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Critiques de Anne Philipe (49)
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Un été près de la mer

Anne Philipe n’a pas son pareil pour retranscrire en mots, les menues émotions du quotidien les petits riens, une atmosphère, une ambiance…

« Un été près de a mer » ne sort pas de ce cadre. Une famille, sous le soleil de Provence, des odeurs de lavande, les cigales, l’air qui tremble sous la chaleur. La vie est douce. C’est sans doute ça le bonheur. Même si le vieux chien Médor est renversé par une voiture…

Une femme est sur le point d’accoucher…

Une atmosphère de farniente portée par de très jolies pages, un style qui suggère plus qu’il ne décrit. Anne Philipe au sommet de son art.

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Spirale

Heureuse de recevoir enfin ce texte d'Anne Philipe, que je m'étais commandé chez un petit éditeur dont j'admire le travail et la fabrication de petits livres magnifiques, entre la maquette originale à rabats, et à chaque texte, un illustrateur contemporain...



Pour cette réédition du texte d'Anne Philipe, les éditions du Chemin de Fer ont choisi l'artiste, Anne Colomes... qui, par ses formes énigmatiques ajoutent du mystère à ce texte personnel, déjà rempli de poésie...



Un texte d'une pudeur extrême pour dire la vie après la perte de l'être aimé... Poésie, énergie de vie pour apprécier le présent au mieux pour respecter la personne aimée qui manque, et tenter de transmettre le merveilleux de la vie à ses enfants...même si ...!



"L'autre continue à dormir et tout à coup nous nous disons: " Si cette respiration-là, pour moi unique, s'arrêtait, le monde serait-il le même, et le ciel et la transparence de l'eau, l'éclat du soleil, le bruit de la pluie, l'ombre au pied du platane ? Et serait-ce force ou faiblesse que le monde ne changeât point ? "(p. 82)



Je ne m'attendais pas du tout à ce ton... J'avais imaginé plus d'évocations

du parcours entier d'Anne Philipe; Mais là dans ces lignes poétiques

et retenues dans l'émotion...Il s'agit d'un écrit, sorte de travail de deuil

et de vie... Comment survivre à l'absence de l'être aimé, en tentant de

faire aimer l'existence à ses enfants...en dépit de la tragédie: le départ

brutal du papa ... ??



Texte déstabilisant, bouleversant... car il questionne les profondeurs

de la vie... lorsqu'on a perdu sa raison principale d'exister...et qu'il

faut poursuivre le chemin, envers et contre tout.. !!



L'élégance du style et l'intensité des questionnements "existentiels"

nous emportent très haut !



Je transcris quelques extraits... significatifs...pleins de lyrisme et d'amour de la Vie....même si le chagrin est là, tenace, tapi dans chaque recoin de cette lumineuse maison d'été de Ramatuelle... où les souvenirs heureux de la petite famille sont nichés...



De très beaux passages sur les odeurs, senteurs, couleurs des arbres, de la mer...de cette belle nature méditerranéenne !

Des lignes aussi extraordinaires sur la maternité, le cadeau merveilleux d'avoir des enfants...le don précieux de La Vie... même si Anne Philipe ne se résout pas à l'idée de la Mort de ceux qu'elle aime; des interrogations universelles comme celle de notre finitude !



"Je voudrais poser sur mes enfants un regard qui leur permette de s'aimer et plus tard de savoir aimer. "(p. 74)



"Comment aider à construire une société où l'homme ne soit déjà, ne devienne bientôt, consommateur ou bureaucrate ?

Une société à laquelle on ait envie de prendre part, qui ne soit pas l'ennemi dont il faille se protéger, où le bruit du vent dans le platane ait le droit d'être écouté, où l'on apprenneaux enfants à regarder le ciel aussi bien que les hommes ? ( p. 57)



"Quand le soleil sera au plus haut de sa course, j'irai vers la maison et dès le seuil chaque être redeviendra unique, j'appartiendrai à une civilisation, j'aurais des obligations, des liens de famille et de coeur, je serai animée du désir d'apprendre, même si je sais que chaque connaissance nouvelle accroît la responsabilité et s'accompagne d'un doute presque équivalent. "(p. 99)



Un très, très beau texte...lyrique et poignant, habillé, de surplus, d'une très élégante maquette-enveloppe, à rabats... transformant de façon magique ce petit volume en coffret partiel...sans omettre les formes insolites, épurées d'Anne Colomes !
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Promenade à Xian

Un aspect moins connu de la personnalité d'Anne Philippe , " la femme de ...", Anne Philippe , passionnée par l'Asie et plus spécifiquement par la Chine . Elle effectuera plusieurs voyages en Asie...



