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Citations de Anne Michel (III) (35)


Quand l'orage s'annonce avec ses gros moutons noirs, les vagues s'assombrissent ; quand il pleut, elle est toute grise et uniforme, comme du mercure. Et quand le vent forcit, comme aujourd'hui, elle est blanche d'écume, et les plages sont ourlées d'une sorte de mousse laiteuse.
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" Je crois que c'est ce truc bien pourri qui m'a fait mesurer mon bonheur, tu sais, répondit Capucine. Quand tout va bien, tu trouves toujours des raisons de te plaindre. Les enfants te soulent, se lever le matin te semble contraignant, ton conjoint t'irrite, tu as mille raisons de ne pas te satisfaire de ta vie. Et puis on te dit que, peut être, tout ça t'être enlevé. Que tu as un truc en toi qui, si tu ne fais rien, va grandir et te tuer. Alors tout te semble précieux. Les cris de tes enfants ne t'agacent plus parce que tu t'émerveilles de les avoir faits si vivants, l'instant le plus banal prend une densité incroyable à chaque fois que tu te dis que c'est peut-être une des dernières fois que tu le vis. Et ensuite, après t'être battue, après en avoir bavé, plus rien n'a d'importance. Enfin, les soucis n'ont plus d'importance. Tu relatives tout: une emmerde de voiture? C'est rien, je suis vivante! Un problème d'argent? Je m'en fiche, je suis vivante! Et tout devient plus joyeux. Je ne sais pas si ça durera, mais en attendant je me dis qu'avant j'étais heureuse… Et je ne le savais pas. Maintenant je le sais, et j'en profite d'autant plus".
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C'était l'heure alanguie propice aux confidences, où le temps s'étire délicieusement, où l'obscurité de la nuit qui s'avance abolit les barrières entre les êtres.
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Son corps lui-même devenait ombre parmi les ombres et il distinguait à peine ses mains à présent gantées de nuit.
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En amitié, elle ne craignait pas d’être vulnérable, mais en amour, les rares fois où elle avait abattu ses barrières, elle l’avait regretté. Samuel et Capucine lui disaient que c’était parce qu’elle était tombée sur des pauvres types. Peut-être… mais Sabrina ne pouvait s’empêcher de se demander si le problème ne venait pas tout simplement d’elle. Sans doute était-elle trop exigeante ? Sûrement, elle attendait trop d’une relation ? Elle refusait toutefois de revoir ses standards à la baisse : l’homme devant lequel elle accepterait d’enlever son armure intérieure, pas question qu’elle craigne d’être blessée par lui. Il devrait comprendre ses fêlures, accepter ses forces, la voir et l’accueillir telle qu’elle était. Elle devrait pouvoir se sentir en confiance totale, et qu’il accepte de se montrer à elle avec sincérité.
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Elles avaient choisi leur vie, elles avaient choisi leur terre.Et elles formaient maintenant un pont de l'une à l'autre pour mieux se retrouver.
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Quelques jours plus tard, alors que la fraîcheur tombe enfin sur l'île après une journée caniculaire, Jan sort de sa forge touffante, se rince au robinet dans la cour et se rend chez sa sœur. De part et d'autre de la porte d'entrée, deux hortensias sèchent sur pied; les minuscules fleurs racornies semblent brûlées de soleil. Edith est une jardinière consciencieuse, mais quand Jan touche le sol il constate qu'il n'a pas reçu d'eau depuis longtemps. Sa sœur n'est pas dans la maison et Jan fait un tour de jardin. Toutes les plantes sont dans le même état : desséchées, assoiffées. Jan saisit l'arrosoir et passe une bonne heure à réparer les dégâts. La terre est craquelée, et il lui faut plusieurs allers-retours. A peine a-t-il terminé qu'il apercoit Edith au loin. Elle s'immobilise en le voyant, puis se met à courir :
- Daniel ! Daniel ! crie-t-elle.
Mais en se rapprochant, elle reconnaît Jan.

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Au centre de la table, un couple. Lui est chauve, a de petits yeux malicieux et des lunettes rondes. Il entoure de son bras sa compagne. Elle porte une robe blanche, léger nuage de tissu, qui laisse voir sa peau un peu hâlée. Elle n’est pas vraiment belle mais quand elle sourit, ça ne se remarque plus. Et ce jour-là, elle sourit beaucoup.
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Elle sentait qu’il avait à cœur de prendre soin d’elle, mais que sa tête était souvent accaparée par tout un tas de réflexions. Il les partageait avec elle et elle appréciait de n’être pas le centre de son monde : cela leur laissait à chacun une autonomie dont ils n’auraient pas pu se passer. Pour le reste : le quotidien, les repas, l’organisation de la maison, ils s’ajustaient l’un à l’autre avec souplesse, ayant les mêmes notions assez approximatives du ménage et du rangement, et une même priorité pour la nourriture, ce qui formait une base solide pour une union durable ! Surtout, ils n’étaient ni l’un ni l’autre des gamins, et savaient ce qu’ils recherchaient dans une relation.
