Beaucoup de sensibilité et de pudeur dans cette autobiographie (et biographie d'un couple d'artistes). Annie Butor évoque avec simplicité, force et émotion une tragédie : le passage de l'amour inconditionnel à la haine la plus féroce entre deux adultes qui furent ses repères d'enfant..
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Eh oui, le grand Léo a longtemps vécu en Ille-et-Vilaine, sur l'île Du Guesclin. Cette évocation au plus près nous fait comprendre qu'un grand artiste, ça se "fabrique" souvent à plusieurs mains !
Dominique, toqué du doc.
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D'habitude, je me méfie de ce genre de livres "règlements de compte". Mais là, je me suis laissé convaincre par le libraire, et j'ai eu raison.
Ni Léo Ferré ni son épouse n'en sorte grandis, mais le livre se lit très bien. Tous le show-biz de l'époque défile, et le lecteur passe un très bon moment.
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Ce livre n'est pas une biographie de Ferré, ce ne sont que les mémoires d'une petite fille qui a partagé sa vie.
Beaucoup lui ont reproché de parler, mais surtout plus prosaïquement, d'être issue d'une partie de sa vie que Léo Ferré a patiemment cherché à dénigrer jusqu'à sa mort. Cependant il transpire ce texte une réelle affection et une touchante tendresse entre le chanteur et Annie Butor qui l'a vu passer de la misère à la gloire, et les stupides batailles posthumes qui se multiplient de devraient pas éclipser cette vérité
Il y a surtout les maisons secondaires, les animaux, les coups de gueule de Léo qui sont écrits avec talent.
Ceux qui aiment Léo Ferré n'ont pas à choisir qui est légitime pour s'exprimer, et aimeront ce récit d'une enfant qui a grandi avec un des grands artistes du vingtième siècle comme beau-père. Il aura écrit des chansons sublimes à ses côtés et d'autres chansons sublimes après cette vie avec Madeleine, qui cristallise toutes les passions, et d'ailleurs on peut aussi lire "Comment voulez-vous que j'oublie" comme le témoignage d'amour d'une fille pour sa mère.
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Si on aime l'artiste, ne pas lire ce livre. On est déçu par la personnalité de Léo Ferré......Dommage, ça gâche le talent.
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Reçu dans le cadre de masse critique j'ai lu ce livre avec intérêt mais sans passion.
C'est l'histoire d'une petite fille qui grandit auprès de parents hors-norme. Elle raconte avec un luxe de détail, étayé de nombreuses références, des rencontres avec des célébrités et des lieux improbables. Dans ce livre Annie Butor semble régler ses comptes.
En désaccord avec de nombreuses biographies elle rétablit sa vérité.
C'est un livre qui m' a écoeuré par certains aspects. Léo Ferré semble un personnage peu sympathique et très critique envers ses amis et connaissances.
Page 94 elle retranscrit une violente lettre de reproche à André Breton (publié en 2006 mais que pas grand monde a dû lire) en notant " je ne suis pas certaine que Léo aurait aimé que cette lettre paraisse". Etrange procédé.
Léo c'était son père (mais il ne l'adoptera pas).. Elle le dit, le redit sans cesse. Jolie môme c'était elle.. Les chansons de Léo c'est sa mère qui les terminait...
Elle a haï la nouvelle famille de Ferré, car il s'est détaché d'elle à ce moment. On peut comprendre sa rancoeur..
Mais pas le fait qu'elle dise à 3 reprises dans son livre que si "elle avait voulu"... et que le chanteur était attiré par les jeunes filles... Personne ne peut la contredire. Il a été immonde avec sa mère soit. Mais sa vengeance est implacable avec cette plume trempée dans la rancoeur.
Un livre de souvenirs, heureux ou non et de souffrance. Une découverte pour moi qui ne connaissait rien de l'histoire de Léo Ferré, juste ses chansons, mais qui m'a donné un vague sentiment de malaise à la lecture.
Merci à Babélio pour ce livre et à Phébus pour l'envoi. Un livre qui intéressera sûrement nos lecteurs. Mais à lire avec un oeil critique je pense.