Je recherchais les deux ouvrages à caractère ethnologique et sociologique , présentement épuisés; et fin 2016, un ami a déniché en province, dans une brocante... cette "Promenade à Xian"...

j'en ai été très heureuse... même si je n'en rédige la chronique que 2 années plus tard; j'ai souhaité en faire une relecture... C'est un texte d'observations de la vie quotidienne des chinois, mais aussi des réflexions, des analyses sur les changements et transformations de ce pays après La Révolution culturelle... Il me restera à dénicher "Caravanes d'Asie". !!..



J'en profite au passage pour remercier abondamment Pierrette Fleutiaux, qui a rédigé un ouvrage flamboyant sur sa rencontre avec son éditrice, et puis son amie, Anne Philippe. C'est grâce à cette auteure que j'ai fait plus amplement connaissance avec la très riche personnalité d'Anne Philippe, dont j'ignorais, entre autres ses missions d'ethnologue et ces longues

incursions en Chine...[***voir références et lien, à la fin de cette chronique]



"Si j'étais chinoise que me serait-il arrivé pendant la Révolution culturelle, aurais-je été exécutée ou emprisonnée comme "mauvais élément" ? Ou encore envoyée dans une commune populaire pour être "rééduquée" par les paysans ? Mes enfants auraient-ils fait partie des gardes rouges les plus radicaux ? Pourrais-je vivre dans la société chinoise ? J'ai acquis tant de méfiance vis-à-vis des vues "globales", prétendues objectives, où l'on prône pour les autres un monde dans lequel soi-même on ne pourrait , on ne voudrait vivre".(p. 81)



Ce journal est le récit de son quatrième séjour.



Elle y avait vécu un an en 1946, avant la Révolution. En 1948, elle avait traversé en caravane le Sinkiang, jusqu'à l'Inde. En 1957, au moment des « Cent Fleurs », elle y était retournée avec Gérard Philippe. Elle l'a visité de nouveau, au mois de mai 1979. Cette fois elle a découvert la Chine d'après la Révolution culturelle, d'après Mao, d'après Chou En-lai...



"A l'heure même où je respirais avec allégresse les larges et invisibles lames de vent, combien d'hommes, prisonniers politiques, déportés chinois et soviétiques, construisaient des ponts, ouvraient des routes et des voies de chemin de fer qui seront montrés plus tard comme preuves du développement sous Mao, Staline ou Brejnev ?" (p. 15)





Anne Philippe nous offre une rare élégance et finesse dans toutes ses observations, analyses du peuple chinois, à qui elle rend hommage. Hommage à leur courage, aux souffrances endurées durant la Révolution Culturelle... Elle nous fait part de ses doutes sur tout régime politique extrême...Cet ouvrage, même si il a été publié il y a près de 40 années... n'a pas perdu de son actualité (au sens large) !!...



"Les centaines de milliers de réfugiés de par le monde ne sont pas tous des "salauds" , des "réactionnaires", des "impérialistes". Jusqu'à présent je n'ai rencontré aucun Chinois qui m'ait parlé avec cynisme mais j'ai l'impression que ce que cherche aujourd'hui la population c'est de vivre après avoir survécu. Vivre, apprendre, sortir de la pauvreté, découvrir

le monde industrialisé, être mieux logé, pouvoir acheter davantage et parler moins de politique. Quelle avidité de connaissance !" (p. 82)



Un récit -pépite.... qu'il serait très heureux que les éditions Gallimard réédite ...