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Etait-ce normal de devoir glisser une poche de silicone dans un des bonnets de son soutien-gorge, tous les matins, juste pour avoir l’air d’être comme toutes les autres femmes ? Etait-ce normal de s’habiller à toute vitesse le matin, sans oser croiser l’image de son corps dans le miroir ? Etait-ce normal de refuser de se laisser approcher par son mari, tant elle avait peur de son regard sur ses cicatrices, traces visibles de sa lutte ?
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Si souvent, elle avait eu envie de se défaire de sa chair comme on ôte un vêtement, pour que les gens voient vraiment qui elle était. Capucine aurait-elle envie, elle aussi, d’enlever son corps abîmé ? Le reconnaîtrait-elle pour le sien ? Troublée par ces pensées, la jeune femme n’eut pas envie d’aller dormir dans une des chambres habituelles, et se contenta d’un confort sommaire, s’allongeant sur le canapé du salon, où elle lut jusque tard dans la nuit.
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Elle se reconnaissait à peine dans cette fillette si ronde à côté de ses cousines plus longilignes, et encore moins dans l’adolescente grassouillette qui apparaissait ici et là. Passant devant le grand miroir du couloir, elle contempla un instant son corps hâlé et athlétique. Son débardeur moulait sa poitrine menue et marquait sa taille. Elle songea à Capucine, qui devait à présent apprivoiser son corps meurtri.
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Il est vrai que, comparé à la sculpturale Sonia et à ses beaux cheveux soyeux, son sourire de rêve, Sabrina avait tout du vilain petit canard. Mais il était sûr qu’elle était capable de séduire les clients par son sourire, son entrain, son sens de la repartie, son naturel, bref, toutes choses dont ne disposait pas Sonia, malgré sa plastique impeccable.
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Sabrina aimait les cigales, mais elle en avait aussi un peu peur : ces gros insectes pouvaient s’accrocher à son torchon ou à ses vêtements quand elle les dérangeait et l’une d’elles, une fois, s’était même posée dans ses cheveux. Leurs pattes griffues, conçues pour s’accrocher aux écorces, piquaient la peau à travers les tissus légers. Ces insectes avaient beau être totalement inoffensifs, Sabrina les préférait de loin, en haut des branches…
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Elle espérait que l’envie et la capacité de créer reviendraient, une fois qu’elle serait guérie. Au fond d’elle, c’était ce qu’elle craignait le plus : que le cancer lui ait pris cela aussi.
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C’était sa vie, autant essayer de s’en accommoder. Elle n’allait quand même pas s’asseoir sur une chaise et pleurer : après tout ce qu’elle avait traversé, il ne manquerait plus que ça ! S’apitoyer sur son sort, ce n’était pas son truc. Accélérant un peu, le chien gambadant à ses côtés, elle se dirigea vers les oiseaux, qui s’envolèrent dans un battement lourd.
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Parfois, elle se demandait si elle serait encore capable de se jeter à cœur perdu dans une histoire d’amour. Son célibat n’était pas si inconfortable que ça : elle avait son rythme à elle, ne rendait de comptes à personne, pouvait en rentrant enfiler un survêtement informe et s’affaler aussi longtemps qu’elle le voulait devant la télé, sans avoir à se préoccuper de quelqu’un d’autre.
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Elle venait de lire le récit de Capucine. Elle avait beau connaître son amie, elle était impressionnée par les ressources que celle-ci trouvait pour affronter tous les à-côtés de la maladie. Capucine avait beau lui écrire que c’étaient ses enfants qui lui donnaient la force, qu’elle n’avait pas le choix si elle ne voulait pas les inquiéter, Sabrina savait bien que son amie était une teigneuse, une battante, et que le crabe n’avait qu’à bien se tenir…
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En attendant de rencontrer la perle rare, il fallait bien qu’elle se satisfasse de sa vie en solo. Elle s’était installée dans un cocon confortable et rassurant, où le quotidien était rythmé par les promenades avec son chien, les repas avec Samuel et Eric, les conversations virtuelles avec Capucine. Elle n’avait pas créé beaucoup de liens profonds, s’anesthésiant peu à peu en évitant de ressasser sa situation et en vivant en surface, dans un entre-deux cotonneux, où rien ne pouvait la blesser. L’inconvénient était que rien ne la touchait véritablement.
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Elle avait le teint mat, des yeux noirs d’Italienne, et un sourire qui la transfigurait. Mince, elle n’avait pour toutes rondeurs que celles, bien placées, qui rendent une femme sensuelle.
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