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En lisant le témoignage d'Annie Butor, j'ai retrouvé le paradoxe qui m'anime lorsqu'il est question de Léo Ferré. Ayant découvert tardivement, adolescente, sa musique, ce fut pour moi un claque artistique, esthétique, poétique démente. J'ai baigné dans cet univers à la fois gouailleur, lyrique, exacerbé, puissant, machiste et j'en passe. Et puis, quand j'ai pu trouver des vidéos sur Léo (internet n'existait pas encore) eh bien, ce fut une terrible déception. Le personnage était justement un personnage. J'ai vu un cabotin colérique, injuste, pleurnichard, très éloigné de sa musique. L'artiste m'avait ébloui, l'homme m'a déçu.
Le livre de sa belle fille éclaire donc de nouveau cette contradiction : un souffle musicale intense pour un homme souvent médisant, un poète grandiose, un anar revendiqué bien près de ses sous.
Même si ,comme le souligne une autre critique sur Babelio, il est bon d'avoir plusieurs sons de cloche, ce n'est pas en lisant les commentaires dithyrambiques parus en ce moment pour les vingt ans de sa mort que l'on peut se faire une image un peu plus juste (la palme revenant au critique Francis Dordor dans Télérama concernant les documentaires passés sur Arte et sur Europe 1).
Effectivement, c'est tout ou rien lorsqu'on parle de Léo Ferré. Cependant, le témoignage d'Annie Butor n'est pas le portrait à charge décrit dans la presse qui ne s'attarde que sur le meurtre de Pépée (en 40 ans, les journalistes ne changent pas...). Au contraire, ce bouquin nous montre bien comment l'amour et la haine sont les deux faces d'une même pièce et comment, encore une fois, les femmes restées dans l'ombre de l'artiste ont un rôle essentiel. Il est une évidence pour moi que suite à sa séparation , Ferré est retourné à ses défauts de débutant, ses défauts d'avant Madeleine : des textes à rallonge, une production chaotique, une orchestration souvent lourde et des concerts énervés où Léo chante de manière syncopée, se débarrassant de ses chansons.
A lire, malgré tout.
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Vous vous souvenez de ce poète fou, aux cheveux en pagaille au dessus des oreilles et de cette voix éraillée, mais chaude, qui chantait:
"Avec le temps, va, tout s'en va"?.
Annie Butor se souvient de Madeleine et de Léo.
Elle avait 5 ans, quand tenant la main de sa mère, elle a rencontré l'artiste en 1950, dans un hôtel vieillot...
Très vite, Annie l'appela Poutachounnet!
"Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et on oublie la voix
Mais, dans un texte tendre: A la folie, Léo avoua sa reconnaissance ( il fallait comprendre "amour") à cette femme qui " le sauva du désespoir alors que, amer et pauvre, il allait abandonner sa vie d'Artiste:
- Je vivais d'expédients... Alors, vous m'avez donné la main...Alors, vous m'avez souri...
Alors, vous m'avez dit: Viens! Je m'appelle Madeleine.
Madeleine a appris à Léo, comment se tenir en scène. Elle était " le corps et l'esprit, la beauté, l'intelligence et la culture !"
Dans cet hôtel miteux, aux murs fatigués, Léo composait sans textes, au piano, avec Annie sur ses genoux. Annie y apprenait des mots qui ne figuraient pas dans le dictionnaire:
Un peu de rouquin, pas de thune, c'est la scoumoune... Et l'enfant essayait de ne pas répéter tous les gros mots entendus, mais c'était dur!
Poutachounnet, Pouta jouait le Père Noël. Mais en retard, il dut sonner à la porte. Là, Annie eut des doutes sur le Père Noël ! Elle a conservé le costume...
"Le coeur quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien"
Oui, mais l'amour ne dure parfois, pas toute une Vie... Les coups de gueule entre Madeleine et Léo étaient violents, autant que leurs retrouvailles étaient passionnées. Ces deux là s'aimaient tant! Ils se disputèrent une fois de trop à cause d'une femme, à cause d'un singe...
A cause d'une aventure...
A cause de leurs animaux, d'une chimpanzée...
A cause d'une "Peppée"...
L'autre qu'on adorait, qu'on allait chercher sous la pluie
L'autre qu'on devinait au détour d'un regard
Entre les mots, entre les lignes et sous le fard
D'un serment maquillé qui s'en va faire sa nuit
Avec le temps tout s'évanouit
Même les plus chouettes souvenirs, ça t'a une de ces gueules
A la galerie, je farfouille dans les rayons de la mort
Le samedi soir, quand la tendresse s'en va toute seule...
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