**** voir https://www.babelio.com/livres/Fleutiaux-Bonjour-Anne--Chronique-dune-amitie/195228/critiques/460756

et surtout lire "Bonjour Anne : chronique d'une amitié" de Pierrette Fleutiaux (Actes Sud, 2010 )
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Correspondance (1946-1978) : Georges Perros..

Une correspondance inscrite depuis un long moment dans mon interminable liste de « textes à découvrir ». J’ai enfin eu l’opportunité de savourer ces lettres entre Georges Perros et son grand ami, Gérard Philippe, puis après sa disparition, avec son épouse, Anne Philippe. Ouvrage que j’ai emprunté à ma médiathèque. J’en profite pour saluer et exprimer toute ma reconnaissance aux éditions Finitude, pour la qualité de leurs publications ; Un catalogue qui regorge de trésors et d’inédits.



Une correspondance bouleversante où on perçoit si fort à la fois, la peine de l’Ami et le chagrin infini de l’épouse, Anne Philippe ; la continuité de leur amitié et de leur correspondance les aidera , l’un et l’autre, d’une certaine façon à « supporter l’insupportable », en nommant « l’Absent », et en évoquant les moments, souvenirs heureux vécus tous ensemble…



Cette correspondance, en sus de cette très belle histoire d’amitié, qui se poursuit au fil du temps. [Anne Philippe aidera, soutiendra du mieux possible Georges Perros, lorsqu’il sera gravement malade (cancer de la gorge) et ceci jusqu’à la fin…] m’a fait découvrir un peu de la personnalité et de l’œuvre de Georges Perros, pour laquelle j’ai, cette fois, une furieuse impatience à lire sa prose et ses aphorismes…Un style, une poésie incisive se dévoilent déjà abondamment dans ces lettres. Un poète-écrivain singulier, hors de toutes les modes.



« [13 mai 1960] Cher Georges,

(...)

J'ai lu votre livre [ à propos de "Papiers collés] le jour même où je l'ai reçu. Il m'était familier, tout à fait familier.

J'aime vos aphorismes qui vont à l'essentiel. Ils atteignent souvent- pour moi il en est qui me touchent plus que d'autres-le coeur ou l'esprit comme un petit poignard cruel ou tendre, ou simplement vrai. (p.87) »



Cette correspondance, 125 lettres inédites sont accompagnées de photos de famille, est présentée par Jérôme Garcin (époux d’Anne-Marie Philippe)



Une lecture sensationnelle qui nous fait croiser trois destins uniques : ceux de Gérard Philippe, de Georges Perros et d’Anne Philippe, sans oublier la fille , Anne-Marie Philippe, comédienne, qui a choisi le chemin paternel. Au fil de certaines lettres d’Anne Philippe, nous prenons connaissance de son travail d’éditrice chez Julliard, sa découverte enthousiaste de Pierrette Fleutiaux, mais également de son difficile travail personnel d’écriture, pour lequel elle exprime de fréquents doutes.



« Dimanche 17 octobre 1976- Cher Georges, (…)

Je suis abrutie de lecture de manuscrits, aussi médiocres que ceux que vous lisiez pour Vilar. Et toujours l’espoir, la carotte. Ce qui est terrible c’est quand on se trouve devant la personne-ce qui m’arrive le plus souvent, on veut me voir, m’expliquer et je ne me sens pas le droit de refuser : j’ai lu, c’est mauvais, je suis désarmée car chaque manuscrit-sauf s’il vient d’un fumiste-représente tant de travail, d’espoir, un tel désir-besoin de communication » (p.127)

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L'éclat de la lumière

Et en cette matinée du 20 juin 2019... ma boite aux lettres était en fête: un ami de longue date, connaissant mon grand intérêt pour cette "dame"... m'a envoyé et déniché un volume épuisé d'entretiens d'Anne Philippe , avec un couple d'artistes qu'elle admirait artistiquement et humainement : Marie-Hélène Vieira da Silva et Arpad Szenes, "L'Eclat de lumière"

(Gallimard, 1978)...que je me suis empressée de débuter !



