Citations de Anne de Kinkelin (51)
Je suis en manque de paroles. Je suis en manque de reconnaissance. Regardez-moi, je suis là. J'existe. La plupart des gens pensent que converser, c'est parler. A défaut, je les observe. Je les regarde, je les sens. Mon odorat se développe depuis que mon ouïe a failli. Je les déchiffre à leurs mouvements, à leurs parfums. À la manière dont ils agitent la main pour commander un café. Je devine, en silence, le timide, l'orgueilleux, le sans-gêne, le jaloux. Être privée de cette interaction me pousse dans un rôle animal. Je communique, mais je ne converse pas. Ça n'a pas l'air de les déranger
étrange sensation de vouloir l autre alors qu on n a échangé qu un regard, un hasard
la boîte à musique intérieure de Louise venait, sans crier gare, de se remettre en route. rouillée, inutile, il lui avait suffit d un regard pour relancer le mécanisme. Louise avait mal.
Le silence n'est pas uniquement synonyme de tranquillité et de relaxation. Il est aussi le lieu où l'on découvre sa vraie force intérieure loin des fracas du monde.
L'égoïsme, c'est croire en toi, pour toi, et avant les autres. L'indépendance, c'est faire les choses avec le cœur et la raison sans peur des jugements. Toute ta vie tu as écouté, interprété et intégré les mots des autres. Soit une femme qui réussit, laisse les maux de ceux qui parlent à distance de toi.
Le monde de la cuisine est microscopique. Les contrevérités y croisent les mensonges arrangés et quelques faits déguisés.
C’est ça qu’il essaie de dire aux gens qui l’écoutent et avec lesquels il dialogue. Rien n’est jamais écrit. De toutes les histoires, la plus bouleversante reste celle à venir.
[-Tu es chinoise, tu es une femme, tu es belle, tu parles trois langues. Tu choisis de faire de la cuisine. Tu vas prendre deux fois plus cher que les autres … Tu ferais mieux de t’inscrire à Sciences PO.
Je veux savoir si, quand on a une adresse banale dans une ville quelconque, on peut avoir un destin.
C'est mon histoire et j'ai décidé d'y mettre un sens. Je n'ai pas choisi le début, un peu cafouillé sur la suite. J'ai souhaité que l'après m'appartienne complètement.
C'est bien, le souvenir. C'est tout ce qu'il reste après une portière claquée. C'est tout et tendre. Ça permet au cœur de palpiter un peu plus fort en cas de coup dur. On peut toujours se réfugier dans un souvenir. On le transporte avec soi, caché dans un coin de tête.
Gagner, c'est parfois accepter la main tendue.
- On s'est peut-être trouvés pour ça.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on sait se voir.
J'apprécie ça chez les gens. Je m'attache à ceux qui disent et font. Ceux qui parlent et gesticulent me donnent la nausée.
Ces excès ont fait réapparaître un goût. Celui de l'acide. J'ai parfois l'impression que mon corps en veut trop. Que c'est tellement bon que cela en devient écœurant. Je pensais découvrir ça dans mon assiette. Je le découvre par le cœur. Comme quoi mon corps est bien étonnant.
Avoir un destin, c'est être capable d'emporter son univers avec soi. C'est créer l'espace qui te fait du bien où que tu sois.
Tu sais, quand on fait des choses extraordinaires dans son quotidien, on a souvent tendance à les considérer comme normales.
"Avoir un destin." C'est peut-être un peu ambitieux, comme entrée en matière, et pourtant il n'est question que de cela. Peut-on être heureux à une adresse ordinaire, dans une ville quelconque, en étant soi-même pas grand chose ? Quand on est cloué au sol par une histoire qui n'est pas la sienne et un héritage dont on ne veut pas, peut-on trouver une échappatoire vers soi ? Vers son chemin, sa route, sa voie. J'ai peur du mot destinée. Il a un côté divin qui m'échappe. Peut-on faire quelque chose de soi-même quand on a juste l'impression de n'être ni au bon endroit ni au bon moment et, me concernant, pas dans la bonne époque ? Qu'on n'entre dans aucune des cases où les autres vous mettent. Les autres et leurs a priori.
Rien n'est jamais écrit. De toutes les histoires, la plus bouleversante reste celle à venir.
Le rien, le silence. Elle aimait se perdre en elle-même. C'était le voyage le plus sain qu'elle pouvait s'offrir, elle qui connaissait Hong Kong et New York sans les désirer. Elle pouvait avoir le monde, elle se voulait elle tout entière. Sincère et juste. L'extérieur et ses troubles restaient à sa porte. Milo n'avait pas de capacité d'accueil. Elle avait l'ancrage du vide. Dans le rien, on n'est jamais déçue.