurence, elle, aura le plus grand mal à reconnaître son enfant dans ce gisant sans réaction, et elle aura à cœur de « faire un retour vers lui » en interrogeant sans relache ceux de la ZAD, Rox, Sylvain ou Louise Michel, ces inconnus qui avaient pris tant de place dans la vie de son fils et qui semblaient le connaître plus qu'elle.

Des cheminements opposés qui mettront en péril le fragile équilibre de cette famille ordinaire.

.

Connait-on vraiment ses enfants ? Est-on prêt à les voir remettre en cause les valeurs, les fondements sur lesquels on a construit leur vie ? Est-on capable de questionner nos certitutes pour leur bonheur ? Et comment tenir bon quand ils vacillent, quand leur vie ne tient plus qu'à un fil ?

Quel parent ne s'est pas un jour posé la question, et à travers cette histoire dramatique, Anne Boquel y répond avec délicatesse et virtuosité.

Ce roman m'a bousculé, m’a remuée. En tant que mère, les questions qu'il pose m'ont profondément émue.

Aux côtés de ces deux parents perdus, j'ai oscillé entre tristesse et colère, entre espoir et regrets. Parce que la grande réussite de ce roman c'est surtout d'être tout en nuance. En le lisant, impossible de prendre partie pour Loïc ou pour Laurence, impossible d'en vouloir à Yohan ou de remettre en cause les engagements des membres de la zad. Avec une égale attention, elle nous donne à voir leurs points de vue, leur points d'achoppement et leur principal point commun à tous qui est finalement la quête d'un idéal, qu'il soit sociétal, personnel ou familial. Avec beaucoup de douceur, elle nous aide à nous construire notre propre avis, et c'est une réussite. Dernier point sur l'écriture de l'auteur que je découvre avec ce titre. Très sobre et très précise, très belle, elle a su me séduire, avec une mention particulière pour les dialogues, très réussis.

Un roman très actuel pour les points de contexte abordés, notamment l’urgence écologique dont s’empare la jeune génération, mais intemporel aussi dans les thématiques qu’il explore autour de la parentalité. Je vous le conseille sans réserve
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Le Berger

A 29 ans, Lucie se cherche dans une vie sans saveur.

Bien qu'elle exerce un métier qu'elle aime et dans lequel elle s'investie pleinement, rien d'autre ne la fait vraiment vibrer.

Elle a peu d'amis, plus de compagnon, la relation qu'elle mène avec ses parents est tout juste cordiale. On dirait presque que Lucie n'est pas faite pour ce monde.

Elle a une très faible estime d'elle même et c'est surement ce peu de confiance en elle qui la rend discrète, quasi invisible.

Sa collègue Mariette de son côté, semble affronter la vie plus paisiblement malgré ses tracas personnels. Et ça, c'est depuis qu'elle a rejoint "un groupe de parole" : La Fraternité.



Elle invite Lucie à se joindre à elle pendant les sessions de prières.

Enfin ! Lucie fait partie d'un groupe, se sent à sa place.



Vous le comprenez, dans ce premier ouvrage @anne.boquel nous fait entrer dans l'intimité d'un groupe sectaire.

Après avoir cerné le personnage de Lucie, jeune femme vulnérable et perdue, nous imaginons que la nouvelle énergie qu'elle découvre en elle depuis sa fréquentation du groupe de prière ne peut mener à rien de bon.

A travers ce récit, l'autrice va lever le voile sur le processus d'endoctrinement des sectes pour contrôler leurs fidèles.

Petit à petit, Lucie va vouer sa vie à la communauté et surtout au Berger (le leader).

Elle va suivre le processus d'adhésion religieusement jusqu'à être enfin acceptée. Se sentant enfin pleine, au cœur d'un groupe qui vient en aide aux âmes égarées, sans savoir qu'elle perd déjà le contrôle sur la vie, la vraie.



Régime alimentaire strict, privation de sommeil, alors que Lucie pense que toutes ces restrictions sont bénéfiques pour être au plus près de Dieu, nous comprenons qu'un individu carencé, désorienté et fatigué n'en devient que plus malléable.



Jusqu'où Lucie va-t-elle aller pour le Berger ?

Va-t-elle ouvrir les yeux ? Ecouter ses proches qui se questionnent ?

C'est sous apnée que les pages se tournent. On a autant envie que Lucie se réveille que de savoir jusqu'où la Fraternité va la mener. Un sujet intéressant et bien traité qui nous fait comprendre qu'il en faut si peu pour basculer.
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Le Berger

Totale immersion dans le marécage asphyxiant de la secte, ici une église évangélique comme il en existe de plus en plus ici et ailleurs : la Fraternité. Un groupe de fidèles à la recherche d'une écoute, d'un guide spirituel mais aussi et surtout d'un lien social, d'un sentiment rassurant d'appartenance à un groupe humain qui définit l'individu par d'autres valeurs que la rentabilité ou la performance… C'est beau toute cette chaleur humaine, ça fait du bien de se sentir regardée, distinguée, unique, utile… En cela, le berger est expert.

Quand Lucie, la sage conservatrice de musée, un peu seule, un peu terne, un peu déçue par la vie, pas très accomplie, pas très sevrée du regard parental, réalise qu'elle a beaucoup, beaucoup concédé au berger, il est déjà bien tard…

Sans l'extraordinaire vitrine qu'est Babelio sur la vaste production littéraire, jamais je n'aurais ouvert un tel roman, le titre, la couverture...

Bien sûr, le texte comporte quelques manques, comme par exemple une plus grande proximité avec les principaux protagonistes qui restent souvent un peu flous, un peu neutres, pas très fouillés, ou encore un rythme narratif plus enlevé dans la première partie. J'ai pourtant aimé cette écriture fluide et efficace qui fait glisser en douceur le lecteur dans la peau de la brebis qui cherche son berger.

Comme j'ai pu le lire ailleurs, ce livre est à mettre entre toutes les mains. ça sert aussi à ça la littérature, ça peut constituer un puissant antidote !

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Le Berger

Un livre glaçant qui décrit l'emprise sectaire avec une grande efficacité et interroge notre propre capacité à résister aux sirènes. Totalement d'actualité à un moment de notre histoire où beaucoup s'imaginent sortir du troupeau en sombrant en fait dans des dérives complotistes obscures.
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