Un volume d'entretiens d'un couple d'artistes, unis dans la vie et complices dans leur Art... Ouvrage très dynamique où ils discutent, répondent aux questions de leur amie, Anne Philipe : de leur rencontre, leur travail de peintres, leur passion commune pour la musique, leurs rencontres amicales et artistiques, leurs curiosités littéraires, etc. Vieira, artiste tourmentée et dans le doute permanent, alors que l'on sent son compagnon, Arpad Szenes plus serein... et heureux de vivre. Un tandem complice et complémentaire !



"Maria Helena Vieira da Silva :

Vous savez, c'est curieux, j'ai des couleurs d'été et des couleurs d'hiver.

Quand il fait chaud j'aime peindre du bleu, du vert, du blanc. le blanc je

peux l'employer toute l'année, du reste. Et quand il fait froid j'aime le

rouge. "La bibliothèque rouge", par exemple, je l'avais commencée à

Paris, lentement, puis je suis venue ici, à Yèvres, au mois de mai, il faisait

froid, je l'ai continuée et un beau jour il s'est mis à faire chaud et je l'ai

tournée vers le mur. Je l'ai terminée à l'automne, dès que j'ai eu envie

de chaleur."



Il est évidemment abondamment question du mystère de la création

artistique, de la naissance et genèse d'un tableau...



"Vieira.- Qu'il doit être difficile d'être un théoricien ou un historien d'Art ! comment expliquer ce qui est inexplicable ?" (p. 17)



"Vieira.- La main parfois travaille seule, c'est vrai, mais c'est rare.

Arpad.- Relativement seule. Jamais absolument seule, ça ne peut pas exister, il faut bien que le commandement vienne de quelque part.

Vieria.- Quand on commence une huile ou une gouache, il y a deux tableaux qui marchent ensemble, celui qui est sur le chevalet et celui qui est dans notre tête " (p. 54)



Ce couple d'artistes est très heureusement complice et très indépendant

dans leur appréhension respective de leurs oeuvres !.... le mystère du processus créatif reste entier... ainsi que les doutes constants pour

chacun...



Une lecture très éclairante sur le monde de la création artistique...et sur

deux parcours très riches de deux grands artistes se confiant

spontanément dans un dialogue bienveillant avec leur amie, Anne Philipe.... Découvert également un artiste surréaliste, mort trop jeune, qu'Arpad Szenes met ici à l'honneur..., Domenico Gnoli.



Encore merci à cet ami m'ayant permis la lecture de ces précieux échanges !!







******En même temps que cette lecture jubilatoire , Je me suis décidée brusquement à établir une liste comme une sorte d'hommage... à Anne Philippe, grande intellectuelle... malheureusement limitée, pour la majorité d'entre nous, à être "la Femme de ..." ; ce que je reconnais avoir fait moi-même jusqu'à la lecture du texte admirable de Pierrette Fleutiaux, "Bonjour Anne : chronique d'une amitié " (Actes Sud), qui m'a fait prendre conscience de l'envergure de cette femme-écrivain- ethnologue-éditrice....documentariste...



voir https://www.babelio.com/liste/10843/Bonjour-Anne-Philipe-

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Le Temps d'un soupir

Dans le temps d'un soupir, Anne Philippe retrace le cheminement de sa vie de couple avec le comédien Gérard Philippe. Tout au long de cet ouvrage elle ouvre son coeur sur ce que fut leur relation. De leur rencontre jusqu'à la fin de ses jours, la porte des souvenirs à deux s'ouvre sur un océan de bonheur, de joie, de beauté et surtout d'amour entre ces deux êtres unis pour le meilleur et le pire.



Aussi lorsque Gérard tombe gravement malade, Anne, sa femme, refuse l'évidence de son départ et s'accroche désespérément à ce que fut leur amour pour tenter d'en faire une bouée de sauvetage pour se remettre à flot.

Tout en pudeur et retenue, Anne Philippe nous livre le temps d'un soupir, ce qu'elle porte en son coeur, cet amour si grand, si pur, que fut le sien pour son mari jusqu'à son dernier souffle et bien au delà.

Parce que la mort est un passage obligé, sans jamais tomber dans le pathos ces lignes qui pleurent l'être aimé nous touchent immanquablement.



Une lecture empreinte de douceur et de douleur qui nous transporte loin, très loin...
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L'éclat de la lumière

Très intéressante et touchante suite d’ entretiens entre Anne Philipe et le couple de peintres formé par Arpad Szenes et Maria Helena Vieira da Silva.

Un couple plein de douceur et de sollicitude l’un envers l’autre, on sent entre eux une grande complicité : tantôt l’un répond à la place de l’autre ou termine et complète les propos entamé par l’autre.

Il n’y a pas fusion mais respect mutuel de leur différence et aide réciproque, Chacun étant comme ils le disent si tendrement « l’ange gardien de l’autre ».

C’est émouvant et rare de découvrir deux êtres qui s’aident à grandir dans leur art, chacun gardant sa propre personnalité, son originalité. Un bel échange qui se déroule sans précipitation, permettant à chacun de trouver les mots qui nous offrent une ouverture sur leur univers et une compréhension plus approfondie de leur recherche picturale. Ils le font avec beaucoup d’humilité, sans esquiver leurs doutes, émaillant leur propos de pointes d’humour. On les sent fragiles mais aussi convaincus que chacun n’aurait pu suivre un autre chemin.



Arpad : « Avec Vieira j’ai été de plus en plus heureux et cette progression n’a pas cessé. Vieira est vulnérable et mélancolique., elle a besoin d’une certaine aide morale. Elle n’a jamais cru assez à son génie, je veux dire son destin, ni à ses possibilités.

Des esprits chagrins ont dit qu’elle seule était connue et que je m’étais complètement retiré. Ce n’est pas du tout vrai au sens où ils l’entendent tout au moins. Pour moi se retirer signifie travailler, et cela m’était nécessaire. Si je n’avais pas eu cette possibilité, je ne serais rien aujourd’hui. Il est arrivé qu’on me dise : « Et vous, monsieur da Silva, quelle est votre profession ? » Et moi-même, dans un magasin par exemple, j’ai pu donner comme nom da Silva parce que c’est beaucoup plus facile à comprendre que Szenes. Mais aujourd’hui on appelle parfois Vieira, Vieira Szenes parce qu’il y a tant de « da Silva ».

p 72-73
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Le Temps d'un soupir

« Avec son livre, « Le Dernier Hiver du Cid », Jérôme Garcin prolonge le si déchirant témoignage d’Anne Philipe, « Le Temps d’un soupir ». L’auteur a épousé Anne Marie, la fille de Gérard et d’Anne Philipe. Il nous parle avec délicatesse et pudeur des derniers jours de l’immense acteur de théâtre et de cinéma qu’était Gérard Philipe. Il nous dévoile aussi, par bribes, sa jeunesse et plus tard sa carrière, mais aussi la grande humanité de cet homme très proche de ses enfants et de son épouse, de ses amis Jean Vilar du TNP, de l’écrivain Georges Perros et des gens tout simplement. Le bonheur était là, la tragédie arrivait….

J’ai beaucoup aimé redécouvrir cet acteur connu dans le monde entier et dont mes parents me parlaient avec fierté. Gérard Philipe aurait mérité un bel hommage pour les 60 ans de la disparition en 2019. Sa beauté, une vie brève et une carrière incroyable n’empêchent pas l’oubli dans ce monde d’aujourd’hui mais une étoile telle que Gérard Philipe n’a sans doute pas besoin de reconnaissance… Je suis entrée avec bonheur et curiosité dans l’univers « cinéma et théâtre des années 50 », j’ai été très émue par la détresse d’Anne son épouse, si digne dans son immense douleur.. A lire pour (re) découvrir ce grand comédien..
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Le Temps d'un soupir

J'avais juste 17 ans lorsque le professeur de notre classe nous a demandé d'étudier ce livre. Pour moi ce fut une révélation. Je découvrais qu'il etait possible avec des mots d'exprimer l'intensité de sentiments parfois impossible d'expliquer à l'oral avec des mots,' mots qui lorsqu'ils sont assemblés sur le papier prennent toute leur importance. Je me rappelle avoir eu la gorge nouée et les yeux embrumés. Pas facile de lire ce poignant témoignage par moment. Ma mère aussi se mourait d'un cancer à cette époque c'est peut-être aussi ce contexte qui m'a permis de si bien ressentir ce que Anne décrit dans ce livre.
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Le Temps d'un soupir

Cela fait des annees que j'ai lu ce temoignage d'une epouse sur les derniers instants de vie du tres grandtissime Gerard Philipe.,et mes souvenirs sont toujours precis,j'ai beaucoup aime sa sensibilite,elle livre son cœur et sa souffrance tant inattendue.

Gerard Philipe était un acteur de tres grand talent,que j'aime beaucoup;pour moi,il est mort trop jeune et jamais il n'aura su qu'il était condamne par un cancer

Dommage,parfois la vie est trop injuste et emporte les plus grand sans menagement
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Le Temps d'un soupir

Peu d’entre nous l’ont connu….Gérard Philipe, immense acteur emporté beaucoup trop tôt, par la maladie, a quitté notre monde en 1956.

Un livre de souvenirs, écrit par son épouse, sur ces quelques semaines séparant l’annonce de sa maladie de son décès, un livre sur le manque, sur l’absence de l’homme aimé

Une longue et belle lettre d’amour de cette épouse à cet homme.

Tout est dit dans le titre

Émouvant et beau
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Le Temps d'un soupir

N°1664 - Août 2022



Le temps d’un soupir – Anne Philipe – Juillard.



Je viens de lire « Le dernier hiver du Cid », un émouvant hommage de Jérôme Garcin à Gérard Philipe (1922- 1959).

La lecture de ce témoignage, celui d’Anne, son épouse, s’est imposé de lui-même. Ce livre, publié en 1963, quelques années après cette disparition qui étonna le monde entier parce qu’elle frappait un homme jeune beau et plein d’un bel avenir, est une longue méditation sur l’amour, le bonheur et la mort servie par une écriture sobre . Le texte évoque brièvement sa vie à elle, les souvenirs qu’ils avaient en commun et avec leurs enfants mais surtout abandonne à la page blanche devenue confidente les derniers jours de son mari, entre douleurs, les fols espoirs de survie, le retour à la maison, les rues de Paris, les projets incertains pour un avenir lointain. Elle y exprime sa volonté de le voir revivre mais face à la souffrance insupportable et à la fin inévitable, souhaite sa mort, se laisse aller à supplier les médecins de laisser partir la vie, et se heurte à un refus … Elle va donc devoir, face à une mort annoncée, endosser ce rôle de mensonge en lui cachant son état et devenir cette comédienne tragique face à cet immense comédien,  malgré la trahison du miroir, les vêtements soudain devenus trop grands, malgré les jours gagnés sur la vie dont on égrène le triste décompte ! Elle se prépare à affronter le malheur comme jadis elle vivait le bonheur avec lui, joue pour lui la comédie de la vie alors que la mort est en embuscade, se force à s’habituer à la solitude.

Désormais sa place est vide et elle évoque le quotidien, les folies et les phobies, les souvenir faits de mer, de soleil et du chant des cigales qui ont émaillé leur vie commune mais maintenant qu’il a quitté ce monde, qu’il n’est plus pour elle qu’une ombre vivante , à la fois douce et floue,  elle vit toujours avec lui. C’est comme s’il devait surgir de la foule, dire que tout cela, la souffrance et surtout la mort n’ont pas existé, que tout cela n’a été qu’un rôle, qu’un mauvais rêve et qu’il faut se réveiller. Les pensées se bousculent dans sa tête et elle repense sans doute à ce vers de Paul Eluard « Nous ne vieillirons pas ensemble, voici le jour en trop, le temps déborde... ».

Il y aura les hommages officiels venus du monde entier, ceux de la profession pour laquelle il s’est tant battu, celui de la « culture » mais c’est dans de petit cimetière de Ramatuelle qu’il repose, après trente six ans d’une courte vie, revêtu de ce costume du Cid qu’il incarna, accompagné par tous les habitants du village, comme on dit adieu à un ami, à un parent...

Des mots écrits à la main puis imprimés dans un livre, seize courts chapitres, la présence de leurs enfants, des gestes dérisoires et répétés, des comportements artificiels et de circonstance pour exorciser la douleur et l’absence, comme la veuve du poète Paul Baudenon, Claire, qui signait ses lettres de son prénom et de celui de son mari alors que ce dernier était mort depuis des années, ou cette femme anonyme qui après le décès de son cher époux, mettait chaque jour son couvert... C’est un baume bien fragile face à la fatalité et à la mort qui est notre lot à tous.

Elle lui survivra jusqu’en 1990, ne le rejoindra dans le néant qu’à l’âge de 72 ans après avoir passé le reste de sa vie à honorer sa mémoire, à faire survivre cette image définitive de l’éternel jeune homme qui s’est inscrite dans la mémoire collective. L’écriture l’y aida sans doute parce qu’elle a cet extraordinaire pouvoir cathartique et l’ombre de cet homme ne la quitta jamais.







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Le Temps d'un soupir

Je me souviens encore de mes larmes qui n’arrêtaient pas de couler en lisant Le temps d'un soupir ...

La mélancolie de présent , l'amertume du vide laissé par son époux défunt , la faiblesse et sa recherche de la force pour continuer -seule- son chemin ... tout est mélangé , soigneusement , dans ce livre ...



Je vous conseille vraiment de le lire !

Vous l'aimeriez sans doute !
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Le Temps d'un soupir

Chronique intimiste d'une mort annoncée, celle de Gérard Philipe, écrite par son épouse, Anne. Une mort annoncée 20 jours avant l'échéance fatale, par ses médecins, après une vaine tentative d'opération .

Anne situe son récit à diverses périodes, celle du bonheur, celle de la maladie, celle du deuil, et une période plus récente où la sérénité s'installe peu à peu, difficilement :

"Le travail de la vie continue cependant à se faire en moi. je le sais, je le veux, mais ce que je perçois le plus clairement c’est la grisaille des jours et l’effort pour adhérer au monde alors que souvent le cœur choisit de se mettre en retrait."

Le temps d'un soupir est une magnifique lettre ouverte à l'être aimé, au couple fusionnel que formaient Anne et Gérard, une ode au bonheur perdu et à la nature, avec, notamment ce très beau passage, à la fin du livre, décrivant la tombe de l'acteur, à Ramatuelle.

Que de vérité, que d'émotion dans ce petit ouvrage où Anne Philipe , elle qui était une amoureuse de la vie, voit la mort, brutale et injuste, l'emmener au bord de la fracture :

"Faut-il accepter un futur dont tu es absent ?", s'interroge celle qui choisira la vie, malgré l'absence insoutenable, et malgré les moments de désespoir.

Un livre très humain, au message universel , sur le deuil et sur la résilience.

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Le Temps d'un soupir

C'est en écoutant Jérome Garcin sur France culture, évoquer le livre d'Anne Philipe, que ce souvenir de lecture m'est revenu. J'ignorais qu'il avait épousé la fille d'Anne et Gérard Philipe.

Un récit d'une grande douceur pour partager la douleur du décès tragique de son célèbre époux, acteur talentueux, foudroyé au sommet de son art.

Ce livre que j'ai lu adolescente m'a bouleversée.



Je ne l'ai pas vu sur scène, mais mes parents ont pu assister à la représentation du TNP à Chaillot en 1953 ou 1954 de Lorenzaccio, mis en scène par Gérard Philipe, dont on m'a transmis le programme original et le livret d'accompagnement avec photos que je garde précieusement.



Comme ceux de ma génération n'ayant pu le voir jouer sur scène, il était toujours un comédien adulé et nous pouvions voir ses films, Fanfan la Tulipe bien sûr et les merveilleux films Les orgueilleux, Le Rouge et le Noir, Si Versailles m'était conté dans le rôle de D'Artagnan, Les Grandes Manœuvres...

Donc une carrière époustouflante, 44 films et 26 pièces de 1942 à 1960 dernier film sorti à titre posthume, et dernière apparition sur scène l'année de sa mort 1959.

La maison Gérard Philipe à Cergy, est fermée à la visite pour restauration et sera réouverte au public en 2025.

















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Spirale

Par ces mouvements de la pensée, indéfectiblement liée au deuil, Anne PHILIPE exprime une maturation partagée avec grande sensibilité et pleine liberté, sans intention de convaincre ou de suggérer des leçons à retenir.

C'est déjà muni d'une certaine maturité que le lecteur est invité à constater qu'il est possible de ne pas se recroqueviller, de fuir toute intention de l'indifférence malgré le poids de ce que coûte l'attention au passé et à certaines horreurs du présent, décomptes tragiques qui font de nos impuissances plus que des sentiments.

Inspirations, aspirations trempées dans un sens aigu et aiguisé de l'attention à la nature donneront une nouvelle découverte du mot spirale.
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Je l'écoute respirer

Injustement méconnu, Je l'écoute respirer d'Anne Philippe fait partie de ces livres dont le souvenir, plusieurs années après sa lecture, ne m'a jamais tout à fait quitté.



Dans ce récit autobiographique d'une sincérité, d'une sobriété touchantes, l'auteure y raconte les jours, les instants, les derniers, qu'elle passa auprès de sa mère mourante.

Dans une écriture dépouillée, Anne Philippe décrit avec retenue, bienveillance et sans mièvrerie, tous les moments d'une relation de deux êtres en train de se défaire, que rien ne pourra plus reconstituer.



Sans ostentation, les souvenirs lentement affluent. Ceux d'une mère, d'une femme qui, déçue par un mariage malheureux et touchée par une santé fragile, n'en oubliait pas de rire, de chanter en s'accompagnant au piano («La chevelure» de Claude Debussy était son chant secrètement préféré), de lire avec passion, de s'enchanter de la petite compagnie de son chien et de ses chats, de savourer du bon champagne et d'aimer sa fille unique, tendrement.

Aux souvenirs s'agrège le présent, celui d'une femme restée belle mais qui devenue âgée, est allongée dans son lit, très éprouvée par la maladie qui progresse. Et sa fille seule à ses côtés, indéfectible présence.



Je l'écoute respirer aura été une expérience de lecture vraiment à part. Au-delà de son thème vraiment touchant (l'accompagnement d'un être proche en train de perdre la vie) qui ne peut manquer d'ébranler, c'est tout ce qu'elle mobilise en nous, dans notre attitude de lecteur qui est également à remarquer : souvent impatiente, exigeante durant la lecture, mon attention s'est ici fondue comme rarement dans le rythme lent, retenu et attachant du récit et de ses deux personnages.



Lire c'est écouter.
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Les rendez-vous de la colline

La relation de Marie avec sa fille Constance est fusionnelle.

Toutes deux partent régulièrement en vacances dans un petit village de montagne et ce sera au cours de promenades que la jeune fille rencontrera Lulu, une étrange vieille femme, et son chien Tahiti.

Constance est bavarde, elle aime échanger avec sa mère, son chien Médor, ses copines, et aussi avec la vieille Lulu.

C'est un roman très court, dans lequel Anne Philippe donne la parole à la jeune Constance ( pré adolescente), et permet alors de décrire les émotions de cette toute jeune fille, ses craintes, ses rêves, ses espoirs.



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Je l'écoute respirer

Un piano qu’on laisse ouvert, quelques chats qui rythment la journée, une femme qui apprivoise la mort de sa mère, rien que de petites choses dans cette œuvre, mais une écriture pudique et belle, lente comme une respiration qui s’éteint doucement.



Anne Philippe a écrit une très belle œuvre sur la disparition de son amour Gérard Philippe. Le titre : Le temps d’un soupir que j’ai lu il y a très longtemps et dont l’écriture est admirable. Malheureusement, ses livres ne sont plus disponibles en librairie. Il faut aller en bibliothèque. On les trouve en numérique par contre.
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Le Temps d'un soupir

Très beau livre d’une femme en train de faire son deuil sous forme d’un écrit dédié à son mari (l’acteur Gérard Philipe) qui va mourir et ne le sait pas. C’est un très beau témoignage, un cheminement sans pathos, tout en retenue. C’est à la fois intime et pudique. C’est aussi un livre sur les moments de bonheur et la fragilité de celui-ci, et un très bel hymne à la vie.

Difficile à critiquer, mais à lire absolument.

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